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La place des associations dans les territoires ruraux

1. L’espace rural en France au XXIème siècle

1.2 Caractériser les espaces ruraux : un exercice complexe

Constater que les espaces ruraux sont l’objet de dynamiques complexes rend plus difficile la tâche de caractérisation pourtant nécessaire à l’analyse. L’élaboration des critères et la définition d’indicateurs relativement variés, appliqués à des échelles elles aussi différentes ont produit nombre de classifications qui, chacunes, à leurs manières, mettent en évidence quelques caractéristiques de ces espaces ruraux.

L’espace rural a longtemps été défini en référence à l’occupation de l’espace (densité de population, discontinuité du bâti) et à une présence agricole qui en a modelé les paysages.

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Départements essentiellement ruraux Départements intermédiaires Départements essentiellement urbains

Carte n°1 : Classification des départements français urbains / ruraux

selon les éléments de définition de l’OCDE.

Carte réalisée à partir des données issues du rapport

INRA (2008) : Les nouvelles ruralités en France à l’horizon 2030.

© JP Loredo

Données statistiques Eurostat Base de données SIRE Annuaire Eurostat 2006

L’OCDE, pour définir le rural, utilise le critère de densité de population. Ainsi est considérée rurale toute «communauté de base» (en France, il s’agit du canton) qui a une densité inférieure à 150 hab/km2. De même, elle considère qu’une région est « essentiellement rurale » si plus de 50% de la population vit dans des communautés rurales. Elle devient « essentiellement

urbaine » si ce pourcentage est inférieur à 15%. Les autres régions sont considérées comme

« intermédiaires ».

Cette classification conduit à considérer la France comme un pays essentiellement rural (carte n°1). Elle pose la limite du seul indicateur de densité de population ainsi que l’échelle géographique utilisée. Pour nombre de nos concitoyens, l’urbain ne se limite pas à ces quelques départements.

L’INSEE utilise une classification basée sur la densité du bâti et le nombre d’habitants. Elle définit en premier lieu les unités urbaines : « La notion d'unité urbaine repose sur la continuité

de l'habitat : est considérée comme telle un ensemble d'une ou plusieurs communes présentant une continuité du tissu bâti (pas de coupure de plus de 200 mètres entre deux constructions) et comptant au moins 2 000 habitants. La condition est que chaque commune de l'unité urbaine

possède plus de la moitié de sa population dans cette zone bâtie »31. En conséquence, une

commune urbaine est « une commune appartenant à une unité urbaine ».

Le rural est quant à lui défini en opposition à l’urbain. Une commune rurale est donc « une

commune n'appartenant pas à une unité urbaine ».

31

« Les unités urbaines sont redéfinies à l'occasion de chaque recensement de la population. Elles peuvent s'étendre

sur plusieurs départements. Si la zone bâtie se situe sur une seule commune, on parlera de ville isolée. Dans le cas contraire, on a une agglomération multicommunale »

Carte n° 2 : Variation annuelle de la densité de population entre 1999 et 2006

Source Insee Première n°1218

Ainsi, au recensement de 1999, 24,45% de la population française résidaient dans des communes rurales représentant 82% du territoire métropolitain (INRA 2008). Le recensement 2006 confirme le dynamisme démographique des espaces ruraux français :

« Après une longue période de déclin, puis de stagnation entre 1982 et 1999, la population des espaces ruraux augmente désormais au même rythme (0,7 % l’an) que l’ensemble de la population française.

Les zones de décroissance démographique, c’est-à-dire où la densité décroît d’au-moins 0,2 habitant au km² par an, sont en net recul. Elles tendent désormais à se concentrer au voisinage de villes portuaires, minières ou de tradition industrielle du Nord et de l’Est…/…

En parallèle, de vastes zones de croissance démographique émergent (Ouest, Sud-Ouest), s’élargissent fortement (grand Sud-Est), ou se consolident (grand bassin parisien) : entre + 0,2 et + 2 habitants au km² par an.

Ainsi, de larges territoires, de plus en plus éloignés des villes et du littoral, se densifient significativement. Si l’attractivité des espaces périurbains et du littoral (Ouest et Sud) ne se dément pas, ceci s’accompagne désormais d’une croissance démographique significative de larges espaces ruraux. » (INSEE 2009)32

32

INSEE Première n°1218 janvier 2009, Recensement de la population de 2006. La croissance retrouvée des

espaces ruraux et des grandes villes, Jean Laganier et Dalila Vienne. Source : IGN / INSEE

Ces différentes classifications décrivent des modalités et des dynamiques liées à l’occupation de l’espace. Elles ne disent rien des réalités sociales et économiques de ces espaces (caractéristiques de la population, des emplois, des dynamiques locales…) et des relations qui s’instaurent entre les espaces ruraux et urbains et au sein même des espaces ruraux. Elles se montrent fort réductrices quant aux spécificités territoriales. Pour pallier ces carences, d’autres indicateurs ont été élaborés qui tentent de mieux rendre compte des liens qui se nouent entre ces différents espaces.

En 1996, l'INSEE propose le Zonage en Aires Urbaines (ZAU) pour découper l’espace français. Celui-ci a été complété pour sa partie rurale en 1997 par l’INRA. Le zonage a été réactualisé suite au recensement de la population de 1999, avec une révision des définitions, en 2002. (carte n°3 ). L’analyse introduit la question de l’emploi et des déplacements que vont faire les actifs entre leur domicile et le lieu de travail. Ce zonage permet de mettre en évidence des flux et des relations de dépendance entre des communes. Centré sur l’emploi, il éclaire le poids économique des communes même s’il ne caractérise pas ces emplois et leurs dynamiques.

Version 1998 Version 2002

Intitulé Définition Intitulé Définition

1

Rural sous faible influence urbaine

20% ou plus des actifs vont travailler dans une aire urbaine

Suppression

2

Pôles ruraux Seuil à 2000 emplois et "Emploi au lieu de travail>Emploi au lieu de résidence" Pôles d'emploi de l'espace rural Abaissement du seuil à 1500 emplois et suppression de la condition "Emploi au lieu de travail>Emploi au lieu de résidence"

3

Périphérie des pôles ruraux

20% ou plus des actifs vont travailler dans un pôle rural

Couronnes des pôles d'emploi de l'espace rural

Méthodologie analogue aux aires urbaines (seuil de 40% avec effet "boule de neige", ensemble d'un seul tenant et sans enclave)

4

Rural isolé

Ni sous faible influence urbaine, ni pôle rural, ni à la périphérie des pôles ruraux

Autres communes de l'espace à dominante rurale

Ni pôle d'emploi de l'espace rural, ni dans la couronne de ces derniers

Source : INSEE, note de définition

Tableau n° 2 : Définitions des ZAU-ER en 1998 et 2002 Source : Perrin (2003)

La prise en compte des emplois et des déplacements domicile/travail nuance quelque peu l’image de la France résultant du zonage OCDE. Elle apparaît moins rurale. De nombreux pôles urbains sont mis en évidence. En ce qui concerne la Région Midi-Pyrénées (carte n°3), l’agglomération toulousaine se détache fortement, avec en couronne, plusieurs aires urbaines de moyenne importance qui développent une dynamique propre mais bénéficient de leur proximité avec la capitale régionale.

Le changement de définition en 2002, des ZAU-ER, a soulevé quelques questions, liées notamment à la suppression des catégories « Rural sous faible influence urbaine » et « Rural

isolé ». Pour certains chercheurs, les anciennes catégories rendaient mieux compte des

dynamiques à l'œuvre dans les espaces ruraux, notamment en regard du développement des villes (Perrin 2003).

Définitions INSEE