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Vers un rejet complet de la monnaie domestique en 2007 Mobilisant le rapport M/P, le graphique 5.5 nous donne un aperçu de la confiance des

la dette extérieure

5.2. Analyse de l’hyperinflation zimbabwéenne

5.2.3. Vers un rejet complet de la monnaie domestique en 2007 Mobilisant le rapport M/P, le graphique 5.5 nous donne un aperçu de la confiance des

Zimbabwéens dans leur monnaie. La nomination d’un nouveau gouverneur à la tête de la Banque Centrale le 1er

décembre 2003 permet de la restaurer quelque peu. La masse monétaire réelle augmente entre janvier 2004 et mai 2005, puis baisse à partir de juin 2005, signe d’une perte de confiance dans la monnaie domestique, simultanée à l’exacerbation des tensions inflationnistes, politiques et sociales.

Cette perte de confiance dans le dollar zimbabwéen alimente la fuite devant la monnaie nationale. Comme les dépôts ne sont pas protégés contre l’inflation, les monnaies étrangères deviennent des refuges pour les acteurs économiques. Les dépôts bancaires dans la masse moné-taire connaissent une baisse importante ; ils passent de 86,82% de la masse monémoné-taire en janvier 2002 à 66,86% en janvier 2006 (graphique 5.4), fragilisant ainsi le système bancaire. Dès lors, le marché des changes fait face à une demande croissante de devises entraînant ainsi une dépré-ciation continue du taux de change. C’est dans ce contexte d’instabilité du pouvoir d’achat du dollar zimbabwéen et de fuite devant la monnaie nationale que les autorités monétaires décident de mettre en place une réforme monétaire : celle-ci entre en vigueur le 1er août 2006.

5.2. ANALYSE DE L’HYPERINFLATION ZIMBABWÉENNE

des unités monétaires extérieures dans les paiements. Dans ce cas, la demande de devise pour les motifs de transaction augmente, conduisant à une dépréciation du taux de change. Ainsi, les pratiques monétaires des acteurs économiques ont exacerbé la fuite devant le dollar zimbabwéen, ce qui a nourri la dépréciation du change.

Ces pratiques qui consistent à utiliser le dollar américain dans les paiements signalent l’hy-perinflation. Au Zimbabwe ces pratiques débutent autour de l’année 2007 au cours de laquelle certains paiements sont effectués en dollar américain ; c’est le constat fait par Makochekanwa (2007b, p. 17) : « One of the off-shoot of Zimbabwe’s macroeconomic problem has been critical

shortages of fuel, both in the public and private sectors. This has resulted in the emergency and mushrooming of black market for fuel (both petrol and diesel). Most sellers of this commodity (garages and individuals) have demanded payments in US dollars, arguing that they need USD in order for them to be able to order another supply. Most private enterprises and elite individuals have and are currently purchasing their fuel requirements from this market, fueling the demand for foreign currency on the black market. » Le dollar Zimbabwéen est refusé dans certains

paie-ments ; c’est le dollar américain qui est utilisé comme unité de paiement dans certains secteurs d’activités. Selon Makochekanwa (2010, p. 7), le rejet du dollar zimbabwéen dans ses fonctions de compte, de paiement et de réserve de valeur apparaît autour de 2007 : « Money is generally

considered as having four main functions, namely medium of exchange, unit of account, store of value, and standard of deferred payments [...] Mirroring the above functions to the Zimbabwean dollar for the period covering 2000 to end of January 2009, it can be noted without doubt that the country’s currency has failed to effectively perform these functions, especially for the period since 2007. The hyperinflation which characterized the country’s monetary system meant that the majority shunned the use of local currency in any transactions in favour of other stable currencies such as the US$ and South Africa rand, and also the majority of citizens started pricing their goods and services in foreign currencies, thus stripping the local currency (Z$) of its medium of exchange and unit of account functions. »

En avril 2008, le pouvoir d’achat du dollar zimbabwéen est quasiment nul ; plus personne ne veut détenir la monnaie domestique en tant que réserve de valeur et moyen de paiement. Chaque agent économique cherche à se débarrasser du dollar zimbabwéen, et ce, au profit du dollar américain qui constitue la principale unité de paiement. Les dépôts (en monnaie nationale) dans la masse monétaire baissent considérablement. Ils passent de 68,26% de la masse monétaire en janvier 2008 à 23,2% en mai 2008 (graphique 5.4) ; fragilisant ainsi le système bancaire. Il

5.2. ANALYSE DE L’HYPERINFLATION ZIMBABWÉENNE

s’en suit une intensification de la fuite devant le dollar zimbabwéen, si bien que la part du dollar américain dans l’épargne des agents économiques s’accroît considérablement : « Since

October-November 2008, the local currency has virtually disappeared from circulation and dollarization has gained momentum. The banking system shrank, as reflected in deposits that declined from almost US$1 billion at end-2005 to about US$300 million (of which local currency-denominated deposits amounted to an equivalent of US$6 million) at end-2008. » (International Monetary

Fund, 2009a, p. 2)

La disparition du dollar zimbabwéen en avril 2008 est précédée d’un évènement politique majeur. Il s’agit des élections présidentielles, législatives et sénatoriales de mars 2008, qui marque la perte de légitimité du gouvernement en place. En effet, le pouvoir en place perd pour la première fois depuis l’indépendance la majorité au parlement et l’opposition est en tête du premier tour des élections présidentielles (Kairiza, 2009). Les résultats des élections confirment bien la perte de légitimité des autorités politiques. Face à la disparition du dollar zimbabwéen, une ultime réforme a été menée en février 200927

par les autorités monétaires : il fallait 1 trillion d’anciens dollars zimbabwéens pour un nouveau dollar zimbabwéen (Koech, 2011). Mais, cette nouvelle unité de paiement a fait l’objet d’un refus de la part de la population (Jefferis et al., 2013).

Les rapports entre les acteurs économiques et les autorités zimbabwéennes se sont détériorés tout le long de cette crise. Les résultats des élections présidentielles et la baisse drastique de la masse monétaire réelle sont les preuves d’une défiance vis-à-vis des autorités politiques et d’un rejet du dollar zimbabwéen. Aucun compromis social, ni politique n’émerge entre les différents acteurs. Si la dollarisation est officialisée et institutionnalisée en 2009, il n’en demeure pas moins que celle-ci est d’abord le fait des comportements des agents économiques. Dans le cas du Zimbabwe, la masse monétaire réelle est proche de zéro à partir d’avril 2008, ce qui traduit un rejet total du dollar zimbabwéen.

27. Bien que le dollar américain ait cours légal depuis janvier 2009 (Kairiza, 2009), le dollar zimbabwéen a gardé son cours légal jusqu’en avril 2009 (Noko, 2011).

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