• Aucun résultat trouvé

Les impacts du changement climatique, les coûts de l’adaptation et la vulnérabilité

3.2.2. Coûts d’adaptation pour les PED

Dans ce qui suit, nous proposons une analyse plus détaillée, focalisée sur les pays en développement, basée sur le rapport de la Banque Mondiale (EACC 2010). Les estimations de ce rapport se placent dans la fourchette supérieure des estimations de la CCNUCC (2007), mais en dessous de celles de Parry et al. (2009). Ainsi, le rapport estime que le coût de l’adaptation pour une augmentation de 2°C en 2050 est compris entre 75 et 100 milliards US$ par an (soit le même ordre de grandeur que l’ensemble de l’aide au développement actuel). L’évaluation des coûts de l’adaptation repose sur la mesure des coûts des actions nécessaires pour s’adapter à un monde avec changement climatique, par rapport à un monde sans changement climatique (référence).

Une des particularités de ce rapport concerne le déficit de développement, qui est inclus dans le scénario de référence, intégrant ainsi les critiques antérieures, notamment celles de Parry et al (2009). Par conséquent, les coûts de l’adaptation proprement dits ne concernent que les coûts additionnels dus aux changements climatiques futurs. Cela étant, comme ce fut le cas pour le rapport de la CCNUCC, l’équipe de l’EACC précise que ces estimations ont une valeur indicative, puisqu’elles dépendent, d’abord, du niveau d’atténuation, puis du niveau des dommages résiduels22. Le rapport estime des coûts censés permettre d’atteindre un niveau de bien-être équivalent à celui qui aurait prévalu en l’absence du changement climatique.

Tableau 3.2. Coûts annuels totaux de l’adaptation pour tous les secteurs, par région, de 2010 à 2050 et pour deux scénarios (en milliards US $ de 2005, non actualisés).

Source : EACC 2010.

169

De manière générale, le scénario « sec » (CSIRO) présente des coûts moindres que le scénario « humide » (NCAR), principalement en raison des coûts inférieurs pour l’infrastructure. Concernant le type d’agrégation des coûts, il y a une différence entre la méthode Gross sum et X-sum, qui est due au fait que certains pays apparaissent comme bénéficiaires du changement climatique, notamment en Asie du Sud-est (Encadré 3.5).

Encadré 3.5. Principales hypothèses de travail de l’EACC et type d’agrégation des coûts.

a) L’approche utilisée consiste à comparer les deux états du monde, avec et sans changement climatique. La différence entre ces deux « mondes » correspond aux coûts additionnels de l’adaptation.

b) Deux scénarios contrastés sont retenus (le plus humide - NCAR, le plus sec - CSIRO envisagés par le GIEC). Il s’agit de modèles climatiques de circulation générale (GCM pour General Circulation Models).

c) L’année de référence est 2050, et les coûts sont estimés pour une augmentation moyenne de 2°C. d) Les secteurs considérés sont : l’infrastructure, les zones côtières, l’approvisionnement en eau, la gestion des inondations, l’agriculture, la pêche, la santé, les forêts et les services de l’écosystème. Types d’agrégation des coûts : i) Gross sum représente les coûts positifs agrégés pour tous les secteurs au sein d’un pays, tandis que les couts négatifs ne sont pas pris en compte (autrement dit, ceux-ci sont remis à zéro). ii) Net sum prend en considération aussi bien les coûts négatifs que positifs (de manière « symétrique ») en les additionnant. Cette méthode permet la sommation des coûts entre différents pays. iii) X sum prend en considération pareillement les coûts négatifs et positifs, mais ne permet pas l’agrégation de ces coûts entre différents pays. Dans notre analyse, c’est bien cette dernière méthode que nous allons considérer, sauf indication contraire.

Source : EACC 2010.

Dans son rapport, l’équipe de la BM estime que la majorité des coûts proviennent, comme pour la CCNUCC (2007), de l’infrastructure et des zones côtières. L’infrastructure urbaine compte pour plus de la moitié de ces coûts (54%), pendant que l’adaptation des routes compte pour 23%. L’Asie de l’Est et du Sud-est enregistrent les coûts les plus importants dans le temps, reflétant évidemment leurs populations importantes. L’Afrique subsaharienne enregistre l’augmentation la plus significative, puisqu’elle passe de 1,1 milliards US $ en 2010 – 2020 à 6 milliards US $ en 2050. Pour ce qui concerne les zones côtières, c’est l’Amérique latine et l’Asie de l’Est qui supportent la majorité des coûts (Figure 3.6).

170

Figure 3.6. Coûts totaux pour l’adaptation sous le scénario humide (NCAR), par région, pour la période 2010 – 2050 (en milliards US $ de 2005, non actualisés)

Source : EACC 2010.

Sur les 89,6 milliards de dollars de coûts attendus avec ce scénario « humide », 27% concernent l’Asie de l’est et le Pacifique, plus de 23 % l’Amérique latine et les Caraïbes et 20% l’Afrique subsaharienne. À l’opposé, l’Europe et l’Asie centrale ainsi que le Moyen Orient et l’Afrique du Nord sont les régions où les coûts seront plus faibles. Ceux-ci sont respectivement de 10 et 3%.

Si tous ces coûts représentent la « moitié vide du verre », le rapport fait mention également de la « moitié pleine ». Il s’agit d’un des messages importants du rapport : « Les coûts absolus d’adaptation augmentent dans le temps mais diminuent par rapport au Pib » (EACC 2010 : 6 ; Figure 3.7).

171

Figure 3.7. Coûts totaux pour l’adaptation sous le scénario humide (NCAR), par région, pour la période 2010 – 2050, par rapport au PIB (en pourcentage, en US$ de 2005, non actualisés)

Source : EACC 2010. Les coûts de l’adaptation relatifs au Pib varient néanmoins d’une région à l’autre. Pour l’Afrique subsaharienne les coûts demeurent les plus importants, ceux-ci sont stables pour l’Europe et l’Asie centrale, le Proche Orient et l’Afrique du Nord, et décroissent rapidement pour l’Asie de l’Est et pour l’Amérique latine (Tableau 3.3).

Tableau 3.3. Coûts annuels totaux de l’adaptation en pourcentage du Pib, par région, pour la période 2010 – 2050 (X sum, pourcentage, non actualisés)

172

Nous concluons cette présentation avec trois remarques concernant les secteurs de l’approvisionnement en eau, l’agriculture et la santé (issues de ce rapport).

i) La question de l’aprovisionnement en eau potable, qui, en termes de coûts, se situe en troisième position après les zones côtières et l’infrastructure, requiert une attention particulière, surtout pour l’Afrique subsaharienne. Dans le scénario « sec », non traité ici, ce secteur implique des coûts plus importants que ceux pour l’infrastructure.

ii) Concernant l’agriculture, le rapport montre que les impacts du changement climatique, notamment la modification des précipitations, touchent les rendements et les exportations des PED, qui chutent au profit des exportations des pays développés ; l’Asie du Sud aurait la baisse de production agricole la plus importante et deviendrait importateur net. Dans le scénario « humide », les pays développés voient leurs exportations augmenter de 28% (elles sont de 75% dans le scénario « sec » par rapport à 2000). Sous le même scénario (humide), l’Asie de l’Est et le Pacifique deviennent également des exportateurs de produits agricoles.

iii) Pour ce qui concerne la santé, les coûts (en absolu) observés pour l’adaptation sont en chute pendant la période considérée. En fait, ceux-ci sont en dessous de la moitié par rapport à l’an 2010. Il s’agit, en effet, de bénéfices de la croissance économique et du développement. Ce fait est un point important qui relie l’adaptation au développement.

*

Cette dernière remarque nous amène à notre premier point de conclusion de cette section. Le rapport de la Banque Mondiale estime que le développement est prioritaire. Le développement amène avec soi une meilleure capacité des sociétés et des institutions à faire face aux changements à venir.

Deuxièmement, les analyses développées dans ces deux études s’accordent pour affirmer que les politiques d’adaptation ne peuvent pas se concevoir indépendamment des politiques d’atténuation. Cela pose le problème (inhérent) de l’ambition et du financement de ces mesures. Dans tous les cas, nous considérons qu’il existe le risque que ces deux volets soient découplés.

Enfin, un troisième point concerne les impacts évités, ou tout simplement ce qu’on peut appeler le « double dividende » des politiques d’adaptation. Le bénéfice total des impacts évités grâce aux mesures d’adaptation ne peut être entièrement connu. Cela engendre un biais par rapport à l’analyse coût-bénéfice des mesures d’adaptation, dans laquelle les gains doivent excéder les coûts induits. Le financement de l’adaptation en pâtit, les coûts apparaissant plus importants que leur contrepartie (Weikmans 2012).

173

3.3. Études nationales de l’adaptation

Les études exposées précédemment proviennent de grandes institutions spécialisées dans le calcul des coûts de l’adaptation. Nous avons précisé également les jeux d’hypothèses sur lesquelles celles-ci se sont appuyées, ainsi que les résultats, qui reflètent ces hypothèses. Les postulats sur lesquels se fondent ces estimations sont critiquables, surtout en raison de leur paramétrage nécessairement simplificateur. Agrawala et Fankhauser (2008) notent que, par rapport aux ordres de grandeur de ces estimations, il est prématuré de parler de « consensus ». En même temps, il faut noter que l’adaptation a un caractère local, puisque les États choisissent eux-mêmes quand, comment et à quelle hauteur ils doivent agir. Cela nous amène à considérer le point de vue domestique. Dans cette section, nous nous intéresserons, séparément, aux perspectives nationales23 de l’Union européenne, des États-Unis et de la Chine concernant l’adaptation. Une comparaison directe entre les coûts calculés précédemment et ces estimations nationales serait difficile, en raison principalement des méthodologies et hypothèses différentes.

3.3.1. L’Union européenne

À présent, il n’existe pas d’étude explicite et complète pour l’adaptation en Europe. Celle-ci a fait pourtant l’objet, pendant les dernières années, d’un certain nombre d’estimations. En général, ces études concernent l’impact du changement climatique attendu et/ou les coûts de l’adaptation pour différents secteurs de l’économie, résultats obtenus à travers diverses méthodes d’analyse (Watkiss 2011). La variété des approches, des méthodologies, des secteurs concernés, des horizons de temps considérés ou encore des scénarios climatiques ou socioéconomiques utilisés, font que les estimations obtenues sont difficilement comparables. Parmi les analyses disponibles, nous allons privilégier le projet PESETA (Projection of Economic Impacts of Climate Change in Sectors of the European Union Based on Bottom-up Analysis), qui a été commandité par la Commision européenne et qui est actuellement dans sa deuxième phase d’exécution.

Parmi les exercices bottom-up, et mises à part les estimations de la CCNUCC (2007), on retrouve également le rapport de Simms et al. (2004), le rapport Stern (2006), ainsi qu’une estimation faite par la Commission Européenne (EC 2009). Le projet PESETA (I et II), en 2009 et 2013, est parmi les dernières tentatives menées pour apporter des précisions quant à l’estimation des coûts potentiels de l’adaptation en Europe. Dans un premier temps, nous présenterons rapidement les estimations de Simms et al. (2004), de Stern (2006) et de la CE (2009), considérées comme étant des études de première génération. Dans un deuxième temps,

174

nous présenterons les estimations des impacts dus au changement climatique dans le projet PESETA (Ciscar et al. 2011).

Dans le rapport de la CCNUCC (2007), les besoins financiers pour l’adaptation aux changements climatiques sont compris entre 49 et 171 milliards de dollars par an. Dans cette enveloppe, 22 à 104 milliards correspondent aux coûts des pays industrialisés. Nous rappelons que pour ces estimations, la CCNUCC considère que les coûts supplémentaires nécessaires à l’amélioration de la résistance des investissements aux changements climatiques seront compris entre 5 et 20%24. Ces estimations sont calculées sur la base des pertes dues aux désastres naturels qui sont de l’ordre de 0,7% (Munich Re) et 2,7% (ABI) et de la IIB (FBCF) en 2030 (22,2 Mld.US$).

Le rapport d’Andrew Simms et al. (2004), paru sous les auspices de la New Economics Foundation et Greenpeace, est la première étude d’envergure concernant les coûts de l’adaptation. Celui-ci était paru assez tôt par rapport aux autres travaux et incluait la plupart des secteurs usuels, dont l’infrastructure, les zones côtières et l’agriculture. La fourchette des estimations obtenue dans ce rapport est large, allant de 6 à 28 mld.$ annuellement, pour un horizon compris entre 2030 et 2050. Ces estimations sont obtenues en faisant l’hypothèse que le coût supplémentaire pour adapter les infrastructures (y compris les bâtiments) soit compris entre 1 et 5% des investissements courants, pourcentage basé sur la « réalité » britannique.

Simms et al. supposent que le même principe peut être appliqué à l’ensemble des pays de l’OCDE, ce qui fait qu’ils parviennent à des coûts de l’ordre de 15 à 74 mld.$ par an, pour l’Union européenne. Cette approche fut reprise dans le rapport Stern (2006) qui, pour sa part, augmente le pourcentage de calcul des coûts supplémentaires des infrastructures nécessitant l’adaptation de 1-5% à 1-10%, par rapport à l’investissement prévu25. Procédant ainsi, Stern obtient des coûts d’adaptation, pour ce secteur d’infrastructure et de construction, de l’ordre de 15 à 150 mld.$ (0,05-0,5% du Pib) par an, pour les pays industrialisés en général, et de 6 à 60 mld.$, pour l’UE.

En 2009, la Commission européenne publie un Impact Assessment (EC 2009) qui reprend la méthodologie de Stern et le Pib de l’UE 27 pour 2006 (et non pas celui de 2001-2003, comme Stern), estimant ainsi un montant de 5,8 à 58 mld.€ par an pour adapter l’infrastructure et le bâtiment (aprox.7,3 à 73 mld.$) au changement climatique. Le rapport mentionne que la première valeur peut être représentative d’une adaptation rapide (vers 2030), alors que le montant plus important sera nécessaire pour une adaptation ultérieure (vers 2100).

24 Ce pourcentage n’est pas à confondre avec les investissements considérés comme sensibles aux changements climatiques, qui, eux, sont de l’ordre de 2 à 10%.

175

Encadré 3.6. Évaluations utilisant des modèles intégrés (IAM).

Parmi les estimations top-down on retrouve, entre les projets les plus importants, le projet ADAM (Hulme, Neufeldt 2010) et le rapport de l’OCDE, « Plan or React? Analysis of Adaptation Costs and Benefits Using Integrated Assessment Models » (Agrawala et al. 2010). Généralement, ces estimations sont plus basses que celles obtenues par les méthodes bottom-up. Dans ADAM, on retrouve des coûts d’adaptation pour l’Europe de Ouest de 0,04% du Pib en 2020 (soit 5 mld.$), et de 0,13% en 2050 (35 mld.$). Ces estimations sont faites en prenant en compte un scénario d’augmentation des températures de 2°C. Pour l’étude de l’OCDE, dans un scénario d’augmentation de 2,5°C, le coût estimé pour l’Europe de l’Ouest est compris entre 0,0% (AD-WITCH26) et 0,12% (AD-RICE27) du Pib en 2050, et 0,4% et 0,8%, en 2100. Au niveau sectoriel, pour le bâti, les coûts sont estimés à 0,18% du Pib et, pour l’aménagement des côtes, à 0,31%. Pour rappel, l’impact du changement climatique en Europe pour ce même scénario (2,5°C) est de 2,83% du Pib, en 2100 (estimation basée sur DICE) (Agrawala et al. 2010). Bien que très appréciées et utilisées, ces modélisations demeurent marquées par des limitations. Comme le note Watkiss (2011), « les estimations utilisant des modèles intégrés sont hautement agrégées et très incertaines ».

En somme, les études de première génération indiquent des estimations, pour l’UE, de l’ordre de 6 à 73 Mld.$ par an (soit 4,6 à 58 €), afin d’adapter le habitat et l’infrastructure au changement climatique. Cette fourchette demeure large, ce qui lui confère un caractère incertain qui rend difficiles les décisions concernant l’orientation des investissements nécessaires. De plus, comme souvent noté par les experts, ces résultats font l’objet des limitations méthodologiques importantes. On peut mentionner la question du choix forfaitaire des pourcentages des infrastructures sensibles au climat, l’absence des connaissances empiriques concernant les impacts résiduels (ou tout simplement leur prise en charge), l’absence de la prise en compte des politiques d’atténuation, ou encore les diverses rétroactions qui peuvent se manifester dans le temps.

Le projet PESETA28 fait une évaluation multi-sectorielle des impacts, évaluation exprimée en coûts en bien être pour l’Europe, pour une période allant jusqu’en 2100. Le projet se distingue par deux caractéristiques. D’abord, l’approche utilisée est basée sur des modèles d’impact physique qui prennent en compte de manière assez précise les rapports entre changement climatique et impacts biophysiques. Ensuite, les modèles employés utilisent les mêmes données concernant le climat et les évolutions socioéconomiques. Le projet PESETA estime des coûts d’impact d’un changement climatique en 2080 de l’ordre de 22-65 mld.€ du Pib, pour des températures allant de 2,5 à 5,4°C et correspondant à des pertes d’utilité autour de 0,7% du Pib29.

26 Adaptation - World Induced Technical Change Hybrid model (http://www.witchmodel.org/index.html) Consulté le 22.07.2013.

27 Adaptation - Regional Interactions of Climate Ecosystem.: http://www.econ.yale.edu/~nordhaus/ homepage/ dicemodels.htm. Consulté le 22.07.2013.

28 http://peseta.jrc.ec.europa.eu/index.html. Consulté le 17.06.2013.

29 Le projet PESETA utilise deux métriques, l’une concerne l’impact sur le PIB et l’autre l’impact sur le bien-être.

176

PESETA analyse les six secteurs de l’économie les plus usuels. Pour chaque secteur, on retrouve des estimations des impacts physiques et économiques obtenues à l’aide des modèles d’équilibre général (GEM-E330). Le projet, à travers ses modélisations, compare une Europe ayant subi des changements climatiques en 2080 avec l’Europe d’aujourd’hui. Nous présentons par la suite le détail des impacts sur le bien-être des ménages.

Figure 3.8. Impact sur l’utilité des populations européennes

Note : La « Reference » représente la moyenne des simulations basées sur les scénarios A1B (30 cm d’augmentation du niveau de la mer). La référence (BaU) est calée sur la période 1961-1990. La version 1 de la Référence est un scénario plus chaud et plus sec par rapport à la référence, pendant que la version 2 est plus fraiche et humide. La simulation 2°C est basée sur un autre scénario que A1B, le E131 (augmentation du niveau de la mer de 18 et non pas de 30 cm).

Source: le projet PESETA 2012.

Pour l’UE (les histogrammes à droite du graphique), la perte nette d’utilité est de 0,7% du Pib dans un scénario de référence et de presque 1% dans le scénario chaud et sec (version 1). Globalement, l’impact sur l’énergie est positif dans la plupart des régions (sauf pour le Sud), phénomène dû au moindre besoin de chauffage. Les populations sont les plus

30 Pour plus de détails, voir la page de présentation du modèle : http://ipts.jrc.ec.europa.eu/activities/energy-and-transport/gem-e3/). Consulté le 17.06.2013.

31Le scénario E1 a été développé dans le cadre du projet européen ENSEMBLES. Pour plus de précision, voir la page du projet http://www.ensembles-eu.org/. Consulté le 20.06.2013.

177

impactées par les dégâts dans les zones côtières, les inondations des rivières (pour la version 2) et l’agriculture (pour la version 1).

Du point de vue des pays membres, on note des différences importantes entre régions. Les plus touchés seront les pays de Sud (dont l’Italie et l’Espagne), mais aussi, dans un scénario Version 1, les pays de Nord. La Grande Bretagne et l’Irlande subiront des pertes importantes dues aux inondations et à la hausse de la mer, tandis que l’Europe centrale du Nord (dont l’Allemagne et la Pologne) sera impactée massivement par les dégâts en zones côtières.

Encadré 3.7. L’effet transfrontalier des impacts du changement climatique.

Mis à part ces résultats, PESETA analyse quelques implications secondaires, dont l’effet transfrontalier du changement climatique. Le raisonnement est le suivant : si un pays, voire une région, ne s’adapte pas ou n’anticipe pas les changements à venir, alors, la population y habitant va subir des pertes. À travers divers canaux, notamment le commerce, ces pertes vont se répercuter sur l’utilité des autres pays de l’UE. Cette hypothèse est faite étant donné le fort degré d’intégration commerciale de l’Europe. À titre d’exemple, est supposé un scénario dans lequel l’Europe centrale nord est impactée par la hausse du niveau de la mer, pendant que le reste de l’Europe ne l’est pas. Cela peut se chiffrer pour les pays de centre et Nord par une perte dans le bien être de l’ordre de 20,5 mld.€. Par l’effet transfrontalier, cette perte entraîne un coût supplémentaire de 30% (aprox. 5,6 mld.€) à supporter par les autres partenaires commerciaux européens.

Les estimations fournies par le projet PESETA, qui portent sur l’évaluation de la perte d’utilité des populations, font ressortir deux particularités. Premièrement, il y a des différences importantes entre les régions de l’Europe. Secondement, les côtes littorales, les rivières (le risque d’inondation) et l’agriculture sont particulièrement vulnérables au changement climatique.

À ce jour il n’existe pas d’estimation explicite et précise pour la totalité des coûts de l’adaptation pour l’UE. Parmi les estimations les plus étendues, on note celle de la CCNUCC (2007), le rapport de Simms et al. (2004) le rapport Stern (2006) et particulièrement le projet PESETA (2010). Dans ces rapports le coût d’amélioration des infrastructures est estimé entre 4 et 60 mld.$ par an (Simms et al. 2004, Stern 2006, CCNUCC 2007 et EC 2009). Du côté du projet PESETA, les impacts d’un changement climatique en 2080 en termes actuels sont évalués entre 20 à 65 mld. annuellement (Ciscar et al. 2010).

178

3.3.2. Les États-Unis

Similairement à l’Union européenne, il n’existe pas d’analyse complète pour estimer les coûts