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CARACTERISTIQUES DE LA POPULATION ACCUEILLIE

Dans le document Errances urbaines (Page 51-55)

D'une façon générale, on constate, comme le montre un rapport du CREAI Rhône-Alpes que " Les institutions regroupent différents types de clientèles dont beaucoup d'hommes seuls entre 25 et 45 ans".

Des statistiques effectuées par "les restos du coeur" ou par le Secours Populaire corroborent ces données. Elles montrent également que les plus pauvres sont dans les tranches d'âge comprises entre 25 et 59 ans, que 12 % d'entre eux travaillent à plein temps ou à temps partiel de façon stable.

“ Errances urbaines ” recherche en ethnologie urbaine

Pour ma part, j'ai pu constater que la population des centres d'hébergement pouvait être divisée en trois classes d'âge auxquelles répondent des profils spécifiques :

• Les jeunes de 18-30 ans : ils sont de passage, "en transit". On assiste actuellement à l'apparition d'une population issue des bouleversements qui ont eu lieu récemment dans les pays de l'Est;

• Les 35-50 ans sont à la marge. Ils n'occupent un travail que de façon intermittente et sont souvent touchés par l'alcoolisme;

• Les "vieux" sont en rupture. Ils n'ont plus d'attente.

Globalement, un tiers environ de la population en situation d'errance est qualifié de "professionnels de l'hébergement, du circuit, que l'on reverra tous les ans" et parmi les SDF, il existe "un tiers de véritables nouveaux exclus,...et un autre tiers entre les deux, qui peuvent basculer d'un moment à l'autre..." sur une population qui est estimée, dans Paris intra-muros, entre 15 et 20 000 personnes (entretien centre Emmaüs, quai de la gare).

En ce qui concerne l'origine géographique, on peut noter que l'asile de nuit draine une population originaire essentiellement de Paris et de la Banlieue mais aussi une population provenant de province ou de l'étranger, en quête de travail et que le mirage parisien a attiré.

Un rapport de la FNARS (Fédération Nationale des Associations de Réadaptation Sociale) de Décembre 1989, permet de définir de façon précise le SDF par rapport à l'hébergement, mais le profil qui peut être dégagé ici a nécessairement un caractère restrictif. Il ne concerne pas, en effet, l'ensemble de la population SDF dans la mesure où ces statistiques ne prennent en compte que la population accueillie en CHRS. Or, une partie de la population n'a pas accès à ce type d'établissement (il s'agit de la frange la plus désocialisée) car les critères d'admission de ces centres sont restrictifs et certaines personnes refusent tout type d'hébergement. Le rapport précise :

"Si la figure du vagabond chronique errant toujours, incapable de se fixer, existe, il faut bien admettre qu'on ne la trouve que de façon minoritaire dans les CHRS qui ont participé à notre étude... On peut formuler l'hypothèse selon laquelle ce type de personnage ne s'adresse pas à des établissements où l'on est capable de le soumettre à un questionnement du

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type de celui qu'a exigé notre étude. Un tel questionnement suppose un personnel ayant le temps d'interroger les personnes. Or, il est hautement probable que les plus mobiles parmi les exclus acceptent mal ce regard extérieur, et qu'ils fréquentent plus les lieux d'accueil rapide".

Ce rapport considère que la population accueillie en CHRS est une population :

"• Plutôt jeune, composée de personnes en âge d'activité;

• de personnes isolés et de familles monoparentales, dont les enfants sont en âge d'être scolarisés;

• dans laquelle les étrangers constituent un groupe très minoritaire." Il met également en évidence que les familles dont sont originaires les hébergés "sont souvent dissociés, leur situation économique est éminemment précaire et leur enracinement social des plus fragile". 60% des usagers ont eu des enfants. 85% des femmes et 53% des hommes ont vécu en couples. "75% des personnes sont issues de familles caractérisées par au moins l'un des événements suivants : père ou mère inconnu, décès du père ou de la mère, divorce ou séparation des parents, remariage du père ou de la mère, présence de demi-frères ou de demi-soeurs dans la fratrie". 55% a eu une enfance marquée par une prise en charge au titre de l'aide sociale à l'enfance ou de l'éducation surveillée. Dans 60% des cas, il n'y a pas de mémoire familiale (on ne sait rien sur les grands-parents...).

53% des personnes accueillies en CHRS sont non diplômées.

Les problèmes de santé physique ou mentale sont nombreux : 40% présentent une dentition en très mauvais état, 30%, des déformations de la colonne vertébrale, 20%, des troubles neuro-psychiques, 7% sont épileptiques, plus de 10% consomment des tranquillisants et des somnifères.

72% des usagers ont des ressources nulles (55%) ou très faibles (16,4% inférieures à 2000 francs) et seulement 15,3% des usagers ont un emploi et seuls 4,4% d'entre eux ont un emploi à plein temps et un contrat de travail à durée indéterminée.

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42% ont déjà, au moment de l'admission dans un CHRS, bénéficié d'un accueil dans un autre centre d'hébergement.

Ces chiffres n'ont qu'une valeur indicative. Ils permettent toutefois, face à la difficulté que peut représenter la quantification d'une telle population, de se faire une idée du profil des personnes accueillies en centre d'hébergement mais restent imparfaits dans la mesure où ils ne concernent qu'une partie de la population en situation d'errance.

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L'ASILE DE NUIT - IMAGE PAROXYSTIQUE

Dans le document Errances urbaines (Page 51-55)