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A — La Chétardie et son environnement

1. Caractère, environnement et relations

Le titre d’ambassadeur extraordinaire était justifié par le fait qu’un envoyé revêtu de ce caractère n’avait pas de précédent, sinon Charles, premier baron Whitworth, envoyé

britannique qui avait eu à gérer en 1709 la fureur de Pierre 1er consécutive à l’arrestation pour

dettes de Matvéev, son envoyé à Londres.

Callières, parlant des ambassadeurs extraordinaires étrangers à Versailles, observe qu’ils ont le privilège « de se couvrir devant le Roi dans leurs audiences publiques, d’être conduits dans les carrosses du Roi et d’entrer avec leurs carrosses dans la dernière cour du

Louvre1 ». Le « caractère » était dûment accrédité par les lettres de créance, que le

représentant du Roi devait remettre au souverain étranger lors d’une audience publique lui permettant d’être reconnu comme le représentant de son maître et de bénéficier alors des honneurs liés à sa charge. Ce « caractère » qu’il inaugurait ainsi exigeait de son porteur qu’il fût avisé, circonspect, sensé et exemplaire. Or, comme le signale justement Vandal, le marquis avait à la fois des atouts et des faiblesses : « Passionné pour la société, il y comptait autant d’amis que d’ennemis,… doué d’une intelligence prompte et déliée, d’un esprit vif et d’un jugement faux,… sûr de lui, bouillant, irréfléchi,… il sacrifiait tout au désir de briller, se lançait dans les plus téméraires entreprises sans en prévoir la suite, et perdait par son

étourderie le fruit de son adresse2 ».

Mondain et brillant, hédoniste et léger, il semblait très à son aise dans les réceptions et les soupers ; il aurait tout à fait mérité l’éloge funèbre que prononça en 1815 le comte de Ségur pour le chevalier de Boufflers : « Il réunissait au plus haut degré le talent de

briller, le don de plaire, le droit d’attacher3 ». « Téméraire, aventurier,

frivole…spirituel…fastueux avec grâce, il présentait ce mélange d’élégance, de libertinage et

1 Callières, François de, De la manière de négocier avec les souverains, op. cit. p. 105.

2 Vandal Albert, Louis XV et Élisabeth de Russie, Paris, Plon, 1882, p. 115

de sensibilité qui fait du gentilhomme français du dix-huitième siècle le héros par excellence

du roman d’aventures4 ».

Ce gentilhomme pénétrait cependant dans un univers bien éloigné de tout ce qu’il avait connu jusqu’ici. D’abord, pour ce diplomate venu d’un pays où s’appliquait la loi salique, c’était quelque chose de bien étonnant de découvrir une véritable gynécocratie. De plus, depuis 1722, le trône n’est plus héréditaire, mais cooptatif. Enfin, cette cooptation avait toujours été « appuyée » par une sédition des gardes Preobrajenski. En effet, dans un pays où

jusque-là les femmes avaient été recluses dans le terem (équivalent du harem5), si la régente

Sophie avait été la première femme à gouverner l’empire, auquel elle était déjà parvenue par

un coup d’État avec l’aide des streltsy, après la mort de Pierre 1er, et en dehors des courtes

parenthèses de Pierre II (1727-1730) et de Pierre III (janvier-juillet 1762), ce ne sont que des femmes qui ont occupé le trône russe de 1725 à 1796.

Catherine 1ère, veuve de Pierre, domestique, Livonienne et protestante de

naissance, n’était destinée, ni par son origine, ni par sa qualification politique, à porter le

sceptre des Romanov ; elle avait contre elle son origine plébéienne, son sexe, son illettrisme6,

l’avantage pour les ministres d’avoir pour tsar un mineur facile à diriger (son compétiteur, le fils d’Alexis, n’avait que dix ans), et surtout son association au règne de Pierre 1er, très impopulaire dans l’armée et le clergé ; la solde des militaires avait seize mois de retard, les travaux du lac Ladoga avaient coûté des milliers de vies humaines. L’énergie de Menchikov, avec lequel elle était très liée depuis longtemps, d’Apraxine et de Tolstoï, mais aussi de Boutourline, qui, depuis la fenêtre du conseil, cria des ordres aux gardes sans prendre l’avis de son supérieur Repnine, la corruption de la garnison et des archevêques Théodore (de

Novgorod) et Théophane (de Pskov)7 parvint à renverser la situation et à envoyer une

députation à la veuve éplorée, sanglotant à genoux au chevet du défunt, pour lui annoncer qu’elle avait été choisie comme « leur bien-aimée impératrice ».

C’est encore au terme de manœuvres de palais que fut désignée Anna Ivanovna en 1730 à la mort de Pierre II. Les deux grandes familles des Dolgorouki et des Galitzine, qui se haïssaient mutuellement, constituaient à elles deux six des huit membres du « Haut conseil » , les deux derniers étant le chancelier Golovkine et Ostermann qui se déclarèrent opportunément souffrants. Ces représentants de la haute noblesse étaient tombés d’accord pour faire encore appel à une femme, issue de la branche aînée, fille d’Ivan V, la duchesse de

4 Albert Sorel, Essais d’Histoire et de critique, Paris, Plon, 1883, p.175.

5 Alfred Rambaud, L’éducation des filles en Russie, Revue des Deux Mondes, mars 1873, page 329.

6 Elle avait été serve d’un noble suédois, et la noblesse livonienne interdisait de donner aucune instruction aux esclaves.

Courlande Anna Ivanovna (37 ans). Ce choix se faisait aux dépens, non seulement de sa sœur aînée Catherine, épouse séparée du fantasque duc Charles Léopold de Mecklembourg, non seulement de sa cousine Élisabeth, fille de Pierre, accusée de bâtardise car née hors mariage, mais encore de l’héritier mâle désigné par le testament de Catherine, son petit-fils, Pierre de Holstein, âgé de deux ans. L’intention de ces grandes familles aristocratiques était de restreindre l’absolutisme impérial au profit d’un gouvernement pluraliste « à la suédoise », dont ils seraient les rouages principaux, en imposant à la tsarine, comme pour les souverains polonais, des Pacta conventa. Certes, des voix se firent entendre pour alléguer qu’il s’agissait encore d’une femme, et à ce titre « esclave de ses sens », fille d’un prince débile, qu’elle vivait à Mitau avec son amant, de surcroît étranger et de basse extraction (ancien palefrenier). Le Haut Conseil rédige donc une série de conditions, qu’Anna devra signer avant de revêtir la pourpre impériale, et par lesquelles elle consent à rogner ses prérogatives. En particulier, elle accepte de ne pas se marier (seul point qu’elle tiendra), de rompre avec Biren qu’elle devra laisser en Courlande, de ne pas désigner d’héritier, de ne pas déclarer la guerre, ni conclure la

paix, ni nommer à aucune charge, ni lever des impôts, ni punir aucun de ses sujets8 sans le

consentement du Haut Conseil auquel elle s’engage à se référer toujours. Elle devait même jurer : « dans le cas où je manquerais à cette promesse, je serais privée de la couronne de Russie ». La tsarine pressentie feint de se soumettre à ces clauses draconiennes, mais, rusée, elle s’assure elle aussi, au moyen d’une généreuse distribution de vodka, du soutien des gardes, dont elle se proclame colonel et dont le commandant est un de ses parents, Simon Saltykov (sa mère était Prascovia Saltykova). Avec l’appui de la « généralité » -l’ensemble des généraux- et du synode (Théophane la qualifie « d’autocrate »), elle va renier ce serment léonin. Le 23 février 1730, l’intrusion des officiers dans la salle du trône, la suppliant de régner sans partage, la conduit à déchirer spectaculairement le document et à ordonner aux gardes de ne plus obéir qu’à Simon Saltykov, qu’elle s’apprête à nommer généralissime. Réinvestie du pouvoir, Anna se serait retournée vers Vassili Dolgorouki, naguère envoyé de Russie à Mitau et dont elle avait été la maîtresse, en lui disant : « tu m’as donc trompée ? ». À cette occasion, Ostermann, miraculeusement guéri de son indisposition, vient faire allégeance à la tsarine et lui annoncer qu’il va poursuivre en « justice » les Dolgorouki et les Galitzine. La tsarine, libérée de ses entraves, peut immédiatement appeler Biren à la rejoindre. C’était une première « journée des dupes ».

On imagine l’étonnement de ce marquis policé et raffiné en découvrant ce système de matriarcat régulièrement renouvelé par soubresauts avec l’aide des baïonnettes. Il

devait assister lui-même encore au renversement dans des conditions similaires de Biren en faveur d’Anna Leopoldovna, puis de cette dernière au profit d’Élisabeth. On peut concevoir que ces mœurs, si différentes de celles des pays où il avait séjourné précédemment, l’aient quelque peu ébranlé et déconcerté.

Nonobstant, à l’occasion du 1er janvier vieux style (12 janvier), il rendit visite à la

tsarine et c’est lui qui ouvrit le bal avec la princesse Élisabeth, avant de danser avec Anna Leopoldovna, puis avec l’épouse et la fille de Biren, et de participer aux parties d’hombre ou de lansquenet, ou aux séances de manège avec le chef de cette famille, lequel avait cependant fait les plus grandes difficultés pour venir l’accueillir à sa descente de carrosse, La Chétardie ayant refusé d’y atteler six chevaux (privilège réservé aux souverains régnants). Ce fut le début des controverses sur le cérémonial, sur lequel l’ambassadeur se montrera sourcilleux au

point qu’elles empoisonneront tout son séjour9 (il ira jusqu’à exiger que des bancs soient

réservés aux ambassadeurs lors des représentations de la « Comédie allemande », faute de quoi il menace de n’y point assister, et fournira à Ostermann le plan de la comédie de Versailles pour argumenter ses dires). Ceci est d’ailleurs surprenant de la part d’un homme qui avait écrit cinq ans plus tôt, à propos de celui qui était encore roi de Pologne : « Il est à désirer que, dans le même esprit, Stanislas Leszczynski puisse se dépouiller autant qu’il est

possible du cérémonial attaché à son rang suprême10 ». Comme beaucoup d’hommes du siècle

(nous pensons à Bernis, à Choiseul, au marquis de Ximenes ou au vicomte Joseph-Alexandre de Ségur), La Chétardie semble avoir été habité par le désir de séduire. Et il a cherché à plaire même à Ostermann, qui sera l’objet de sa vindicte, et à l’encontre duquel il poussera plus tard Élisabeth à la plus grande sévérité. Il écrit en effet à Villeneuve : « [le comte d’Ostermann aura vu] de quelle reconnaissance je dois être pénétré dès qu’il a bien voulu remarquer le désir

que j’aurais de rendre et mon personnel et mon ministère agréables à cette cour »11.

Toutefois, fidèle à ses instructions, il maintiendra l’équilibre entre les deux hommes forts du régime, qui se détestent, Biren et Ostermann, et restera aussi distant de l’un que de l’autre. Biren se montrera cependant le plus affable avec lui, lui rendant visite et protestant de son amitié et de sa sincérité ; c’est également le dignitaire russe le plus empressé

auprès d’Élisabeth, pour laquelle il a eu une inclination12, qu’il traduira par une livraison de

20 000 roubles, peu de jours après la mort d’Anna Ivanovna, laquelle avait au contraire

9 Il est vrai qu’il y est encouragé par Louis XV, qui approuve qu’il soit resté couvert devant le prince de Brunswick et regrette qu’il ait accordé aux résidents des sièges comparables au sien (Sirio, tome 86, lettre 43, Louis XV à La Chétardie, 14 février 1740) et s’intéresse fort au nombre de palefreniers et de laquais qui accompagnent les magnats qui lui rendent visite, et encore plus à ceux qui croient pouvoir se dispenser d’en rendre (13 sur 65).

10 Corr. Polit. Prusse 100, fol. 153, La Chétardie à l’abbé Langlois, 20 septembre 1735.

11 Annexe 68. BNF Richelieu Manuscrit français 7197, fol. 193, La Chétardie à Villeneuve, 25 juin 1740.

beaucoup réduit la pension allouée à la princesse par sa mère Catherine 1re et son cousin Pierre II. D’ailleurs, la tsesarevna était bien disposée envers lui (elle lui était reconnaissante d’avoir intercédé auprès d’Anna Ivanovna pour empêcher son enfermement dans un

couvent13) et ce fut La Chétardie qui, après l’incarcération de Biren, la persuada, si elle

accédait au pouvoir et lui rendait la liberté, de ne pas lui laisser celle de regagner Petersbourg, de crainte qu’elle ne vînt à pâtir de l’impopularité du ci-devant duc de Courlande.

Cependant, notre envoyé se plaint très tôt d’être snobé par certains ministres étrangers, et par plusieurs magnats et ministres russes, singulièrement par le prince de Brunswick qui ne lui a pas rendu sa visite (il est vrai qu’il ne lui a pas demandé d’audience).

Il la recevra bientôt, ainsi que celle du prince héréditaire Louis de Hesse-Homburg14, l’un des

principaux dignitaires du régime, au service duquel il est depuis dix-huit ans, et d’ailleurs marié à une princesse Troubetzkoy.

Si l’autorité des trois « ministres du cabinet » qui composent le gouvernement

russe, Ostermann, Tcherkassky et Volinski, couvre essentiellement la politique étrangère15, il

nous faut nous attarder un peu plus sur le corps diplomatique en poste à Petersbourg :

Le ministre de Pologne, Ignacy Oginski, est en odeur de sainteté, car Biren veut

manifester se reconnaissance à Auguste III pour sa nomination, très controversée, au duché de

Courlande en 173716et tout faire pour lui éviter une diète orageuse17. Il se comportera aimablement avec La

Chétardie, le visitant, toutefois sans se faire annoncer.

Le résident d’Angleterre, Claudius Rondeau, vient de mourir et il n’est pas encore

remplacé (par Finch) ; ses négociations pour un traité de commerce n’ont pas abouti ; il est

davantage connu par les trente-sept lettres de son épouse18, qui quitta la capitale russe en

1737, pour se faire soigner par des médecins anglais. Son mari souhaitait qu’elle décrive à la reine Caroline, épouse de George II, la pittoresque cour où elle avait vécu 9 ans, mais le décès de cette souveraine en novembre de cette même année l’en empêcha vraisemblablement. Quoi qu’il en soit, ces lettres ont une grande valeur par la description haute en couleur qu’elles

13 Victor Naumov, Elizavetna Petrovna, Russian studies in History, 1994, 32, p. 43.

14 Fils du prince régnant Frédéric III, mais qui ne lui succédera pas, mourant en 1745 un an avant son père. La grand-mère paternelle d’Anna Leopoldovna était Wilhelmine de Hesse-Homburg..

15 Marc Raeff, Plans for political reform in imperial Russia, Prentice Hall, New Jersey, 1966, p. 21.

16 La tsarine lui promit même de ne plus violer les frontières de Pologne : « Nous faisons savoir par la teneur des présentes que nous n’avons aucune intention de traiter le nouveau passage de notre armée par la Pologne ni de faire aucune réquisition à cet égard, ainsi qu’aucune manœuvre qui y pourrait tendre, et qui serait contraire à l’amitié des deux royaumes » Mémoires et Doc. Pologne 26 fol. 230.

17 Elle sera cependant rompue, comme toutes celles du règne, sauf celle de 1736.

18 Letters from a lady, who resided some years in Russia, to her friend in England, Londres, Dodsley, 1775. Ces missives ont été comparées à celles de Lady Montaigu, qui avait accompagné son mari, ambassadeur de Grande-Bretagne à Constantinople, en 1716

tracent, sans idées préconçues, mais avec beaucoup d’humour et un sens aigu de l’observation, des principaux dignitaires russes, de la tsarine et surtout de sa nièce, de leurs mœurs (s’étonnant en particulier des capacités de déglutition manifestées lors de leurs agapes et beuveries). La princesse Élisabeth y est dépeinte comme une « beauté, aux cheveux châtains, aux yeux bleus, aux dents superbes, qui, malgré sa tendance à l’embonpoint, dégage une grâce infinie et danse mieux que personne (menuets, quadrilles, rigodons, polonaises, et

danses paysannes russes) ; elle est affable et douce, inspirant l’amour et le respect19 ». Elle

n’était pourtant pas dépourvue de défauts : paresse, indolence, frivolité, vanité, prodigalité, jalousie, et parfois sévérité. Elle a été représentée, vingt ans plus tard, en 1760, par le peintre Charles-Amédée Philippe Van Loo, neveu de Carle, et premier peintre de la cour de Berlin, et à ce titre chargé de la décoration du château de Potsdam ; on constate que, même dans les dernières années de sa vie, elle conservait une grâce certaine et une naturelle majesté.

L’envoyé de Suède, Eric Matthias Nolken, considéré comme un des meilleurs

diplomates suédois de tous les temps20, était en quelque sorte l’assistant, le complice, le

coadjuteur de La Chétardie, et celui avec lequel il devait coordonner en temps opportun l’intervention de l’armée suédoise avec les troubles intérieurs de l’empire, encore qu’Amelot comme Saint-Séverin, notre ambassadeur à Stockholm, grand ami de La Chétardie, et son

19 Christopher Marsden, Palmyra of the north, Londres, Faber & Faber, 1943, page118

secrétaire Mondamert, recommandassent à son égard la plus grande défiance21. Pour ne pas le compromettre, La Chétardie le voit peu, mais il lui reproche quand même de parler trop et

aussi de « faire pencher les sénateurs suédois pour la guerre22 ». Plus tard (5 juillet 1742),

après le refus de la médiation française, Amelot rendra hommage à sa conduite : « j’avais déjà bonne opinion de ses talents, mais il s’est conduit avec une telle sagesse et dextérité qu’il y a lieu de juger que les intérêts de la Suède ne pouvaient être confiés en de meilleures mains ».

Anton-Otto, marquis de Botta-Adorno, était l’ambassadeur impérial à Petersbourg.

Il avait été l’instigateur du mariage d’Anton-Ulrich de Brunswick, neveu de son maître, au nom duquel il avait demandé la main d’Anna Leopoldovna, ce qui l’avait mis en délicatesse

avec Biren23, lequel convoitait cette main pour son fils Pierre, âgé de seize ans (la fiancée en

ayant vingt-deux).

Charles-Maurice de Lynar, envoyé de Saxe (il précédera puis remplacera Suhm

dans cette fonction), les départagea ; en effet, s’il n’était pas candidat à l’hyménée, il avait su conquérir le cœur d’Anna Leopoldovna, qu’il partageait d’ailleurs avec Julie Mengden,

Livonienne et fille de l’influent gentilhomme de la chambre, qu’il épouserait bientôt24. La

sœur de Julie épousera, quant à elle, l’ambassadeur du Danemark, Backoff. Ces circonstances expliquent la haine tenace opposant le clan Lynar, Anna Leopoldovna, Munnich à celui constitué d’Antoine-Ulrich et Ostermann. Anna Ivanovna avait cru à propos de demander le rappel de Lynar lors du mariage de sa nièce en 1739. Il avait par ailleurs été à Berlin le collègue de La Chétardie, avec qui il avait chevauché et, comme lui, entretenait de bonnes relations avec le prince royal Frédéric.

Jacques-Francis, duc de Liria, petit-fils naturel de Jacques II, avait représenté

l’Espagne, et avait été l’un des rares à se montrer courtois avec la princesse Élisabeth, mais il venait de mourir (à Naples) et sera remplacé par Del Bene.

21 Corr. Polit. Russie 32 fol. 104, Amelot à La Chétardie, 28 février 1740, Corr. Polit. Russie supplément 6 fol. 58, Saint-Séverin à La Chétardie, 16/27 mai 1740 et SIRIO, tome 9-86, lettre 56 du 4 février 1740, page 274, où il est dit que Nolken aurait averti les sénateurs suédois que leur patrie n’avait aucun secours à attendre de la France.

22 Sirio, tome 86, lettre 95, La Chétardie à Saint-Séverin, 11/22 juillet 1740.

23 Biren réfute d’ailleurs le rôle de Botta dans cette union, prétendant qu’il n’y avait pas plus contribué que l’ambassadeur impérial en Chine !

24 Cette bisexualité témoignant à la fois, selon les libertins, de la largesse de ses idées et de la générosité de son tempérament. Troyat, Terribles tsarines, Paris, Le grand livre du mois, 1998, page 130. La maison qu’ils occuperont avait été celle de Menchikov, puis celle de Gustave Biren.

Axel von Mardefeld, ministre de Prusse, était probablement le doyen du corps

diplomatique (il était né en 1691 et l’un des plus anciens à Petersbourg où il était arrivé sous le règne de Pierre le Grand). La Chétardie avait eu l’occasion, notamment au sujet de la guerre contre les Turcs, en 1736, lorsqu’il était en poste à Berlin, d’apprécier l’exactitude de