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L 446 Berlinale (Festival) Directrice de la section « Perspective du cinéma allemand » [Perspekt

Chapitre 3 : Problématique le Nouveau cinéma allemand, reflet et catalyseur d’une nouvelle image de l’Allemagne en France ?

M. L 446 Berlinale (Festival) Directrice de la section « Perspective du cinéma allemand » [Perspekt

C.N Medienboard Berlin-Brandenbourg (société

de subvention régionale)

Directrice

3) Instances de diffusion et d’exportation allemandes

H.O German Films (union exportatrice) Responsable Europe du Sud (Entretien réalisé à Paris)

F.L Institut Goethe Paris Responsable Cinéma (Entretien réalisé à Paris)

M.L446 Berlinale (Festival) Directrice de la section « Perspective du cinéma allemand » [Perspektiv

Deutsches Kino]

I.5.1.2) Guide d’entretien et limites du terrain

Nous avons élaboré un guide d’entretien commun pour ces organismes, destiné à questionner la perception des enquêtés par rapport à l’évolution de la production et de l’exportation du cinéma allemand depuis la réunification. Ce guide d’entretien commun était par ailleurs motivé par le double aspect informatif et compréhensif que nous avons évoqué.

S’il a été remanié en fonction des spécificités de chaque organisme interrogé, il comportait quatre grands volets généraux qui évoluaient des aspects plus descriptifs aux aspects plus subjectifs :

a) Organisation générale de l’institution : quel est son rôle au sein de la branche cinématographique allemande ? Quels sont ses objectifs généraux par rapport au développement du cinéma allemand ?

b) Organisation et promotion de l’exportation du cinéma allemand à l’étranger : l’institution joue-t-elle un rôle dans la promotion des films allemands à l’étranger ? Si oui, en quoi consiste ce rôle ? L’objectif de cette section était notamment de déterminer si les

446 L’entretien avec M.L correspond ainsi à l’entretien mixte BKM/Berlinale, M.L étant membre des deux

institutions allemandes mettaient en place une forme de « stratégie d’entreprise » pour favoriser la présence du cinéma allemand à l’étranger.

c) Production globale du cinéma allemand contemporain et perception de l’image de cette production : comment l’enquêté – en tant que représentant institutionnel – appréhende-t- il l’état du cinéma allemand contemporain et son évolution depuis la réunification ? Comment décrit-il par exemple l’évolution des thématiques filmiques en Allemagne ?

d) Présence et perception du cinéma allemand à l’étranger : comment l’enquêté évoque-t-il cette perception du cinéma allemand à l’étranger, en tant qu’acteur de la production de ce cinéma ? Comment se positionne-t-il par rapport au discours d’une reconnaissance accrue du cinéma allemand à l’international ?

Ce terrain empirique comporte certaines limites, liées à la difficulté de contacter certaines instances et d’organiser des entretiens longs avec des responsables souvent très accaparés. Ces limites sont notamment perceptibles au niveau du nombre restreint d’entretiens effectués auprès des sociétés de production et des protagonistes de la branche productive effective.

Nous avons ainsi complété notre enquête par l’analyse de sources annexes : documents de présentation récoltés sur place, interviews de réalisateurs et de producteurs allemands parus dans la presse, comptes rendus de manifestations notamment. Les dossiers de presse des différents films, ainsi que les sites Internet des sociétés de production, fournissent à cet égard de nombreux éléments de documentation additionnels.

I.5.2) Terrain parisien

Notre terrain parisien, quant à lui, devait permettre d’interroger les pratiques et les représentations de spectateurs français autour du cinéma allemand, afin de saisir en quoi le cinéma allemand peut constituer, pour eux, une expérience vécue de l’Allemagne.

I.5.2.1) Echantillon et recrutement des enquêtés : le critère souple du spectateur profane

L’attention portée à l’espace de réception des films allemands auprès d’un public élargi nous a incité à élaborer un échantillon constitué de spectateurs dotés de caractéristiques sociales très diverses. L’accent mis sur la signification de l’expérience filmique conditionnée par le Nouveau cinéma allemand nous a conduit, dans la lignée de la sociologie de la

réception, à minorer les critères de classes socio-professionnelles, à l’encontre de l’hypothèse d’homologie bourdieusienne. L’objectif était avant tout de saisir, pour reprendre Guy, des « rapports au cinéma », et notamment au cinéma allemand, et non de questionner les pratiques d’un groupe social prédéfini. Il s’agissait de privilégier un échantillon souple favorisant une diversification des profils enquêtés, afin de centrer l’analyse sur les mécanismes de la rencontre perceptive entre l’objet filmique et les visions du monde individuelles.

Par ailleurs le principal point commun de ces enquêtés, au regard de notre hypothèse de popularisation du Nouveau cinéma allemand, était un rapport a priori profane au cinéma allemand, c’est-à-dire un rapport non spécialisé à ce cinéma. Notre échantillon excluait ainsi les spectateurs ayant un contact préétabli à la société allemande, ou à son cinéma : experts de cinéma, étudiants d’allemand, professionnels de l’enseignement ou de la recherche franco- allemande, spectateurs allemands ou d’origine allemande notamment. Ces critères n’étaient donc pas des critères positifs, ni absolument objectivables, ce qui induit une appréhension flexible du terrain.

Cette appréhension souple de l’échantillon est ainsi liée au pan réceptif de notre objet de recherche, mais elle découle également du caractère « mineur » de la « question de

l’échantillon en sociologie qualitative »447

, comme le souligne Michäel Pino à la suite d’Howard Becker. Kaufmann note également que les critères d’échantillonnage sont moins significatifs en méthode qualitative qu’en méthode quantitative : « Dans la recherche

qualitative, le caractère significatif des critères habituels (âge, profession, situation familiale, résidence) devient moins opérant : ils fixent le cadre mais n’expliquent pas, alors que l’histoire de l’individu explique. La constitution de l’échantillon est alors un élément technique moins important »448. La sociologie compréhensive s’attachant avant tout à la production de sens des enquêtés, il s’agit avant tout pour l’enquêteur de favoriser le déploiement de la parole recueillie.

Nous avons présenté aux enquêtés potentiels l’entretien comme une interview portant sur les pratiques cinématographiques en général, et comportant une partie plus spécifique concernant le cinéma allemand contemporain – tout en leur précisant que leurs connaissances de ce dernier ne devaient précisément pas être exhaustives, ni érudites, mais profanes. Cette

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Michäel PINO, Pourquoi est-on déçu par un film au cinéma ? Microsociologie et typologies de la déception. Editions connaissances et savoirs, Paris 2008, p 37. Pino cite Howard Becker, qui dans Les ficelles du métier indique que tous les cas possibles ne sont pas analysables. (Howard BECKER, Les ficelles du métier, Editions la découverte, Paris, 2002, p. 118 et 147)

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précision nous a ainsi permis de lever certaines réticences de départ relatives au caractère d’expertise et de spécialisation supposé de l’entretien.

Nous avons restreint notre champ de recherche à la région parisienne, pour des questions pragmatiques. La capitale offre en effet une forte concentration de politiques culturelles très diversifiées. De plus, afin de maîtriser l’échantillon, il nous a semblé plus judicieux de ne pas élargir notre recherche à d’autres zones géographiques.

Nous avons par ailleurs élargi au maximum les profils sociaux recrutés, tant au niveau de l’âge (de 21 à 80 ans) qu’au niveau des activités / métiers exercés. Cette diversité devait favoriser une diversité des pratiques la plus large possible, et une hétérogénéité de profils et de carrières cinématographiques, pour reprendre la notion d’Ethis. Ces carrières ne sont donc pas nécessairement reliées au profil socioculturel de l’individu, mais davantage à son appréhension individuelle du cinéma – considéré donc ici dans son sens le plus large, et non réduite à la fréquentation des salles. Le questionnement autour de la pratique comprenait ainsi également un pan relatif aux visionnages de films par d’autres pratiques filmiques : télévision, DVDs, streaming, Internet etc. La pratique en salle ne constituant qu’un « mode particulier de

rencontre entre une œuvre cinématographique et une part de ses publics »449

, elle n’est pas

questionnée en tant que telle, mais par rapport aux modalités de rencontre filmique qu’elle peut conditionner – notamment par rapport à la mémoire spectatorielle de cette rencontre.

30 entretiens ont été réalisés entre avril 2010 et septembre 2012. Nous avons procédé, pour recruter nos enquêtés, à deux techniques distinctes :

a) Tout d’abord, nous sommes allées à la sortie de séances de films allemands450

pour interroger des spectateurs « au hasard ». Cette technique permet de récolter des profils inattendus et diversifiés. Elle est cependant difficile à mettre en place, de par une certaine méfiance des spectateurs interrogés, et par le refus fréquent, évoqué plus haut, de consacrer du temps à un entretien long et réflexif. En outre la parole tend alors à se concentrer sur le film fraîchement visionné, en occultant quelque peu le souvenir des autres films allemands visionnés. Nous n’avons pu recueillir que trois interviews par ce biais.

449

Emmanuel ETHIS, Sociologie du cinéma et de ses publics, op cit., p. 35

450 Notamment : L’étrangère de Feo Aladag (2010) et Soul Kitchen de Fatih Akin (2010). Les deux séances ont

été choisies en soirée, au cinéma MK2 Bibliothèque dans le 13ème arrondissement de Paris. Ce cinéma nous est en effet apparu a priori central et sujet à une pratique diversifiée, puisqu’il s’agit d’un multiplexe à tendance « art et essai », propice à une pratique mixte.

b) Nous avons ainsi principalement utilisé la méthode des réseaux : en passant par les différentes sphères de notre entourage, nous avons pu interroger des enquêtés aux profils divers et aux expériences variées.

> Tableau récapitulatif des entretiens réalisés auprès de spectateurs français

NOM (anonyme)

AGE ACTIVITE RESIDENCE

Anouk 62 ans Enseignante retraitée Villejuif (94)

Adrien 30 ans Employé administratif Evry (91)

Patrice 53 ans Ingénieur informaticien Orsay (91)

Brigitte 52 ans Femme au foyer Voisins-le-Bretonneux (78)

Eloïse 73 ans Secrétaire retraitée Palaiseau (91)

Pauline 34 ans Ingénieure d’étude Les Lilas (93)

Julia 28 ans Chômeuse Thiais (94)

Sophie 25 ans Statisticienne Paris 13ème

Kevin 33 ans Chômeur Paris 19ème

Diane 45 ans Secrétaire Arrancourt (91)

Fabien 25 ans Caméraman Paris 17ème

Franck 30 ans Ingénieur Paris 14ème

Arabelle 27 ans Conseillère d’orientation Paris 14ème

Anne 21 ans Etudiante Villebon (91)

Anne-Marie 60 ans Retraitée Paris 5ème

Marc 42 ans Physicien Saint-Cyr la rivière (91)

Florian 28 ans Informaticien Paris 19ème

Irène 51 ans Attachée de direction Paris 18ème

Nicole 32 ans Secrétaire Paris 20ème

Yvonne 49 ans Professeure d’université Paris 12ème

Victor 21 ans Etudiant Ivry-sur-Seine (94)

Sandra 22 ans Etudiante Saint-Denis (93)

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