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4. ANALYSE

4.2 Les usages des produits de santé naturels

4.2.3 Atteindre, maintenir ou rétablir un état de bien-être

Atteindre, maintenir ou rétablir un état de bien-être constitue le deuxième objectif d’utilisation des PSN. Ici, il ne s’agit pas de ne viser que les aspects médicaux et biophysiologiques, mais de se procurer le ressenti d’être en santé et de bien-être. Il s’agit donc d’appréhender la santé sur le plan global, incluant les aspects mental, émotionnel, social, environnemental et même spirituel.

Pour les participants, il s’agit non seulement d’être en santé, mais également d’être « en forme ». Les participants font en effet une distinction entre « être en santé » et « être en forme ». « Être en santé » représente pour eux un état de santé au sens médical, c’est-à-dire la santé sur les aspects biophysiologiques. Quant à « être en forme », cela signifie de se sentir en santé et désigne la santé au niveau du ressenti du mental et de l’émotionnel. Beaucoup de participants considèrent qu’« être en santé » ne signifie pas nécessairement se « sentir en santé ». Et inversement, « être en forme » pourrait ne pas impliquer « être en santé » médicalement, dans le sens de se sentir ou de se penser être en santé.

Non, mais c’est vrai! Si t’as mal au ventre tous les matins, mais q’ça t’dérange pas tant q’ça, pis t’es content dans ta vie. Pfft! Ben, t’es quand même en santé, quoi. Si t’as un corps en hyper forme machin […], mais t’es triste et tu t’déprimes toute la journée, ah t’es quand même pas trop en santé, quoi. (Georges, 26 ans)

Idéalement, les participants souhaitent « être en santé » en même temps qu’« être en forme », c’est-à-dire atteindre et maintenir une santé globale qui procure un sentiment d’empowerment et qui assure à la personne l’entièreté de sa singularité.

Le oméga, vitamine D, vitamine C, j’en prends pas mal tous les jours […]. C’est justement pas une guérison, mais plus un supplément pour comme un maintien de la santé global, pis garder un certain équilibre. (Claude, 26 ans)

Cela dit, « soigner sa santé » inclut certes les aspects de traiter et de prévenir les problèmes, mais implique aussi d’adopter des comportements spécifiques tels que manger sainement, faire de l’exercice, ne pas fumer ou abuser de l’alcool ou, pour certaines personnes, faire de la relaxation ou des exercices de détente comme du yoga et de la méditation. De plus, certains participants font de leur alimentation une diète médicale de ce qu’ils mangent, c’est-à- dire qu’ils ne conçoivent pas le fait de manger comme un acte pour satisfaire leur faim, mais pour fournir les éléments essentiels au bon fonctionnement de leur corps (protéines, fibres, minéraux, etc.). Les aliments de sont plus ainsi de la nourriture, mais sont réduits à des composants nutritionnels pour le corps.

Un aliment devient un PSN lorsqu'il est utilisé avecun but thérapeutique visé. Avec les discours publics de manger sainement, la perception des aliments a pris un virement de perspective générale. La nourriture n’est plus un objet pour satier la faim ou la joie de manger, mais un pouvoyeur de composents nutritionnels (vitamines, protéines, fibre, etc.) pour le corps. De plus, choisir d’adopter des comportements qui promeuvent la santé implique souvent de changer, ou de chercher à changer, son mode de vie. Lorsque des participants visent à se procurer ou à maintenir une bonne santé globale, ces personnes sont amenées à modifier leur style de vie, et en l’occurrence, pour intégrer des PSN dans leur quotidien. Bien souvent, ce sont des personnes qui souffrent de problèmes chroniques; problèmes qui les ont amenées à modifier leur mode de vie de manière globale et au quotidien pour les contrer. Leurs problèmes chroniques requièrent une attention constante, ce pour quoi ces personnes ont dû transformer leur mode de vie pour s’occuper de façon permanente de leurs problèmes.

J’ai le clapet ouvert, parce que je suis en Afrique il y a quelques années. En fait, je voyage beaucoup, donc j’ai quelques petites séquelles qui ont été, dans le fond, accumulées avec les voyages […]. Donc, plein de choses ce sont passées, ce qui m’amène à prendre soin et à transformer nos habitudes de vie et de les adapter. (Diane, 34 ans)

J’ai comme drastiquement changé mon alimentation il y a environ trois ans. C’est que j’ai été diagnostiquée d’une maladie intestinale. Alors depuis, je me nourris très sainement. Avant, je me nourrissais pas bien. J’pouvais par exemple acheter des repas congelés, déjà faits. J’regardais pas vraiment ça. […] Mais depuis c’temps-là, […] j’cuisine à peu près tout c’que j’fais. Pis je prends aussi, tsé, des produits naturels là. […] Ça a amélioré ma condition de 50 %. […] C’est sûr, je me nourrissais mieux là. […] C’est sûr que c’est extrêmement cher là. […] Là, j’me disais c’est mieux d’marcher, parce que j’investis, tsé. […] Mais

le ménage de mon armoire pour avoir des trucs santé. J’allais au Rachel-Berry pis ces affaires-là là, les magasins de santé. […] Contenu du bénéfique que ça m’apporte, j’aime-tu mieux payer ça en médicaments pis être mal en point pis payer ça dans mon alimentation, qui là à ce jour que j’t’parle, j’prends même plus d’médicaments, rien. (Karine, 29 ans)

Au niveau de l’alimentation, certains participants utilisent les PSN en compléments alimentaires pour « boucher [les] trou[s] » d’une alimentation lacunaire ou pour « pallier » un mode de vie trop effervescent à cause du travail ou des études.

[J’ai] une diète plutôt […] merdique, donc, c’est manger du fast food, trop de viandes, pas assez de fruits, pas assez de légumes. […] Le rythme de vie imposé par des études universitaires ne permettait souvent pas de prendre soin de ma santé non plus. […] J’ai tendance à trop travailler, à m’épuiser et à mal manger […], mais c’est ce dont pourquoi je consomme des produits de santé naturels. Avec mon rythme de vie, visiblement, c’est un avantage. […] Je fais pas très attention à moi et je mange beaucoup de pizzas congelées. Pis je vois vraiment mon corps dépérir. J’ai mal partout. J’ai pas d’énergie, j’ai pas de force. Et ça [vitamines], pour ça, je trouve c’est génial. Ça m’évite de sombrer dans un abîme finalement de douleurs ou d’déchéances corporelles […]. Je trouve vraiment que c’est un palliatif […]. Ça sert à boucher un trou, un besoin immédiat […]. C’est comme me dire je mangerais du Big Mac tout le temps, mais c’est pas grave, je mange des vitamines. J’ai tous mes nutriments […]. Moi, je suis prêt à les utiliser comme bouche-trous, puis je me dis « C’est pas si pire que ça ». (Oscar, 32 ans)

Du fait que les PSN peuvent « boucher un trou » ou « pallier » des lacunes alimentaires, ils deviennent alors un outil pour se soulager des sentiments de culpabilité pour avoir négligé de manger sainement.

Il [mon frère] fait très attention à sa santé. Il utilise plus de produits de santé que moi, mais sa perspective est encore critique par rapport à son alimentation. […] Lui se sent relativement coupable d’être obligé de se tourner vers les produits de santé naturels parce que cette semaine, il a fait des abus. Il a mangé trop de sucres. Il n’a pas mangé assez de légumes, de fruits. Il se sent coupable. (Oscar, 32 ans)

L’usage des PSN comme des compléments alimentaires peut être un processus naturel qui suit un changement alimentaire dans une alimentation déjà saine. Ou alors, ce sont les PSN qui induisent un changement alimentaire vers une alimentation saine.

Je fais de l’endométriose […], puis j’ai tellement pris de médicaments et d’hormones et de plein d’affaires […], puis ça fonctionnait pas à long terme. Fait qu’à un moment donné, je me suis juste dit je vais essayer de faire de l’acuponcture pour aller régler ça tout de suite. Puis, tout, tout ce moment-là par rapport à mon alimentation, par rapport à ce que je mangeais, mon éveil sur les choix alimentaires, ce que je mets dans ma bouche, les aliments où est-ce que je les prends […], fait que la consommation de produits naturels est venue avec ça. (Amélie, 29 ans)

Généralement, c’par cette porte-là que je recommence à prendre soin de moi. J’ai commencé à reprendre […] des produits de santé naturels. Et après quelques semaines, « Mange donc un peu mieux. Fais-toi donc une salade […] plutôt que prendre ta pilule. » Et de fil en aiguille, ça m’aide à me remettre en marche vers la santé. (Oscar, 32 ans)