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1. LA DIFFUSION SURPRENANTE DE LA PSYCHANALYSE AU XX E SIÈCLE

1.1 Traits saillants de la diffusion de la psychanalyse au XX e siècle

1.1.3 Ampleur de la diffusion non-spécialisée

1.1.3.1 Aperçu sur la popularisation de la psychanalyse

Cette influence auprès d’un large public se manifesta très tôt. L. Marinelli et A. Mayer rapportent que durant les premières décennies du XXe siècle, on vit « se développer une

pratique non médicale de l’interprétation qui mêlait psychologie quotidienne, culture mondaine et jeux d’auto-interprétations. Les salons de la bourgeoisie viennoise cultivée ne furent pas le seul milieu dans lequel on commença à s’exercer à l’interprétation sur un mode plus ou moins sérieux »50. En 1927, V. N. Vološinov affirmait qu’après la guerre, l’influence

p. 152-164 ; Alison Winter, “Film and the Construction of Psychoanalysis, 1940-1960,” Science in Context, vol. 19, nº 1 (2006), p. 111-136.

48 Georges Steiner, Poésie de la pensée, Paris : Gallimard, 2011, p. 191-192.

49 La psychanalyse toucha les « cercles de gens cultivés et curieux », auxquels Freud destinait la troisième édition de l’Interprétation du rêve (Lydia Marinelli et Andreas Mayer, Rêver avec Freud ; l’histoire collective de

l’Interprétation du rêve, Paris : Aubier, 2009, p. 108).

50 Ibid., p. 33. Il se produisit « une explosion discursive autour de la psychanalyse, dans laquelle se mêlaient rumeurs, commérages, jeux interprétatifs et psychologie quotidienne » (Ibid., p. 91). En 1933, Freud fait allusion au fait que plusieurs se tournent ver la psychanalyse « pour se divertir en société » (Sigmund Freud, Nouvelles

conférences d’introduction à la psychanalyse, Paris : Gallimard, 1989, p. 183). Dès les années 1900, écrit G.

Makari, Freud « found himself embraced by layman, who dreamed of a new culture. Their world was not the university, the clinic, or the lab, but the Vienna coffeehouse, the meeting place for artists, writers, reformers, and utopians » (Makari, Revolution in Mind, p. 147). La publication des Trois essais sur la théorie de la sexualité fit de Freud « a hero of the Viennese coffeehouse scene. It placed him at the center of a network of artists, writers, journalists, feminists, and reformers » (Ibid., p. 151). Le témoignage de Marianne Weber sur ce point est intéressant : Marianne Weber, Max Weber: A Biography, New York: J. Wiley, 1975, p. 375 sq. Cf. Russell Jacoby, Otto Fenichel : destins de la gauche freudienne, Paris : Presses universitaires de France, 1986, p. 51 ;

de la psychanalyse avait « pris des proportions inouïes, tant à travers l’Europe entière qu’en Amérique, au point de distancer nettement, dans les milieux bourgeois et intellectuels, tous les autres courants idéologiques de l’époque »51. La psychanalyse pouvait compter sur une

« masse énorme de fidèles et de curieux »52. En 1930, Paul Valéry faisait allusion à l’analyse

des songes pratiquée « dans l’Europe centrale où il n’est point de personne bien née qui manque, chaque matin, à retirer de ses propres gouffres quelques énormités abyssales, quelques poulpes de forme obscène qu’elle s’admire d’avoir nourris »53. En 1931, l’écrivain

autrichien S. Zweig écrivait que Freud avait « approfondi la conception du monde de toute une génération »54.

Cette diffusion auprès d’un public très large fut loin d’être le fait des seuls pays d’Europe centrale. S. Moscovici notait que, dans la France des années cinquante, la psychanalyse était entrée « dans la vie, les pensées, les conduites, les mœurs et le monde des conversations d’un grand nombre d’individus »55. Le français L. Althusser écrivait en 1963 :

Sebastiano Timpanaro, The Freudian Slip: Psychoanalysis and Textual Criticism, London: NLB, 1976, p. 132- 133.

51 Valentin Nikolaievich Voloshinov, « Le freudisme ; essai critique » [1927], in Mikhaïl Bakhtine, Écrits sur le

freudisme, Paris : L’âge d’homme, 1980, p. 86. (Vološinov aborde aussi ailleurs l’ampleur du succès de la

psychanalyse : Valentin Nikolaievich Voloshinov, « Au-delà du social ; essai sur le freudisme » [1925], in Mikhaïl Bakhtine, Écrits sur le freudisme, Paris : L’âge d’homme, 1980, p. 36-37, 50 ; Voloshinov, « Le freudisme », p. 189.) (Les différents textes sur la psychanalyse recueillis dans ces Écrits sur le freudisme ont d’abord été publiés dans les années 1920 sous le nom de Valentin Nikolaievich Vološinov. C’est aussi le cas du livre Le marxisme et la philosophie du langage. Plusieurs décennies plus tard, lorsqu’ils ont été traduits du russe dans d’autres langages, plusieurs, dont les éditeurs de leur traduction française, les ont attribués à Mikhaïl Bakhtine (cf. Mikhaïl Bakhtine, Le marxisme et la philosophie du langage : essai d’application de la méthode

sociologique en linguistique, Paris : Minuit, 1977 ; Mikhaïl Bakhtine, Écrits sur le freudisme, Paris : L’âge

d’homme, 1980). Toutefois, les travaux historiques récents sur cette question laissent plutôt croire que Vološinov est bel et bien l’auteur des textes publiés sous ce nom (Laurent Jenny, « De qui Bakhtine est-il le nom ? »,

Critique, n° 778 (mars 2012), p. 196-207).

52 Voloshinov, « Le freudisme », p. 86.

53 Paul Valéry, Variété I et II, Paris : Gallimard, 1998, p. 297.

54 Stefan Zweig, Sigmund Freud ; la guérison par l’esprit, Paris : Livre de poche, 2010, p. 43. 55 Moscovici, La psychanalyse, son image et son public, p. 20.

« Évidemment, on rencontre la psychanalyse partout, dans la presse, dans la rue, etc. »56 Dans

la France des années soixante-dix, notait S. Turkle, les théories de Lacan venaient souvent « animer les conversations dans les cocktails »57. En Argentine, à la fin des années 1960,

« langages et concepts d’origine psychanalytiques inondaient la presse grand public, les programmes télévisés, le théâtre, la fiction et les essais »58. En 1982, Tooru Takahashi

rapportait qu’au Japon on « emploie quotidiennement des mots comme “refoulement” ou “complexe” »59.

On constata cette influence très large de la psychanalyse aux États-Unis. Comme le notait H. M. Ruitenbeek, la connaissance de la psychanalyse, loin d’être restée confinée aux seuls spécialistes, avait atteint plusieurs segments du public américain.60 J. C. Burnham

soutient qu’il se produisit dans ce pays un « mouvement de masse en faveur de la psychanalyse » (« a mass movement in favour of psychoanalysis »)61. A. Ehrenberg parle du

« succès phénoménal que rencontre la psychanalyse aux États-Unis »62 à une certaine époque.

En 1973, D. Boorstin se montrait irrité par l’ampleur de la diffusion de la psychanalyse dans son pays : « Aucun autre pays au monde que les États-Unis n’a aussi libéralement accepté la vulgarisation de cette technique de traitement de certaines névroses en un “discours” à prétentions scientifiques injustifiées. »63 M. Ruitenbeek remarquait que cette ample diffusion

se manifestait de toutes sortes de manières :

in the 1960’s, even the poorly educated had heard of “complexes” and “repressions.” […] One can tell jokes about psychoanalysis to unselected audiences; and there is a market for comic songs about analysts, analysis, and people beguiled and bewildered by both.

56 Louis Althusser, Psychanalyse et sciences humaines ; deux conférences, Paris : Librairie générale française, 1996, p. 21. Il existait en France un « préjugé favorable en faveur de la psychanalyse » (Ibid., p. 24).

57 Turkle, La France freudienne, p. 43.

58 Plotkin, Histoire de la psychanalyse en Argentine, p. 121. 59 Takahashi, « La psychanalyse au Japon »p. 417.

60 Ruitenbeek, Freud and America, p. 67.

61 Burnham, Paths into American Culture, p. 101. 62 Ehrenberg, La société du malaise, p. 89.

In short, psychoanalysis has been thoroughly popularized.64

Dans les années 1920, selon J. C. Burnham, les théories de Freud étaient « accessibles » à un public américain « lettré » (literate public)65. Durant les années 1940, écrit

A. Hulbert, « psychoanalytic lore was rapidly spreading on the popular level »66. Dans les

années 1950, affirme pour sa part Robert Coles, la culture américaine fut énormément marquée par la psychanalyse (“our culture was also enormously taken with Freud’s thinking”)67. N. G. Hale écrit que la psychanalyse avait durant cette période influencé la

64 Ruitenbeek, Freud and America, p. 70. Ruitenbeek ajoute, plus loin, que des termes psychanalytiques « are now used not only by intellectuals and rebellious young writers […], but also by middle-class housewives and even by quite uneducated people who have seen “psychological” films or read books and magazine articles » (Ibid., p. 74). M. B. Plotkin remarque, à propos d’un article de revue populaire argentine portant sur un Congrès de psychanalystes : « le fait qu’une revue comme Gente – qui montrait d’habitude plus d’empressement à suivre les stars du cinéma que les rencontres scientifiques – consacre trois pages au colloque indique que l’on supposait que les lecteurs de la classe moyenne étaient intéressés par la psychanalyse, et qu’ils avaient une certaine connaissance du sujet » (Plotkin, Histoire de la psychanalyse en Argentine, p. 193-194). Une autre revue, destinée celle-là à la « classe moyenne intellectuelle » et aux cadres, « utilisait abondamment une terminologie et des concepts empruntés à la psychanalyse ». Ces concepts « étaient employés sans être expliqués : il ne faisait aucun doute que les lecteurs en connaissaient le sens » (Ibid., p. 196-197). Le psychanalyste était tout aussi connu. J. C. Burnham relève que la fréquence des caricatures de psychanalystes durant les années 1950, dans toute une série de magazines, atteste du fait que leurs rédacteurs s’attendaient alors à ce que l’homme de la rue connaisse la psychanalyse (Burnham, Paths into American Culture, p. 102). S Moscovici note qu’en France « le cinéma, la presse et la caricature ont modelé » la figure du psychanalyse « jusqu’à en faire un personnage central de notre culture » (Moscovici, La psychanalyse, son image et son public, p. 152). Freud a aussi bénéficié de cette notoriété. Une bande dessinée (israélienne) peut ainsi dépeindre une rencontre entre Freud et « Hulk » (un personnage fictif de la culture populaire), sans avoir à nommer l’un ou l’autre (Asaf Hanuka, K.O. à Tel-Aviv, Paris : Steinkis, 2012, p. 10).

65 Burnham, Paths into American Culture, p. 71. Par exemple, dans les années 1920, l’écrivain Floyd Dell découvrit à Greenwich Village une passion pour la libre association et l’analyse de rêve (Floyd Dell,

Homecoming, New York: Farrar & Rinehart, 1933, p. 240 et suiv. ; cf. le commentaire de Matthews, “The

Americanization of Sigmund Freud,” p. 54).

66 Ann Hulbert, Raising America: Experts, Parents, and a Century of Advice About Children, New York: Alfred A. Knopf, 2003, p. 219.

67 Robert Coles, “Psychoanalysis: The American Experience,” in Michael S. Roth (dir publ.), Freud, Conflict and

pensée d’un large public68. R. B. Nye affirmait que la psychanalyse était devenue si populaire

durant l’entre-deux-guerres qu’elle eut un effet explosif sur l’idée traditionnelle de l’individualité69. G. Makari rapporte qu’après la Seconde Guerre mondiale, cette popularité de

la psychanalyse explosa :

Its model of unconscious passions, its notions of defense and inner conflict, and its method of unravelling self-deception, encroached upon traditional sources of self- understanding like religion. In the U.S., psychoanalysis made its way into the courts, schools, and hospitals, and informed literature, cinema, television, journalism, theatre, and arts. Its ideas spread into popular discourse as adages, clichés, and jokes.70

Sur cette large popularisation de la psychanalyse, les témoignages d’observateurs très différents les uns des autres concordent largement. En 1931, Franz Alexander soulignait que les théories psychanalytiques avaient été très bien reçues : “All these concepts are today not only generally accepted, but they have already become emotionally assimilated, and like the theory of evolution or the cosmological doctrine of the planetary systems are now an integral part of modern thinking”71. Peu avant la mort de Freud en 1939, un journal américain le

présentait comme l’homme qui avait introduit dans le langage courant des mots comme « complexe d’infériorité » et « répression ».72 Un peu après sa mort, W. H. Auden écrivait

(dans son poème « In Memoriam Sigmund Freud ») : « to us he is no more a person / now but a whole climate of opinion / under whom we conduct our differing lives »73. Quelques années

68 Hale, The Rise and Crisis of psychoanalysis, p. 132.

69 Russell B. Nye, This Almost Chosen People: Essays in the History of American Ideas, East Lansing: Michigan State University Press, 1966, p. 219. Semblablement, R. Porter soutient que les idées de Freud « became central to the twentieth-century understanding of the self » (Roy Porter, The Greatest Benefit to Mankind: A Medical

History of Humanity, New York & London: W.W. Norton & Company, 1998, p. 516). Cf. Lancelot Law Whyte, L’inconscient avant Freud, Paris : Payot, 1971, p. 226.

70 Makari, Revolution in Mind, p. 485.

71 Cité dans Frank Cioffi, Freud and the Question of Pseudoscience, Chicago et La Salle (Illinois) : Open Court, 1998, p. 162-163. Dans les années 1950, S. Moscovici rapportait que la psychanalyse semblait être devenue aux États-Unis « une nourriture “spirituelle” essentielle » (Moscovici, La psychanalyse, son image et son public, p. 223).

72 Hale, The Rise and Crisis of psychoanalysis, p. 148.

73 Wystan Hugh Auden, « In Memoriam Sigmund Freud » [1939], Another Time: Poems, Londres: Faber & Faber, 1940, p. 118. (Cf. Wystan Hugh Auden, « À la mémoire de Sigmund Freud », in Roland Jaccard (dir.

plus tard, P. Goodman notait que les idées de Freud « had spread so far and proved so strong from the beginning »74. En 1941, T. Adorno remarquait que la terminologie de Freud s’était

répandue chez les journalistes75. En 1944, le même auteur écrivait que la psychanalyse

« s’infiltre jusque dans n’importe quel bled perdu »76. L. Trilling, un observateur bien placé du

phénomène (en tant qu’homme de lettres new-yorkais, il appartenait à un milieu qui s’était passionné pour la psychanalyse), abondait dans le même sens, lorsqu’il écrivait en 1955 que la psychanalyse constituait « l’argot (the slang) de notre culture »77. En 1956, le magazine Time

affirmait que des millions de gens étaient influencés quotidiennement, souvent sans le savoir, par la pénétration de la théorie freudienne (“daily influenced, often unknowingly, by the penetration of Freudian theory”)78. La même année, A. Kazin écrivait que Freud était devenu

depuis longtemps un nom familier (“Freud has long been a household name”)79. En fait, il

publ.), Freud ; jugements et témoignages, Paris : Presses universitaires de France, 1976, p. 271.) Bien plus tard, C. Castoriadis écrivait que « nous ne pouvons plus réfléchir l’âme que dans cet espace où Freud l’a entraînée » (Cornelius Castoriadis, Les carrefours du labyrinthe 1, Paris : Seuil, 1998, p. 33) ; G. Steiner, semblablement, écrivait que « nous lisons après Freud » (Steiner, Poésie de la pensée, p. 136). (Cf. Makari, Revolution in Mind, p. 5-6 ; Georges Steiner, Passions impunies, Paris : Gallimard, 1997, p. 283-284 ; Georges Steiner, Grammaires

de la création, Paris : Gallimard, 2001, p. 329 ; Steiner, Œuvres, p. 1011 ; Zweig, Sigmund Freud, p. 141 ;

Whyte, L’inconscient avant Freud, p. 226 ; Hilary Putnam, S. t., Kos : rivista di cultura e storia delle scienze

mediche, naturali e umane, 10, 1984, p. 3.)

74 Paul Goodman, “The Father of the Psychoanalytic Movement,” [1945] in Taylor Stoehr (dir. publ.), Nature

Heals: The Psychological Essays of Paul Goodman, Highland, New York: The Gestalt Journal, 1991, p. 3.

75 Theodor Adorno, « Veblen contempteur de la culture » [1941], in Collectif « Révoltes logiques » (dir. publ.),

L’empire du sociologue, Paris : Éditions la Découverte, 1984, p. 147.

76 Theodor W. Adorno, Minima Moralia ; réflexions sur la vie mutilée, Paris : Payot, 2003, p. 87. 77 Trilling, Freud and the Crisis of Our Culture, p. 12.

78 Cité dans Dolnick, Madness on the Couch, p. 57. L’Autrichien S. Zweig affirmait semblablement, en 1939, que même « ceux qui ne savent rien de son œuvre […], même ceux qui n’ont jamais entendu son nom sont, à leur insu, ses débiteurs et sont soumis au pouvoir de son esprit. » (Zweig, Sigmund Freud, p. 146.) S. Moscovici écrit pour sa part qu’il est possible d’utiliser la psychanalyse « d’une certaine manière sans le savoir comme M. Jourdain faisait de la prose » (Moscovici, La psychanalyse, son image et son public, p. 181).

79 Alfred Kazin, “The Freudian revolution analyzed,” in Benjamin Nelson (dir. publ.), Freud and the 20th

avait même influencé des gens qui n’avaient jamais entendu parler de lui, de telle sorte que chacun était devenu un peu freudien (“everybody is something of a Freudian”)80. L’influence

de Freud fut telle qu’elle était devenue proprement indescriptible (“beyond description”)81.

Dans les « temps modernes », aucun autre système, à l’exception possible des grandes religions, n’avait été adopté par autant de gens82. En 1958, Michael Polanyi faisait allusion à

l’influence « énorme » du « système freudien »83. En 1959, l’anthropologue C. Kluckhohn

soulignait, dans une enquête sur les valeurs des Américains, que ces derniers s’appréciaient plus et avec moins de culpabilité, qu’ils avaient développé un « souci pour la “santé mentale” », qu’une « atmosphère très psychologique […] règne dans les familles comme à l’école », que la psychothérapie « a atteint des proportions telles que l’on comprend que certains la regardent comme obsédante » et enfin que tous ces changements étaient liés « à la domestication de la psychanalyse sur la scène américaine »84. En 1963, B. Friedan relevait que

la psychanalyse « has filtered into the lives of American women through the popular magazines and the opinions and interpretations of so-called experts »85. En 1976, M. Foucault

soulignait l’« efficacité admirable » de l’entreprise de Freud86. En 1976, le Suisse F. Zorn

“Reassessing Freud’s Case Histories: The Social Construction of Psychoanalysis,” Isis, vol. 82, nº 2 (June 1991), p. 275).

80 Kazin, “The Freudian revolution analyzed,” p. 13, 21.

81 Ibid., p. 14. Pour sa part, E. Jones affirmait en 1957 que l’influence de Freud dans le monde était devenue telle que son évaluation aurait demandé le concours d’une « armée de chercheurs » (Ernest Jones, La vie et l’œuvre de

Sigmund Freud, Tome troisième : Les dernières années (1919-1939), Paris : Presses universitaires de France,

1970, p. 488).

82 Kazin, “The Freudian revolution analyzed,” p. 14.

83 Michael Polanyi, Personal Knowledge: Towards a Post-Critical Philosophy, Chicago: University of Chicago Press, 1974 [1958], p. 139. En 1959, il soutenait que « Freud and Marx—little of modern culture is unaffected by the teachings of one or both of these two » (Michael Polanyi, Knowing and Being, Chicago: University of Chicago Press, 1969, p. 40).

84 Cité dans Ehrenberg, La société du malaise, p. 106. Cf. le témoignage similaire de Veroff, Douvan et Kulka,

The Inner American, p. 138.

85 Betty Friedan, The Feminine Mystique, New York & London: W. W. Norton & Company, 2001, p. 167. Friedan se référait plus loin au « catalytic impact of Freudian thought » (Ibid., p. 195).

86 Michel Foucault, Histoire de la sexualité 1 ; La volonté de savoir, Paris : Gallimard, 1976, p. 210. Semblablement, J. Donzelot soutient que la psychanalyse tient un discours « éminent », qu’elle jouit d’une

écrivait que le « message » de Freud était « connu de tous, depuis belle lurette »87. En 1995, T.

Todorov écrivait que la psychanalyse « est devenue notre orthodoxie » et que « la terminologie freudienne est entrée dans l’usage courant », en ce sens notamment que nous « sommes habitués à parler d’inconscient et de conscience ou, selon la dernière conceptualisation de Freud, de moi, de ça et de surmoi »88. En 1998, F. Cioffi faisait allusion

au « massive endorsement Freud’s ideas received »89.

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