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et à évaluer les outils existants et faire émerger dʼéventuelles attentes.

54 Cité par (Hudon et Hadi, 2010)

Encart 1 : La recherche d’information perçue comme une cueillette de baies

4. et à évaluer les outils existants et faire émerger dʼéventuelles attentes.

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Les questions porteront ainsi sur tes activités de travail, notamment à partir des documents que tu es amené-e à produire et à exploiter dans le cadre de ces activités.

Nous irons ensemble, si tu es dʼaccord et que le temps le permet, sur tes espaces de travail. Il sʼagit dʼappréhender lʼactivité à partir des rapports aux documents : de la production de contenus documentaires à leur exploitation, en passant par leur classement et la recherche dʼinformation.

La durée envisagée de lʼentretien est de 1 heure.

Je te remercie par avance du temps que tu nous accordes en répondant à ces quelques questions.

Noémie MUSNIK Doctorante CIFRE EDF - R&D Département STEP / P1B noemie.musnik@edf.fr noemie.musnik@gmail.com Tél. : 0130877708

NB : Cet entretien, ainsi que les données qui en résulteront feront lʼobjet dʼune analyse, que je pourrai te restituer, si cela tʼintéresse. Bien entendu, lʼentretien et les données recueillies sont anonymes et confidentielles. Elles pourront éventuellement être utilisées à des fins d'illustration ; tout élément nominatif sera dans ce cas masqué et la publication fera au préalable l'objet d'une validation par la hiérarchie.

CHAPITRE 3 142

Si la première réaction des acteurs interviewés apparaissait souvent comme une sorte de mise en garde : « Je suis vraiment pas un exemple pour la recherche d’information » ou « Moi je classe mal mes documents, c’est le bordel dans mes dossiers ! », il est intéressant de noter que la plupart d’entre eux ont manifesté un certain intérêt eu égard à la problématique générale de l’accès à l’information « à EDF » ainsi qu’aux questions qui leur étaient posées dans la pre- mière partie de l’entretien. En les invitant à adopter un regard critique sur leurs activités, le cadre organisationnel de celles-ci, les dispositifs venant les soutenir, ainsi qu’une posture ré- flexive sur leurs propres pratiques (le système de classification personnel développé par exemple), l’entretien devenait alors comme un espace d’expression ouvert. Identifiée par l’enquêté comme une « professionnelle de la gestion de l’information », nous avons parfois été amenée à suggérer des pistes ou des idées d’amélioration des pratiques de recherche d’information et de gestion documentaire.

Suivant l’approche développée par les psycho-ergonomes Clot et Faita (2000) de l’auto-

confrontation croisée, qui s’appuie sur une critique de la distinction traditionnellement faite par

l’approche ergonomique entre le prescrit et le réel, et argumente en faveur de la notion de

genre de métier pour l’analyse du travail, nous avons cherché à reconstituer l’activité de

l’individu en l’invitant à récréer une tâche dans son milieu, avec ses contraintes et ses res- sources (Clot et Faita, 2000, p. 25-26). Notre situation d’extériorité – en tant que non- ingénieure, et identifiée comme telle, étrangère aux domaines de compétences comme aux activités du groupe – nous a permis de poser des questions « naïves » aux acteurs enquêtés, notamment sur les aspects concrets et spécifiques de leurs activités. L’acteur est alors amené à mettre son activité à distance, à l’objectiver, parfois confronté à la difficulté de la mise en mots de cette dernière.

Il convient ainsi d’insister sur la dimension dialogique – conversation et interaction, environ- nements et circonstances – de cette situation de recueil de données : l’échange verbal au cours de l’entretien, en tant que lieu et espace de développement (Clot et Faita, 2000, p. 19), exposé aux surprises du réel, éclaire les rapports entre le faire, le dire et le penser (comment et au moyen de quels procédés et en convoquant quelles ressources ?). « Le mouvement dialogique crée des rapports renouvelés de situation en situation entre le locuteur sujet et les autres, mais aussi entre ce même locuteur et celui qu’il a été dans la situation précédente » (Clot et Faita, 2000, p. 22). Ce rapport dialogique, orienté vers la connaissance de l’activité (mais également ses contradictions et ses impasses) et des pratiques informationnelles en suivant l’ordre des questions du chercheur, offre ainsi des conditions favorables au développement discursif (et démonstratif) par lequel l’activité se révèle.

La transcription des entretiens correspond à un temps relativement long au cours duquel on a procédé à quelques premières analyses et à l'identification de variables pour davantage cadrer la grille d'observation.

DÉMARCHE MÉTHODOLOGIQUE 143

3.3 L’analyse des données

Comme nous l’avons écrit plus haut, l’orientation qualitative de la recherche requiert de l’activité analytique qu’elle suive un processus itératif, et n’est pas, de ce fait, linéaire. L’analyse des données s’est donc opérée de manière continue dans toutes les étapes de la re- cherche, des premiers éléments recueillis au cours de la phase exploratoire à l’analyse des données obtenues à partir des entretiens semi-directifs et des mises en situation [étape 2]. Si l’on suit Miles et Huberman (2003, p. 28-32) l’analyse de données obtenues à partir d’approches qualitatives se compose de trois types d’activités : la condensation des données, la présentation des données et l’élaboration/vérification des conclusions.

La condensation des données renvoie à « l’ensemble des processus de sélection, de simplifica- tion, d’abstraction et de transformation des données "brutes" figurant dans les transcriptions des notes de terrain », données complétées par d’autres éléments recueillis dans le cadre de l’observation participante ainsi que dans diverses sources documentaires du terrain (des docu- ments internes, formels et informels, etc.). En fonction du choix du cadre conceptuel et de la définition des questions de recherche, la condensation est opérée au fur et à mesure de la col- lecte des données (repérage de thèmes, regroupements, résumés, etc.) et se poursuit après le travail sur le terrain jusqu’à l’achèvement du rapport final. Elle fait en ce sens partie de l’analyse dans la mesure où c’est au cours de ces moments-là que s’affirment progressivement les choix analytiques : « la condensation est une forme d’analyse qui consiste à élaguer, trier, distinguer, rejeter, organiser les données de telle sorte qu’on puisse en tirer des conclusions finales et les vérifier » (Miles et Huberman, 2003, p. 29).

La présentation des données consiste en l’écriture des analyses opérées à partir du traitement des données. Leur lecture permet de comprendre une situation et d’intervenir sur elle. La forme la plus fréquente de présentation des données qualitatives est le texte narratif. Mais le texte n’est pas un format évident à manipuler : dispersé, il est plus séquentiel que simultané, plus ou moins structuré et souvent volumineux. Le texte narratif semble dépasser les capacités hu-

maines de traitement de l’information (Faust, 1982)105, encourageant la schématisation. Aussi

avons-nous présenté quelques éléments empiriques à travers des tableaux et schémas, qui, ac- compagnant le texte, tentent d’embrasser la situation exposée sous une forme plus accessible. La conception tant des libellés des lignes, que le choix de la forme et du contenu des éléments qu’on choisit de montrer et de représenter, constituent en ce sens une partie de l’activité analy- tique.

L’élaboration et la vérification des conclusions constituent « le troisième courant de l’activité analytique ». Dès le début de la collecte des données, on commence à décider plus ou moins du sens des « choses », on note les régularités, les patterns, les explications, les configurations possibles, les éléments de causalité, les propositions, tout en gardant un esprit ouvert et cri- tique, sans s’arrêter trop vite à ces conclusions (qu’on ne va justement pas envisager comme des conclusions). Toutefois, les conclusions sont d’une certaine manière toujours présentes, d’abord vagues et informes, puis de plus en plus explicites (et parfois fondamentalement re-

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