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LES
PLUS ANCIENS DRAMES
EN
LANGUE FRANÇAISE
PAR
MARIUS SEPET
PARIS
Victor RETAUX
etFils
LIBRAIRES-ÉDITEURS8 3, rue Bonaparte
1894
Digitizedby
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LES PLUS ANCIENS DRAMES
EN
LANGUE FRANÇAISE
(Extraitdela RevuecatholiquedeNormandie).
Digitizedby
OUVRAGES DU MÊME AUTEUR
Jeanne d'Arc.
Le Drapeau de
la France.Les Prophètes du Christ, étude sur les origines du théâtre
au
moyen age.Le Drame
chrétienau
moyen âge.Les Préliminaires de la Révolution.
La Chute
de l'ancienne France.—
LesDébuts
de la Révo- lution.Un drame
religieuxdu moyenâge.— Le
Miracle deThéophile.Napoléon, son caractère, son génie, son rôle historique.
En
préparation :La Chute
de l'ancienne France.—
L'Agonie de la Royauté.Nouvelles études sur le
drame
chrétien et sur les origines de la comédie aumoyen
age.Digitizedby
LES
PLUS ANCIENS DRAMES
EN
LANGUE FRANÇAISE
PAR
MARIUS SEPET
PARIS
Victor RETAUX et
Fils LIBRAIRES-ÉDITEURS8 £
,rue Ho
iiaparté
1894
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SA
"1
:Digitizedby
LES
PLUS ANCIENS DRAMES
Leslecteursdela
Revue
catholiquedeNormandie
ontpu
sefaire,en lisant letravail siintéressant de M. Gasté,
une
idée juste des origines liturgiquesdu drame au moyen
âge (1).A
la période des origines, quicommence
dès la findu
ixe siècle, a succédé la périodeque Ton
peut appelerscolaire, parceque
lescompositions et lesreprésentationsdramatiquesquis'yrattachent furentl'œuvre des maîtres et des élèves des grandes écoles établiesauprèsdes cathédralesetdes abbayes.Le drame
scolaire en prose latine, et surtouten versmétriques etrythmiques, fleurit en France, dans ces établissements d'enseignement secondaire et supérieur,du
milieu
du
xieau milieudu xn
esiècle. Si les auteurset les acteurs de ce théâtre semi-liturgique et scolaire étaientuniquement
des clercs,professeursou
étudiants,iln'enétaitpasdemême
du public accouruen grandnombre
à ces représentations,données
dansles églisesmêmes ou
danslescloîtresdes cathédrales etdesabbayes, aux fêtes solennelles de Noël et de Pâques,aux
anniversaires principauxdela Sainte Vierge,ou
encoredecertainsbienheureux(i)LesDramesliturgiquesdelacathédraledeRouen. Livraisons des 15 jan- vier, 15marset15mai1893,
—
4%5« et 6«de laseconde année delaRevue.EN
LANGUE FRANÇAISE
particulièrementchers
aux
étudiants: saint Nicolas,sainteCathe- rine. L'intelligence de l'action était singulièrement facilitéeaux
spectateurs séculiers, ignorants de la langue latine, par ce faitque
lesujetdu drame
était toujoursemprunté
à deshistoires et à deslégendes,que
l'éducation religieuse, la tradition orale, la liturgieordinaireet les artsplastiques avaient rendues familières à tous les fidèles.La forme
scéniqueelle-même
n'était qu'une adaptation à ces pieuses réjouissances desprocédésetdespompes
habituelles à la liturgie. Enfin ces
drames
scolaires étaient desœuvres
musicalesenmême temps que
poétiques et dramatiques, c'étaientcomme
des opéras sacrés, deschœurs
divisés et subdi- visés,des dialogueschantés : nouvelattraitpour
lafoule,nouvelle compensation del'intelligence incomplètedontelle était obligée de secontenter par rapportaux
détailsdu
texte, dont l'harmo- nieuse interprétationenchantait ses oreilles,en même temps que
les
mouvements rythmés
etcadencésdespersonnagescharmaient sesyeux.Il est certain cependant qu'il dut y avoir
pour
les spectateurs laïquesredoublement
de plaisirquand,
parune
innovation assez naturelle en pareille circonstance, la languecommune
fitirrup- tion,par quelquesrefrains d'abord, puis parquelques strophes, au milieu de cetteproseou decette poésie latine. Il y avait à cet égard des précédents,même
dans la liturgie ordinaire, parexemple
cesépitres farcies récitées à diversesfêtes,notamment
lejour deSaint-Etienne, etdans lesquelleslaleçontirée des Actes des apôtres et racontant le martyr
du
bienheureux diacre, étaitaccompagnée
etcoupée destrophes françaises traduisantetampli- fiantle texte dela Yulgate (1). Les compositions dramatiquesde l'étudiant Hilaire, discipledu
célèbreAbélard, et grandamateur
depoésierythmique
etde représentationsscolaires, nousoffrent, dans lapremièremoitiédu xn
e siècle,decurieuxexemples deces bizarresetpiquantes farcitures, qui ne plaisaient pas seulement à l'auditoire illettré, mais ajoutaient, pour ainsi dire, par leur étrangetémême, un
ragoûtdeplusau
divertissementdesécoliers.Dans
lejeu pascalde la Résurrection deLazare, Marie de Béthanie s'adresseencestermesau Sauveur
:(i)Voyez nne de ces épitres dans Du MériJ, Originet latines du théâtre moderne, p. 410.
Ex
culpaveteriDamnantur
posteri Mortales fieri :Hor
ai dolor,Hor
estmisfrèremorz;
Por
quegeiplor.Per
cibum
vetitum Nobisinteritum Constatimpositum
:Hor
aidolor, etc.Facta
sum
misera Etsororaltéra Perfratrisfunera;Hor
aidolor, etc.Cum
de tecogito, Frater, etmeritoMortem
afflagito;Hor
ai dolor, etcMarthe,
sœur
de Marie etde Lazare,chanteà sontour :Mors
execrabilis!Mors
detestabilis!Mors raihiflebilis!
Lase, chativeI
Desquemisfrère estmorz,
Porque
sue vive?Fratris interitus Gravisetsubitus Estcausagemitus:
Lase,chative!etc.
Pro fratreraortuo Mori
non abnuo Nec mortem metuo
:Lase, chativeletc.
Ex
fratris funereRecuso
vivere;Digitizedby
Vae mihi misera!
Lase, chativeletc.
Un peu
plus loin,Marthe
s'adresse encore au Sauveuren
ces termes :Si venissesprimitus, Dolenai,
Non
essethicgemîtus: Baisfrère,perdu
vos ai!Quod
in vivura poteras, Dol enai,Hoc
defuncto conféras:Baisfrère,
perdu
vosai!PetisPatrera quidlibet;
Dolenai,
Statim Paterexhibet :
Baisfrère,
perdu
vosai(1).Le même mélange
singulier, avec addition d'unenuance
de comique,qui, pourl'auditoire,n'en diminuait pasl'agrément, se retrouve dansune
autre pièce d'Hilaire,un
jeu desaintNicolas(2).La
part de la langue vulgaire, c'est-à-dire, dans le cas dont il s'agit,du
dialecte poitevin, estbeaucoup
plus considérabledansun drame
delamême
époque,la représentation deYEpoux,
plusconnue
souslenom
de Mystèredes viergessagesetdes viergesfolles,parce qu'en effetelle consistedansla mise en scènede lacélèbre parabole évangélique.
Non
seulementon
y trouveun
refraincomme
celui-ci,revenantà la fin dechacune
des stropheslatines chantées parlesvierges folles :Dolentas! chaitivas! tropi
avem
dormit.Mais les strophes suivantes adressées par
Fange
Gabriel aux(1) DuMéril, ouvrage cité, pp. 226-230.
—
Cf. surcette pièce notrevolumeintitulé :LeDramechrétienau moyenâge. Pans, Didier, 1878,in-12, pp.33et suiv.;203et suiv.
(2) Cf. sur cette pièce notre travail intitulé : Le Jeu de saint Nicolas dans la Revue du Mondecatholique, livraison du30janvier 1879.
vierges sages sont entièrement en langue vulgaire et servent
comme
de paraphraseau
chantlatin qui lesprécède ;Oiet, virgines, aiso
que
vosdirum, Aiset presenque
voscomandarum
: Atendetun
espos, Jhesu Salvaire anom.
Gaire
no
i dormet, Aisel'esposque
voshoratendet.Venitin terraperlosvostrespechet,
De
la Virgineen Betleem fo net,E
flum Jordalavet e luteet.Gaire, etc.
Eu
fo batut, gablet elaidenjet, Sus ela crotpendut
e clauliget,Deu monumen
deso entrepauset.Gaire, etc.
E
resorses, laScripturao dii;Gabrielssoi,eu trames aici;
Atendet lo,
que
javenrapraici.Gaire, etc. (1).
Egalement
en languevulgaireestcetteréponsedes vierges sagesaux
vierges follesqui leurdemandent
deleur huile :De
nostr'oli queret nosà doner,Non
auret pont, aleten achapterDeus merchaans que
lai veetester.Dolentas! chaitivas! trop i avetdormit(2)
(1) • Ecoutez,vierges, ceque nous vousdirons,
—
Ayezprésent ceque nous vous commanderons;—
vous attendezun époux, il a nomJésus Sauveur.—
Ne dormezpas.
—
Voicivenir l'épouxque maintenant vousattendez.t 11 vint en terrepour vos péchés,
—
de la Vierge en Bethléemfut né,—
danslefleuveJourdain lavéet purifié.
—
Ne dormezpas, etc.t 11 fut battu, bafoué et maltraité.
—
en hautsur lacroix penduetcloué,—
puisdans lesépulcreen dessous déposé.—
Ne dormezpas, etc.t 11estressuscité, l'Ecriturel'adit;
—
je suis Gabriel, moiqui suisenvoyé bi;—
attendez le, caril viendraparici.—
Nedormezpas,etc. •(2)• Denotre huilevousnousdemandezde vous donner,
—
vousn'enaurez point, allez en acheter—
aux marchands que vous voyez établis là-bas.—
Malheureuses! infortunées! vous aveztrop dormi. •
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—
10-
Etcetteréponse des
marchands
:Doranasgentils,
no
voscovent ester Ni lojamen aici ademorer;Cosel queret,
non
vospoem
doner, Queretlodeu
chi vos potcoseler.Dolentas! etc.
Aletareir à vostras sine seros
E
preiatlasperDeu
logloriosDe
oleo fasen socors àvos,Faitesotost
que
jàvenral'Espos(1).Dolentas! etc.
En
languevulgaire enfin cette malédictiondu
Christ :Alet, chaitivas, alet, malaureas,
A
tôtjorsmaisvos so penaslivreas;En
efern oraseretmeneias
(2).Le développement
croissant de ces partiesen
langue vulgaireau
détrimentdes parties latines semble apriori assezindiqué par le progrès natureldu
genre dramatique.La
substitution d'une langueàl'autre paraît en eftet avoir eu lieu de cette façonpour
ainsi dire interne et logique dans les représentations desgrands établissements ecclésiastiques de Suisse et d'Allemagne,
où
lesmêmes
usages s'étaient établisqu'en France, maisoù
ilssemblent s'être continuésavecune
vigueurdeplus en plus florissantejus- qu'à la findu moyen
âgeet au delà. Il résulteraitde ce faitque
(!)Noblesdames, ilne vous convient pas de rester ici
—
ni d'y séjourner longuement;—
vous cherchez conseil, nous ne pouvons vous en donner,—
demandez-le à quipeut vousconseiller.
—
Malheureuses! etc.• Retournez en arrière vers vos cinqsœurs
—
et priez les par Dieu le glo- rieux—
que de leurhuileellesfassentsecours à vous,—
faitesviteque déjà vavenir l'Epoux.—
Malheureuses! etc. »(2)« Allez,infortunées, allez, malheureuses,
—
pourtoujoursdésormais vous sont peinesinfligées;—
enenfermaintenant vousserezmenées.•—
DuMéril, ouvrage cité, p. 233 et suiv.—
Cf. Ms du fonds latin 1,119 à la Bibliothèque Nationale,fol. 53 et suiv.—
LeDrame chrétienaumoyen âge, p. 24et suiv.—
Gaston Paris, La Littérature française au moyen âge, 2e édition, Paris, Hachette, 1890,p.237.—
ille
drame
religieux, quoique entièrement envahi par l'idiomecommun,
auraitnéanmoins
conservé très longtemps dans ces paysune
attache étroiteavec les écoles claustrales et gardé son caractère particulierde réjouissancescolaire (i). Mais il n'en fut pasdemême
dans notre pays,où
ledéveloppement
etlatransfor- mation dont il s'agit subirent vers le milieudu
xn° siècle l'in- fluence d'une cause extérieure, qui fut toute puissante. L'unde
ses effets fut d'anéantir, en prenant sa place, sinon l'existence,
du moins
la vigueuret la popularitédu drame
scolaire. Celui-ci d'ailleursne
pouvaitmanquer
d'éprouver le contre-coupdu mouvement
qui, à partir des premières annéesdu xm
e siècle, substitua,pour
l'enseignementsupérieur, lesystème des univer- sités,inauguré à Parisavectantd'éclat,au
systèmeantérieurdes écoles cathédralesou
monastiques,mouvement
qui s'accomplitbeaucoup
plus tôt et d'une façonbeaucoup
plus absorbante en France qu'enAllemagne
eten Suisse.Ce ne
futdonc
pas cheznous
dans les représentations des étudiantsqu'acheva deseconstituerledrame
en languevulgaire, ce tut dans celle des confréries, dont on constatede trèsbonne heure
l'existence, mais dont la période originaire est encore enveloppée d'une assez épaissebrume. Un
texte découvert par M. Léopold Delisledans un
Sacramentaire de l'Eglise de Paris, nousrévèlel'existence,dèsle xiesiècle,d'une Confrériedesdouze apôtres ainsicomposée
: •Noms
des frèresdelàSociétédesdouze apôtres :Eude
diacre, Hubert abbé, Ingelbold prêtre, Richard prêtre,Germont
prêtre, Gislebert laïque^Landry
prêtre, Ainard clerc, Garlentprêtre, Pierreprêtre, Alranprêtre,Martin,Durand, Richard prêtre (2). » Il est peut-êtrepermisque
conjecturerque
(1) Cf. dans Du Méril, le Mystère de la Passion du manuscrit de Munich, représenté auxra# siècle à l'abbaye de Benedictbeuern, p. 126 et suiv., et la Passion deFrancfort, représentéeà la fin duxv*siècle àl'école ecclésiastique de Saint-Barthélemy, p. 297 etsuiv.
—
Voyez aussi Wilken, Geschichte der geistlichenSpiele tu Deutschland. Gottingen, 1872, passim.(2) cEcsuntnominafratrum desocietateduodecimapostolorum.Odolevita.
Hubertus aba. Ingelbodus sacerdos. Ricardus sacerdos. Germunt sacerdos»
Gislebertus Iaïcus. Landricus sacerdos. Ainardus clericus. Vuarlenus sacerdos.
Petrus sacerdos. Alrannussacerdos. Martinus. Durandus. Ricardussacerdos. »
Mémoiresurd'anciens$acrameutaires, 1886, brocb.in-4°.(Extrait desMémoires de l'Académiedes inscriptions et belles-lettres, t. xxxii,1"partie), pp. 150et 376.
—
12-
Martin et
Durand,
dontlesnoms
nesont suivisd'aucune désigna- tion, étaient des laïquescomme
Gislebert.La
proportion dut s'accroître et la majorité passerdu
coté deslaïquesdansles trèsnombreuses
associationsdece genrequi seconstituèrent, dansle courantdu xu
e siècle, sous des formes trèsvariéesetsouvent avec desrapportsdivers, mais incontestables,aux
sociétésou
corpora- tionsprofessionnelles. C'est àune
institution toutàlaitétablie et déjà ancienneque
faitallusion cetteprièredu
prône relevéepar M.Léon
Gautierdansun
livreliturgique de la secondemoitiédu
xm
e siècle : tPour
les confrères.—
Ensuite, faisons prière à Notre-Seigneur Jésus-Christpour
tous les confrères,hommes
etfemmes,
deNotre-Dame
sainteMarie,etpour
ceuxdesaintNicolas, etpour
ceux et cellesqui en cette église, en l'honneur de Dieuet de Notre-Dame, fontetcélèbrent leursfêtes,etpour
ceuxet celles qui céans apportentleursoffrandesetleursluminaires,que
Notre- Seigneur, parsa pitiéetparsamiséricorde, lesdéfende de male-chance
etde mésaventure,et lesillumineetremplissedeson bien etde sagrâce, et leur conserve etmultiplie leurs biens, de telle sorte qu'ils l'en reconnaissentpour
seigneuret pourdonateur, et qu'illeur accordede fairelesœuvres
qui lui sont agréables, afin que,quand
leursâmes
quitteront leurs corps, il les reçoive au repos de son saint paradis et les réunisse à leurs parents et à leursamisdéfunts. Ditesdonc pour
cela, tous ettoutes, lasainte oraisonde Notre-Seigneur: Paternoster (1). •Les confréries,
comme
celarésultedecederniertexte etcomme
(i) Notice surunlivre liturgiqueappartenant à M. leprofesseur G. Stephens deCopenhague,dans laBibliothèque deVEcole deschartes,xxxvm,année1877, p.483etsuiv.
—
Ce manuscritfutacheté àNaples en 1872,maisilestévidem- mentd'origine française, comme en témoigne assez le texte des prièresqu'il renferme. Voici l'original de laprière ci-dessus traduite, c Porlesconfrères.Enaprès feson proiere à N. S.J.C. portozlesconfrères et lesconfraresses de NostreDamesainteMarie, etpor ceaus de saint Nicolas, et por ceausetcelés quiencesteyglise, enl'enorde Dieu et deNostre Dame,lessoesfestezfontet festivent, etpor ceauset celés quiceens aportentloroblacions et lorlumine- res, queNostre Sire, parsapitié et par sa miséricorde, les desfendede mes- cheance etdemésaventure, et lesenlumineetreplenisse de son bienet de sa grâce, et lorsauve etmunteplitlorbiensen tel manière q'il l'enreconoissent à segnoret à doneor, et lor doistfere les soes ovres, si que,quant les ames partiront des cors, illes reçoive enreposen son saintparadisensembléement ob lorparens et obloramisdefuns. Si enditez tait et totes lasainte oreison Nostre Seignor. Paternoster. i
on
le sait d'ailleurs, avaient des offices, des fêtes et par consé- quent desréjouissances qui leur étaient propres. Rien d'étonnantque
lesreprésentations dialoguées aientprisplacedebonne
heureparmi
ces pieux divertissementscomme
elles l'avaient faitanté- rieurement dans les réjouissances scolaires. Cela doit d'autant plusêtresupposéque
ces confrériesmêmes,
surtout à l'origine, comptaientdansleurseinet avaient à leurtêtedes prêtreset des clercs, etparmi
eux, sansaucun
doute, des maîtresetdes étudiants de l'église cathédrale, collégialeou
abbatiale à laquelle elles se rattachaient par leurfondation. Verslemilieudu
xnesiècle,elles s'emparèrent donc, croyons-nous, del'art dramatique,et toutenlui conservant d'abord en
bonne
partie lescaractères de son ori- gine liturgique et ecclésiastique,commencèrent
à l'introduire dansune
voienouvelle, où l'emploi habituelde
lalanguevulgaire dans la composition des pièces représentées par leursmembres
fut
un
deleurspremiersetplus considérables pas.C'estbien,tout
du moins
po'rleà lecroire, àune
confrériediri-gée pardesclercs, mais
composée
enbonne
partie demembres
séculiers, qu'il faut attribuer l'origine
du
plus anciendrame
en languefrançaisequinous
soitparvenu,ledrame d'Adam.
Cetexte esten dialectenormand,
mais en dialectenormand
d'Angleterre, c'est-à-dire dans l'idiome qui étaitdevenu
depuis Guillaurae-le-Conquérant
la langueofficielle et supérieure de labonne
société laïquede cepaysetqui faillitmême
s'ysubstituerdéfinitivement àl'ango-saxon. Depuis laconquêtenormande,
dont les résultats furentencorefortifiéspar l'avènementdes Plantagenet, leroyaume
insulaire formaitavec lespossessionscontinentalesdeladynastie issuede Guillaume,un
grouped'étatsou
deprovinces,dontl'union politiquene pouvaitmanquer
d'avoir desconséquenceslittéraires.Lçsdiversesgenres nés surlesolfrançais fleurirenten Angleterre avec
une
rare vigueur et il y eut entre l'île et le continentun échange
continuelde
poètes et de poèmes. Les compositions et représentationsdramatiques paraissentavoirétégoûtéesdebonne
heure dansl'île.Avant
1119, Geoffroydu
Mans, appelé en Angle- terrepour
remplir les fonctions d'écolâtre à l'abbaye de Saint- Alban,faisaitreprésenter à Dunstaple, sansdoute par lesécoliers de cetteabbaye,un
jeu latin desainte Catherine.Une
cinquan- tained'annéesplus tardlesreprésentations des confrériessemblent avoirétédansce paysun
usageétabli, quilui étaitcommun
avecDigitizedby
—
14-
la
Normandie
continentale et aussi, sansaucun
doute, avec plu- sieurs autres provinces de France.Le
texteanglo-normand du drame d'Adam nous
a été transmisdansun
manuscrit contenant aveclui d'autresœuvres
poétiques, latinesou
françaises, qui ne sont pas toutes originairesdelamême
contrée. La premièrepartie de ce recueil paraîtavoirété formée sur quelquepointdes bordsde
la Loire (i). S'il en est ainsi, le fait seul de la transcription indiquela possibilité,ledésirmême,
sinonl'intention etl'occasion positive d'unereprésentationdu drame
horsdesonpaysd'origine.Il est curieux de noter
que
le texted'Adam
estprécédé danslemanuscrit d'unjeu latin de la Résurrection et de diverses pièces de poésielatine rythmique indiquant chez le possesseur primitif de ce recueildesconnaissanceset des préoccupations liturgiques et scolaires.
Nous
yremarquons notamment un
cantiqueen
l'honneurdesaint Nicolas :Nicholausinclitus, Laudet
omnis
spiritus;Factusest divinitus Praesul in laetitia;
Laudet
omnis
spiritusGubernantem
omnia...Sicestsacradeditus Praesul inLycia.
Laudet
omnis
spiritus (2).Le
prêtreou
clerc, directeur de confrérie, qui fut l'auteurdu drame d'Adam
et l'organisateurde
la première représentation de ce jeuen
Angleterre, était certainementlui-même un
fort habile liturgiste.Nous
avons naguèrelonguement examiné
laconstruc-(1)Le manuscrit dontils'agit estaujourd'huiconservé à laBibliothèque de la ville deTours. Ilprovient des moines de Marmoutier,qui l'avaient achetéà Toulouse, en 1716, de la famille de Lesdiguières. L'une des piècesqu'il ren- fermeparaitserapporteràla ville de Nantes.
—
Ilaétéécrità deuxépoques différentes, àla finduxn« puis aucommencement du xni#siècle.(2)OfficedePâques oudelaRésurrection,accompagné de la notationmusi- cale et suivid'hymnes etde séquences inédites, publiépourlapremière fois d'aprèsun manuscrit du xn« siècle de la bibliothèque de Tours par Victor Luzarche. Tours, 1836,p. 42.
—
15—
tion de cette pièce dans ses rapportsavec les rites ordinaires
ou
extraordinairesdu
culte(i).Nous nous
contenteronsdenoterici l'art ingénieux aveclequel, dans sa composition et danssa mise en scène, les règles et leshabitudes liturgiques ontétéadaptées, appropriéesaux
nécessitésetaux
convenances d'une représenta- tion dialoguée,comment
l'auteur,pour
ainsi dire, a su tirer de la liturgieune
dramaturgie.Le
système des leçons, tel surtout qu'unerécitation déjà demi-dialoguée l'avait développé dans les officesdesmonastères,luia fournilecadredecettereprésentation, dontlesystème, déjà dramatique aussi parlui-même,des répons, lui adonné
la parure lyrique et musicale. Il aemprunté aux
rubriques,aux
habitudesdu
rituellegraveetmajestueuxsymbo-
lisme de sa mise en scène, ladisposition plastique deses person- nagesetde sestableaux, qui sontdansune
analogie sensibleavec lesfigures et les scènes sculptées de l'artroman
et despremierstemps
de l'artgothique (2).En même temps
il a su profiteravec talent etavecgoût des sourcesetdesmodèleslittérairesdont son imaginationpouvait disposer : écrits et jeux latins antérieurs et compositionsdiverses depoésie narrativeou
didactiqueen langue vulgaire. Il était lui-même, enmême temps
qu'un assez docte clerc,un
trouvère fort bien doué,un
versificateur expert en rythmeset en rimes. Il avaitde plus de véritables aptitudes dra- matiques etun
rare instinctdu
dialogue.On
en jugera par les scènes suivantesdelatentationd'Adam
etd'Eve dansleparadis(3).(1) Cf.LesProphètes du Christ, étudesur les origines du théâtre au moyen âge. Paris, Didier, 1878, in-8° (Bibliothèque de l'Ecole des chartes, années 1867, 1868et 1877).
—
LeDramechrétienaumoyenâge, p. 121 et suiv.(2) Cf. l'intéressant travail de M. Julien Durand : Monuments figurés du moyen âge d'après des textes liturgiques, Caen, 1889, broch. in-8°.
—
Les rapports entre lesmonuments figurés et les plusanciensmystères tiennentà ce quelesuns et lesautres se sont inspirésde la littérature cultivéedans les écoles claustrales du ix# au xiii* siècle. On n'ignore pas que les beaux-arts étaient aussi enseignésdansces écolesetque cefurentles moineseux-mêmes qui furent les créateurs del'artroman—
cPictura estlaïcorumlitteratura, i écrivait au commencement du xn« siècleHonoré d'Autun, caractérisant ainsi l'objet que se proposèrent les premiers artistes du moyen âge et aussi, du moinsen partie, les auteursde nos vieux drames, c'est-à-dire d'enseignerauxillettrés l'histoire et lesdogmesdela religion.
(3) Nous suivons pour notre traduction le texte donné par M. Luzarche :
Adam, drame anglo-normand du XII9 siècle, publié pour la première fois d'aprèsunmanuscrit delaBibliothèque de Tours. Tours, 1854, in-8°.
—
16—
•
Le
Diableviendra trouverAdam
et luidiraDiabolus
•
Que
fais-tu,Adam?
Adam
• Je visici en grandplaisir.
Diabolus
•
Tu
t'ytrouves bien?Adam
« Jenesensrien quim'ennuie.
Diabolus
e
On
peut êtremieux.Adam
t Jene puis pas savoir
comment.
Diabolus
• Veux-tulesavoir?
Adam
t J'en aurais assez ledésir.
Diabolus
« Moi,je sais
comment.
Adam
t Aprèstout,
que m'importe?
Diabolus
« Pourquoi
non?
Adam
• Cela ne
me
vautrien.Diabolus
t Mais si, celateSerait fort avantageux.
Adam
a Jenesais pasquand.
Diabolus
«
Ma
foi, jene
teledirai pasau piedlevé.Digitizedby
-
17-
Adam
t Allons, dis-le moi.
Diabolus
t Je n'en ferai rien,
—
jetelaisseraime
prier jusqu'àen
être las.Adam
• Bah!je n'ainul besoin desavoircela.
Diabolus
e
Au
reste, tu n'es pasfaitpouravoiraucun
avantage.— Tu
aslebien, tu ne saispas enjouir.
Adam
t
Comment
cela?Diabolus
f Veux-tul'ouïr?Je teledirai confidemment.
Adam
• Vrai?
Diabolus
c Vrai.
—
Ecoute,Adam,
prête-moi l'oreille;—
ce sera ton profit.Adam
t Alors,j'yconsens.
Diabolus
t
Me
croiras-tu?Adam
t Oui, trèsbien.
Diabolus
«
De
touten
tout?Adam
t Oui, saufen
une
seule chose.Diabolus
t Quellechose
donc?
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#
•^
-
18—
Adam
« Jevaiste ledire.
—
Jene
veux pas offensermon
Créateur.Diabolus
e As-tu
donc
si peur de lui?Adam
t Oui, en vérité, jel'aime etje lecrains.
Diabolus
t
Ce
n'estpas raisonnable.— Que
tepeut-il faire?Adam
c Et bien etmal.
Diabolus
t Voilà
une
idéebien folle!—
Quoi! tut'imaginesque mal
te puisse advenir?—
N'es-tu pas en état de gloire? tu nepeux
mourir.Adam
f Dieu
me
Ta dit,que
je mourrai,— quand
je violerai soncommandement.
Diabolus
c Quelleestcettegrossedésobéissance?
—
Jeseraiscurieux delesavoir, jen'y
comprends
rien.Adam
t Jete ledirai en toutevérité.
—
Voicilecommandement
qu'ilm'a
fait.— De
tous les fruitsdu
paradis—
il m'est permisdemanger,
Dieume
l'a dit,—
excepté d'un seul; celui-là m'est défendu,—
celui-là, jen'y porterai paslamain.Diabolus
t Etlequel est-ce?
(Adam
doit lever lamain
etmontrerlefruit défendu).Adam
•
Le
vois-tu là?—
C'est celui-làque
Dieum'a
tout à fait interdit.Diabolus
• Sais-tu pourquoi?
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-
19-
Adam
« Moi?certesnon.
Diabolus
• Je
m'en
vais t'en dire la raison.—
Des autres fruits il n'a cure,—
(Le Diabledoit icimontrerle fruitdéfendu),—
ilne
se soucieque
de celui quipend
là haut.—
C'estlefruitdesapience,—
detoutes chosesdonnant
la science.—
Si tu lemanges,
ce serapour
toiune bonne
affaire.Adam
c Et en quoi
donc?
Diabolus
c
Tu
leverras.—
Tesyeux
désormais serontgrand ouverts.—
Tu
connaîtras tout ce qui doit être.— Tu
pourras faire tout ceque
tuvoudras.—
Ceseraitune
plaisantechosed'attirerlabranche
à toi.— Mange
donc, et tu feras bien.— Tu
n'auras rien à craindre de ton Dieu.—
Désormais tu seras son égal.—
C'est bienpour
cela qu'ils'est avisédecettedéfense.— Me
croiras-tu ? goûtedu
fruit.Adam
c
Non,
jene
le ferai pas.DlÀ-BOLUS
c
Ce
serait pourtoiune
grande jouissance.— Tu ne veux
paslefaire?
Adam
c Non.
Diabolus
c
Tu
n'esqu'un sot.—
Il tesouviendra demes
paroles.t
Le
Diabledoit s'éloigneretallerrejoindrelesautresdémons.Tousensemble ferontunecourseàtraverslaplace. Après
un peu
de tempsleDiable reviendralevisage gai, l'airjoyeux,pour
tenterde nouveauAdam,
et illuidira:Diabolus
c
Adam, que
fais-tu?Ne
veux-tu pas changerd'avis?—
Es-tuencore danscedouteridicule?
—
Je tel'aibien dit,l'autrejour:Digitizedby
-
20-
—
Dieu t'a faitici sonpensionnaire.—
Ilt'y a mispourmanger
ces fruits.
—
As-tudonc
suffisant plaisir?Adam
f Certesoui,le plaisirne
me manque
pas.Diabolus
« N'oseras-tu jamais
monter
plushaut?—
Pourras-tu bien te tenirpour
satisfait,—
de ceque
Dieu t'a fait son jardinier?—
Dieu t'a fait gardien de son jardin.
— Ne
chercheras-tu jamais autre jouissance?—
T'a-t-ilformé
seulementpour
assouvir ton ventre?— Ne
voudra-t-iljamaist'appeler à plusgrandhonneur?
—
Ecoute-moi,Adam,
et crois-moi.—
Jeteconseilleraidebonne
foi.
—
Si tu le veux, tu pourrasêtresans seigneur;—
tu seras l'égaldu
Créateur.—
Je te dirai toute la vérité.—
Si tumanges
la
pomme,
(ilélèvera lamain
vers l'arbre qui est dans leparadis)—
tu régneras en majesté.— Tu peux
partager avec Dieu la toute-puissance.Adam
• Va-t-end'ici.
Diabolus
•
Que
dis-tu,Adam?
Adam
• Va-t-end'ici, tues Satan.
— Tu donnes
de mauvaisconseils.Diabolus
• Moi!
comment
cela?Adam
•
Tu veux me
jeterdanslestourments,—
tu veuxme
brouiller avecmon
Seigneur,—
m'enleverma
joie,me
livrerà ladouleur.—
Je ne te croirai pas; va-t-en d'ici.— Ne
sois jamais plus sihardi
— que
de revenir devant moi;—
tu esun
traître,un
être sansfoi.« Alors, triste et lefront baissé, le Diables'éloignera
d'Adam
ets*en irajusqu'aux portes de l'enfer, où ilaura
un
colloqueavec les autres démons. Ensuite il fera une course à travers la place.Puis,ilretourneraversleparadis,mais
du
côtéd'Eve, etl'abordant d'unairgai, caressànt, illuiparleraainsi :Digitizedby
-
21-
DlABOLUS
« Eve,
me
voicivenu
verstoi.Eva
• Dis-moi, Satan, pourquoi cela?
DlABOLUS
• Jechercheton avantage, tonhonneur.
Eva
« Dieu
me
Taccorde!DlABOLUS
c N'aie pas peur.
—
Il y a bien longtempsque
j'ai appris—
tousles conseils
du
paradis,—
je t'en diraiune
partie.Eva
t
Commence donc
et je t'écouterai.DlABOLUS
t M'écouteras-tu?
Eva
• Oui, certainement,
—
je ne tefâcherai enrien.DlABOLUS
t
Me
garderas-tulesecret?Eva
• Oui, sur
ma
foi.DlABOLUS
t Personne nelesaura?
Eva
« Non, non,
du moins
par moi.DlABOLUS
t Je
m'en
remetsdonc
à ta promesse,—
je neveux
de toiaucun
autre gage.Eva
•
Tu peux
te fieràma
parole.DlABOLUS
•
Tu
asétéàbonne
école;—
j'aivuAdam,
maisilesttrop fou.Digitizedby
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32-
Eva
t IIest
un peu
dur.Diabolus
t II deviendra
mou. —
Maintenantilestplusdurque
l'enfer.Eva
e IIest trèsfranc.
Diabolus
« Lui! c'est
un
véritable serf.—
Ilne
veut pasprendresoinde
son bonheur.—
Maistoi,du
moins, prendssoindu
tien.— Tu
es faiblette ettendrechose,
—
tu es plus fraîcheque
larose;—
tu es plusblanche
que
le cristal;— que
la neigetombant
sur la glaceenun
vallon;— mauvais
couple fiten vousle Créateur,—
tu es trop tendre, et
Adam
trop dur;—
maisnéanmoins
tu es plus sage;—
ta volonté estde grand sens;—
aussi fait-ilbon
venirà toi.—
Jeveux
te direquelquechose.Eva
t Parle, parle.
Diabolus
• Mais
que
personne n'ensacherien.Eva
t Quile saurait?
Diabolus
• Pas
même Adam?
Eva
t
Non,
non, pas par moi.Diabolus
• Je te dirai donc, écoute-moi bien...
—
N'y a-t-ilque nous deux
sur cette route?— Adam
n'est-il pas là, qui puissenous
entendre?Eva
•
Tu peux
parlerhaut, iln'en saurarien.Diabolus
• Jevousavertisd'une grande fraude,
—
qui vousest faiteenDigitizedby
—
23—
ce jardin.
—
Les fruitsque
Dieu vous adonnés,—
n'ont pas eneux
grande bonté;—
-celui qu'il vous adéfendu,—
celui-làa ensoi grande vertu;
—
en celui-là estgrâcede vie,—
depuissance etdeseigneurie;—
il faittoutconnaître, lebienet le mal.Eva
t Quelgoûta-t-il?
Diabolus
t
Un
goût céleste.— A
ton beau corps, à ta figure,—
bien conviendrait cetteaventure,— que
tu devinsses reinedu monde,
—
de toutce qui esten haut, detoutcequiest en bas,— que
tu connusses tout ce quiexiste,—
etque
de touttu fusses labonne dame
etmaîtresse.Eva
«
Le
fruit est-iltel?Diabolus
t Oui,en toute vérité.
(Alors
Eve
regardera attentivement le fruit défendu, en disant :)Eva
c Cela
me
faitdéjàdu
bien, rienque
de le voir.Diabolus
«
Que
sera-cedonc
si tuenmanges?
Eva
« Mais, après tout, moi, qu'en sais-je?
Diabolus
t
Ne
veux-tu pasme
croire?—
D'abordmanges-en,
puis donne-leàAdam. — Du
cielvous aurezpour
toujourslacouronne,—
vous serezsemblablesau Créateur.—
Ilne vous pourra cacheraucun
de ses desseins.—
Aprèsque
vous aurezmangé du
fruit,—
lecœur
vous serapour
toujours changé;—
vous serez avec Dieu sansdéfaillance,— égaux
à lui en bonté, en puissance.—
Allons, goûte
du
fruitEva
t Jele ferai.
Digitizedby
-
24-
DlABOLUS
< Mais
quand?
Eva
• Laisse-moi attendre
un peu qu'Adam
soitendormi.DlABOLUS
t
Mange
donc,ne
crainsrien,—
attendrepluslongtempsseraitun
enfantillage.«
Le
Diablealors doit s'éloignerd'Eveets'en allerdansl'enfer.Adam,
lui, viendra trouverEve, mécontentde voirquele Diablese soit entretenu avecelle,et illuidira :Adam
€ Dis-moi,
femme,
qu'avait affaire avec tôi—
leméchant
Satan?Que
tevoulait-il?Eva
t II
m'a
parlé denotre honneur.Adam
t
Ne
crois pasce traître.—
Oui, c'estun
traître.Eva
• Jele saisbien.
Adam
«
Comment
cela?Eva
• Parce
que
jel'ai entendu.—
Mais qu'importeque
je levoieou
non.—
Ilsaura bien tefaire changerd'avis.Adam
« Il
ne
lefera pas, car jene
le croirai,—
suraucune
choseque
je sache.— Ne
le laisse plusjamais venir à toi.—
Car ilest de trop mauvaisefoi.—
Il a déjàcherché à trahir son Seigneur,—
età seplacer plushautque
Dieumême. — Un
telvaurien qui a osé faire cela,—
je ne veux pas qu'ilait accèsauprèsde vous.€ Alors
un
serpent fabriqué avec art doit monter le longdu
tronc de l'arbredu
fruitdéfendu.Eve
approcherade luisonoreillecomme pour
écouterses avis. Ensuiteelleprendralefruitet lepré-Digitizedby
—
2o—
senteraà
Adam.
Mais celui-ci ne voudra pas d'abord l'accepter etEveluidira:
Eva
c
Mange, Adam,
tunesaisceque
c'est,—
prenonsce bien quinous
est préparé.Adam
c Est-il si
bon?
Eva
•
Tu
lesauras.— Tu ne peux
paslesavoirsi tu n'y goûtes.Adam
« J'en doute.
Eva
t Alors, laisse-le.
Adam
«
Non,
jene
leferai pas.Eva
« Seras-tubientôt lasd'hésiterainsi?
Adam
« Allons,je le prendrai
Eva
« Manges-en.
—
Ainsi tu connaîtras lemal
et le bien.— Au
reste,j'enmangerai, moi, lapremière.
Adam
« Et
moi
après.Eva
« Biensûr?
—
(AlorsEve mangera
une partiedu
fruit et dira àAdam)
:—
J'en ai goûté; Dieu! quellesaveur!—
Jamais netâtaidepareil goût!
— De
tellesaveur estcettepomme Adam
t
De
quelle?Eva
e Jamaisde pareille
ne
goûtahomme. — Or
voicimes
yeux siDigitizedby