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s
RECHERCHES HISTORIQUES
SUR
L’ORDRE
©as (saa^üîLaaas ©iÿ tassas*
RECHERCHES
.
HISTORIQUES
SUR L’ORDRE
mm mw tsæEP&is*
PAR
|)l)Utppc tfourîûUon,
ÉTUDIANT ENTHÉOLOGIE»
GENÈVE
,
IMPRIMERIE DE G.
MEFICK.
1834
.INTRODUCTION.
Parmi
lesprincipaux évènemens de
l’histoire, lacondamnation de
l’ordrecélèbredu Temple
estbien digne
d’attirer l’attention.On éprouve un sentiment
péniblede
voirdes hommes qui
devraient se consa*crer
à une
vie pieuse,
accusés de
fautes si graves qu’elles fonthonte à
la naturehumaine,
et l’on est tentéde
rejeter toutes ces accusationscomme de
noires calomnies.On
espère,en examinant de
près lamarche de
cettecondamnation
,
pouvoir décou-
vrir la vérité;mais
toute cette affaire esttellementobscure,
lamanière de rendre
la justice était, alors, si arbitraire, qu’il est impossibledéporter un jugement bien
arrêté sur cette question. L’esprithumain n’aime
pasà
resterdans
ledoute,
aussi pres-que
tous les historiens, plus
ou moins
frappésdes
raisonsqu’on
allèguepour ou contre
lesTempliers;
se
sont
décidésd’un
côtéou d’un
autre.Mais
je croisque
celuiqui veut
resterdans
lavérité doit segarder de proclamer d’une manière absolue,
l’injusticedu
roi
de France
etdu pape
,ou
la culpabilitéde
l’ordre entier.VI
Malheureusement nous n’avons presque aucune donnée
historique sur la vie intérieure et sur lescroyances des Templiers
;on ne nous
lesreprésenteguère que comme
guerriers.Cependant
,même sous
ce pointde vue, en rassemblant
les faits les plus saillants,nous pourrons
voirquel
était l’espritqui
animait ces chevaliers.Quant
à leurcondamnation
,
nous verrons
qu’ily
ade
gravesreproches
à faireà
Philippe le Bel etàélément V
;mais que, d’un
autre côté, il est impossiblede
croireque
tous lesTem-
pliersfussent
entièrement
innocents.Enfin nous
exa-minerons
cequ’on
doitpenser de
cesTempliers mo- dernes
qui,depuis i83o,
se sont présentésdans
le public,comme
lesdescendants de ceux dont
ils por- tentlenom
etcomme
les dépositairesde
laseule vé- ritabledoctrine.On
regretterade ne
trouverguère dans
ce traitéque des
probabilitésplusou moins grandes
,au
lieude
questionsbien
décidées.Cependant
ilseraitdifficile qu’ilen
fûtautrement dans
l’histoired’une
sociétéqui s’estconstamment entourée de
mystères. D’ailleurs ,parmi
lesnombreuses
imperfectionsque
présenteramon
travail, j’aimemieux qu’on
ait àme reprocher
un manque de
décisionqu’un manque de
vérité.RECHERCHES HISTORIQUES
SUR L’ORDRE
ides eœet&ms&s
a>srïaxaïP&i*
CHAPITRE PREMIER.
Depuis V établissement de Tordre jusqu à sa condamnation
.Ce
n’estpas unehistoire deschevaliersdu Temple que
j’ail’intention d’écrire,jeveux seulement rassembler quel- quesfaitsqui puissent
, jusqu’à
un
certain point, faire con- naître quelleespèced’hommes
étaient cesTempliers qo’on représente ordinairementcomme
deshérosaussidistingués par leur piété que par leur courage.On
verra par cetexposé rapide que s’ils sont dignes d’éloges à certains égards, il
y
a aussi de graves reproches à leur faire;on
verra qu’ilsemanifesta debonne
heure chez euxun
esprit d’orgueiletd’avaricequi eutlessuiteslesplusfunestespourlacause chrétienne enorient.
Ce
nesontque des faitsmi-litaires que j’ai à rapporter,
on
ne sait rien de lavie in- térieuredel’ordre, car ilparaîtquelesTempliers ont tou- jours prissoin deladérober aux regards detoutlemonde.
2
On
s’accorde à fixer l'institution de l’ordredu Temple
à l’an
1118,
lorsque Baudouin II occupait le trône de Jérusalem. Les fondateurs furentHugues
de Payens, Geoifroi de St.Aumer
et sept autres, dont lesnoms ne
nous sont pas parvenus.Le
roide Jérusalem, voyantleur zèle, leur fournitune
maison situéeprèsdu Temple
, ce qui leur fit donner lenom
de Templiersou
de milicedu Temple
(i).Leur
but fut louable et généreux; ils de- vaientcombattreles infidèles,et surtoutprotéger les pèle- rins qui venaient visiter laterre-sainte.Hugues
etsescom-pagnons
ne s’associèrent aucun collègue jusqu’en1128, époque où
l’ordre futapprouvé auconcilede Troyes,et c’estpourquoiquelques (2) auteurs ne datentque decetteannée
l’institution de l’ordre,St. Bernard (3)
, qui assistait à ce concile, fut chargéde composer
une
règle pourlesTem-
pliers, etauxtrois
vœux
ordinaires,c’est-à-direceux depau- vreté, de chasteté etd’obéissance,il joignit celuidecom-
battreles infidèles(4). IlsdevaienLporter
un
simple habit blanc, mais plus tard, papeEugène
III ordonna qu’ils missenttme
croix rougesur leur manteau. Ils avaientun
étendard qu’ils appelaient Beaucensou
Beaucéant, et ils étaient soumis àun
chefcommun
qu’ils se donnaienteux*mêmes', et qui portait le
nom
de grand-maître. Cettedi- gnité- étaitàvie.On
aplusieurslistesdeces grands-maîtres, mais ily a assezde
différences entr’elles. L’ordresecom-
(1) Dupuy,coudamn.desTemp. p. 3.
(2)Vertot,hist.deschev.deSt. Jean.
(3) Bernard était né en Bourgôgne de parensillustres.
A
l’exempledePierrerhermite, ilparcourut lesdiverses contréesd’Europe, pour prê- cherlasecondecroisade.
H
était resté quelques années danslemonastère doCiteau*, ilfutenvoyéensuiteàceluideClairvausqu’iirendit célèbre.* (4) Art devérif. lesdatest.S.p* 336.
3
posaitde deuxclasses distinctes
d'hommes
, les unsétaient defamilles nobles, ils portaient lénom
dechevaliers,et pouvaient aspirer aux dignités; les antres étaientdes gensdu
peuple, ils s’appelaient servons , et remplissaient la charge de domestiques etd’écuyers;Pendant quelques années les
TempHers menèrent une
vie digned'éloges, si l'on en croit
du
moinsSt. Bernard,
l'auteur de leur règle. « Ils obéissent (i), dit-il, à leur supérieur,ilsévitenttoute superfluité dans la. nourriture et le vêtement, ils vivent en
commun
dansune
société agréable, mais frugale,sansfemmes
,nienfans,sanspos- séder rien en propre,pas
même
leurvolontéA
rap-proche
du combat
, ils s’arment de foiau
dedans, et de fer au dehors, sansornemens
sur eux, ni surleurs che- vaux..*»Mais bientôt, il se manifesta
une
ambition démesurée diez ces chevaliersd'abord si simples.Leur
but constant futd’augmenterleur puissance etleurs richesses, et ilsse
montrèrent
peu
scrupuleux sur lesmoyens
à employer.Guillaume de
Ty
r,leseulauteurcontemporainquiaitécritune
histoireun peu
complète dela guerre sainte, nousdé- peintl’état des Templiers, an tempsoù
il écrivait, c’ést- à-dire quarante
ou
cinquante ans après l'établissementde
l’ordre.
«Les
Templiers (2) , dit-il, ont prisun
tel ac- croissement, quele
nombre
des chevaliers qui portent lemanteau
blanc est à-peu-près de trois cents, sans parler desautres frères dont lenombre
est présqu’infini. Ils ont(1)Fleury, Inst,ecclés.t. i4 p, 217.
(2)
On
ignore l'époqueet le lieuprécisdelanaissancedecethistorien5on sait seulement qu’en 1167 Frédéric, archevêque de Tyr, Je nomma
archidiacre de son Eglise, et qu’en 1174, il montasurletrônearchié- piscopaldeTyr.Michaud,bibliot* desavis. prem.pari.Jp.i34«
4
des possessions considérables en deçà et au-delà des
mers
et des troupes dignes de l'opulence d’un roi ; car il n'est
pas
un
état danslemonde
chrétien, quine leur ait fait
hommage
d'unepartiedeses biens. Aprèsavoir vécud'une manièrehonnête, observantleursdevoirsavecassez d’exac- titude, ilsontabandonné
l'humilité qui est lamère
des vertus, et ils se sont soustraits à l'autoritédu
patriarchede
Jérusalemquiavait institué leurordre, etdontilsavaient reçu leurs premiers bienfaits. Ilsenlèvent les dîmes des églises, troublent les possessions, et se rendent ainsi tout-à-fait odieux.»On
voit parlà que, si chaque indi- vidu séparément observait sonvœu
de pauvreté, l’ordre entier croyait pouvoir posséder encommun
des richesses énormes.Quant
auvœu
d’obéissance, les chevaliers se contentaientd’obéiràleur chef, tandis que l’ordre sesous- trayait à l'autorité deson supérieur naturel , le patriarche de Jérusalem.Au
reste, nous ne devons pas nousétonner de l’esprit qui se manifesta chez ces chevaliers, si nous faisons attention à l’espèced'hommes
qui étaient reçus Templiers.Ce
n’était point des gens de toute condition,
desimplesparticuliers,oudes soldats , maisbien-des prin- ces (i) demaisons souveraines, des seigneurs des familles lesplusillustres de la chrétienté; nohiles (2) viri de equestri ordine,dit Guillaume de Tyr. Il aurait étébien étonnant queces princes et ces seigneurs changeassent entièrement de sentimens et de conduite, sitôt qu'ils entraient dans l'ordre. L’onsaità quels excèsdeviolence s'abandonnaient, à cette époque, les principaux chefs des croisés. Saufquel- ques exceptions louables, ils ne connaissaientd'autre
mo-
(1) Vertôt, hist. des chev. de St. Jean p. 90.
(2)Guillaumede Tyr, hist. belli sacri,1.12. c. 7. ,
5
bile que l’ambition la plus effrénée; peu leur importait
de
sacrifier les intérêtsde la religion, de voir massacrer des milliers de croisés, pourvu qu’ils obtinssent des pro- vinces etdes royaumes.N’est-il pasbien probable que ceux des
membres
de lanoblesse quin'étaient ni riches niindé- pendants, entraient dansl’ordredu Temple
pourobtenir cette puissance et ces richessesdont ils étaient privés?Dès
l’année i j31 les Templiers jouissaientd’ùn telcré- dit, que nouslesvoyonsnommés
héritiersd’un royaume.Alphonse I, roi de Navarre etd'Aragon, légua par son testament ses états aux chevaliers
du Temple
, à ceux de St.Jean
et aux chanoinesdu
St. Sépulcre. Aprèsla
mort
d’Alphonse, on s’opposa,comme
on devait bien s’y attendre, à ce quedesreligieux devinssent les maîtres d’un royaume,etl'onnomma
deuxsuccesseurs àAlphonse, l'un pourleroyaume
de Navarre,l’autrepour
celui d’Ara- gon.Le
premier repoussa les prétentions des religieux,
maislesecond leur accorda de grands privilèges
comme
compensation. Illeur céda la souverainetédeterres consi- dérables, etleurassigna la dixième partie des impôts
du
royaume. C'est probablement là l’origine de la grande puissance que lesTempliers ont toujours eueenEspagne.Les chevaliers
du Temple
étaient la principale force de l’armée chrétienne en orient; aussi Baudouin III roi de Jérusalem, craignant les attaques des Egyptiens,donna
à l'ordreen toutepropriété
, l’ancienneville de
Gaza
située àquelquedistance d'Ascalon, pourqu’ellefût, de cecôté,
comme un
rempart pour la terresainte. ccCes religieux (i) guerriers, dit Vertot, en firent une place d’armes, d’oùils réprimèrent les courses de la garnison d’Ascalon, et forcèrent enfin les Sarrasins à se renfermer dans leurs murailles.»
6
Les infidèles faisaient de fréquentes sorties de la ville*
d’Ascalon qui était en leur pouvoir; les Templiers, de concert avec d'autres troupes chrétiennes, résolurentde s’emparer de cette ville.
Après
divers succèsde
part et d’autres, quelques chevaliers, ayant reconnu quelamu-
raille avait
une
brèche, l’annoncèrent au grand-maître, quiy
fitaussitôtmonter unetroupe des siens,sansen aver-tir leroi de Jérusalem, ni leschefs del’armée. Les
Tem-
pliers se rendirent d’abord maîtresdelaville,tous lesSar- rasinsprenaientdéjàla fuite; «maisl’avarice(i)
du
grand- maître^continue Vertot,empêcha
les chrétiensdeprofiter delaterreurdesinfidèles; car ce chef desTempliers vou- lantfaireseul le pillagede la ville, au lieu de
demander
dusecoursauroi, se tintlui-même
avec quelques-uns dejatroupe, surlabrèche, pour endéfendre le passageaux soldats del’armée chrétienne; » alors les Sarrasins, reve- nantdeleureffroi,rentrentdansAscalon, eten chassent à eur tour le^Templiers._
Dans
l’année1168,Amaury
, successeurde BaudouinIII>ur letrônede Jérusalem, résolut dè faire uneexpédition en Egypte. Il conclut une sorte de traité avec les cheva-
iers de St. Jean
ou
Hospitaliers, qui devaient l’aiderde
leurstroupes,etilespéraittirer
un
pareilsecoursdesTem-
pliers. Mais ces derniers refusèrent de prendre part à l’expédition, «soit (2), ditGuillaume de
Tyr,
parcequ’ils la regardaientcomme
injuste, soit parce que le grand- maître desHospitaliers, leursrivaux, paraissait l’avoircon-
(1) At magister militiæ templi,Bernhardus de Treneilape,cum fratri- bussuis,multoante prævenientes
, aditum occupaverunt, neminem,nisi desuis intrarepermittentes; eos aulem haciutenlione dicebantur arcere,
quatenus primiingredientes, spoliamajoraet uberiores manubiasobtine- rent.Guillaume de Tjrr,1.17. c.27.
(2) GuillaumedeTyr,1. 20. c. 5.
7
seillée eten être le chefj>.„Jene veux point décider quel futlevéritablemotif deleurrefus;maiscefaitprouve d’une manièreévidente
que
lesTempliers tendaient toujoursplus àse soustraireàl’autoritédu
roi, etqu’ils étaientassez puis- santspour
Nluirésisterouvertement.Et
silemême Àmaury,
quelquetemps
après, dansun
voyagequ’il fit à Constan- tinople pour implorer les secoursde Manuel Comnène,
confie pendant son absence,le
gouvernement de
ses états aux deuxgrands-maîtres des Hospitalierset desTempliers, c’est qu’iln’avaittrouvéquecemoyen de
semettreen
sûre- té contre l’ambition toujours -croissantede
ces ordres etsurtout
du
dernier. ^Quelques
années plus tard,un
chevalierdu Temple
se permitune
action qui est loinde
lui faire honneur.Dans
les
montagnes
de la Phénicie habitaientun nombre
consi- dérabled’hommes
attachésà ladoctrinedeMahomet;
ilssè tenaient dans des lieuxpresqu*inaGoessibles,et tombaient indifféremmentsurlesinfidèlesou
les croisés.Hs
n-étaient ordinairementarmés
que d’un poignard appelé en langue persane(i) hassisin,ce qui leur fitdonner àeux-mêmes
lenom
à?Hassisins, d’où nous avons fait celuid
'Assassins<Ces hommes
qui ne reconnaissaient aucune loi, avaient cependant
une
soumission entièrepour
leur,chef qu’on appelaitlevieux delamontagne ou
leseigneur desassassimsim
La
plupart desprincesmalpmétans
et chrétiens lui envo- yaient des présens considérablespour
soustraireàlq fix*reur
de
ses gens. Les Templiers étaientles seuls qui osas- sent faire laguerre à cesassassins, ils lesavaientmême
soumis à
un
tributde deuxmilleécusd’orpar an.Le
vieux delamontagne
envoyaun
des siens àAmaury
III,
pour
lui annoncerqu’il se feraitchrétien et cesserait sesbrigan-
(i) Vertot>hist. descher,deSt.Jean Fleury.hist. ecclés.
8
dages, silesTempliers voulaient renoncer au tribut qu’il leur payait.
Le
roi reçut avec joie cetteambassade, et dit qu’il acceptait la proposition
, quitte à
dédommager
lui-même
l’ordredu Temple.
Ilrenvoyalemessageraccompa-
gnéd’undesesgardes,maislorsqu’ils eurent passéTripoli,un
chevalierdu Temple
,nommé
Guillaumedu
Mesnil,
aidédequelques
compagnons
, massacra impitoyablement l’envoyé.Le
roi indignédemanda
qu’on lui livrât l’auteurdu
crime. Mais le grand-maître,
nommé Eudes
de St. A-mand
,refusa de remettrelecoupable, disantque, d’après les privilèges de l’ordre, il ne pouvait être jugé par des officiers royaux.Cependant Amaury
agit de force, et fitenfermer
du
Mesnildans uneprisonde Tyr. Surces entre- faites le roi de Jérusalemmourut,
et leprisonnier recou- vrasa liberté, carlaforcedu
trône diminuait àmesure quecelle desTempliers prenaitde nouveaux développemens.
On
ne peut(i)guère douter dela véritéde ce fait, carilest rapporté par Guillaume de
Tyr
qui devait être sur les lieux lorsqu’il arriva. L’auteur de l’art de vérifier les dates,tout favorablequ’il soitaux Templiers, ne le passe point soussilence. Il dit que « laperfidiede ce particulier (du
Meçnil) fittomber
l’ordredansun
granddiscrédit», sans douteparce que,comme
le rapporteFleury (2),«G.
du
Mesnil avaitcommis
cet attentat avec la participation de sesconfrères».
Que
doit-on penser d’un ordrereligieux quipermet et autorise de telles actions ?Quoique
dans ces temps déplorables, on ne fûtque
tropaccoutumé
auxcrimesetàlaviolence, laconduitedes Templiersrévoltaitun
grandnombre
d’Évêques qui portè-(1) Guillaume deTyr, 1. 20.c.3i.3a.Acciditeisdemdiebus apudnos res periculosa nimis etdeteslabilis regno,etc.
(2) Fleury,hist. ecclés.t. i5p. 169.
0
rent des plaintes contr’eux,
au
concileassembléà Latran en 1179.On
lesaccusait surtout d’employertous lesmo-
yens possibles, pour augmenterleur puissance, etpour
serendreindépendantssoitdel’autoritécivile, soitdecelle
del’Église, d’instituer etde destituer,des prêtres à Pinsçu
'
des Évêques, derecevoir des Églises deslaïques,d’admet- treaux sacremens les
excommuniés
et lesinterdits,etc.Les deuxordres desHospitaliersetdesTempliersqui avaient été établis pourdéfendrelaterre saintecontrelesinfidèles
,
aulieuderéunir leurs effortspour repousserle grand Sa- ladin qui, à la tête depuissantesarmées, faisaitsanscesse
de
nouvellesconquêtes, et méditait depuislong-temps de s’emparer deJérusalem, s’abandonnaient, l’un contrel’au- tre, à des passions haineuses, et selivraientfréquemment
descombats si acharnés quele roide Jérusalem fit avertir Alexandre III, le seul supérieurqu’ils reconnussent, et
auquel ils consentissent à se soumettre. Mais ce pontife qui redoutait leurs violences, et qui savait d’avance
que
toutes ses remontrancesseraient inutiles, se contenta de leur enjoindre de prendre
pour
arbitres, dans toutes les contestations qui s’élèveraiententr’eux,d’abordtrois che- valiers,et siceux-ci ne pouvaientamener une
réconcilia- tion, de s’en remettre à desamiscommuns comme
à des sur-arbitres. N’était-cepasavouersonimpuissancepourre-médier
aumal?
«Aussi (1), ditVertot, l’autorité de ce pontife assoupit, plutôt qu’elle ne termina, des différens qui avaient leur source dans l’avarice et l’ambition. »- Les Templiers soulevèrent encore contr’eux l’indigna- tion des chrétiens,en s’associant à
un
aventurier,nommé Renaud
deChatillon , qui, de simple soldatdevenuprince(j) Vertothist. deschev. deSt.Jean1.1. p. 224.
1°
d’Antioche, selia à
un
grandnombre de
Templiers pour continuerle cours de ses brigandages pendantladurée de la trêve que Saladin avait conclue avec les Chrétien^; ni lesdemandes
(i) deSaladin, ditMichaud
, nilesprièresdu
roi de Jérusalem ne purent toucher cethomme
impito-yable,
non
plus quelesTempliers, accoutumés àsejouer destraités faitsaveclesMusulmans.
C’étaitcependantcesmêmes
chevaliers qui avaient refusé de prendre part à l’expédition d’Egypte,parce que , disaient- ils die leur paraissait injuste. Alors Saladinrecommença
la guerre,
etentra enPalestine àla têted’une puissante armée. C’est ainsi que
Renaud
et lesTempliersempêchèrent
les croisés deprofiter d’une trêve dont ils avaientun
si pressantbe-soiri.
La
puissance et les richessesdesdeux
ordres étaient parvenues àun
point qui excite l’étonnement.Us
possé- daient en Asieeten Europe
des villages, desJxnirgs, des villes, des provinces tout entières- D’après Mathieu Pa-ris(a), lesTempliers avaientdanslachrétienté, neufmille manoirs (3), et lesHospitaliers dix-neufmille, outre plu- sieurs revenus attachés à leurs privilèges qui s’augmen- taient
chaque
jour.On comprend
que depareillesrichesses devaient donner aux ordresreligieuxune
grande influence dans ladirection desaffairesen
Palestine. Les Templiers(1)Michaud, liist.descrois, t.2 p. afjS.
(2) Math. Paris adannum 1244, 1: 11. p. 615.
;
(3) Parletermedemanoir ou manie onentendait unbiên detefrequi pouvaitêtre cultivé aveo une paire debœufs. Les.possepnfoa* desTem-
pliers,dans les divers états d’Europeetd’Asie, allaient toujours<qu, fe divisantet sesubdivisant. Lespréceptoreries étaient lesgrandesdivisions territoriales, il n'yen avait “guèreque troisouquatre. Chaqueprécepto- reriecontenait un certaiunombre de grandsprieurés. Chaque prieurése divisaitenbaillageset les baiilages fcn coriwjanderiés.
fl
n'y paraissent pas sous
un
jourbienfavorable* Baudouin IV*qui était
mort
sans enfant avaitdésigné sonneveu pourlui succéder,maislejeûne princemourut peu
après son oncle.On
accusa sa propremère
delui avoirdonné du
poison ,pour
régner àsaplace*en épousantGuy
de Lusignanqui était régentdu
royaume. Les Templiers furent fortement soupçonnés danscette affaire (i).Le
grand-maître, qui avait en dépôtla Couronne et tous leso^aemens
royaux,
gagné
par dessommes
considérables, lesauraitremis àla inère coupable, sans la participationdes grands deTétât.Ce
fut dansTannée
1187 qu’eut lieu la fameusebataillede
Tibériade , qu’on peut regardercomme
la ruinedu royaume
deJérusalem. Plusieurs princesetleroilui-mémetombèrent
au pouvoir de Saladin, ainsi qu’un grandnom-»
bre d’Hospitaliers etde Templiers,
parmi
lesquels se trou- vaient lesdeux grands-maîtres. Saladinfitmettre àmort
tous lesTempliers, aunombre
de deuxcents.On
a d’a-bord
peine à croireque ce prince, qui passe pour géné-
reux
, aitpu Commettre
cet acte decruauté. Maisil paraît qu’il était depuis long-temps indigné de la conduite desdeux
ordres,« Jeveux , disait-il, délivrer laterre de ces
deux
racesimmondes,
» et en conséquence il fit massa- crerun
grandnombre
dechevaliersquisouffrirent lamort avec un
courage admirable. «Le
grand-maître trouva grâce, ditMichaud
(2), sans doute parceque
ses conseilsimprudents
avaient livrél’armée chrétienneaux coups desSarrasins. » *
Le grand
Saladinmourut
àDamas
, après avoir partagé ses états entre ses onze enfans.De
plus Safadin, frère de Saladin, prétendaità lacouronne.
On comprend
que dès-(1) flérold,contin. deGuillaume deTyr,1. 1.c.3.
(2) Michaud,hist.descrois., t.2.p. 252.
*fut que guerresci,vileseptre lesprinces infidèles
.
SiJfijs seigneurs croisés*, ainsi que les ordres militaires,, avaient voulu seréunir9 ils auraientinfailliblementrecon- quis }outce qu’ils avaient anciennementpossédé;mais.ils
étaienttoujoursen guerreles uns contreles autres, etc’é- taienjles ordres militairesquimontraientleplus d’achar-
nement
à se poursuivre.Tant
que les Hospitaliers et les4
^empliers se trouvèrent en présence, ils se regardèrent
grenue comme
desennemis; ily
eut(i)même
enir’euxun
cjombat si acharné qu’un seul Templieréchappa
au massacre. Je citeraiun
exemple qui prouve que cesdeux ordresambitieuxprofitaientdetoutesles occasionspourse nuire^mutuellement5 et pour s’agrandir aux dépens l’undç
l’autre...Un
seigneur(a) français possédaitcomme
vas- sat^les^Hospitaliers le châteaudeMargat
, sur lesfrontiè- resdel’Arabiq.LesTempliersprétendaientavoir desdroits sur çechâteau et s’en emparèrent. Maisleseigneurseplai- gnijtoiux Hospitaliersqui prirentaussitôtles armes etchas- sèrent les Templiers.Dès
lorsles chevaliers des deuxor- ânesnese rencontraient plus sans secharger, ilsengagè- rentdansleurquerelle presque tousles princes latins, et causèrent ainsi une véritable guerre civile. L’afiàire fqt portéeau
papequi eut peine à faireadmettre samédiatipn;ilrenvoya la décision de la dispute aux
Evêques
d’or jept^v^,condamnèrentl,esTempliers.
L!Evêque
de Sidon excom-munia même
legrand-maîtredes chevaliers, ainsiquetous leurs amis etprotecteurs. Cette indiscrétion, ditl’auteurde
l’art de vérifier les dates, fpt blâmée parle souveraiq pontife Innocent HI.tiiiiUKi ii * .* ;
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.n\.*vl Art devérif. les dates,t. 5.p. 148.coi .o .c .1>i/I ib vrAb^i) ?h?r«'iro '!>'d* t
i3
Après
la prisede Constantinopleparlescroisés français et vénitiens,aucommencement du
treizièmesiècle,lors- qu’un prince latin futmonté
sut le trône decette ville,
une
nouvellecarrière fut ouverte à l'ambition et à Tava-rice.
La
plupart des défenseurs delaterre sainte voulurent partager la gloire et la fortune des Français et des Véni- tiens,et leschevaliersdu Temple
nemanquèrent
pasdepro- fiterde
cette occasion. Ilsaccoururent danslaGrèce où
de brillants domaines étaient promis à leur valeur. «Après
avoir équipéune
flotteconsidérable (i),ils se jetèrentsur laThrace
, s’emparèrentde la ville de Thessalonique, et dévastèrentle Péloponnèse* Ils entrèrent dans l’Attiquê qu’ils ravagèrent par lefer et le feu, et ils prirentmême
la ville d’Athènes; enfin ils retournèrent chargés de butindansleursdiverses congrégations d’occident. » Ces détails, tirés de Hérold, continuateur de Guillaume de
Tyr,
paraîtront exagérés; en effet une pareille conduite conviendraitmieux
à des brigands qu’à des religieux. Mais peut-on croire qu’un historien avançât de pareils faits sansaucun fondement? Diminuons
, si l’onveut, demoitié, les excès des Templiers, il en restera encore assez
pour
exciter unejusteindignation.
Je dois encoredire
un mot
d’une accusation portée con- trelesdeuxordres desHospitaliersetdes Templiers,etqui pèse principalement sur ces derniers. L’empereur Frédé- ric II était passé en Palestinedans Tannée iüa8, mais il avaitplus à souffrirde lahaine mortellequeluiavaitvouéele pape, que des armes des
Musulmans.
Les chevaliers desdeux
ordres, qui,pour le
moment,
vivaient enbonne
intelligenceaveclepape,formèrent
un
projetdignedu
plus lâcheassassin.Comme
l’empereurdevait, selonlacoutume
(l) Hérold,contin. deGuillaume de Tyr,1. 5. c. i3«
14
religieuse de ces temps
, aller se baigner dansleseau* du Jourdain, les chevaliersadressèrent au sultan d'Egypte,
Mélik-Kamel,
une lettre par laquelle ils lui indiquaient lesmoyens
de le surprendre» Mais le 6ultan, méprisant cette trahison, renvoya la lettre àl’empereur. Plusieurs historiens citent ce faitcomme
parfaitement avéré, iis le rapportent sur l'autorité de Mathieu Paris (i), auteur contemporain, quichargelesTempliersplusquelesHospi- taliers.
Le royaume
de Jérusalemtouchaitàsaruirie; ilne res*tait auxChrétiens que la ville deSt. Jean d’Àcreetqüel*
queschâteaux. L’expédition de Louis
IX
enEgypte
nefitque
retarderdequelquesannéeslachûtecomplètedu
trône latin en orient. Enfiu dans l’année 1291 , la ville d’Acre futemportéed’assaut par le sultan Mélec-Séraf.On
avaitélu
pour
gouverneur de laplace,Pierrede Beaujeu, grand- maître desTempliers,qui déploya,ainsiqueleschevaliers, le plus grand courage
, pendant toute ladurée
du
siège»Ceux
deschevaliersqui survécurentà laprisedela ville, se réfugièrent dansl’îlede Chypre.Le
grand-maître emporta avec lui lestrésors del’ordre, et s’établit dans la ville de Limisso quiavait été cédéeauxchevaliersdesdeux ordres»«Les
Templiers naturellementfiers ethautains,dit l’abbé Vertot, excitèrentdans cetteîle,unerévoltecontre le roiHenri.» Ensuite laplupart d’entr’eux passèrent en occi- dent,
où
ilsmenaientune vie oisive dans leurs riches do- maines.On
dit que dans lesdisputesdeBoniféceVIH
etde Philippele Bel, ils sedéclarèrent pourle
pape
auquelils offrirent des
sommes
considérables. Les Hospitaliers s’étaientçmparés
de l’île deRhodes,«au
lieuque
lesTem-
(1) Ver»
m
tatnen Hospitalarit 'minorentnotaminfamioc super hocfacto contraxerunt...Mat» Parisadannum1229.45
pliers (i), par leur retraite précipitée en
Europe,
et par la viemolleet délicieuse quils menaient,semblaientavoir renoncéà leur vocation, et laissépour toujours lesSaints lieuxen proieauxTurcs
, etaux Sarrasins.Ce
furentces accusationsqjuin’étaient pasdénuées de fondement,etd’au- tres encore plus odieuses, et qu’onrépandait sourdement, qui engagèrentle roi de France à poursuivre cet ordre. » Tels sont lesprincipauxdocumens
quej’ai recueillissurl’iiistoire de ceschevaliers célèbres.
On
pourraityjoindreune
longuesuite de faits d’armes,où
ils déployèrentdu courage
, maisoù
ils se montrèrentleplus souventviolent^et orgueilleux. Il
me
semble que, d’après ce court tracé historique,on est endroitd’accuser leschevaliersdu Tem-
ple d’avoir été presque
constamment
animés d’un esprit d’ambitionet d’avarice'.(i) Vertot, t. 2.p. ïoo. ?
»6
CHAPITRE
II.Condamnation
de l'ordre.C'estsurtout ici qu’onregrette de n’avoirpas des don- nées assezcertaines pour porter
un
jugementdéfinitif.Ce
n'estpasqueleshistoriens
manquent
deseprononcerd'une manière positive, presque tous, au contraire, ont plaidé
pour ou
contreleschevaliersdu Temple
,voulantmontrer,les uns la justice,lesautres l’injusticede leur
condamna-
tion; maiscela
même
prouve quecepointestloin d’être en- tièrementéclairci, et que probablement, ilne le seraja- mais.
La
seule chose qu’on puisse faire, c’estde tirerde l’examen des faits, quelques conséquences plus
ou
moins probables.Pierre
Dqpuy
, Vertot, Fleury etplusieurs autres rap- portentquel’originede la ruinedel’ordredu Temple
estdue
à ladéposition d’un criminel qui,sur le point d’être misà
mort
, avaitreçulaconfessiond’unTemplier enfermé avecluienprison.
Ce
criminel fitdemander un
entretienà Philippe le Bel, roi de France, et l’ayant obtenu, il lui déclara les crimesvrais ou supposés que le Templier lui avaitavoué dans sa confession. Philippe parla-de celte af- faire au papeClément V
, et luidemanda
de procéder im- médiatement au jugementdel'ordre;ce qui prouve,ou
que Philippes’était assuré pard’autres informations des désor- dres des Templiers, ou qu’il avait résolu leur abolition dans des vues particulières, sans avoir égard àlàjusticeI?
oùàl’injustice
du
jugement.Le
pape, quineparut d’aboi'd point disposédéfavorablementcontrat lçsTempliers, nepritque peu
oirpoint d’informationsàleurégard; alorsleroi,
en Octobre i3o7,desapropreautorité ,fit saisir legrand- maîtreavec plusieursautreschevaliers, etallas’établirdanà lamaison
même du Temple
àParis, après s’être assurédu
trésor quis’y trouvait. Philippe, sentantqu’il nepouvait continuer ce procès sanslaparticipationdel’Eglise,consulta lathéologiedeParisqui
blâma
€ettemanièred*9gir,4f))Le pape
en fut aussi très-mécontent, il envoya à,Phy^gge
plusieurs bulles pour désapprouver sa conduit^, çt lpjgh demander
raison. Il députa aussi deuxcardinauxpojir j:ç-% tablir les choses dansleurpremier état ettpouç
f
jdq^a^- der
que
lesaccusés, ainsi queles biens)tyî}fusse]^
r
££ipjjs•
Il suspenditlepouvoirde Guillaume de Paris, frçye clieur, inquisiteuretconfesseur
du
,roi, avec lap^^qip^-
tion duquel Philippe avait fait arrêter les Temjgliei^JEi prononçalà
même
suspensioncontre,touslqsarp^evçq^pf,évêquesetprélatsde France, seréservantàluiseul naissancedetoute cette affaire. Philippe, quqiqpqJjlcssé
• desobstacles quele saintsiège apportait àson flesjpiq^ac- cédaàla
demande
des cardinaux. Ilçonvqqua
à*T|Oui^Ta)une
assemblée denobles, de gensd’Èglise et debpurg^is
/ quilui
demandèrent unanimement
que lesTem
j>liers^ fi^s -. sentpoursuivisetpunis. Aprèscela
;il
envjoy^^Clémçn^,
, qui étaitalors à Poitiers,quelques-uns desprincjpau^Tim- pliers*afin qu’il lesinterrogeât lui-même. Ces chevaliers, r
, j . , ° J 1 * • ‘ .1*.• V/|> JiliVl. ’
au
nombre
desoixante-douze, avouèrent, sans contrainte, V •/- / x*.
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(i) Dupuy,cond. des Teinp^p'. iV.1 x bslj ,‘^qqilldli
’ 1 (i)M. UftynwÉrrd,rafttiuàb hîisfr pi^.^üurjc^di^i.' 9.
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Ÿifiiii;