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.

t Si

Ton

veut

m'en donner

lacharge

je garderai lesépulcre

ets'ilarrive par aventure

qu'un deses amisveuillevenir

pour

enlever son corps,

ilne s'en retournera passansqu'il lui en cuise;

il n'aura

membre que

jeneluitranche,

etdecela je ne

demanderai

l'absolution à

aucun

prêtre

(Le Lecteur)

« Trois autres sergentsselevèrent

et

au

premier ainsi par-lèrent :

Alter

quidam miles

t

Beau compagnon, nous

ironsavec vous

etnous garderons

lesépulcre.

— Nul

n'y viendra

que nous

ne lesaisissions,

et le

mort ne

selèvera passans

que nous

lesachions.

Tertius

« Allons y tôtet hardiment

et gardons bien letombeau.

Siquelqu'un vient

pour

enleverlecorps

— nous

lui ferons avoir grand'peur.

Quartus

« Parla foi

que

jedoisà Pilate,

siquelqu'unvient

pour

faire

un

mauvais tour,

Je lui paierai quinzecoups tels

— que du

premierje le coucherai parterre.

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44

-PiLATLS

«

Ce que

vousjurez, je crois

que

vousletiendrezde

bonne

foi.

Si

aucun homme

est assez hardi

à partir de ce soir

pour

venir

guetteretespionner

afinde voirs'il pourra vous enle-verlecorps;

quoiqu'il puisse dire

pour

expliquer sa conduite;

jurezmaintenant devant

moi —

que, soit qu'il s'agisse d'un petit ou d'un grand,

à

moins

qu'il ne soit autorisé par les princes,

vous le saisirez au collet,

et,

quand

il sera pris,

vous

nous

l'amènerez;

jurezdetenirloyalementcettepromesse.

— Où

est lerouleau dela loi?Faites-le venir.

(Le Lecteur)

« Voici venir

un

prêtre, qui avait

nom

Lévi

qui avait la loi

de Moïse écriteen

un

rouleau.

Levi

« Voici la loi

que

fit Moïse,

— comme

Dieu

lui-même

la lui dicta.

Lesdix

commandements

y sont.

Celui qui voudraitse parjurerfera bien

mieux

de setaire.

Caïphas

«

Eh

bien, jurez toussur cet écrit

defairetoutcequ'onvous adit.

Unus

militum

« Parla loi ici présente,

siquelqu'un ose venir en cachette,

je

me

chargede le saisir

avec l'aidede

mon compagnon

et de vousl'amener.

Alter

« Parlagrandevertudecetteloi,

ce

que

dit

mon compagnon,

jeletiendraide

bonne

foi.

Tercius

« Et

moi

aussi, s'il plaità Dieu,

par lasainteloi

que

voici.

Quartus

«

Que

cetteloi

me

soitenaidet

je tiendrai cettepromesse en ce qui

me

regarde.

Caïphas

« Jevaisvous

accompagner — pour

vous mettre en possession devotrecharge.

Permettez-vous, sire, qu'ilen soitainsi?

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45

-PlIATUS

« SireCaïphe,j'yconsens bienvolontiers.

(Le Lecteur)

«

Comme donc

ilss'en allaient

au

sépulcre,

— un homme

qui setrouvait surle

chemin

leur

demanda

:

Aliquis in via

«

allez-vous d'unsi grand pas?

Unus

miles

«

Nous

allons garder le

tombeau — où

est enseveli Jésus,

qui aditqu'il ressusciterait

au

troisième jour.

Item qui supra

a Est-ce Pilatequi vousa

commandé

cela?

« Oui, sachez-le, envérité.

Voicil'évêqueCaïphe

qui vient

lui-même

avec

nous —

pour organiser notre garde.

Vienne maintenantquivoudravenir!

«

Quand

Caïpheles eut

mené

à leur poste,

il leur a dit et

commandé

:

«

Vous

voiciarrivés

au

sépulcre.

Faites y

bonne

et parfaite garde.

Si vous vous

endormez

et

que

lecorpsvous soit ravi,

jamais

nous

neserons bons amis »

s'arrête

malheureusement

le textedela pièce, tel qu'il nous est parvenu.

Comparé

au

drame d'Adam, on

en voitd'abord l'in-fériorité littéraire.

Dans

la naïveté, parfois expressive, de cette composition,

commencent

dès lors à semontrer lesdéfauts,qui devaientsedévelopperdeplusenplus,

aux

époquessuivantes,dans

le

drame

français

du moyen

âge, et

donner

enfin beaujeucontre lui à l'école néo-classique

du

xvie siècle.

On

yregrette déjà l'abus des petits détails, souventétrangersau sujet; l'imitation partrop exacte deshabitudeset

du

langage dela vie

commune; une

ten-dance

aux

peinturesd'un réalismevulgaire, qui plus tard devien-dragrossier;enfin l'absencepresquetotaled'élévationetdepoésie

ALTER

EX MIL1TIBUS

(Le Lecteur)

Caïphas

-

46

-en

un

sujetpourtant sisublime.

On ne

peut guère, d'autre part, se refuser à reconnaître dans ce vieux fragment dramatique

du

natureletde lavie,

un

tableau

mouvant

et

animé

qui devaitattirer etretenir l'attention des spectateurs.

La

partie narrative, confiée au lecteur, n'ysemble pas trop gênante. Réduiteà sa plus simple expression,ellen'estplusguèrequ'uneséried'indications scéniques récitées tout haut.

On

aurait

pu

l'omettre sans

que

l'intelligence de la pièce en fut

aucunement

compromise. C'est, croyons-nous, parlidélitéà

une

tradition antérieure

que

l'auteurdenotre Résur-rection,

comme pour

l'acquit desa conscience, a encore

enfermé

son

drame

dans ce cadre déjà usé de son temps, mais autrefois habituel.

Issud'un procédé de récitation liturgiquedont l'influence avait été grande sur la naissance et les premiers développements de

l'artdramatique dansleséglises etdanslescloîtres,cesystèmede narration dialoguée, dont les jongleurs, de leur côté, dans leurs récits en vers français, soit profanes ou pieux, ont bien

pu

aussi fairedèslorsquelque usage, ce système, disons-nous, paraitavoir été volontiers appliqué par les premières confréries dans leurs représentations en langue vulgaire. Il nous a

même

semblé en retrouver encore la trace dans quelques unes des rubriques

ou

indications scéniques

du

jeu de Théophile

du

poète parisien Rute-beuf, contemporain de saintLouis, maisqui peut-être avait sous lesyeux

un

jeu sur le

même

sujet

composé

decettemanièreà

une époque

antérieure (i). Ces indications, qui sont en français, ont

un

caractère narratifassez prononcé et paraissent

même

en

un

endroit offrir la trace d'anciens vers : « Ici vient Theophiles à Salatin qui parloit

— au

deable quant il roloit... Or se départ Theophilesde Salatin etsipense

que

trop a grant chose en,Dieu renoieretdist... Ici parole Salatins au deableetdist...

Or

vientli

deables quiestconjuréet dist... Ici va Theophilesau deable, si a trop grant paor, et li deables li dist...

Or

baille Theophiles les lettresau deable et li deables li

commande

à ouvrer ainsi... Or parolePinceguerreàThéophileetTheophilesrespont... Orse lieve

1evesque contre Théophile et li rent sa dignité et dist... Ici va

(i) Cf.notre travail intitulé : Undrame religieuxdu moyenâge. Le Miracle de Théophile. Paris, Retaux, 1894, broch. in-8*. (ExtraitdelaRevuehistorique etarchéologiquedu Maine.)

-

47

-Tlieophiles à ses

compaignons

tencier,

premièrement

à

un

qui avoit

non

Pierres... Ici se repentTheophilesetvientà

unechapele

de Nostre

Dame

et dist... Ici aporte Nostre

Dame

la chartre à Théophile... IcivientTheophilesà Fevesqueetli baillelachartre etdist... Ici list Tevesquela chartreetdist... »

Peut-être

même

pourrait-on encore soupçonner quelque analogie avec le vieux système de la récitation dialoguée dans le prologuetout narratif

que

récite leprêcheur en tète

du

jeu de Saint Nicolas de Jean Bodel, d'Arras, quiavecleThéophilede Rutebeuf, aveclefragment dela Résurrection etavecla représentation

d'Adam,

constitue le

groupesicurieux, si précieux, des plus anciens

monuments,

par-venusjusqu'ànous,

du drame

religieuxen langue française.

Evreux.

Imprimerie de l'Eure, L.Odiruvre, 4bis, rueduftleilet.

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