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Synthèse bibliographique sur le co-pilotage de la recherche et l'expertise

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Synthèse bibliographique sur le co-pilotage de la recherche et l'expertise

BAYA LAFFITE, Nicolas & Ministère de l'Ecologie, du Développement durable et de l'Energie

BAYA LAFFITE, Nicolas & Ministère de l'Ecologie, du Développement durable et de l'Energie.

Synthèse bibliographique sur le co-pilotage de la recherche et l'expertise . Paris : Deuxième Labo, 2010, 79 p.

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:156146

Disclaimer: layout of this document may differ from the published version.

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Programme REPERE

« Réseau d'échange et de projets sur le pilotage de la recherche et l'expertise »

Synthèse bibliographique sur le co-pilotage

de la recherche et l'expertise

Deuxième labo avec la collaboration de Nicolas Baya-Laffite 9 novembre 2010

http://www.programme-repere.fr

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Résumé exécutif

Comment améliorer la participation des citoyens aux politiques scientifiques, que ce soit au stade de leur définition ou de leur orientation, de leur mise en œuvre ou de leur évaluation ? Selon quelles modalités la représentation des citoyens peut-elle s’effectuer, de façon à ce que des interlocuteurs valables puissent être présents et actifs face aux pouvoirs publics ou aux entreprises impliquées dans le monde de la recherche ? Pour apporter quelques éléments de réponse, la présente synthèse bibliographique passe en revue les principales idées formulées ces dix dernières années dans une centaine de livres, d’articles ou de rapports.

Ceux-ci ont été publiés pour l’essentiel en langue française et anglaise (quelques références germanophones traduites en français sont également utilisées, comme La Société du risque d’Ulrich Beck). En outre, de nombreux exemples sont discutés afin de présenter de façon réaliste les pistes envisageables pour développer une participation de la société civile au pilotage de la recherche ou à la construction des savoirs, et parfois pour signaler les limites de certains choix.

Dans une première partie introductive sont abordés les liens entre sciences, techniques et société. Depuis les années 1970, parallèlement à l’émergence de préoccupations environnementales peu à peu discutées dans la sphère publique, les recherches en sciences humaines et sociales ont pleinement pris en compte les sciences et les techniques comme des activités sociales. Un domaine de recherche d’origine anglo-saxonne, les ‘Science and Technology Studies’ (STS) s’est alors considérablement développé, amenant à repenser la participation citoyenne aux politiques scientifiques, et notamment au co-pilotage de la recherche et à l’expertise. Face à la montée du risque inhérent à tout développement techno-scientifique, l’État a perdu une partie de sa légitimité et des organisations de la société civile (OSC), non gouvernementales, ont acquis de l’importance. Depuis la moitié des années 1990, un nouveau mode, distribué, de production du savoir a été décrit sous l’appellation ‘mode 2’, en opposition aux savoirs développés à l’intérieur des carcans disciplinaires et souvent restreints au milieu académique. La notion de ‘boîte noire’, introduite par Bruno Latour dans l’analyse des faits scientifiques, a représenté un autre point important dans la conceptualisation des STS. Selon Latour, les faits scientifiques sont construits et présentés à leur sortie du laboratoire comme des boîtes noires qui doivent être ouvertes pour retrouver la part d’arbitraire ou de convention caractéristique du moment de leur élaboration.

Ces catégories d’interférence entre sciences, technique et société, permettent d’éclairer la question de la participation citoyenne aux processus de co-pilotage de la recherche et l’expertise. Le programme de ‘compréhension publique de la science’ (‘Public Understanding of Science’ ou PUS), inauguré en Grance-Bretagne au milieu des années 1980, est par exemple à considérer dans ce contexte épistémologique. Peut-on considérer les représentants de la société civile comme des partenaires de valeur pour le co-pilotage de la recherche et l’expertise alors même que le public souffre d’un déficit de compréhension des enjeux scientifiques et techniques sous-jacents ? En réponse à cette question, et au nom d’un dépassement des grands partages entre savoirs experts et savoirs profanes, des modèles de co-production des savoirs ont été imaginés, avec des étiquettes diverses : ‘démocratie technique’, ‘recherche déconfinée’ et ‘forums hybrides’.

Ces fondamentaux sont précisés et discutés dans la deuxième partie. Ainsi, l’engagement d’un dialogue avec la société civile pose la question de la représentation et de la légitimité de cette dernière. Une typologie des formes organisées de la société civile (ONG, association de patients, de consommateurs,

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de riverains…) permet de mieux apprécier les modes collaboratifs de production de la recherche et la participation aux expertises. Parfois, ce sont des problématiques relevant de questions sociotechniques ou environnementales qui justifient l’action des organisations de la société civile. Les enjeux politiques et les différents modèles de société sont alors au centre des débats. Les ONG, par exemple, peuvent être amenées à contester une partie du pouvoir de l’État dans des actions visant à améliorer la protection de l’environnement et de la santé.

Ces actions, souvent militantes, sont complétées par une connaissance souvent unique du terrain et des recherches de type académique à plus long terme, à l’aide par exemple des ‘science shops’. En mettant en relation demandeurs et producteurs d’expertise scientifique, ceux-ci permettent directement ou indirectement de donner naissance à une nouvelle offre de recherche. Dans d’autres cas, ce sont des associations de patients qui parviennent par leur militantisme à infléchir sinon modifier des programmes de recherche (le cas des malades atteints du VIH est ici emblématique).

L’Agence nationale de la recherche (ANR), créée en 2005 dans un contexte d’évolution des modes de pilotage de la recherche, s’impose aujourd’hui comme guichet unique capable d'accélérer la mobilisation de la recherche française sur des enjeux clés. En s'intercalant entre la fonction de définition des orientations générales et celle de réalisation des programmes, auparavant confondues au sein des organismes de recherche, l'ANR clarifie les responsabilités et introduit de la souplesse. Certains observateurs redoutent cependant que les thématiques non couvertes par l'ANR soient délaissées également par les établissements de recherche, et que les comités de sélection défavorisent les propositions novatrices, les recherches interdisciplinaires, les sujets de controverses ou les projets menés avec la société civile.

Autre exemple de programme de financement de la recherche, le PCRD tente de prendre en compte la société à tous les niveaux, y compris en amont du lancement des appels à projets. Lors de la préparation du 6e PCRD en 2002, la Commission européenne a lancé deux procédures de consultation externe afin d’aboutir au choix des priorités thématiques. Mais certains observateurs regrettent que trop souvent, la « société » qui est convoquée se résume aux PME et grandes entreprises, réduisant la valorisation de la recherche académique à la production de biens et la fourniture de services marchands.

Même si des citoyens, représentants de la société civile non-marchande ou de l'expertise associative sont conviés à participer, ils ne sont pas nécessairement entendus. Dans bon nombre de cas, quand des associations ou des ONG participent par exemple à des ‘Grenelle’ ou autres forums hybrides, les autorités ne sont pas tenues de tenir compte des recommandations qui en sont issues.

C’est une des raisons pour lesquelles certaines organisations refusent de jouer le jeu de la participation et se placent dans une attitude plus radicale (citons les destructions d’essais OGM ou le militantisme extrême de certains anti- nanotechnologies). Ces expériences sonnent-elles le glas de la participation ? A travers de très nombreuses études de cas, qui font l’objet d’une troisième partie, on se rend compte que la participation des organisations de la société civile à la programmation de la recherche et à l’expertise est loin de s’essouffler.

Les exemples datant essentiellement des cinq dernières années sont issus de la recherche en France mais aussi dans les pays anglo-saxons, et couvrent aussi bien le domaine de la recherche médicale que celui de l’agronomie, de l’environnement et de la coopération pour le développement. Il est d’ailleurs intéressant de constater qu’à l’intérieur même de grands organismes de recherche comme l’INRA ou de structures plus modestes comme la Fondation

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santé et radiofréquences, les organisations de la société civile commencent à trouver leur place, avec bien entendu des pouvoirs et des résultats très différents.

Ces organisations peuvent s’impliquer aussi bien au niveau de la prospective qu’à celui de l’expertise. Les modalités d’action dépendent aussi fortement des cadres nationaux ou supranationaux de la recherche et les cas du monde anglo-saxon, du Québec et de la Suisse sont abordés dans une perspective comparative.

Enfin, dans une dernière partie, ce sont des questions plus transversales soulevées par le programme REPERE qui sont discutées, comme les liens entre recherche et expertise ou l’opposition qui peut exister entre co-production et co- pilotage de la recherche. La société civile elle-même n’étant pas une structure monolithique, on ne peut faire l’impasse d’une réflexion profonde sur la légitimité, tant sociale que scientifique des organisations qui s’en réclament. À travers la centaine de références indiquées et largement commentées, ce rapport vise à offrir une base de discussion pour des échanges fructueux dans et autour du programme REPERE.

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1.

 

AVANT-­PROPOS ... 7

 

2.

 

INTRODUCTION ... 8

 

2.1.

 

LES  TRANSFORMATIONS  DES  SCIENCES  ET  DE  LA  POLITIQUE  ET  DE  LEURS  RAPPORTS  DANS   LES  SCIENCES  SOCIALES... 9

 

a)   Le  modèle  pragmatique  :  nouer  valeurs  et  connaissance  dans  le  débat  public...9  

b)   La  société  du  risque  :  l’émergence  de  la  subpolitique ... 10  

c)   Le  mode  2  de  production  des  savoirs  :  savoirs  socialement  distribués ... 12  

2.2.

 

LA  TRANSFORMATION  DE  L’IMAGE  DES  SCIENCES  ET  DES  TECHNIQUES  EN  POLITIQUE  :  LA   CONTRIBUTION  DES  STS ...13

 

2.3.

 

LA  GOUVERNANCE  DE  LA  RECHERCHE  ET  DE  L’EXPERTISE  EN  POLITIQUE...14

 

2.4.

 

LA  PARTICIPATION  DE  LA  SOCIETE  CIVILE  DANS  LA  GOUVERNANCE  SCIENTIFIQUE...15

 

a)   La  critique  du  modèle  du  déficit  de  compréhension  publique  de  la  science... 17  

b)   Le  modèle  de  la  co-­production  :  démocratie  technique,  recherche  déconfinée  et   forums  hybrides ... 18  

2.5.

 

LES  FORMES  DE  LA  SOCIETE  CIVILE  ET  SON  ENGAGEMENT  DANS  LA  GOUVERNANCE   SCIENTIFIQUE...21

 

a)   ONG  et  mouvements  sociaux  autour  de  questions  sociotechniques  et   environnementales... 22  

b)   Le  cas  des  associations  de  malades  et  leur  implication  dans  la  recherche   biomédicale... 23  

c)   Formes  sponsorisées  de  participation  du  public... 24  

3.

 

REGARD  HISTORIQUE  SUR  LA  PARTICIPATION  DES  ONG ... 25

 

4.

 

FONDAMENTAUX  DU  CO-­PILOTAGE  DE  LA  RECHERCHE  ET  DE  L'EXPERTISE . 27

 

4.1.

 

LES  ORGANISATIONS  NON  GOUVERNEMENTALES  (ONG) ...27

 

a)   Définition ... 27  

b)   Typologie  des  ONG  environnementales... 27  

c)   L'expertise  des  ONG  et  leur  légitimité  à  intervenir... 29  

d)   La  participation  des  ONG  au  processus  de  décision... 30  

4.2.

 

LE  PILOTAGE  ET  L'ORGANISATION  DE  LA  RECHERCHE  EN  FRANCE...32

 

a)   Généralités ... 32  

b)   La  nouvelle  donne  de  2006 ... 33  

c)   La  fonction  politique  de  répartition  des  ressources... 34  

d)   L'Agence  nationale  de  la  recherche  et  sa  fonction  d'intermédiation... 35  

e)   La  fonction  de  réalisation  de  la  recherche ... 36  

f)   Le  rôle  du  territoire... 36  

4.3.

 

L'EVALUATION  DE  LA  RECHERCHE...37

 

a)   Diagnostic... 37  

b)   Ébauches  de  solutions ... 38  

4.4.

 

LA  RECHERCHE  PARTICIPATIVE...39

 

a)   État  des  lieux... 40  

4.5.

 

LA  PARTICIPATION  AU  PILOTAGE  ET  A  LA  PROGRAMMATION  DE  LA  RECHERCHE...44

 

a)   État  des  lieux... 44  

b)   Le  cas  de  l'Union  européenne ... 45  

c)   Le  cas  de  la  France... 48  

d)   Propositions  des  spécialistes ... 49  

e)   Propositions  des  gouvernants... 51  

f)   Difficultés... 51  

4.6.

 

L'EXPERTISE  EN  CONCERTATION...52

 

a)   État  des  lieux... 52  

b)   Problématiques... 54  

c)   Propositions ... 56  

(7)

d)   Difficultés... 56  

e)   Conclusion... 57  

5.

 

GALERIE  D'EXEMPLES  ET  ETUDES  DE  CAS ... 58

 

5.1.

 

EXEMPLES  D'INITIATIVES  CONCRETES...58

 

a)   L'initiative  "Drugs  for  Neglected  Diseases"  (DNDi)... 58  

b)   Les  boutiques  de  science ... 58  

c)   Le  programme-­cadre  de  recherche  et  développement  de  l'Union  européenne... 58  

d)   L'Advisory  Group  on  Public  Involvement  du  Medical  Research  Council... 59  

e)   Débats  citoyens  en  France... 59  

f)   Essai  de  porte-­greffe  transgénique  de  vigne  résistant  au  court-­noué ... 59  

g)   Programme  CAP-­Environnement  de  l'Inra... 60  

h)   Proposition  d'un  Conseil  de  la  recherche  marine,  maritime,  littorale  et  portuaire,   doté  d'une  gouvernance  à  5 ... 60  

i)   Vice-­présidence  "Science  en  société"  de  l'université  de  Strasbourg... 60  

j)   Consultation  prospective  Agora  2020... 61  

5.2.

 

EXEMPLES  D'ORGANISMES,  INSTITUTIONS  ET  ASSOCIATIONS  CONCERNES...62

 

a)   L'Institut  national  de  la  recherche  agronomique  (Inra)... 62  

b)   Le  Conseil  supérieur  de  la  recherche  et  de  la  technologie  (CSRT)... 63  

c)   La  Fondation  pour  la  recherche  sur  la  biodiversité  (FRB)... 64  

d)   La  Fondation  santé  et  radiofréquences  (FSRF) ... 64  

e)   L'association  française  contre  les  myopathies  (AFM)... 64  

5.3.

 

EXEMPLES  DE  REGIONS  ET  PAYS  IMPLIQUES...65

 

a)   Le  monde  anglo-­saxon ... 65  

b)   Le  Québec... 65  

c)   La  Suisse ... 67  

5.4.

 

CONCLUSION...68

 

6.

 

QUESTIONS  TRANSVERSALES ... 68

 

6.1.

 

RECHERCHE  VS.  EXPERTISE...68

 

6.2.

 

CO-­‐CONSTRUCTION  VS.  CO-­‐PILOTAGE...69

 

6.3.

 

OSC  VS.  SOCIETE  CIVILE...69

 

a)   Qu'est-­ce  que  la  société  civile  ?... 69  

b)   Groupes  d'intérêt,  légitimité  et  représentativité... 70  

c)   ONG,  processus  démocratique  et  fabrique  de  l'opinion ... 70  

d)   Implications  pour  la  recherche  et  l'expertise ... 72  

e)   Conclusion... 73  

7.

 

CONCLUSION  GENERALE  ET  PERSPECTIVES ... 73

 

8.

 

BIBLIOGRAPHIE... 74

 

(8)

1. Avant-propos

Le programme REPERE se veut une plate-forme de dialogue, de proposition et de projets explorant les voies de la participation de la société civile organisée au pilotage de la recherche et de l’expertise. Il fait suite notamment aux réflexions du Comité opérationnel Recherche, un des trente-trois Comités opérationnels (COMOP) du Grenelle de l'environnement, regroupant les acteurs de la recherche et chargé "d'apporter des éclairages sur les connaissances disponibles en matière de développement durable, d'identifier les nouveaux questionnements scientifiques, de proposer des actions en matière de recherche ou d'innovation à mettre en place, et d'identifier les compétences à créer ou à mobiliser par de nouveaux programmes impliquant les acteurs privés comme publics" (Guillou, 2008). La société civile fut malheureusement écartée du COMOP Recherche, mais celui-ci n'en a pas moins proposé d'"encourager la consultation des acteurs de la société, de les associer à la définition et au déroulement de certains programmes de recherche participatifs" et de "solliciter plus largement l'OPECST pour la définition et l'évaluation des priorités de recherche et la conduite d'expertise sur les sujets scientifiques les plus controversés" (Guillou, 2008).

En lançant ce programme, la Direction de la recherche et de l'innovation du Ministère de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de la mer a souhaité capitaliser sur les expériences et connaissances existantes. C'est le sens de l'animation du programme confiée à Deuxième labo, qui prévoit notamment :

• un recensement des projets de recherche et d'expertise sur le développement durable, menés en France en concertation entre organismes publics et organisations non gouvernementales (ONG) : c'est l'Observatoire de la participation des ONG à la recherche et l'expertise (http://www.programme-repere.fr/observatoire)

• un état de l'art de la recherche internationale sur la question du co- pilotage de la recherche et de l'expertise, qui s'appuie sur une base de données bibliographique collaborative (http://www.programme- repere.fr/biblio)

• un état de l'art des initiatives et des acteurs tiré de l'Observatoire.

Le présent document constitue le deuxième volet de ce travail.

‘ONG’, ‘co-pilotage’, ‘participation’, ‘concertation’, ‘recherche’,

‘expertise’ : la plupart de ces termes, qui font partie des données du programme REPERE, sont problématiques. Le but de cette synthèse bibliographique est justement d'éclairer ces divers termes avec les travaux pluridisciplinaires des sciences humaines et sociales (sciences politiques, sociologie, science des organisations, anthropologie, histoire…). Nous n'en donnerons donc aucune définition "labellisée REPERE" dans cette première version, quitte à devenir plus précis lors des prochaines publications. Notons d'ailleurs qu'en matière de réflexivité et d'apprentissage continu, l'intitulé du programme REPERE a déjà changé dans les premiers mois du programme, en passant de "Recherche et expertise pour piloter ensemble la recherche et l'expertise" à "Réseau d'échange et de projets sur le pilotage de la recherche et de l'expertise". Le Comité de pilotage stratégique du programme, composé de représentants d'instances directement concernées par le pilotage de la recherche et dans une certaine mesure de l'expertise en France ainsi que d'ONG, joue un rôle crucial pour déterminer ces grandes orientations.

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En introduction, nous poserons le contexte général de ce travail et de la problématique du co-pilotage de la recherche et de l'expertise, avant d'offrir quelques éléments historiques en première partie. Il sera temps ensuite de donner toute leur place aux savoirs académiques, en partant du plus général (travaux portant sur les ONG — et les ONG environnementales en particulier —, l'organisation du système de recherche…) pour arriver au plus particulier (la question du co-pilotage de la recherche et de l'expertise par les ONG). Cette partie permet de définir les termes du sujet mais apporte aussi de premières pistes de réflexions et ébauches de réponses. Nous aborderons ensuite des exemples concrets de co-pilotage, centrés sur des initiatives, des groupes ou des pays particuliers. Enfin, nous ferons le point sur quelques questions transversales propres au programme REPERE et que se sont posées ses participants (lors de la Journée d'animation de l'appel par exemple) ou ses instances (Comité de pilotage stratégique, Comité d'évaluation, Groupe de suivi).

2. Introduction

La question de l’ouverture démocratique de la recherche et de l’expertise à la société civile se pose aujourd’hui de façon criante dans l’espace public. Suite aux grandes controverses sociotechniques et crises environnementales des dernières décennies (Tchernobyl, Erika, OGM, vache folle, etc.), le pari politique de la construction d’un développement durable est celui de la pérennisation d’une gouvernance de la recherche et l’expertise partagée entre la diversité des institutions publiques et toute une gamme d’organisations de société civile organisée.

Dans ce contexte, la mission du programme REPERE pose bon nombre de questions : Pourquoi l’ouverture de la gouvernance de recherche et de l’expertise à la société civile ? Pourquoi parler de gouvernance de la recherche et de l’expertise ? Quel rôle jouent les crises et les controverses dans ce processus d'innovation institutionnelle ? Comment faire référence aux diverses entités auxquelles on donne le nom de société civile organisé ? Qu’est-ce que la participation et quelles formes peut-elle prendre ? Que deviennent la recherche et l’expertise lorsqu’on les pense comme étant ouvertes à la participation de la société civile ? En quoi cela est-il une condition pour atteindre un développement durable ? Que dit la littérature sur les expériences qui ont été déjà menées en France et ailleurs ?

Cette synthèse bibliographique part du principe qu’une compréhension plus fine de l’état de l’art de la littérature sur ces questions aidera d’une part ceux qui sont engagés dans le renforcement des liens entre la recherche et l’expertise et, d’autre part, les organisations de la société civile, dans la conception des stratégies adaptées aux différentes situations.

Avec les transformations sociales qui marquent le développement de l’État et de la société depuis les années 70, la question de la participation de la société civile organisée dans la gouvernance de la recherche et de l’expertise a progressivement gagné une place importante dans la recherche en sciences sociales et politiques. Suivant une longue tradition de réflexion sociologique, elle est aujourd’hui placée au centre des nouvelles études sociales et historiques des sciences et des techniques, ou STS selon son acronyme anglais (Science and Technology Studies) : un domaine interdisciplinaire qui en 30 ans a connu un développement impressionnant dans les milieux académiques du monde entier, mais aussi, avec un puissant plaidoyer, dans les milieux associatifs et politiques.

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Attachés à déconstruire l’évidence technique de la recherche et l’expertise de façon à dévoiler leurs dimensions et implications politiques, les travaux en ce domaine ont vocation à contribuer à orienter des programmes ou politiques visant une meilleure gouvernance scientifique et environnementale. Il s’agira donc de présenter une variété de développements théoriques et conceptuels issus des sciences humaines et sociales en général, mettant l’accent en particulier sur les contributions des STS pour éclairer la problématique de la co-production de la recherche et de l’expertise entre les organismes publics concernés et la société civile organisée.

2.1. Les transformations des sciences et de la politique et de leurs rapports dans les sciences sociales

La question de la participation de la société civile à la gouvernance de la recherche scientifique et de l’expertise est intimement liée à des transformations sociales en cours depuis les années 70, elles-mêmes étroitement dépendantes de l’émergence de la question environnementale. Ces transformations concernent, entre autres, la critique de l’image des sciences et des techniques dominante dans les sociétés occidentales depuis les révolutions scientifique et industrielle, ainsi qu’une profonde redéfinition de leurs relations avec le politique dans l’espace public.

Cette problématique apparaît dans la littérature en sciences sociales et politiques de plusieurs façons dans les travaux de nombreux auteurs. La synthèse de tous ces travaux excède l’ambition de ce document. Toutefois, quelques références s’imposent dans le but d’éclairer les propositions actuelles sur la gouvernance de la recherche scientifique et de l’expertise dans le cadre du développement durable : la tension pointée par Weber entre le gouvernement politique par les valeurs et la tendance à la rationalisation bureaucratique dans le développement de l’État moderne ; le lien signalé par Habermas entre valeurs et connaissance scientifique en situations pratiques de débat public ; l’émergence de nouveaux acteurs dans la société du risque décrite par Beck, et la caractérisation d’un nouveau mode de production de connaissance socialement distribué de Gibbons et Nowotny et leurs collaborateurs.

a) Le modèle pragmatique : nouer valeurs et connaissance dans le débat public

Les sociétés contemporaines se caractérisent par une utilisation intensive des sciences et des techniques. Dans un tel contexte, les décisions politiques sont marquées par la complexité des enjeux et par la portée de ses effets. Cela se traduit par le recours à des savoirs spécialisés, scientifiques, dans le but d’évaluer les effets et les conséquences de l’utilisation des sciences et des techniques, mais aussi par le recours à des choix politiques qui permettent de trancher dans des situations de controverse où des identités et des intérêts sont en cause.

La question de la délégation de la décision aux experts et aux représentants politiques, ainsi que celle de la régulation de leurs rapports se pose au cœur de l’analyse des transformations dans le développement de l’État faite par Jürgen Habermas à partir du cadre posé par Max Weber.

Max Weber, dans ses conférences de 1919 "Wissenschaft als Beruf" [La science comme vocation] et "Politik als Beruf" [La politique comme vocation] (publiées en français dans Le savant et le politique), analyse les formes que revêtent la

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pratique des sciences et de la politique dans l’étape de rationalisation qui marque le développement de l’État moderne (Weber, 2003).

En ce qui concerne la pratique scientifique, Weber signale que l’extension du capitalisme au monde scientifique entraîne un processus de spécialisation incessant qui donne lieu à une intellectualisation et rationalisation croissantes.

Ceci ne signifie nullement une connaissance générale croissante des conditions dans lesquelles nous vivons, mais montre en revanche qu’on pourrait, si on le voulait, comprendre rationnellement le monde. C’est qu’il dénomme le processus de désenchantement du monde. Ce processus se répercute sur la pratique de la politique, par un phénomène de rationalisation bureaucratique aussi incessant qui est marqué par l’opposition entre "direction politique" et "domination administrative". Cette opposition donne lieu à deux modèles opposés de la décision politique : le modèle décisionniste dans lequel le pouvoir de décision ultime réside chez le politique, et le modèle technocratique dans lequel la décision réside en dernière instance chez les cadres techniques et scientifiques.

L’analyse de Habermas, dans son texte de 1968 Scientificisation de la politique et opinion publique, part de la critique de l’opposition entre direction politique, c’est à dire une volonté en référence aux valeurs et aux intérêts, et contraintes

"objectives" mises en évidence par la science pour définir la meilleure décision (Habermas, 1990). Habermas propose un modèle pragmatique dans lequel les décisions sont soumises à une discussion publique liant le pôle

"politique" et le pôle "science". Dans ce modèle, les valeurs et les intérêts ne sont pas donnés, mais ils sont en constante redéfinition à cause des transformations des capacités d’action liées à l’innovation technique. Aussi, la façon dont la connaissance experte éclaire les décisions est déterminée par les questions qui sont posées dans la sphère de la pratique. Celles-ci doivent être

"traduites" en problèmes formulés scientifiquement et les informations scientifiques doivent être retraduites en réponses par le biais de la discussion publique. Selon Habermas, les conditions nécessaires à la mise en œuvre de ce modèle pragmatique ne sont pas réunies du fait que l’appropriation sociale des sciences est insuffisante (Habermas, 1990).

b) La société du risque : l’émergence de la subpolitique

Dans la même ligne de problématisation, Ulrich Beck a proposé dans son ouvrage de 1986, La société du risque une macro caractérisation qui fournit un cadre général à la discussion des transformations des sciences et techniques en société.

Dans une réflexion autour de la modernité réflexive, l’individualisme moderne, la mondialisation et la science, Beck caractérise la transformation dans laquelle s’inscrivent nos sociétés, passant d’une logique de répartition des richesses à un monde dont l’enjeu serait celui de la répartition des risques (Beck, 2008). On retiendra de cet ouvrage la nouvelle signification politique acquise par les savoirs scientifiques dans la société du risque et l’idée de subpolitique que l’on détaillera plus loin.

Selon Beck, nos sociétés seraient depuis quelques années devenues des sociétés réflexives qui définissent les problèmes en termes de risques. La société moderne devient réflexive quand elle est confrontée aux conséquences de ses actes, aux forces endogènes et aux conséquences de sa propre industrialisation, devenant un problème pour elle-même. Le risque est par nature intangible et transcende aussi bien les frontières que les populations. Dans ce contexte, on est passés à une situation de menaces collectives. Le risque correspond à une communauté de destins, à une époque où justement, les individus souhaitent vivre leur vie en maîtrisant leur destin. Ce paradoxe conduit

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l’auteur à s’interroger sur les mutations nécessaires du politique et à mettre en évidence le nouveau rôle imputé à l’État et la prise en compte nécessaire du subpolitique.

La science est à la source de nouvelles menaces. Pour identifier les risques, il est nécessaire de faire appel à la connaissance scientifique ; mais en prendre conscience n’est possible qu’à travers une construction sociale de la menace. Elle doit en outre apporter des réponses à ces menaces, tout en prenant en compte les intérêts sociaux et l’interrogation des populations. Beck (2008) distingue ainsi la responsabilité scientifique de la responsabilité sociale, qui bien qu’interdépendantes restent parfois opposées. En effet, la science porte en elle une exigence de rationalité. La légitimité de la science peut entrer en contradiction avec les questions de responsabilités de l’État de droit. On demande aux scientifiques de lever les incertitudes qui sont inhérentes à leur logique de recherche de la vérité. Cette demande de réponse immédiate face aux risques, de responsabilité sociale, ne peut être satisfaite. Dès lors, on voit apparaître des ONG environnementales ou des associations de malades qui deviennent des spécialistes des risques de la modernité, diluant ainsi la frontière entre profanes et scientifiques. Outre cette inefficacité, la science porte en elle la responsabilité du développement des risques qui sont aujourd’hui le fruit d’actions de l’homme sur la nature. La société devient donc réflexive, car confrontée à de risques internalisés, elle devient la source de ses propres problèmes. La double tension structurelle entre le risque comme expérience collective et l’individualisation réflexive imposent de repenser le politique.

Dans la société du risque, la menace et le danger acquièrent un potentiel politique. Leur gestion devient centrale, ce qui devrait impliquer une réorganisation des pouvoirs et des savoirs. Le risque politise la modernisation industrielle et déplace les frontières du politique. On constate aujourd’hui une mutation du politique, une transformation qui est le fruit du brouillage des frontières entre politique et science. Ayant placé le risque au cœur de ses valeurs, on assisterait dans nos sociétés à une érosion du monopole de la politique parlementaire sur la transformation sociale du monde, mais également à la perte de prééminence de la science dans la construction du savoir. La séparation entre le politique et le non politique s’effrite : "la politique devient a-politique et ce qui était apolitique devient politique" (Beck, 2008). La technocratie semble avoir également montré ses limites. Il lui est difficile de légitimer ses projets si l’on observe les effets pervers de la société industrielle que sont les risques globaux écologiques. La contestation monte et l’on voit ainsi émerger ce que Beck appelle la subpolitique : les actions militantes, les initiatives citoyennes, les forums, les contre-expertises... L’opinion publique émerge comme un acteur majeur du système politique, dont les revendications doivent être prises en compte dans l’exercice du pouvoir.

Beck (2008) invite à penser la construction d’une variante écologique de l’État qui intégrerait le "subpolitique technico-économique" à la responsabilité parlementaire. Il invite aussi à penser la mise en place d’une politique qui intègrerait la disparition des frontières du politique et qui admettrait une démocratisation des champs scientifiques. Ce qui se mettrait en place concrètement "en élaborant et en mettant en place les garanties juridiques de certaines possibilités d’influence de la subpolitique". La société du risque doit être appréhendée comme une société en crise. Cette crise comporte de multiples visages. Il y a tout d’abord une crise du rapport à la science. On peut s’interroger sur la valeur à attribuer à la science, dans la mesure où dans cette société, celle- ci n’a plus de valeur en elle-même — alors même que nos sociétés modernes se

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sont construites sur l’idée d’une reconnaissance et d’une confiance en la science.

De plus, cette société est profondément asymétrique. L’inégalité ne repose plus sur des critères sociaux mais sur l’exposition face au risque. À chaque nouveau risque se créent de nouvelles responsabilités. La société du risque doit donc recréer son contrat social. Il faut alors repenser l’égalité et la justice, et refondre leur rapport.

c) Le mode 2 de production des savoirs : savoirs socialement distribués

L’idée de "nouvelle production du savoir", développée par une collaboration internationale et multidisciplinaire dans l’ouvrage The new production of knowledge (Gibbons et al., 1994), et sa suite, Rethinking science (Nowotny et al., 2001) est devenue une référence, tant dans les milieux académiques, que dans la politique scientifique. Ces travaux abordent la question de la gouvernance de la connaissance, de ses processus et produits : quel type de savoir doit être produit, validé et diffusé, comment, par qui, pour qui et avec quelle finalité ? Partant d’une description de la co-transformation de l’univers social et scientifique, la thèse proposée soutient que l’expansion des consommateurs et des producteurs de savoir spécialisé a créé les conditions pour qu’émerge un nouveau système de production de savoir socialement distribué, à côté du système disciplinaire et académique traditionnel. Ce nouveau système, dénommé

‘mode 2’, mieux adapté aux demandes sociales, économiques, politiques émerge à côté du mode dominant depuis "la révolution scientifique", ou ‘mode 1’. La caractérisation mode 1 / mode 2 procède par contrastes, par couples d’oppositions présentés dans le tableau ci-après.

Mode 1 Mode 2

Critère

gouvernant la production de savoir

Autonomie: savoirs produits suivant le cadre de la recherche

disciplinaire indépendante et académique

Hétéronomie: savoirs produits dans le contexte d’applications, suivant les intérêts négociés de multiples acteurs; perte de centralité de l’université

Organisation du

savoir Disciplinaire (cadre académique, contribution à la discipline, diffusion institutionnelle, statique )

Transdisciplinaire (cadre de référence in situ, contribution à la connaissance par

problème, diffusion en réseau, dynamique)

Organisation institutionnelle

Homogénéité et hiérarchie des lieux de production

institutionnalisés et peu variables

Hétérogénéité, hétérarchie et multiplication des lieux de production. Réseaux formels et informels très flexibles et mobiles.

Rapport à la

société Manque de réflexivité, fermeture, sans contrôle social.

Réflexivité, prise en compte de la dimension sociale (valeurs), incorporation des groupes concernés (identités) en amont Réponse aux

demandes et critiques.

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Contrôle qualité et validation

Peer review intra disciplinaire ; sélection des juges en fonction de leur contribution à la discipline.

Système de contrôle diffus, critères non disciplinaires ( compétitivité, efficience économique…).

Cette stimulante conceptualisation a toutefois fait l’objet d’importantes critiques du fait d’un manque de justesse historique qui conduirait à une caractérisation biaisée et acritique du présent. En conséquence, l’historien Dominique Pestre argue en faveur d’une intégration de l’analyse historique à la réflexion pour mieux saisir la spécificité des transformations sociales en cours, d’un point de vue heuristique, mais aussi d’un point de vue que l’on peut caractériser de "politique"

(Pestre, 2003b). Terry Shinn a également critiqué cette conceptualisation pour proposer un schéma favorable à une forme particulière des changements étudiés qui souligne la discontinuité historique et l’indifférenciation institutionnelle (Shinn, 2002).

2.2. La transformation de l’image des sciences et des techniques en politique : la contribution des STS

Avec ces cadres sociologiques généraux, on observe d’un côté une transformation des régimes de production des savoirs scientifiques, que ce soit dans leurs objets, leurs méthodes et leur organisation institutionnelle, ou dans leur relation à l’État, au marché et à la société civile. D’un autre côté, avec l’effacement progressif de

"la question sociale" et de celle de la démocratie représentative, cette transformation se voit accompagnée d’une restructuration du politique autour des questions telles que celles du développement durable, de l’économie de la connaissance, du gouvernement des risques et de la participation de la société civile organisée dans la définition des trajectoires sociotechniques. Dans ce contexte, l’organisation de la recherche et de l’expertise est devenue une question essentielle du politique.

Accompagnant le processus de transformations sociales qui ont lieu depuis les années 70, on constate un renouveau dans l’image des sciences et des techniques en politique produite par les sciences humaines et sociales. Les recherches en histoire et en sociologie des sciences et des techniques, telles qu’elles sont menées au cours des 35 dernières années par les science studies ou études sociales de la science et la technologie (STS) ont eu un impact profond sur la transformation de la façon dont on pense et on gère les rapports entre recherche, expertise, politique et société civile. À travers un dialogue interdisciplinaire très fructueux, elles ont abouti à une analyse fine des dynamiques des sciences et des techniques en société, aujourd’hui et dans l’histoire, montrant comment les sciences et techniques agissent sur le social, et comment, en retour, le social agit sur les sciences et techniques à travers des dynamiques complexes. Utilisant l’étude des controverses comme outil privilégié, ces travaux ont contribué de façon décisive à développer, à côté des approches classiques plus linéaires et unidirectionnelles, une image des sciences et des techniques comme base cognitive pour une action politique efficace plus réaliste, complexe et interactive, où la distribution des démarcations et des échanges entre nature et culture, faits et valeurs, science et politique, experts et profanes est plus subtile.

Ces images nuancées et dynamiques de la co-production des ordres cognitifs et politiques sont à la base de nouvelles stratégies ouvertes et interactives de

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gestion des interfaces science-société, ce qui apparaît aujourd’hui comme une alternative possible compte tenu des échecs du passé. En effet, les recherches en STS n’ont pas lieu dans le "vide politique" ; elles s’articulent avec un puissant plaidoyer qui, adressé aux scientifiques, aux politiques et aux citoyens, a contribué à réorienter les stratégies pour une meilleure gouvernance scientifique.

Il est intéressant de remarquer, comme le fait Arie Rip (2005), que l’acronyme STS signifie aussi bien "Science and Technology Studies", référant au domaine de recherche académique, que "Science, Technology, and Society", renvoyant à un mouvement social plus vaste dont l’origine peut être située dans le renouveau intellectuel et social des années 70. Les deux acronymes se superposent dans un engagement commun exprimé dans la recherche et le plaidoyer.

Dans cette alternative, le contexte et les schèmes culturels conditionnent la production de faits scientifiques. La distinction entre ce qui est considéré comme science et non-science est le résultat d’un travail de démarcation (Gieryn 1983).

Procédant d’investissements rhétoriques et institutionnels, ce travail de démarcation est essentiel pour déterminer la frontière entre ce qui concerne la science et ce qui concerne la politique (Jasanoff, 1998). La construction des faits scientifiques résulte donc d’assemblages conventionnels et hybrides dont la part conventionnelle disparaît comme dans une boîte noire lorsqu’ils sortent du laboratoire (Latour, 2001). Mais les faits scientifiques ne parlent pas d’eux-mêmes ; ils doivent être "interprétés". La concurrence des interprétations, résultant de l’existence de différents cadres interprétatifs, ouvre un espace large pour la délibération publique sur la nature et l’importance des risques auxquels nous sommes collectivement exposés. En matière de recherche et d’expertise, c’est par le travail de démarcation que l’évaluation des risques parvient à s’inscrire comme la compétence exclusive des communautés spécialisées, devant être soigneusement protégée d’influences économiques ou politiques.

Les recherches empiriques en STS, comme on le verra par la suite, sont progressivement complétées par le développement récent d’une enquête plus approfondie sur les modes de gouvernance de la recherche et de l’expertise qui prend en compte les spécificités irréductibles des cultures politiques nationales et transnationales.

2.3. La gouvernance de la recherche et de l’expertise en politique

Comme l’a fait valoir Bruno Latour (2005), anciennement à l’École des mines et aujourd’hui à Sciences Po Paris, les hybrides qui prolifèrent dans nos sociétés technologiques lient avec un même fil les questions scientifiques et techniques avec la politique politicienne. Sheila Jasanoff, de la Kennedy School de l’Université de Harvard, a également souligné que la science et la technique pénètrent et se répandent dans la culture et la politique de la modernité (Jasanoff, 2004). Ces observations générales ne font que rappeler ce qui est mis en évidence lors des actions gouvernementales, la constante couverture médiatique et les incessants débats publics sur des sujets tels que la protection de l’environnement et de la biodiversité, la lutte contre le changement climatique, le choix des sources d’énergie renouvelable, les effets inconnus sur la santé de certains produits, ou la recherche sur les cellules souches. Pour comprendre la nature de ces interrelations entre sciences, technologies, recherche, expertise et gouvernance dans la vie politique des sociétés démocratiques, les STS ont développé des concepts qui, s’appuyant sur des nombreuses études de cas, permettent d’explorer ces interconnexions sans réduire la science et la politique à

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des catégories essentialistes, les ouvrant plutôt à l’analyse empirique et à la réflexion critique.

Dans ce survol, on se penchera spécifiquement sur la question de la gouvernance de la recherche et l’expertise dans la vie politique des sociétés contemporaines.

On analysera trois concepts qui ont contribué à défier l’idée traditionnelle selon laquelle la gouvernance scientifique consisterait tout simplement "à dire le vrai au pouvoir" (science speaks truth to power) et à développer des images de la science en politique plus nuancées et itératives qui aident à donner forme au débat sur la démocratisation des sciences : le travail de démarcation (Gieryn, 1983) : la co-production (de l’ordre cognitif et de l’ordre politique) (Jasanoff, 2004), et enfin les réseaux sociotechniques.

La recherche en STS a également problématisé la façon dont les questions de science et société sont cadrées, explicitant les présupposés socioculturels qui opèrent dans ces cadrages. Ce qui en résulte est une approche qui met en avant le caractère fluide des limites cognitives et institutionnelles, ainsi que le caractère hybride de ces questions. Ceci se reflète dans le principe méthodologique de "suivre les acteurs", ainsi que dans le respect du principe de symétrie dans le traitement des différents acteurs lors des études de controverses (devenues l’outil privilégié pour l’étude de la gouvernance scientifique).

Ces développements conceptuels et méthodologiques trouvent un écho dans le passage de la "politique scientifique" à la "gouvernance". L’utilisation de ce dernier terme vise à reconnaître l’inclusion de nombreux acteurs, en plus de l’État, ainsi que des multiples mécanismes organisationnels et activités qui participent au développement et contrôle de la science et la technologie. La

"gouvernance" renvoie aussi à l’idée d’autogouvernement propre à ce mode de gouvernementalité (Barry, 2001 ; Dean, 1999). Ceci suppose la reconnaissance du fait que l’État national se voit de plus en plus limité dans sa capacité de diriger une société conçue comme étant un réseau décentré où les assemblages de pouvoir changent constamment. Le terme ‘gouvernance’ est certes très à la mode dans les milieux politiques et académiques, mais il est utilisé souvent de façon vague et imprécise. De ce fait, il est également très chargé idéologiquement, en raison de son lien avec des thèmes controversés comme la globalisation et le retrait de l’État.

2.4. La participation de la société civile dans la gouvernance scientifique

L’ouverture de la recherche et de l’expertise occupe une place centrale dans le débat sur la gouvernance de la société des sciences et des techniques. Il existe aujourd’hui un large consensus affirmant que la participation de la société civile organisée à la recherche et l’expertise, ainsi qu’ à leur gouvernance, est un élément central pour atteindre le développement durable. Cela met en évidence le lien essentiel existant entre le développement durable, la participation et le principe de précaution" qui visent tous les trois à orienter les politiques en matière d’environnement.

L’intérêt pour le phénomène général de la participation ne cesse de croître depuis les années 1990, à différents niveaux – international, régional, national et local – et selon différentes formes d’attention portées par différents types d’acteurs – actions de société civile organisée, politiques publiques ou analyse académique.

Ses limites sont donc devenues assez floues et ses manifestations très diverses.

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Malgré cela, on peut avancer une définition minimale de la participation. En effet, dans la littérature en sciences sociales et politiques, la participation apparaît comme un ensemble de situations et d’activités, plus ou moins spontanées, organisées et structurées, par lesquelles une variété d’acteurs de la société civile, organisée sous des formes également variées, visent à apporter des points de vue, des connaissances et des formes d’expertise non certifiée aux processus de mise sur l’agenda, de pilotage, de production de connaissances et de décision concernant la science, la recherche, l’innovation, la gestion de l’environnement et les risques produits par notre mode de développement.

Les avantages escomptés de la participation de la société civile dans la recherche, l’expertise et l’innovation dans le but d’atteindre un développement durable peuvent être réduite à trois arguments.

Argument épistémique : nourri par les acquis conceptuels d’une partie importante des STS, un premier argument concerne la qualité de la connaissance : les acteurs concernés peuvent contribuer à la production de connaissances et à identifier des questions nouvelles qui peuvent améliorer le processus de recherche et d’expertise, par exemple, en contribuant à ouvrir des boîtes noires, en discutant de jugements de valeur jouant dans des choix de recherche, ou en dévoilant des hypothèses implicites pour surmonter les incertitudes, comme dans l’épidémiologie populaire (rôle des associations de malades)

Argument normatif : d’inspiration habermassienne, un deuxième argument concerne la qualité de la démocratie et signale un déficit en termes de délibération qui pourrait être comblé par le biais de la participation, améliorant aussi la responsabilisation et la citoyenneté. La participation renforcerait la démocratie délibérative, car l’implication active des groupes concernés dans la prise de décision collective accomplit un travail politique de définition locale de ce qu’est le bien commun. Cet argument trouve aussi une traduction juridique dans la généralisation du droit à l’information et à la participation dans les processus décisionnels (cf. Convention d’Aarhus dans le cas de projets qui affectent l’environnement)

Argument instrumental : finalement, un troisième argument concerne la légitimité politique. Dans un monde controversé, la participation permet une gouvernance plus inclusive, ouvrant à la société civile des domaines jusqu’alors réservés aux experts, renforçant ainsi la légitimité de la décision politique. De même, étant donné la complexité et les incertitudes qui marquent les situations actantielles, la participation contribue à un apprentissage collectif, améliorant ainsi la conception et la mise en œuvre d’un projet ou d’une politique donnés.

Depuis les années 1990, on assiste à une explosion de travaux qui portent un intérêt croissant aux formes de démocratisation de la recherche et de l’expertise, notamment par le biais d’un examen des formes d’engagement entre différents acteurs de la société civile et les pouvoirs publics, dans le processus de décision et de production du savoir. Mettant en évidence les limites d’un engagement de la société civile pensée sur des modèles décisionniste, technocratique ou pragmatique, elles ont proposé des alternatives originales, comme celle du modèle de la co-production. Confrontés à la question du politique telle qu’elle apparaît à partir de conceptualisations macrosociologiques comme celles de la société du risque ou la nouvelle production du savoir, ces études lui donnent une substance empirique et un regard critique à une échelle micro.

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Les travaux de l’Unité de science studies de l’Université de Lancaster, au Royaume-Uni, et du Centre de sociologie de l’innovation de l’École des Mines, en France, sont deux exemples paradigmatiques de cette ligne de recherche.

a) La critique du modèle du déficit de compréhension publique de la science

Dans ce survol, on entrera dans la question de la participation de la société civile à la gouvernance de la recherche et l’expertise par la question des rapports entre connaissance experte et connaissance profane. Comme l’affirment Massiniano Bucchi et Federico Neresini (2007) dans un article de synthèse, la question de la participation remonte aux années 1970, avec l’émergence d’une préoccupation publique relative aux trajectoires de l’innovation technoscientifique et ses utilisations par le gouvernement, les militaires et l’industrie (Dickson, 1993).

Pourtant, la question de la participation dans la gouvernance scientifique et technique revient en force dans la littérature avec la critique, plus récente, du programme de la "compréhension publique de la science"

(public understanding of science ou PUS). Voyons donc en quoi a consisté le programme PUS et quelle a été sa critique, pour ensuite examiner l’idée de co- production qui a été proposée comme alternative.

Lancé en 1985 par la British Royal Society, le programme PUS était basé sur l’idée selon laquelle la résistance des citoyens à l’innovation technoscientifique est la conséquence d’un déficit de connaissances et de compréhension des bienfaits de la science (Ziman, 1991). Contre ce déficit, le programme PUS a mis en place des actions de promotion scientifique visant à former et informer le "public" dans le but de réduire les résistances sociales. Ces actions partagent plusieurs caractéristiques communes, à savoir 1) l’idée que la compréhension publique de la science coïncide avec la capacité de comprendre correctement la science telle qu’elle est communiquée par les experts ; 2) l’hypothèse selon laquelle cette compréhension assure une attitude favorable envers la science et l’innovation ; et 3) la tendance à ne problématiser que la composante "public", dans la relation science / public (Wynne, 1992).

Depuis les années 1990, nombre de recherches en sciences sociales – notamment celles menées par l’Unité de science studies de l’Université de Lancaster, au Royaume Uni – ont contesté hypothèses à la base de ce modèle et sa méthode de travail. D’après cette critique, le problème se situe dans le fait que les institutions analysent mal la prétendue incompréhension par le public des sciences et des techniques.

Concernant les hypothèses de départ, on a d’abord signalé que l’approche du PUS borne la question au problème tautologique que le public ne raisonne pas comme les experts (Wynne, 1991). Ensuite, il a été démontré qu’il n’existe pas de relation linéaire entre la compréhension de la science et les attitudes positives envers la science ; au contraire, la résistance à l’évolution technologique s’est avérée plus importante dans les sociétés avec un niveau de formation élevé (Bucchi et Neresini, 2002). L’opposition de certains secteurs de la société aux développements technoscientifiques n’est donc pas due à un déficit d’information et la question de l’engagement du public ne peut être réduite à celle de la résistance ou de l’acceptation des technologies. En général, la disjonction entre connaissance experte et connaissance profane n’est pas simplement due à un manque d’information mais au fait qu’il s’agit de types de connaissance qualitativement différents. La connaissance profane n’est pas une version inférieure à la connaissance experte ; elle ne se réduit pas

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non plus à l’information factuelle ; elle comprend aussi des jugements de valeur et des perspectives situées.

L’autre aspect de la critique du PUS concerne la façon d’étudier ces questions.

Aux enquêtes quantitatives à grande échelle considérées comme inadéquates, la critique a préféré les méthodes ethnographiques, les analyses du discours, et les études de cas minutieuses. Cette approche développée par les chercheurs en STS de l’Université de Lancaster permet de situer les interactions entre experts et profanes et d’offrir ainsi des définitions socialement contingentes de deux formes de connaissance distinctes.

Dans une étude de cas sur les électriciens de l’usine de retraitement nucléaire de Sellafield, en Angleterre, Mike Michael, anciennement à l’Université de Lancaster, montre par exemple que la compréhension ou le manque de compréhension du public est structuré par des relations d’identification et de différentiation par rapport à la science et son caractère institutionnellement situé (Michael, 1992).

Dans cette étude, il apparaît que les travailleurs ont des raisons bien précises qui expliquent leur manque d’intérêt pour l’information scientifique sur les risques d’irradiation. Les électriciens argumentent de leur côté en affirmant qu’une telle information les aurait conduit dans des discussions inutiles ; qu’il serait dangereux pour eux d’être confrontés à des incertitudes ou des estimations de risques ; et qu’ils font confiance à d’autres qui ont cette information dans leur lieu de travail. Le sociologue Brian Wynne de l’Université de Lancaster observe également que l’ignorance devient une fonction de l’intelligence sociale, une forme de compréhension de la science, dans les cas où l’information scientifique est par exemple considérée comme superflue (Wynne, 1995).

Une autre étude de cas, parmi les plus classiques de la littérature STS, est celle de Wynne sur la crise des "moutons radioactifs" qui a affecté en 1986 la région de Cumbria, en Angleterre, après l’accident de Tchernobyl. Les évaluations faites par les experts du gouvernement britannique, qui minimisaient le risque que les troupeaux de moutons de la région aient été contaminés par la pluie radioactive, se sont révélées erronées et ont dû être révisées. L’abattage et la vente des moutons de la région furent en conséquence interdits pendant deux ans. Contrairement aux experts officiels, les éleveurs avaient été préoccupés depuis le début. Leurs préoccupations n’étaient pas dues à une mécompréhension de la science ; elles étaient bien fondées sur leur expérience quotidienne du terrain. Cette situation a conduit à une perte de confiance dans les experts officiels : pour les éleveurs les évaluations officielles étaient biaisées par le désir du gouvernement d’enterrer l’affaire. Ainsi, l’étude montre la rencontre infructueuse de deux formes distinctes de connaissance : une indirecte, abstraite et formalisée, celle des experts officiels, et une autre, directe, basée sur l’expérience quotidienne, informelle, celle des éleveurs.

b) Le modèle de la co-production : démocratie technique, recherche déconfinée et forums hybrides

La critique du programme PUS a certes ouvert un nouvel espace de discussion sur la contribution du public à la recherche et l’expertise. Pourtant, selon Michel Callon du Centre de sociologie de l’innovation (CSI) à l’École des mines de Paris, il ne suffit pas de constater que les publics ont des compétences qui pourraient compléter celles des experts ; il faut dépasser l’obsession pour la démarcation entre la connaissance qui est scientifique et celle qui ne l’est pas (Callon, 1999).

S’appuyant sur la sociologie de la traduction, Michel Callon et ses collègues du CSI ont proposé le modèle de la co-production non seulement comme alternative originale au modèle habermassien du débat public présenté plus haut, mais

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encore comme tournant substantiel dans la critique du programme PUS. Dans le modèle de la co-production, le rôle des profanes et leur connaissance ne sont pas conçus comme un obstacle à dépasser par le biais de l’éducation scientifique ni comme une contribution qui enrichit l’expertise, mais comme un élément constitutif de la production de connaissance : la connaissance experte et la connaissance profane ne sont pas produites dans des contextes distincts ; elles sont le résultat de processus communs qui ont lieux dans de forums hybrides où interagissent différents types d’acteurs.

Ce modèle est développé notamment dans l’ouvrage Agir dans un monde incertain, essai sur la démocratie technique, où Michel Callon, Pierre Lascoumes et Yannick Barthe (2001) proposent un dépassement des grands partages entre savoir expert et profane et entre science et politique, développant l’idée d’une recherche déconfinée (ou en plein air) et d’une démocratie technique en situation d’incertitudes socio-techniques (Callon et al., 2001). Le modèle se focalise sur la co-production de nouvelles identités politiques des groupes concernés et des nouveaux objets de controverse, abandonnant la dichotomie sujet / objet pour privilégier, à sa place, les agencements qui rendent compte de façon symétrique des interactions entre humains et non-humains dans des contextes d’incertitude ou d’innovation. Les acteurs concernés s’impliquent directement dans le contenu et l’orientation même des questions scientifiques et techniques qui sont au centre des enjeux politiques, identitaires, développant leur propre expertise et proposant leur rôle dans le pilotage de la recherche.

Au cœur de cette conceptualisation, l’organisation des forums hybrides – espaces privilégiés d’expérimentation et d’apprentissages collectifs – apparaît comme la réponse appropriée aux incertitudes croissantes engendrées par les sciences et techniques, car elles permettent de pallier l’incapacité des systèmes classiques de démocratie représentative à gérer les controverses en instaurant des procédures plus dialogiques.

Les auteurs suivent l’idée d’Ulrich Beck selon laquelle la société des sciences et des techniques se caractérise par la multiplication des incertitudes et des controverses qui transforment l’apolitique en politique. En faisant toujours reculer les frontières de la connaissance, les sciences font toutefois apparaître de nouveaux objets hybrides, des enjeux sociotechniques liés à l’insertion des produits de la recherche, bouleversant et transformant en même temps le social et la nature. Des enjeux qui placent le décideur politique dans une situation où il doit agir en toute méconnaissance de cause. Les incertitudes se multiplient ainsi au fur et à mesure que la science progresse. Les controverses qui prennent place dans l’espace public sont aussi bien de nature scientifique et technique que de nature sociale, pouvant se résoudre par une dynamique d’alliances inattendues. On passe ainsi d’incertitudes radicales aux soupçons, des soupçons aux présomptions, et on aboutit parfois à la preuve reliant causes et effets. Dans ces conditions, les controverses constituent un enrichissement de la démocratie si on dépasse la posture habituelle d’autorité savante ou politique pour ouvrir la recherche à la société civile.

Les auteurs constatent dans ce contexte un dépassement du mode classique de conduite de la recherche. Depuis le 17ème siècle, la recherche est passée du régime de la curiosité où les faits étaient établis par des expériences publiques spectaculaires, au régime de l’utilité où le scientifique s’ingéniait à fournir documentation et instrumentation prouvant les faits, puis aujourd’hui au régime de l’exactitude qui a vu la multiplication d’instruments de plus en plus sensibles, sophistiqués et fragiles. Cette mutation technologique a poussé la recherche au

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