• Aucun résultat trouvé

L'Intermédiaire des Educateurs - Juin-Juillet 1916

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "L'Intermédiaire des Educateurs - Juin-Juillet 1916"

Copied!
16
0
0

Texte intégral

(1)

Journal

Reference

L'Intermédiaire des Educateurs - Juin-Juillet 1916

BOVET, Pierre (Ed.)

Abstract

Revue éditée par l'Institut J.-J. Rousseau / Ecole des sciences de l'Education de 1912 à 1920.

A fusionné avec L'Educateur.

BOVET, Pierre (Ed.). L'Intermédiaire des Educateurs - Juin-Juillet 1916. L'Intermédiaire des éducateurs, 1916, vol. 4, no. 39-40, p. 80-104

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:128148

Disclaimer: layout of this document may differ from the published version.

1 / 1

(2)

80 L'INTERMEDIAIRE DES :imUCA':i-EURS

de M. Paul ÜTLET, de Bruxelles, sur les méthodes bibliogra- phiques et le livre dans l enseignement.

Depuis la rentrée, M. ToREAU oE MARNEY nous_ a pa:le, le

21 mai, de l'idéographie, sa curieuse mnémotechnique visuelle pour l'enseignemeot de la grammaire; M. John JAQUES nous a entretenus, le 2.3 mai, des enquêtes sociales, avec _toute la com­

_péteoce que lui donnent ses fonctions de secrétaire du Bureau de bienfaisance.

Le r 5 mai nous avons visité, au Bois de la Bâtie, l'Ecole en plein air,' dont M. le D• Alec. Cramer nous a expliqué _les principes et le fonctionnement -avec une bonne g�âce parfaite.

L' «Amicale" a tenu séauce le 16 mars (causerie de MU• E.

Huguenin sur l'OdenwaJdschule) et le 26 avril. Le 17 mai on a réalisé avec grand succès un projet déjà ancien de souper à la campagne, à Fossard, et de ret0ur au clair de lune.

Le comité a été renouvelé pour l'été. Il est présidé par M. Junod.

Sortie charmante à Dardagny, le dimanche 7 mai. Le retour par Cartigny nous a valu le plaisir d'assister à la fête du Feuillu célébrée par les enfants du village.

· La Maison des Petits a inauguré avec plein succès des réu­

nions mensuelles de mamans.

L'Education de mars co:uient sur le mouvement de renova­

tion pédagogique en Espagne un bel article de notre ami M.

Vila. Les anciens de l'lnstittn y reconpaîtront un travail pré­

senté à la conférence de M. Ferrière. Sous le titre: Dévelop­

pement et aptitude, le Bulletin de la Société pédagogique gene­

voise de mars donne in extenso un plan de huit épreuves à faire en classe préparé par M. Claparède. Il a été tiré à part, et les personnes qui voudront s'associer à ces recherches peuvent le demander à l'Institut J.-J. Rousseau. ---

On nous signale dans des périodiques roumafo et arménien des articles de Mm• ALEXANDREscu et de M. ÛZANIAN, anciens élèves de l'Institut.

A peu de jours de distance, nous avons appris avec douleur que Mme Artus perdait sa mère, Mme Falier son beau-frère, et Mme Bethmann sa belle-sœur.

L'intermédiaire

des

Éducateurs

4• ANNEE - N° 39-40 - Jurn-JUILLET 1916

Recherches sur l'imagination.

Le n° 20 de !'Intermédiaire (juillet 1914) a publié sous ce titre un article de Mlle Giroud avec indication de cinq sortes d'expériences, parmi lesquelles finter­ prétation des taches d'encre 1, ainsi décrite: « Les huit

taches d'encre qui se trouvent sur la feuille ci-incluse seront présentées, l'une après l'autre, aux sujets d'expérience. Il s'agira pour eux d interpréter les formes de ces taches d'encre, tout comme les enfants interprètent, par exemple, pour s'amuser, la forme des nuages ou celle des flammes dans la cheminée. >1

L'expérience ayant été faite réce-mment à Plnstitut par Mlle Franklyn de très intéressante façon, et reprise par Mlle Machard et M. Junod, celui-ci a formulé la technique suivante :

. Faire l'expérience pour une personne à la fois;

- présenter chacune des taches séparément ; - les présenter dans la position ordinaire . de la

page; ne pas permettre qu'on les retourne; ...

- noter le temps compris entre le moment où"l•on présente la tache et la réponse ; noter toute la réponse ;

- ne pas attendre plus de trente secondes.

Il m'a semblé qu'il y aurait avantage à donner un

1 Nos anciens lecteurs nous excuseront de leur donner de nouve?u '?n cliché qu'ils ont déjà eu sous les yeux. II nous a paru md1spensable à l'intelligence de l'article de M. de Sousa. (Réd.)

(3)

L'INTERMÉDIAIRE DES EDUCATEURS

complément à cette recherche : après l'expérience ci-dessus indiquée, demander au sujet de dessiner ce que la tache lui a suggéré, en se soumettant aux données de celle-ci. Mon idée était que le dessin sti­

mulerait le sujet à préciser sa pensée (Mlle Giroud se plaint de l'ennui ressenti par les adultes) et qu'il corrigerait pour l'expérimentateur ce qu'il y a de trop sommaire, de défectueux et d'imprécis dans la réponse verbale ; une même réponse verbale peut correspondre à des visions très inégales comme richesse et comme précision.

D'après un essai avec sept sujets j'ai été amené à proposer la technique et la classification des réponses qui suivent :

Technique. - Donner au sujet des feuilles séparées et numérotées de papier blanc de 15 X 10 centimètres pour chaque tache ; un crayon ordinaire; un crayon rouge, un jaune, un vert, un bleu, pour qu'il emploie des couleurs s'il le veut (mais ne pas lui présenter ces crayons de façon qu'il se croie obligé d'en faire usage : il doit seulement mettre des couleurs lorsqu'il voit spontanément en couleur) ;

Avoir un nombre plus grand de taches, et non pas seulement les huit de cette page, pour voir si certaines tendances se confirment (par exemple, celle d'iden­

tifier les taches avec des souvenirs historiques, comme l'oie du Capitole, tache 4, apothéose de Socrate, tache 5);

Donner au moins soixante secondes pour le dessin, et, après, vingt secondes pour écrire la description du dessin et signer. (Je crois en tout cas qu'il ne faJ,It pas

RECHERCHES SUR L'IMAGINATION

arrêter le sujet s'il dépense son temps à dessiner ce qu'il a trouvé, et non pas à chercher à trouver quelque chose.)

Pour le dépouillement : Analyser les dessins d'un même sujet, les comparant avec les taches ; après, comparer les dessins d'une même tache par des sujets différents (entre eux, et par rapport à la tache corres­

pondante).

Il me semble que le dessin rend réellement l'expé­

rience plus riche et plus précise, et que, si l'on avait un nombre plus grand de taches, on pourrait trouver de l'intérêt à déceler clairement la prédominance, chez de nombreux individus, de certaines espèces indiquées dans cette classification. Le dessin met en relief les différences individuelles, fait qui est remar­

quable chez quelques-uns de mes sujets, comme par exemple le sujet A, abstrait, et les sujets F et G, à la vision concrète, détaillée, et complexe. Voyez leurs réponses:

Sujet�: Un� bête (IJ; 11n animal marin (1); un animal avec grosse tete et Jambes courtes (I) ; un chat renversé (II)· une

chèvre (II); un chameau (II). '

. Sujet F: U� s�rgent commandant (III); une grue sur Je qui­

vive (III) ; tr�1s bet�s sur un tronc d'arbre (IV); un brigand riant (III); une bete fouillant (III); un ours mort (Il) ; un Bédouin à cheval se retournant en arrière et tirant un fusil (V). Comme on le voit, ce sujet présente fréquemment ce que j'ai appelé des caractères d'individuation: le bonhomme n'est pas un homme t?ut court, mais un sergent qui commande, ou un brigand qui nt; la grue est sur le qui-vive ; l'homme à cheval est un Bédouin qui se retourne pour tirer son fusil ; la bête fouille.

Sujet G: Un soldat (Ill); une conversiztionfantastique (dessin très précis) (V); campagnard à cheval (IVJ; militaire casqué sur un cha!"leau (IV); rat qui a renversé un verre de lait devant une

(4)

86 L'INTERMÉDIAIRE DES EDUCATEURS

Les dessins obtenus me semblent justifier deux classifications : A. Quant à

CLASSIFICATIONS

A. 1. Paysage (très rare). Vision très générale, abstraite (1).

2. Formes animées

Formes simples­

(un seul per­

sonnage).

Formes com-

Détermination de l'espèce de l'objet, sans rien de plus (II).

Individuation de l'objet (III).

Avec action simple (IV).

p l exes (per- Avec action complexe (V).

sonnage avec choses, ou plus d'un per- sonnage).

B. 1. Fragmentation, ou sélection sans composition (suppression des par­

ties non sélectionnées).

2. Unification de toute la tache en un objet.

3. Subordination, ou sélection avec composition (les parties non sélec­

tionnées forment aussi un objet, mais secondaire).

RECHERCHES SUR L'IMAGINATION l'objet vu. B. Quant au procédé psychologique du sujet.

EXEMPLES Un animal, une bête, un animal ma­

rin (chez un des 7 sujets cette forme prédomine très nettement; ces trois exemples sont pris chez ce sujet, qui a fait seulement 6 dessins; ils consti­

tuent donc la moitié de ses réponses;

l'autre moitié ne dépasse pas la classe suivante).

Une chèvre, un chameau, un chat (les autres réponses du sujet précédent).

Cette dénomin_ati?n

?:

doit_ pas être prise à la rigueur; elle comprend non seu_lement la vra!e md1v1duat1on, comme Socrate, tache 5, Richepin, tache r, mais des cas ou une détermination au

caractère précis (action, souvenir histo­

rique, profession, classe sociale, etc.) s'ajoute à l'indication de l'espèce, comme dans oie du Capitole, tache 4, suffragette, tache 5, et non seulement oie, femme.

Sorcière assise sur un dragon, tache 2, gnomes sur une chèvre, tache 3.

Bédouin à cheval se retournant en arrière et tirant un fusil, tache 8 ; homme qui court chercher du secours pour l'incendie de sa maison, tache 6;

cortège d'hommage à un buste de Napoléon, tache 7.

1. Lapin, tache 5 (fig. 1 ).

2. Suffragette, tache 5 (fig. 2).

3. Rat qui a renversé un verre de lait devant une souricière tache 5 (fig. 3).

(5)

88

L'INTERMÉDIAIRE DES EDUCATEURS

souricière (V); homme qui court chercher du secours po_ur l'in­

cendie de sa maison {V); hommage à un buste de Napoleon (V;;

le Semeur (III) dessin très précis).

Certaines taches ressemblent trop à une image déterminée, d'où il résulte qu'elles déclanchent trop souvent la même réponse; la tache 7, par exemple, a été vue cinq fois sur sept comme un animal ort ou renversé.

A la Maison des Petits.

( Extraits du cahier de notes journalières).

Les grands ont manifesté le désir de visiter la cathé­

drale de Saint-Pierre, ce projet est mis à exécution le

18 avril 1916. La joyeuse bande s'arrête sur la -place de la Tacorinerie, en contemplation; Lucien fait part à ses amis de_ses impressions:

- Tu sais, elle est très vieille cette église, tu vois comm� elle est noire? c'est drôle hein; les maisons, les églises quand elles sont très vieilles elles de­

viennent toutes noires et les hommes quand ils sont vieux, ils deviennent tout blancs.

.Nous entrons, les enfants sont saisis tout d'abord par l'obscurité, puis par le profond silence, ils n'osent parler. Après quelques minutes, l'on entend quelques exclamations: << C'est beau! c'est beau!» lshar admire les colonnes et demande comment on a pu les faire si hautes. La chaise de Calvin intéresse vivement Eliane, tandis que le tombeau du duc de Rohan attire spé­

cialement l'attention de quelques autres enfants.

A LA MAISON DES PETITS

Puis nous faisons l'ascension de la tour, la vue des cloches suscite de nombreuses questions, auxquelles l'aimable concierge répond en fournissant tous les détails intéressants qui captivent surtout les garçons.

Gaby. - Moi, quand je serai grand, je serai sonneur de la Clémence !

Puis, après quelques secondes de réflexion, com­

parant le son à l'immensité de la cloche.

- Oh ! je crois qu'on choisit des hommes sourds, pour ça !

Et le concierge rectifie.

Nous monfons encore, et faisons une promenade sur la dernière galerie; ce n'est point la vue merveil­

leuse qui frappe les enfants, mais bien la hauteur qui les saisit.

Linette. - On est plus dans le ciel que sur la terre.

Marguerite. - Mais oui, tu comprends, c'est exprès puisque c'est une église; il faut que Dieu la voie très bien depuis le ciel, puisque c'est sa maison.

La descente s'effectue, et nous visitons encore la chapelle des Macchabées. M. X. joue de l'orgue; c'est encore un élément d'intérêt. Blanche s'approche et lui demande de bien vouloir jouer un chant qu'elle puisse chanter avec ses petits amis, et tous entonnent

« Sur nos monts, quand le soleil... ))' avec quelle joie 1 Puis, la petite bande se remet en route, emportant des souvenirs ineffaçables.

Quelques jours plus tard, passant dans la splen­

dide avenue de marronniers de Monsieur Cl., quel­

ques enfants s'écrient:

(6)

L'INTERMEDIAIRE DES EDUCATEURS

- Ah ! c'est comme la cathédrale ! les troncs, c'est des colonnes.

Lucien. - Mais oui, les maçons ont copié ça.

/shar. - Oui, les maçons font les colonnes en pierre, mais les troncs, c'est Dieu qui les a faits.

M. A.

QUESTIONS ET RÉPONSES:

Réponses.

40. A PROPOS DE L'AGE OU IL CONVIENT DE SAVOIR LIRE.

- Quand l'enfant doit-il savoir lire? Le plus tôt pos­

sible, disent les uns; plus tôt il lira, plus vite il s'instruira. Voyons un peu.

Par une méthode perfectionnée et rapide, Louis a appris à lire à six ans déjà. Il est en avance d'une année sur ses camarades; à sept ans, il fait des dic­

tées; à huit, des compositions; à neuf, il sait sa grammaire élémentaire. Il va entrer au collège beau premier. Oui, mais combien de temps cela durera-t-il?

Le livre est devenu trop tôt son principal instru­

ment de travail ; c'est un oracle sacré que Louis con­

·sulte à l'exclusion de tous les autres. Il n'a pas l'idée de chercher lui-même une solution que l'expérience de sès sens o� la simple observation lui fournirait;

non; il préfère s'adresser à son dictionnaire ou à son manuel de sciences. C'est plus vite fait. Et cette ha­

bitude de puiser les connaissances dans les livres, de consulter d'abord le's textes, les documents écrits, laisse dans l'esprit une tendance marquée à négliger le témoignage immédiat de la réalité. Et plus tard,

QUESTIONS ET RÉPONSES

Louis gardera ce pli du premier âge; il se fiera plus à un propos écrit qu'à un fait d'expérience. N'est-ce pas fâcheux? Mais il y a plus.

La culture trop hâtive par le livre a produit, chez notre jeune prodige, une dépression de l'activité phy­

sique et sensorielle, et son caractère en porte la trace peut-être indélébile. Sa personnalité n'a pas eu l'oc­

casion de réagir sur le milieu naturel et ·social, qu'il ne connaît qu'à travers les mots. Et �eux-ci, arrivés trop tôt et en trop grande affluence dans la conscie�ce, n'ont qu'une valeur d'emprunt; beaucoup sont vides de sens, parce qu'à l'heure où ils lui sont apparus pour la première fois, Louis était encore trop p

_auvre de sensations et d'intuitions. Les études ultérieures répareront-elles ce déficit? Jamais suffisamme�t. 1� Y a une harmonie indispensable à créer et à mamtenir, dès le premier âge, entre le contingent des mots et celui des choses; or une activité livresque prématu­

rée vient troubler cet équilibre et compromettre le cours réirulier du développement mental de l'enfant. La question capitale est donc, non pas de savoir s'il est trop tôt que l'enfant sache lire à six ans, mais bien si son esprit, si ses perceptions, si son pouvoir d'abstraction de mémoire, de réflexion sont assez exercés pour que les mots et les formes du langage écrit trouvent dans sa conscience une place toute prête.

Il nou's semble que M. Vaney a raison de ne pas avancer l'âge du petit lecteur et qu'il y a tout profit à le retarder un peu. Si à Paris on apprend a lire de six à sept ans, on peut, chez nous, admettre que l'âge de sept à huit est une norme moyenne assez exacte.

(7)

92 L'INTERMEDIAIRE DES EDUCATEURS

Et nous nous demandons si les lecteurs tardifs subis­

sent de ce fait un tort appréciable ? Pour avoir appris à lire à huit ou neuf ans seulement, seront-ils moins curieux de ce que leur dira le livre ou le journal? Liront­

ils avec moins d'intelligence et de goût? N'est-ce pas plutôt un profit pour eux de s'être attachés d'abord aux choses, aux faits immédiats, aux phénomènes que la vie ·apporte jour après jour, un peu au hasard?

Un retard de quelques mois ou même d'une année dans l'apprentissage de la lecture ne nous semble donc pas préjudiciable. Il peut même être favorable en ce sens que ce travail demande de l'enfant un effort moindre que s'il est réalisé trop tôt et il nécessite aussi un temps moins long. Voilà pourquoi nous esti­

mons qu'il ne faut pas hâter le moment où l'enfant doit apprendre à lire.

Ecole Normale de Lausanne.

u.

BRIOD.

- A quel âge est-il le plus avantageux que l'en­

fant apprenne à lire? A part quelques observations de Fouquet et Vaney, publiées dans le Bul. de la Soc. ps. de l'Enfant (1908), il n'existe pas, à ma con­

naissance, de tentatives de répondre à cette question d'une façon expérimentale. Vaney a constaté qu' « on apprend bien plus vite à lire de 7 à 8 ans que de 6 à 7 ans » ; malgré cela, il estime qu'il faut apprendre à lire de 6 à 7 ans, car celui qui ne sait pas déjà lire à 7 ans subit un certain préjudice dans ses études.

Mais cette conclusion est-elle justifiée psychologique­

ment? Est-elle autre chose qu'une pétition de prin­

cipe ? Les études des écoles primaires font du livre

QUESTIONS ET REPONSES 93 le moyen primordial d'acquisition des connaissances et d'exercice du jugement, le graphisme est au pre­

mier plan du travail scolaire, rien d'étonnant donc que celui qui est en retard pour la lectUre soit en retard pour ses études, puisque, dans ce régime, la lecture est la clef de tout le reste. Mais précisément il y aurait lieu de déterminer si cette mise au premier plan de la lecture et du graphisme, dans les premières années d'école primaire, n'est pas une erreur psychologique.

Or, tout semble indiquer qu'il en soit ainsi, pour autant du moins que nous pouvons raisonner par voie déductive, puisque nous manquons d'indications em­

piriques.

Voici, à mon sens, quels sont les inconvénients d'un apprentissage prématuré de la lecture:

1. L'usage prématuré de la lecture inhibe, paralyse, trouble le développement normal de l'esprit de l'enfant:

ce développement consiste en une croissance pro­

gressive de l'expérience de l'enfant. L'enfant qui se développe est actif, il acquiert des expériences et per­

fectionne ses moyens de contrôle sur le monde ex­

térieur, contrôle musculaire, contrôle mental. L'acti­

vité est la condition sine qua non de la saine évolution de ce processus de croissance mentale. Or, la lecture change complètement l'attitude de l'enfant; d'actif, il devient passif. Au lieu de faire des expériences, il emmagasine des mots; il n'est pas même mis en pré­

sence des expériences des autres, car les textes qui peuvent être offerts à des enfants de six ou sept ans ne permettent pas des exposés de cette nature. Bref, la lecture substitue le verbalisme au dynamisme.

(8)

94 L'INTERMEDIAIRE DES EDUCATEURS

2. La connaissance de la lecture est encore un dan­

ger en ce sens qu'elle constitue pour !e maître une grande tentation : il est bien plus facile de donner aux enfants à lire un livre, à mémoriser des pages imprimées, qu'à lui mont:e: les ch�ses elle

1s-mê�es.

Représentez-vous quelle vie il y aurait da?s 1 enseigne­

ment s'il était interdit de mettre un hvre entre les

'

. mains des écoliers ayant moins de neuf ou dix ans l 3. L'acquisition normale d'une langue doit se faire par l'oreille. En déyeloppant trop tôt chez les enfants des images visuelles des mots, on fait co�c_urrence au développement de la mémoire verbo-aud1t1ve. On substitue la capacité de lire à la capacité d'user de la parole spontanée. (Des recherches devraient être faites pour nous apprendre dans quelle mesure l'exer­

cice de la lecture développe, ou au contraire entrave la capacité de la parole.) Pour le début de l'étude �es langues étrangères, le fait que les enfants savent hre est certainement un danger; on leur inculque par la vue ce qui devrait être transmis par l'ouïe. L'image verbo-'visuelle n'est pas capable, comme la verbo­

auditive, de participer au langage intérieur. Or, pour parler une langue, il faut commencer par être capable de penser dans cette langue.

4. La myopie est dans une certaine relation avec la lecture. Plus l'œil est jeune, plus il est susceptible d'être déformé par les saccades musculaires impli- quées par l'acte de lecture.

. . .

5. Lorsque l'enfant apprend à hre trop Jeune, il faut employer à cette étude un temps beaucoup plus long que lorsqu'il est plus âgé. Or, l'apprentissage

QUESTIONS ET REPONSES 95

des lettres est une pure mémorisation qui, en soi, n'a aucune valeur pour la culture de l'intelligence.

Ce long temps serait avantageusement employé à des exercices d'attention, d'élocution, de témoignage, etc., mettant en jeu l'activité fonctionnelle de l'enfant.

6. Lorsqu'un enfant sait lire à six ans, on ne sait que lui faire lire. Les livres de lecture pour enfants dè cet âge sont le plus souvent d'une platitude déso­

lante. Et l'écolier prend la lecture en grippe. Le but de la lecture n'est pas de « lire pour lire », mais de lire quelque chose d'intéressant. (Ce n'est que dans les premiers temps où ils savent lire que les enfants éprouvent un grand plaisir à « lire pour lire » ; le fait de lire est alors pour beaucoup un véritable jeu.)

7. L'habitude de lire au lieu de regarder, de pren­

dre ses opinions dans les journaux au lieu de s'en taire par soi-même, de croire ce qui est imprimé, etc., est très répandue dans notre public contemporain.

Sans doute provient-elle de la prépondérance qu'on donne, d'ès les premières classes de l'école, à la lecture.

Le début précoce de la lecture est peut-être justifié s'il s'agit d'enfants devant quitter l'école de bonne heure, à dix ou onze ans. Mais il y a tendance au­

jourd'hui à prolonger la scolarité. Il faudrait en pro­

fiter pour retarder le début de la lecture (sans em­

pêcher, cela va sans dire, les enfants qui s'intéressent spontanément aux lettres, d'apprendre l'alphabet, ou de s'essayer à lire tout seuls s'ils en ont envie).

Les parents sont souvent coupables en exigeant, par pur amour-propre que leurs enfants sachent lire de bonne heure. Or la lecture est un acte purement

(9)

L'INTERMÉDIAIRE DES EDUCATEURS

mécanique, ne faisant guère intervenir l'intelligence.

Il y a des imbéciles d'asile qui lisent et écrivent très bien. Mais le préjugé qu'un enfant ne sachant pas lire à six ans est un arriéré est un préjugé enraciné dans l1esprit des mamans et des papas, et il aura la vie dure, comme tous les préjugés.

L'enseignement prématuré de la lecture constitue un de ces cas de « court-circuit scolaire» (v. ma Psy­

cho[. de /'Enfant, 5me éd., p. 502) qui a l'inconvénient de troubler le développement normal de l'esprit en brûlant quelques étapes qu'il serait nécessaire de parcourir. Et, au total, au lieu de agner du te s

on en perd. ED. CLAPARÈDE.

4:t. L'APTITUDE DES GARÇONS ET D,:.,y��""--""-""

CUL. - Starch (Journal of Educational Psychology, avril 1916) a mesuré récemment l'aptitude au calcul de 429 écoliers des deux sexes à l'aide d'une échelle de problèmes méthodiquement gradués. Il a trouvé dans toutes les classes (de la IVe

=

10 ans, à la VIIIe

=

14 ans) les garçons supérieurs aux filles. La supé­

riorité est particulièrement marquée dans la Ve ( 1 I ans) et la vne ( 13 ans). Il conclut: (( Ce fait est frappant si l'on se rappelle que les fillettes égalent et dépassent ies garçons en lecture (rapidité et intelligence), en écriture (rapidité et quaJité) et en orthographe. »

- M. S.-A. CouRTIS nous signale une étude qu'il a publiée sur les différences entre garççms et fillettes dans les leçons d'arithmétique (Committee on School lnquir_y New-York Cit_y, p. 136). cc En général on peut dire que les différences de sexe sont marquées :

QUESTIONS ET REPONSES

97

les fillettes dépassent les garçons pour le travail mé­

canique, les garçons dépassent les fillettes pour le travail de raisonnement. Pratiquement, et pour au­

tant qu'il s'agit du programme scolaire, ces diffé­

rences sont sans portée.

Pour la table de multiplication, par exemple, un garçon de 13 ans obtient 100 unités de l'échelle 'et la fillette 110. La moyenne des fillettes est de 2,8 unités supérieure à celle des garçons.

47

°lo

des fillettes et 38

¼

des garçons sont au-des­

sus de la moyenne des filles.

39

°lo

des fillettes et So 0/o des garçons sont au-des­

sous de la moyenne des garçons.

On pourrait faire des constatations analogues pour d'autres tests. Ma préoccupation principale étant d'accroitre le rendement de l'enseignement, nous n'enregistrons pas à part les résultats de chacun des deux sexes. »

Vieux livres d'enfants.

Ayant l'intention de faire l'hiver prochain quelques leçons sur;- l'histoire de la littérature pour enfants, je serai extrêmement reconnaissant aux lecteurs de l'Intei·médiaire qui voudront bien me signaler les vieux livres d'enfants (antérieurs à 1860) qui pour­

raient se trouver en leur possession et qu'ils seraient disposés à me confier pour quelque temps 1•

Pierre BovET.

1 Si en outre mes correspondants veulent bien me faire savoir lesquels de ces livres ils se.raient disposés à me ct'.!.!er définitivement e1 à quel prix, ils me rendront un second ser­

vice, car j'essaie Je ml! constirner une collection permanente.

(10)

ÙNTERMEDIA1RE DES EDtlCA TEURS

LIVRES NOUVEAUX i

Ed. CtAPAR�èDF., Psychologie de !'Enfant et Pédagogie expérimentale, 5m• édüion, revue et augmentée, 580 p., 43 fig., Genève, Kündig, 1916 (Fr. 8.). - Cetce nouvelle édition sera la bienvenue de tous ceux qui ont à se mettre au courant des problèmes et des mé"thodes de ln psychologie de l'enfant, envi­

sagée sous l'angle de l'éducation. L'édition précédente était en effet épuisée depuis quelques années, et le besoin d'un traité de psychologie en langue française, ex.posant les questions nouvelles_, se faisait vivement sentir. Cette nouvelle édition cons·

rime, somme toute, une œuvre nouvelle: el1e a presque qua­

druplé d'étendue. L auteur s'est surtout att�ché à développer son chapitre sur les méthodes, de façon à donner un aper_çu des procédés graphiques et numériques (courbes de fréquence, ogive de Galton, stotisdques, pourcentages. corrélation, etc.) permettant de comparer entre eux les résultats des observ:n ions et des expériences. Le chapitre sur le Développement mental s'est accru de paragraphes nou,·eaux sur !e jeu. notamment sur les relations du jeu et du trnvail. Les index bibliogra­

phiques à la fin des ·chapitres et un très grand nombre de travaux cités permettront :iux lecteurs qui voudraient pousser plus loin leur étude de la question de s'orienter aisém-int.

Raccolta di letture italiane. (Zurich, Orell-Füssli). - Après les morceaux choisis de Chiesa les mêmes éditeurs don­

nent à nos écoles une collection d'auteurs italiens. Ils débu­

tent par des pages choisies des Promessi Sposi, préparées par M. Donati. Six pages d'introduction sur l'auteur et l'œuvre, des accents sur les mots difficiles quelques notes très suc­

cinc1es en italien. L'aspect du petit volume (200 pages; 2 fr.) esr engagennt. ous n'en dirons pas aurnnt les illustrations·

peut-être ont-elles une , a leur archéolo<>ique que nous igno­

rons.

CHRONIQUE DE L'INS11TUT:

Plans d'études.

Nos amis de la première heure se rappellent peut-être avoir éprouvé un sentiment d'inquiétude en présence de ce que le programme de l'Institut J.-J. Rousseau avait à ses débuts d'im-

CHRONIQUE DE L'INSTITUT 99

merise et d'indéfini. Nous pressentions des besoins nombreux sans pouvoir cependant dire d'avance lesquels seraient les plus pressants. Les quatre années d'expérience que no).ls avons maintenant derrière nous n'ont pas rétréci ·notre horizon, mais elles ont prêcisè notre vision des buts à a1teindre. Nous savons mieux maintenant ce que nos élèves viennent chercher à l'Ins­

titut et ce qu'il convient que nous leur donnions pour que leur séjour parmi nous lem soit aussi profitable que possible.�

moment nous a paru venu de donner une forme énérale à des pl s tu es que nous av10ns jusqu'ici proposés 10 ividuel­

lement a nos eleves, et de pt éciSc:r par la-me me la s1g01tication de nos diplômes.et les condmons a remplir pour les obtenir.

Nous avons essaye de reag1r contre la surcharge des pro­

grammes primaires, secondaires et universitaires en marquant aussi nettement que possible le but pratique des études que nous proposons à nos élèves et en y subordonnant organique­

ment les études théoriques que nous leur conseillons. Aussi croyons-nous qu'un extrait de nos programmes d'études pourra intéresser mème des lecteurs étrangers â notre Ecole.

L' · ut J.-J. Rousseau délivre des certificats d'étude et des i 16mes

Le certificat d'études atteste que le porreur a suivi pendant deux semestres au moins les cours et !es services pratiques de l'Institut en qualité d'êlève régulier, en prenant une part active et satisfaisante aux travaux de trois conférences au moins '(psychologie expérimentale, psychologie des anormaux édu­

cation morale, éducation des tout-petits, pédagogie expérimen­

tale, didactique, anthropométrie scolaire rra vaux manuels, etc. l Le dipl6me (donnant droit au titre d'élève diplrimri de l'lns·

titut qu'il qualité" J

s'est .-J.

d'élève préparé

Rousseau) régulier à

1 activité atteste

pendant que pratique

le quatre

spéciale porteur

semestres a dont

été son au inscrit

diplôme moins, en porte la mention et qu'à la suite des travaux qu'il a présentés il a été jugé capable d'y poursuivre une carrière utile.

Les mentions actuellement prévues par l'Institut J .-J, Rousseau sont les suivantes: r. Education des petits. -2. Direc- tion d'école. - 3. Pédologie. - 4. Protection de l'enfance. _

r. Education des Petits

Pour former de futures éducatrices des petits (directrices de Jardins d'enfants ou de Maisons des Petits) il importe de leur

(11)

IOO L'INTERMEDIAIRE DES EDUCATEURS

donner l'occasion de connaître l'enfant, d'étudier ses intérêts et le développement de sa personnalité, de s'exercer à lui pré­

senter corwenablement ce qui stimulera son activitè.

De là la place qu'eccupe au premier plan de Jeurs études un stage pratique à La Maison des Petits et des exercices spéciaux de psychologie et de didactique.

Cours:

. .

Parmi les cours portés au programme de l'Institut, .

. '

ceux qui tnteressent specialement les futures éducatrices des petits se groupent sous les rubriques suivantes:

I. Psychologie, - 2. Connaissance de l'enfant anormal. - 3. Maladies des enfants et hygiène scolaire. - 4. Education morale. - S. Enseignement des petits. - 6. Education artis­

tique et arts manuels. - 7. Education physique.

Ces cou�s sont répartis sur 4 semestres de façon à repré­

senter environ ro heures de cours par semaine. Des travaux spéciaux répartis sur 4 semestres sont prévus en connexion avec ces différents cours et notamment avec celui sur l'en­

seignement des petits.

Travaux p�atiques '. Les travaux pratiques sont représentés par 1-e st�ge a la Marson des Petits qui comprend 4 matinées par semarne pendant 2 ans au moins.

PQ.E!_r obtenir un d iplArne de l'Institut le candidat devra avoir pr�uv� à ses professeurs qu'il est capable de diriger d'une façon sansfa1sante un groupe "d'enfants de 3 à 7 ans.

2. Direction d'école.

, S'il s'a_gi� de préparer de futurs directeurs (ou inspecteurs) d �cole, .11 importe de les mettre à même de se faire une opinion raisonne� sur la :"_leur des méthodes didactiques, en les exerçant a les _apprec1cr dans leurs rapports avec la psychologie de l en_faot e.t a e� �ormuler les résultats de façon scientifique.

De la la necessJte de mettre ou premier plan des études d'une part la psychologie, de l'autre la didactique (méthodologie) générale et spéciale.

Cours: L�s cours portés au programme de l'Institut qui in té­

ressent spécialement les futurs directeurs d'école se groupent sous les rubriques suivantes :

_1-4 comme ci-dessus. - 5. Didactique et organisation sco­

laire. - 6. Pédagogie expérimentale. - 7. Dessin et travaux manuels.

CHRONIQUE DE L'INSTITUT IOI Ils sont répartis sur 4 semestres de façon à représenter environ 16 heures de cours par semaine.

Travaux pratiques: Les élèves travaillant dans cette direction prendront part notamment aux travaux pratiques suivants:

r. Visites de classes et rapports sur ces visites;

2. Participation active à la consultation pédagogique de la Classe d'Entraînement;

3. Assistance à la consultation médico-pédagogique.

Pour obtenir le diplôme le candidat devra avoir prouvé:

I" qu'i1 est capable de fatre rexamen psychologique d'un enfant

et d'en tirer les conclusions pédagogiques que son cas com­

porte; 20 qu'il est à même de se faire une opinion sur un pro­

gramme d'enseignement, sur une classe et sur une école dans son ensemble.

3. Pédologie.

Il s'agit de préparer des spécialistes de la science de l'enfant qui puissent, dans les laboratoires de psychologie et de pédo­

logie, devenir les auxiliaires des éducateurs et des médecins.

La psychologie et les méthodes d'investigation et de mesure sont au premier plan du programme d'études.

Les cours qui intéressent spécialement les candidats à ce diplôme sont groupés sous les rubriques suivantes:

1-4 comme ci-dessus. - S. Pédagogie expérimentale.

6. Statistique. - 7. Bibliographie.

Ils sont répartis sur 4 semestres de façon à représenter envi­

ron x 2 heures par semaine.

Les travaux pratiques comprennent pendant deux ans :

1. Une demi-journée de travail par semaine au Laboratoire de psychologie expérimentale ;

�- La participation à la consultation pédagogique de la Classe d'entraînement;

3. L'assistance à la consultation médico-pédadogique.

Pour obtenir le diplôme de l'Institut le candidat devra avoir prouve à ses professeurs qu'il est capable: I" de faire la mo­

nographie psychologique complète d'un enfant; 2" de pour­

suivre des recherches psychologiques originales.

4. Protection de l'enfance.

Il s'agit de préparer des agents intelligents pour les services de solidarité sociale qui s'occupent de l'enfance.

(12)

l02 L'INTERMÉDIAIRE DES EDUCATEURS

La connaissance de l'enfant d'une part, celle du milieu social. d'autre part sont au premier plan du programme d'études.

Les couts qui intéressent spécialement les candidats à ce diplôme sont groupés sous les rubriques suivantes :

1-4 comme ci-dessus. - S. Sciences sociales. - 6. Eléments du droit. - 7. Statistique.

Ils sont répartis sur 4 semestres de façon à représenter envi­

ron 13 heures par semaine.

Les travaux pratiques comprennent pendant deux ans:

1. L'étude concrète d'œuvres sociales relatives à l'enfance, la présentation des rapports ;

2. L'assistance aux consultations médico-pédagogiques;

3. Des visites à domicile et des enquêtes sur des familles d'enfants.

Pour obtenir le diplôme de l'Institut le candidat devra avoir prouvé à ses professeurs qu'il est capable: 10 de faire une enquête sur un enfant et son milieu social, et d'en tirer les conséquences pratiques que le cas comporte; 20 de se faire une idée raisonnée de la marche d'un service social relatif à l'enfance.

Pendant ce dernier mois dè travail, nous avons eu encore plusieurs causeries et conférences. Le 16 M. Léon DEMOLE nous a entretenus des fonctions de la Chambre des tutelles avec une compétence et une clarté qui ont été très appréciées.

Dans le même ordre d'idées, le 5 juillet, M. Paul Lo Goz nous a parlé de ce sujet captivant : Les Tribunaux d'enfants, avec une véritable maîtrise. I.e 14 juin, notre ami M. FARIA ni;;

VAscoNCELLos, retour de Cuba, nous a fait connaitre l'Ecole nouvelle, fondée par le gouvernement de la grande île et qu'il u été appelé à diriger. li l'a fait en élevant le sujet à une hau­

teur que nous avons admirée, mais qui n'a pas étonné ses auditeurs de l'an dernier.

Une grande joie nous a été procurée à tous par l'arrivée que nous n'osions plus espérer de notre ami M. le D• GODIN. Nous rie l'avions pas vu depuis le commencement de la guerre. Il a tout de suite repris sa grande place à l'Institut et organisé un groupe très actif de travail pour la mensuration de l'enfant et l'étude de la croissance.

Les examens pratiques à la Maison des Petits ont eu lieu du

19 au 22. Ils ont été très intéressants et nous ont valu la visite

CitRÔNIQUf: DE L1INSTITU'l'

de Mmes Burnens et Perrin de Lausanne. Mme Falier, MM.

Malsch et Bovy ont· bien voulu fonctionner aussi comme experts. La liste des certificats d'études et des diplômes obtenus figurera, comme de coutume, dans notre numero d'octobre. Nous a,•ons dit plus haut dans quel sens nous euons occupés de préciser pour l'avenir la portée de notre diplôme.

On peut bien citer comme un évênement dans la vie de l'institut l"apparition du beau livre de M. CLArARl:DE que nous annonçons plus haut. La Collection d'Actualités Pédagogiques va donner incessamment un volume de Mlle DEsCOEU0IIES:

L'Education des e11Jants anormaux qui contient la substance de son cours à l'Institut. Nous y reviendrons.

L'Education de juin renferme un article c!e M. BoYet sur

!'Echelle métrique de Binet et Simon.

L'« Amicale» est retournée à Fossard le 21 juin pour une sortie nocturne très réussie.

Elle a terminé l'année le 3o juin par une soirée familière à la Taconnerie. Brève séance: d'abord, au nom de tous, le vice-président, M. Bekian, remet un souvenir accompagné de quelques paroles très senties à notre ami M. Rochat qui va nous quitter et se marier. Puis, ô surprise, une Revue de l'Ins­titut. Ce journal est trop grave pour qu'on y narre en détail comment Jean-Jacques sorti du tombeau vient inspecter la maison qui se targue de son nom et l'accueil qu'il y reçoit: :\1 aùame Institut qui ne s amadoue qu'en apprenant qu'il vient de Paris. les professeurs Delamare et Costaud, le laboratoire Comheraide et les tests qui s'y pratiquent, la séance de sug-

. gestion du professeur Bédouin, le singe du directeur Malagnou, la nuit dans le foin furent l'occasion de couplets d'une fantaisie ti:ipfférienne. Les élèves eurent leur tour aussi en feuilletant le Livre d'or, et au vestibule ... Les spirituels auteurs et acteurs de cette charmante revue: Mmes de Sousa Machard, Pallikari, Evrard, Francklyn, Falier, Junod; MM. Junod, Rachat et Degallier ont bien mérité de l' « Amicale ».

Le 9 juin, nous sommes partis pour le Mont-Tendre. Le temps. ne nous a permis d'aller qu'au Mont de Bière, mais la couchée dans le foin à Saint-Georges, le feu dans la grotte et maints autres épisodes nous laissent le meilleur souvenir. Le dimanche 17, pour courouner le cours de jardinage, Mil• Diodati avait invité tOLlS ses élèves à Satigny où M. et i\'lm• Bedut nous firent.une ré.:eptiL,n charmante.

(13)

L1INTERM:Jl:DIAIRE DES .t.. JCAT1U1RS

Le 6 juillet, après-midi de fin de semestre très cordiale et un peu mélancolique chez M. et Mme Bovet.

La cc grande course >i des 8 au 11 juillet doit nous conduire aux Marécottes, à la Gueula, à Barherfoe.

Après quoi l'Institut sera encore ouvert du 15 au 3 1 pour les cours de vacances. Ils s'annoncent bien. L'Educate11r de Lau­

sanne par la plume de M. Briod, J'Educatore della Svinera Italiana ont fait à l'idée le meilleur accueil.

Le premier tirage de notre programme d'hiver encarté dans ce num�ro est incomplet. Nous pouvons dès maintenant y ajouter un cours pratique d'anthropométrie et d'a11xanologie du D• Goon�, quatre conférences de M. de MAt>AY: Introduction à la sociologie, un cours pratique de travaux manuels.

Mais la principale innovation de l'an prochain tient à la déci­

sion que nous venons de prendre de prolonger l'expérjeni;;,e si encourageante de notre Maison des Petits en ëâosen,ant un an encore, c esc-a-d1re �us

1�·� � :· �

��s ��plus s:::ds.

Deu! elèves djpjômêese\ cùu,4 ; :je G.wT et Hélene SARKJSSOF seconderont à cer e[er dans leur tâche les deux directrices actuelles.

Bonnes nouvelles de Mlle HERMER, toujours à Bakou, et de M. ZAMPER!Nr, tenente r So· Battaglione M. T. 5• Divisione Fant. Zona di Guerra.

Nous avons appris avec peine la mort de M. ,Emile ARTus.

Les journaux ont dit la noblesse de l'homme et de !'.artiste;

nous exprimons à sa veuve notre sympathie bien respectueuse.

Nous serions. très reconnaissants à nos lecteurs de nous pro­

curer quelques abonnés nouveaux en parlant de /'Intermédiaire autour d'eu.x. La dureté des temps 11ous interdit de Jaire nous­

mêmes un lancement ou une propagande pressante qui pour­

raient paraître indiscrets, mais le 111/ désir que 11011s avons de retrouver avec nos amis le contact pltts fréquent dont 11011s bénéficiions avant la guerre de par nos numéros mensuels, nous fait souhaiter très fort l'acc,·oissement du nomb,·e des abonnésqui rendrait cette reprise possible.

Premier tirae;e.

ÉCOLÈ DES SCIENCES DE L'ÉDUCATION (INSTITUT J. J. ROUSSEAU)

PRÔGRAMME

ET

HORAIRE DU SEMESTRE D'HIVER

{ r 6 octobre 19 1 6 - 2 2 mars

L'Ecole a poier but d'orienter les person11:s !e . destinant au�

carrier-es pédagogiques sur l'ensemb(-e des �i:rc�pltnes toucl:an_t a l'éducalio!l. Elle vise notamment a les 1ml1er ·-aux methodes scientifiques propres a faire progresser la psychologie de l'enfant et la didactique. · ·

L'enseiunement ·est do11né essentiellement sous la forme de travaux

:i

examens pratiques, les éleves faisant sous la direction des professeurs Un travail personne/, I

1. Sauf avis contraire, tous les cours ont lieu dans les locaux de"'!'Ecole, 5, place de la Taconnerie, Genève. .

2• L'inscription des élèves réguliers leur donne le dro,dans leur plan d'études. Certains exercices et entreuens vre les ense1gnemen.rs annoncés au programme qm ent�ent _t de sui­

qui leur sont exclusivement Téservés ne figurent pas sur cette Liste. - La bibliothèque et les collections de l'Ecole sont accessibles aux auditeurs moyennant nne insc_ription spéciale de I o fr. par moi�. . , . , 3. Les membres du corps enseignant genevois benefictent d une

réduction de

5o •;.

sur tous les prix indiqués (sauf sur ceux des cours marqués d'un * qui dépendent de l'Unh·ersité).

(14)

,COURS ET CONFÉRENCES

Sauf indication contraire, la rétribution_ pour ces cours er.·c�nfé�·ence� est fixée comme suit: pour les cours: à rai­

son de IO francs par semestre pour chaque heure de leçon par semaine; pour les conférences : ;\ raison de 2 francs par heure. (Voir note ci-dernis.)

*

Psychologie _,expérimentale. (M. CLAPARÈoE.) L'intelligence.

2 h. par semaine, à l'Université (salle 30), le mardi et le mercredi à r r heures.

Cours pratique au laboratoire de psychologie de !'Uni­

. versité ( t8 fr. pour le semestre d'hiver).

Etude spéciale des méthodes psychologiques.

2 h. par semaine, le vendredi, de 9 à ·r r heures.

Technique psychologique. (MiyI. BovET et CLAPA­

. RÈDE.)

Deux: cours parallèles :

l'un pour débutants (le rnrtrdi, de 4 à 6 h.).

L'examen psychologique de l'enfant.

.l'autre pour les élèves avancés (le lundi, de 2 à 4 h.).

Exercices pratiqu�s; appareils, etc.

Eléments de pathologie mentale et d'hygiène scolaire. (M. CLAPAREDE.)

1 h. tous lès quinze jours, le jeudi, de 9 à ro heures.

Psychologie et pédagogie des enfants anor­

maux. (Mlle DESCŒUDRES.)

2 hèures tons les quinze jours, le jeudi, de 9 à .r r heures.

Les· lectures des enfants. (M. BovET:)

Divers aspects du problème. - Chapitres choisis de l'histoire de la littérature enfantine.

-I h. par semaine, le lundi à 5 heures sauf les lundis du cours de M. Ferrière.

. Education morale: (M." Ad, FERRIERE.)_,

4 h. par.mois, les samedis et lundis, 2r et ·23 octobre, 18 et 20 novembre, 16 et 18 décembre, 13 et 15 jan­

vier, ro et 12 février, ro et 12 mars, de 4 à 6 heures.

Quelques essais pratiques de réponse certaine: Eèoles nouvelles, Arbeitsschulen. Quelles sont les réponses de l'éducation nouvelles qui sont applicables dans les écoles officielles?

Eclucation des· tout-petits.

Deux cours parallèles simultanés ( mardi, cle 2 à 4 h. ), à la Maison des Petits, 16, chemin s;mtter.

l'un pour les débutants (M11L. LAFENDEL),

Etude du matériel d'enseignement pour l'éducation des petits. Les pédagogues de la première enfance etc.

l'autre pour les élèves avancés (M11M. AuoEMARs),.

Méthodes d'enseignement, Occupations manuelles, Lecture, Ecriture, Calcul, etc.

Stage pratique à la Maison des Petits. S'adresser au Directeur.

Pédagogie expérimentale. (M. DuvtLLARD.) I h. par semaine, le

Exercices pratiques à la Classe d'entraînement. S'adresser au Directeur .

Co11Jérence (M. BovET.)

Etude de manuels d'histoire et de géographie destinés à l'école primaire au point de vue de leur adaptation aux intérêts de l'enfant, à sa langue, etc.

r h. par semaine, le

Didactique : L'organisation du travail scolaire.

(M. ,Ed. VITTOZ.)

Horaires : Classes inobiles. Cori�entration. -Progrnm­

mes. E·xamens. Appréciation du travail de l'élève. Devoirs à domicile. Activité personnelle de l'élève.

2 h. par sèmaine, le vendredi, de 2 à 4 heures.

*Histoire de l'éducation._ (M. Albert MALSCH.) , Rousseau: son i1ifluence jusqu'à nos jours.·

2 h. par sem:tine, à l'Université (salle 45), le mardi et -le mercredi à 6 heures.

(15)

* Pédagogie. (M. MA1sctt.)

· 'Trav'aux de séminaire, visites de classes. Questions de _pédagogie sociale.

• 2 b. par sem'aine (salle 57), le mardi, de 9 à Ir heures.

* L'enseignement des mathématiques. (M. FEHR.)

Séminaire de mathématiques élémentaires; méthodo­

logie et didactique avec exe-rcices pratiques.

2 h. par semaine à l'Université (rnlle 20), le vendredi; de 5 à 7 heïll:es.

* L'enseignement de la langue maternelle.

(M. Albert SECJ:IEHAYE.)

La grammaire.

r h. par semaine à l'Université (salle 45), le samedi à 5 heures.

Le dessin au service de l'enseignement . . (Mm• ARTUS.)

2 h. par semaine, le vendredi de 4 à 6 heui·es.

Composition orne�entale. (Mm•G1AC�MINr-PrccARD.)

,2 h; par semaine, le samedi de ro à midi.

Consultation médico-pédagogique le jeudi à i I h.

, COURS D'EXTENSION ('Qroit d'inscription: 2 francs par série.) J:>sychologie appliquée à l'éducat�on.

-(M: CLAPAREDE.)

7 conférences, le lundi soir, à 8 1/2 i1.' du 2 3 octobre au 4 décèm),re.

L'éducation morale et religieuse. (M. BovET.) 7 confé,:ences, le lundi soir, à 8 1/2 h., du r 5 janvier au

26 février.

(16)

L� Inteimédiaiie Éducateurs des

publié par

L'Ecole des Sciences de l'Education

(Institut J. J. Rousseau)

DISCAT A. PVERO MAGISTER

CINQUIÈME ANNÉE 1916-1917

Rédaction: M. Pierre BOVET

5, Place de la Taconnerie, 5

GENÈVE

Références

Documents relatifs

Les enfants, par la pratique de la sténographie, acquerront aussi l'amour de ce qui est simple, en même temps que joli et supérieurement agencé; ils pourront

maines, on est tenté de prolonger la durée des études ; mais c'est raccourcir la période d'activité intense pour chaque individu. Dans l'incapacité où nous sommes de

Or Ellen Key est pleinement littéraire et scientifique, et elle l'est si bien, que le public littéraire, tout en goûtant son art spontané et puissant, trouve

ques. Pour comprendre la langue, il faut la considérer non pas en-elle-même, mais en fonction des besoins physiologiques; spirituels et sociaux qu'elle a dû constamment

Nous avons complètement atteint, grâce à eux, notre idéal d'enseignement mutuel ; le cours ex cathedra s'est transformé en entretiens, les exercices pratiques ont pu

Cependant les débiles sont et resteront toujours des diminués de l'intelligence, souvent aussi du caractère et de la vie physique; leurs tares subsistent, et

Quant au vocabulaire compris, on peut, pour les petits, imaginer une variété d'expériences qui leur do�ne l'occasion de montrer par leurs actes quels sont les mots

que dire que cette façon de voir les choses est exacte. Une machine peut être dirigée par un enfant parce qu'elle travaille de la matière brute; elle prend la pièce de