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y a vraisemblablement une période d'incubation prolongée avant les symptômes cliniques ».

Des SIDA et des lymphadénopathies généralisées sont signalées chez sept femmes ne présen-

60 «personnes présentant des symptômes cliniques liés aux SIDA, homosexuels ou bisexuels ayant des parte- naires multiples, immigrants Haïtiens, usagers de drogues intraveineuses, partenaires sexuels de personnes appartenant àces groupes»

tant pas d'autre facteur de risque que des relations sexuelles avec des toxicomanes atteints du SIDA, ce qui suggère que le SIDA peut se transmettre via des relations hétérosexuelles (Har- ris & al., 1983).

Le 20 mai 1983,

Science

publie plusieurs articles annonçant l'isolement de rétrovirus chez des malades atteints du SIDA (Gelmann & al., 1983; dont Gallo; Gallo & al., 1983) et chez un patient atteint de lymphadénopathie (Barré-Sinoussi & al., 1983; dont Montagnier). Ces virus affectent les lymphocytes T. L'équipe de R. Gallo a identifié des virus HTLV, alors que le rétrovirus isolé par les chercheurs français61 est distinct des deux HTLV connus. Par ail-

leurs, des anticorps anti-HTLV ont été détectés chez 25% des malades du SIDA et des pa- tients atteints de lymphadénopathies testés (Essex & al., 1983).

Pour Barré-Sinoussi & al. (1983),

«le rôle de ce virus dans l'étiologie du SIDA reste

à

déterminer. [u.] Les lym-

phadénopathies pourraient représenter une réaction contre l'infection virale per-

sistante plutôt que la prolifération de lymphocytes infectés. D'autres facteurs,

comme l'infection répétée par le même virus ou d'autres agents viraux ou bacté-

riens, pourraient, chez certains patients, surmonter ce premier mécanisme de dé-

fense et entraîner une déplétion irréversible des lymphocytes T

».

Pour l'éditorialiste de

Science,

«

il est encore trop tôt pour dire si le HTL V provoque réellement le SIDA [. ..] Ce-

la peut être seulement l'une de ces agents pathogènes opportunistes, une consé-

quenceplutôt qu'une cause du SIDA» (Marx, 1983)62.

En juin, un éditorial de

Nature

considère que les données épidémiologiques incriminent un agent transmissible, peut-être viral, qui paraît avoir une période d'incubation prolongée, et nécessiter l'intervention de plusieurs facteurs pour conduire à un SIDA clinique. L'HTLV pourrait être simplement un épiphénomène lié à la profonde immunodéficience des malades et à leur sensibilité accrue à des infections virales variées (Groopman & Gottlieb, 1983). Pour le CDC, cependant,

1

'hypothèse d'un agent transmissible, sans doute un virus, est hau- tement probable, en raison de la proximité de l'épidémiologie du SIDA avec celle de 1'hépatite B. Dans ce cas, la virémie prolongée chez le malade entraîne une contamination par

61 Par double souci de simplicité et d'exactitude historique, on parlera désormais d'équipe française pour identifier le groupe de chercheurs français qui travaillent sur le SIDA, et dont L. Montagnier, responsable du laboratoire d'oncologie virale à l'Institut Pasteur, fait partie depuis qu'il a été sollicité fin décembre 1982 par le groupe de travail constitué par le Dr Rozenbaum. On peut se reporter àl'ouvrage très documen- té de Seytre (1992) pour davantage de précisions.

62 En particulier, le SIDA apparaît très vite au regard des leucémies provoquées par l'RTLV; aucun cas n'a été signalé au Japon, alors que plus de 25% de la population du sud du pays a été infectée, àcomparer avec une prévalence de 4% à 5% à Haïti et de 1% aux États-Unis; enfin, reste à expliquer pourquoi le RTL V provoquerait chez certains des leucémies, et le SIDA chez d'autres (Marx, 1983).

les produits sanguins; on doit s'attendre à l'apparition de nouveaux cas de SIDA chez les transfusés et chez le personnel soignant. (Francis & al., 1983 [juillet, soumis en février]).

Les hémophiles et la transfusion face au SIDA

Le

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janvier, le New England Journal of Medecine publie deux articles traitant du statut im- munologique d'hémophiles apparemment sains en fonction des produits utilisés, les concen- trés ou les cryoprécipités. Lederman & al. (1983; dont Ratnoff) et Menitove & al. (1983) ob- servent des ratios T4ff8 généralement inversés chez une forte proportion d'utilisateurs de concentrés, et normaux chez les utilisateurs de cryoprécipités63• Lederman & al. notent que

ces anomalies ont aussi été observées chez les homosexuels, mais qu'on ne sait pas si elles prédisposent au développement de l'immunodéficience. Menitove

&

al. précisent que leurs résultats doivent être interprétés avec précaution : on ne sait si ces anomalies seront persistan- tes, et il faudrait étudier des cas d'utilisateurs de gros volumes de cryoprécipités pour pouvoir préciser l'incrimination des concentrés.

Dans un éditorial, Jane Desforges, associa te editor de la revue, s'interroge sur les conséquen- ces de l'apparition du SIDA sur le traitement des hémophiles avec des concentrés. Elle rap- pelle que l'exposition à un nombre élevé de donneurs est depuis longtemps un problème de cette thérapeutique, qui expose les hémophiles aux virus de 1'hépatite. Si les causes du SIDA ne sont pas connues, l'existence d'anomalies immunologiques chez les hémophiles ayant re- cours aux concentrés incite à réexaminer leur mode de traitement, et à revenir des cryopréci- pités, qui exposent le receveur à un nombre très inférieur de donneurs. Elle reconnaît que cela poserait d'importants problèmes 10gistiques64; de plus

«[le traitement à domicile avec des concentrés) a eu un grand succès, et ne pour- rait être remis en cause qu'avec de grandes réticences par les médecins et les pa- tients. Il est temps de l'envisager, même si nous pouvons ne pas avoir suffisam- ment de preuves pour demander un changement aussi radical ».

Elle conclut:

«Le fait que les hémophiles risquent d'avoir le SIDA devient clair. Si le recours aux cryoprécipités réduit ce risque, le programme actuel de traitement à domicile doit être révisé. Les études publiées dans ce numéro démontrent des dérèglements du système immunitaire in vitro, mais les effectifs sont trop restreints pour une

63 Sur 19hémophiles étudiés par Lederman &al., le ratio T4!fS moyen des 11patients traités uniquement avec des concentrés est très inférieur àcelui de S hémophiles traités avec des cryoprécipités exclusivement (6) ou principalement (2). Menitove & al. étudient 22 hémophiles, 14 n'ayant utilisé des concentrés com- merciaux et S traités uniquement avec des cryoprécipités issus de donneurs bénévoles. S utilisateurs de concentrés ont un ratio T4!f8 inversé; ce n'est le cas d'aucun membre de l'autre groupe.

comparaison définitive des différents modes de traitement. Malheureusement, les

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