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De nouveaux cas de SIDA, et l'identification d'anticorps anti-HTL

Fin septembre, une équipe américaine 125 signale que des anticorps contre le HTL Vont été

observés dans une proportion notable de sérums d'hémophiles (de 11% en Géorgie à 27% à New York), soit une fréquence supérieure à celle de la population américaine mais aussi de malades dialysés ou de malades affectés d'hépatites chroniques actives. L'anticorps a été dé- tecté dans des sérums prélevés en 1978.

« Une association étiologique entre des agents liés à l'HTL V et le SIDA a été sug-

gérée. La présence d'anticorps anti-HTL V chez des hémophiles depuis 1978 sou- lève la question de savoir pourquoi le SIDA n'a pas encore été détecté chez ces patients. Plusieurs explications sont possibles :

123 au New York Slood Center notamment, où le test évincerait entre 5,5% et 7,7% des donneurs de sang (Kre- ver, 1997)

124 Àla suite de la réunion, ce mémo explique que le dépistage de l'anti-Hbc éliminerait près de 15% des don- neurs de plasma. CUtter prépare cependant secrètement la mise en œuvre rapide de ce test «pour obtenir un avantage compétitif sur le marché ». (in Koch, 1992, p. 73).

1. Les agents liés à l'RTL V ne provoquent pas le SIDA;

2. Les anticorps mesurés détectent une spécificité présente chez plus d'un agent, y compris un variant du RTL V d'origine;

3. Un virus lié au RTL V pourrait être impliqué mais en lui-même être insuffisant pour déclencher un SIDA clinique;

4. La période de latence chez les hémophiles peut être plus longue que celle jus- qu'à présent envisagée;

5. Certains hémophiles peuvent déjà avoir, ou avoir eu, un SIDA infraclinique. » «L'importance de la découverte des infections virales analogues à l'RTL V chez des hémophiles et chez des patients atteints ou non de SIDA ou de lymphadénopa- thie associée au SIDA demeure incertaine [et des études longitudinales de pa- tients sont nécessaires pour préciser le rôle étiologique de l'RTL V] » (Evatt

&

al.,

1983).

En novembre 1983, un cas de SIDA associé à une transfusion sanguine est publié dans

JAMA: un homme de 53 ans ayant reçu fin 1980 des dérivés labiles lors d'une opération,

manifesta à partir de fm 82 les premiers symptômes du SIDA, pour évoluer vers un SIDA clinique (pneumocystose) en mars 1983. Les transfusions sont le seul facteur de risque identi- fié.

«Cependant, que ce syndrome puisse être acquis par la transfusion de sang ou de dérivés sanguins n'est pas certain. Nous pensons que notre rapport constitue un argument en faveur de ce mode possible de transmission. Les implications de cette éventualité en termes de santé publique sont écrasantes, et réclament une analyse prudente ».

Les donneurs impliqués dans les produits reçus par le malade sont en cours d'examen par le CDC (Jett & al., 1983).

Un cas de SIDA mortel chez un hémophile est décrit en Grande Bretagne. Le patient a pré- senté des symptômes ultérieurement identifiés comme signes cliniques du SIDA quelques semaines après une opération fin 1981 au cours de laquelle il reçut plus de 48 000 VI de concentrés américains; il s'agissait de sa première exposition

à

des produits importés.

«Il semble très probable que le développement du SIDA (et d'hépatites B et non- A non-B) ait été lié à ces injections. Ce cas offre une nouvelle preuve d'un lien en-

tre exposition aux produits sanguins et SIDA. »(Daly

&

Scott, 1983).

Un autre cas de SIDA chez un hémophile est signalé en RFA, le patient étant décédé en 1982 (L'Age-Stehr & al., 1983)126.

Fin novembre, un comité consultatif ad-hoc de l'OMS publie un mémorandum relatif au SIDA, indiquant notamment que «l'étiologie du SIDA est inconnue »,les données épidémio- logiques favorisant cependant l'hypothèse d'un viruS127. Au titre des mesures préventives concernant le sang et les produits sanguins, le comité recommande l'information et la sélec- tion des donneurs et le recours éventuel, en fonction des données localesl28, au dépistage de marqueurs non spécifiques. S'agissant des dérivés plasmatiques, il suggère de limiter la taille des pools et de mettre en place de programmes de dons dirigés pour les hémophiles légers.

n

demande aussi que les hémophiles et leurs médecins soient informés des risques potentiels des concentrés de facteur VIII et IX, «y compris des risques de SIDA» (OMS, 1984).

La situation

à

la fin de l'année aux États-Unis et en Grande-Bretagne

Début décembre, 21 cas de SIDA chez des hémophiles américains, dont 2 hémophiles B ont été signalés au CDC (MMWR, 2/12/83).

Lors du congrès de l'AABB, Morse & al. (1983) signalent un ratio T4ff8 inversé chez

65%

des hémophiles A sévères, indépendamment de la source de plasma ou des volumes injectés ; Snyder & al. (1983) ont constaté des perturbations fonctionnelles de l'immunité lymphocy- taire des hémophiles ayant un ratio T4ff8 perturbé.

Au congrès de la Société américaine d 'hématologie, de nombreux papiers relatifs au SIDA sont présentés; une douzaine traitent d'anomalies immunologiques chez les hémophiles. La fréquence des perturbations des ratios T4!f8 est confirmée chez les hémophiles de plu- sieurs régions des États-Unis (Rogers & al., 1983; Hoots & al., 1983; Lake-Lewin & al., 1983), certains notant une corrélation avec l'intensité du traitement, d'autres non. Plusieurs auteurs qui constatent ces anomalies estiment qu'elles sont dues

à

l'exposition chronique

à

des produits sanguins (Kaplan & al., 1983) ou à des infections répétées par des virus tels que le CMV ou le virus d'Epstein-Barr (Goldsmith & al., 1983b; Brettler & al., 1983; dont Le- vive). Kerman & al. (1983) notent que les hémophiles présentant ces anomalies n'ont pas de problèmes d'infection, et qu'elles «peuvent représenter une immunodépression apparente ».

Weiss (1983) rappelle que de nombreuses perturbations immunologiques non spécifiques sont

126Ce patient est décédé en mai 1982, d'une affection opportuniste (leucoencéphalopathie multifocale). Selon Koch (1992), il était traité par le centre d'hémophilie de Bonn; la reconnaissance et le signalement de ce cas aurait été volontairement retardée par les responsables du centre.

127Le Pr Montagnier, le Dr Leibowitch, le Pr Seligmann, ainsi que plusieurs membres des CDC (dont J.Cur- ran et D. Francis) font partie de ce comité.

128de façon àprendre en considération aussi bien l'efficacité du test que son impact sur la disponibilité des dérivés sanguins et la perte potentielle de donneurs

fréquentes chez les hémophiles,

«et qu'il faut faire preuve de prudence avant d'attribuer de

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