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5.5 : Ville planifiée et ville spontanée à quand la complémentarité ?

Dans le document Urbanisme et planification urbaine (Page 188-200)

Constantine porte réellement un caractère dual bien prononcé, vu l’importance des deux secteurs planifié et spontané. Ils se partagent presque à égalité, la population urbaine, de même qu’ils se partagent les logements du secteur planifié d’une part et spontané en dur régularisés ou en voie de l’être et les logements précaires d’autre part. Mais cette situation a un peu changé avec l’éradication d’une partie des logements précaires, quant aux gros programmes de logements planifiés, ils sont

réalisés en dehors de la ville de Constantine, au niveau des deux villes nouvelles (Ali Mendjeli et Massinissa) essentiellement.

Au début, c’était les quartiers spontanés qui avaient besoin des équipements et services du centre ville et ceux des quartiers planifiés voisins. Ils avaient longtemps vécu en parasite par rapport à la ville planifiée à commencer par l’eau, l’électricité, les équipements d’éducation, les services administratifs et socioculturels. Ils ont commencé par la réalisation du commerce de première nécessité et l’intégration leur a fourni les équipements publics de base. Sous l’impulsion de l’initiative privée, ils se sont dotés d’une base commerciale qui ne cesse de se développer pour étendre son aire d’influence de plus en plus loin.

Alors qu’ils devaient disparaître dans le cadre de la résorption de l’habitat précaire (RHP), aujourd’hui, ils prennent de l’importance aussi bien dans la structure de la ville que dans son fonctionnement. De nombreux services se localisent dans la ville spontanée, particulièrement certaines spécialités encombrantes et nuisibles, réparation-auto et entreprises de travaux de bâtiment, confection… Cette évolution a imposé un changement de position de la part des citoyens qui leur font appel. De même que les responsables locaux apprécient leur appui. Ce qui doit nécessairement entraîner une sérieuse prise en charge, afin de mieux les intégrer pour réaliser une meilleure complémentarité entre les parties de la ville.

La distribution des services dans la ville*

0 200 400 600 800 1000 1200 1400 A B C D E Médina v.palnifiée V. spontanée total A : A : coiffeur B : électricien-auto C : hôtel D : taxiphone E : vitrier- serrurier

Tailleur mécanicien restaurant cybercafé entreprise de travaux Cordonnier tôlier café photographe

Bain-douche Dégraissage

Les nombreuses activités urbaines fruits de l’initiative privée, se répartissent à travers les quartiers de la ville de façon très irrégulière. Autant la médina concentre les commerces des produits pour l’homme de niveau supérieur tels (habillement, chaussures, tissus, bijouteries…). Les fonctions libérales sont à hauteur de 75% réparties entre la médina et les quartiers planifiés quand aux services

(mécanique auto, tôlerie, entreprises de bâtiments…), ils ont trouvé plus de facilité à s’installer dans les quartiers spontanés.

Les activités économiques et services dans la ville

0 500 1000 1500 2000 2500 3000 3500 A B C D E F m edina ville planifiée ville spontanée

A : Achat-vente B : Professions libérales C : Producteurs D : Prestataires de services E : Artisans F : Transporteurs

Les quartiers planifiés font, de plus en plus appel à certains commerces et services qu’offrent les quartiers spontanés, dont certains se sont spécialisés dans des branches de commerces et de services très convoités, même l’artisanat n’est pas oublié. Mais les équipements socio culturels et administratifs font toujours défaut dans les quartiers spontanés. L’éradication de certaines constructions précaires doit libérer des terrains importants pouvant répondre aux besoins en équipements publics de la population résidente et à celle des quartiers voisins, afin d’améliorer le rendement des équipements existants, actuellement surchargés.

Tableau n°II-9 Les activités économiques à travers les quartiers de Constantine en 2004

A activités Q quartiers Achat-vente Profes- libérales Producteurs Prestataire de service

artisans Total Trans-port Médina 1666 274 46 476 258 2720 312 C Coudiat 195 160 53 327 5 740 97 B Bab El Kantara 665 53 211 451 47 1427 949 Bellevue 216 151 14 353 10 744 432 5 juillet 438 68 132 398 60 1096 273 S Sidi Mabrouk 345 82 152 366 17 962 374 Mansourah 162 53 18 87 3 323 197 V Ville planifiée 2021 567 527 1982 142 5292 2322

E.Emir Abdel Kader 191 43 40 207 17 498 311

B Bardo 144 40 19 162 29 394 308 G El Gammas et O Oued-el-Had 589 93 34 179 55 950 875 L Les mûriers 617 48 194 814 124 1797 1027 Boudraa S. 307 14 101 526 12 960 285 Si Sidi M’cid 421 16 27 138 16 618 338 V Ville spontanée 2269 254 415 2026 253 5217 3144 T Total ville 5956 1095 1041 4484 653 13.229 5778

Les activités Achat- Vente dans la ville 0 500 1000 1500 2000 2500 3000

P. base P. homme Quin P.Détachées meubles électro

médina V. planifiée v.spontanée total

La zone concernée par le pôle Oued el Had-Daksi auxquels pourraient se joindre la cité El Gammas et le quatrième kilomètre, un autre quartier spontané près de la gare de tri qui en constitue le prolongement naturel. Ces cités avaient longtemps souffert de la marginalisation que leur imposent leur état, leur situation périphérique et les coupures du site. De même que les programmes de développement de la commune ne les prenaient pas en charge et les maintenaient à l’écart. Bien que leur situation ne soit pas vraiment reluisante, ils ont quand même fini par s’imposer à la ville et à prendre part aux activités urbaines.

La cité El Gammas est une cité de transit, constituée de logements individuels en préfabrication légère de « type chalet ». Elle a été implantée en 1977 sur un terrain agricole de statut privé de 53 hectares que les bidonvilles avaient investi depuis les années 50. Les 1500 chalets avaient une durée de vie de 15 ans. Trente ans après, ces chalets ont connu beaucoup de changements, mais ils sont toujours là. Ils assurent leur fonction résidentielle tant bien que mal. La crise de logements a prolongé leur durée de vie. La cité se trouve à la périphérie de la ville, elle est coupée des autres quartiers par la RN3 et le chemin de fer, elle n’a qu’un seul accès qui la relie à Oued El Had et la ville.

L’usure du temps avait complètement détérioré les chalets. Selon leurs moyens, les habitants avaient décidé de les remettre en état ou de les remplacer. Ainsi de cité planifiée, elle a basculé dans le spontané par les transformations très importantes parfois radicales que subissent les chalets. L’initiative n’est pas venue des autorités ni des services de planification qui sont sensés être à la tête du développement local. Ce sont toujours les habitants qui sont les initiateurs de ces opérations que les responsables locaux laissent faire pour les adopter après coup. Ils se trouvent ainsi embarqués

dans des situations qui les dépassent, elles ne disposent ni du cadre juridique, ni études encore moins d’un montage financier.

Maintenant que les quartiers spontanés sont officiellement intégrés, ils doivent bénéficier d’une prise en charge par les études, les instruments de planification urbaine et les outils d’urbanisme ou un quelconque moyen pour les soustraire à l’anarchie, un risque qui menace toute la ville. Car leur forte dynamique et les grandes possibilités d’adaptation qu’ils offrent profitent pleinement au secteur privé spontané et opportuniste. Il les utilise avec une liberté déconcertante, selon la demande et les circonstances. Cette liberté que favorise l’anarchie se propage aux quartiers planifiés au risque de nuire à la ville et à son homogénéité.

Par cette dynamique, deux pôles de centralité secondaire sont en phase de construction plus ou moins avancée. Le quartier Oued el had -Daksi, Gammas- 4eme kilomètre représente un pôle dynamique à l’Est de la ville, Boudraa Salah-El Bir en est le deuxième au Nord Ouest. Un troisième, la cité des mûriers et les quartiers essentiellement informels environnants, est en mesure de structurer la partie centrale de Constantine. Ils offrent leurs équipements commerciaux et services à leurs habitants et à une clientèle drainée dans toute la région. Bien reliés à leur environnement, mieux structurer et jouissant des équipements publics nécessaires ils pourraient très bien seconder le centre ville trop sollicité. Ils pourraient aussi participer à la restructuration de la ville dans le but d’endiguer certains de ses dysfonctionnements (fig II-10).

5.5.1 : Intégration et résorption deux mesures concomitantes :

Les nombreuses tentatives des autorités à prendre le dessus sur la crise de logements, dont l’éradication avait été essayée durant de longues années, puis l’intégration depuis le milieu des années 80. Elles se sont avérées insuffisantes. Ces dernières années, les autorités nationales font usage de tous les moyens disponibles en même temps pour essayer de sortir de la crise de logements. Dans le but exprimé de pouvoir s’occuper des autres dysfonctionnements de la ville qui bloquent tout le système urbain parce qu’ils sont devenus chroniques.

* Pour cela, elles ont eu recours à de nombreuses méthodes de production et de financement du logement familial. Toutes les catégories sociales, selon leurs moyens financiers, peuvent théoriquement accéder au logement et en finir avec la crise et les logements indécents, qui ont longtemps relégué à plus tard les autres problèmes urbains qui se sont corsés avec le temps. De ce

fait, le projet est devenu nodal, il accapare tous les efforts et focalise l’attention de tout le monde car il sollicite beaucoup d’intervenants et de moyens.

Les habitants du précaire, incapables de participer sont pris en charge par les programmes de logements sociaux :

* L’habitat précaire, qui ne présente pas les qualités requises par l’intégration, d’après les résultats techniques et administratifs qu’aurait déterminés le diagnostic et qui sont construits sur des terrains instables ou inondables, impropres à la construction. Ils ne peuvent bénéficier de la procédure d’intégration, mais leurs habitants bénéficieront de logements sociaux.

* Les bidonvilles habités par une population pauvre, n’ayant pas évolué et qui sont restés dans un état de délabrement et de précarité prononcé, dont la dépendance vis-à-vis des autres quartiers s’accentue au rythme de leur croit démographique, sont aussi appelés à disparaître dans le cadre de la résorption de l’habitat précaire. Leurs habitants sont maintenant inscrits, comme les premiers au programme de relogement prioritaire, car l’éradication de l’habitat précaire est toujours une priorité nationale.

Tableau n°II-10 : Les baraques éradiquées dans le groupement de Constantine43 Années Nombre de baraques

1996 - 2000 851 2001 1.738 2002 1.732 2003 1.366 Total 5.687

En 2003, la wilaya de Constantine comptait 13.395 constructions précaires dont 9734 au niveau du groupement. A elle seule, Constantine ville en comptait 6700. Malgré le rythme assez rapide de l’éradication de l’habitat précaire ces dernières années, les bidonvilles restent encore très nombreux répartis sur de nombreux sites et demandent de grands moyens et des années pour disparaître complètement du vécu des algériens et de leur paysage bâti. Une opération qui devrait être jumelée à celle de l’entretien du cadre bâti ancien, autrement avec le temps le cadre bâti existant atteindra inévitablement un état de précarité non souhaité.

5.5.2 : Une production de logements tout azimuts :

Afin d’accélérer la production de logements et répondre à une demande en continuelle expansion, une politique nationale de production et de financement du logement est mise en œuvre depuis quelques années. Elle commence à donner des résultats encourageants. Plusieurs opérations de relogement avaient été réalisées par les services communaux, aidés en cela par les gros budgets alloués par les plans spéciaux ainsi que la participation financière des citoyens sous diverses formes.

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Ces derniers étaient longtemps exclus de la production de leur propre logement, même s’ils avaient les moyens. Ils attendent toujours l’attribution du logement social.

Depuis la fin des années 80, les autorités algériennes sont convenues que pour sortir de la crise du logement, une réforme sectorielle est indispensable et que l’Etat devait abandonner progressivement son rôle « d’Agent économique » en ce qui concerne l’habitat pour devenir un agent « régulateur et modérateur » du marché du logement. Cette politique était essayée, n’ayant pas donné de résultats, elle a été abandonnée. Une autre stratégie fut développée, pour cela les secteurs concernés sont impliqués et leurs moyens sollicités :

* Le développement de la promotion foncière, à commencer par les études et approbation des PDAU définissant à court, moyen et long termes les terrains urbanisables par type d’occupation.

* L’établissement de PLH (plan local de l’habitat) définissant et programmant la réalisation des besoins en terrains à bâtir et en logements au niveau des wilaya et pour les différents segments de la demande ; ce plan définit également les moyens et mesures pour sa réalisation tant avec la participation du secteur public (AADL, agences foncières locales…) qu’avec celles du privé (propriétaires fonciers, demandeurs particuliers…)

* La promotion de marchés fonciers locaux à travers la transparence des transactions, de l’application du coût réel du terrain à aménager et à bâtir ainsi qu’au niveau de la disponibilité de l’offre d’initiative privée.

* Les OPGI, sont, à cette date encore les principaux promoteurs des logements urbains locatifs pour le compte de l’Etat. Le secteur de la construction reste donc dominé par les entreprises publiques, malgré la participation croissante des opérateurs privés et la dynamique de l’auto construction.

Un effort a été demandé aux opérateurs privés, aux agences foncières et au secteur bancaire afin de promouvoir la production du logement, surtout pour les couches sociales les moins loties. Depuis l’arrivée du Président en 1999, un engagement important est consenti pour réaliser des centaines de milliers de logements. Pour le quinquennal 2004-2009, 1 million de logements est au programme du gouvernement dans le but annoncé de régler définitivement la crise afin de pouvoir s’occuper de véritables problèmes autrement plus importants.

Ainsi toutes les possibilités sont offertes aux citoyens pour acquérir leur logement :

Le logement social, le logement social participatif, logement location vente, le logement promotionnel public – CNEP, le logement promotionnel privé collectif, le logement promotionnel privé individuel, les cités évolutives. (annexe II-3)

5.5.3 : L’amélioration des logements existants :

Parallèlement à la participation financière de la banque mondiale dans l’éradication des bidonvilles, les autres quartiers de la ville qu’ils soient spontanés en dur ou planifiés avaient bénéficié de l’intervention financière du ministère de l’habitat. Ce dernier s’était chargé de payer les études «d’amélioration du cadre de vie»44 dont avaient bénéficiées tous les quartiers de Constantine. Ces études étaient faites par les bureaux d’études privés de Constantine et les enseignants de l’institut d’architecture. Les services d’urbanisme de la mairie de Constantine étaient le maître d’ouvrage, ils avaient donc récupéré toutes les études. Ce n’est qu’en 2002-2003 que la réalisation de l’embellissement soit entamée à la ZHUN Boussouf et la cité 5juillet.

Ces opérations d’embellissement touchent essentiellement l’aménagement des espaces extérieurs, le revêtement des routes et des trottoirs, l’éclairage public, la réalisation des accès piétons, des espaces verts et des terrains de jeux. Ce que les habitants appellent « opération maquillage». Cette opération de sauvegarde de l’environnement et d’amélioration du cadre de vie doit toucher tous les quartiers de la ville, dont ceux qui avaient bénéficié de grands projets d’aménagement et d’équipements45.

Conclusion : Bonne gouvernance populaire, les quartiers spontanés de la marginalisation à l’intégration

Les autorités nationales et locales, avaient longtemps pratiqué la résorption de l’habitat précaire à l’encontre de toute la production architecturale illicite, quelque soit sa qualité. Cette décision obligeait les habitants à de longues années voire des décennies d’attente d’un hypothétique logement social. Las d’attendre, ils avaient alors entrepris, selon leurs moyens, l’amélioration de leurs logements. Cette nouvelle donne avait incité les autorités, qui s’étaient rendues à l’évidence qu’elles ne pourraient pas continuer l’éradication ont finit par accepter le principe de l’intégration, surtout qu’à chaque fois qu’une famille était relogée elle était vite remplacée par une autre.

Sécurisés sur le devenir de leurs quartiers et de leurs investissements, les habitants avaient procédé à l’amélioration de leurs logements pour avoir droit à l’intégration qui leur donnait le droit à la ville. L’intégration de l’habitat précaire est officiellement instaurée, ainsi de nombreux quartiers spontanés avaient intégré la ville. De périphéries, marginalisées, nées du développement spontané de cités de recasement et bidonvilles: Oued el Had et Boudraa Salah, concentrent, aujourd’hui un grand

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Projet « amélioration de cadre de vie » encadré par le ministère de l’habitat pris en charge localement par les services techniques de la mairie, année 1996

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Le projet du quartier « Les mûriers » englobant tous les quartiers sud de Constantine avec le campus universitaire ; étude faite par F. et M. BENIDIR, N. MESSACI et S. et Y. SPIGA en 1996.

nombre d’équipements commerciaux et de services fruits de l’initiative privée ce qui en fait deux pôles d’équilibre émergents. Mieux pris en charge avec d’autres quartiers spontanés, ils participeraient à la structuration de l’espace urbain.

Parce que l’urbanisation spontanée se développe très rapidement, sans outils d’urbanisme, par des personnes non initiées, elle présente beaucoup d’insuffisances. Avant de se prononcer pour l’intégration, ils sont passés par la mise aux normes. Mais, pour bien prendre en charge la dynamique de développement, il serait plus judicieux de se placer à l’amont de l’opération spontanée pour, l’orienter et l’améliorer. Car se mettre à l’aval la corriger pour l’intégrer, ou bien la détruire quand elle ne peut être intégrée, n’est la solution adéquate. La dynamique d’investissement qu’ont les habitants de ces quartiers représente un atout pour la ville et une chance à saisir pour réguler les dysfonctionnements devenus chroniques.

Conclusion de la deuxième partie :

Une ville à deux vitesses

Depuis qu’elle a quitté le Rocher, la ville se fait sous pression démographique et dans l’urgence. Ainsi tous les paramètres se conjuguent pour rendre souvent, les outils de planification obsolètes. A commencer par la monocentralité, malgré plusieurs interventions pour déplacer, dédoubler ou étendre le centre, aucune solution n’a été réalisée. Les prémices d’un équilibrage sont venues d’une évolution spontanée relativement lente, mais persistante sous l’impulsion de l’initiative privée : «des pôles d’équilibres» se dessinent dans les quartiers spontanés intégrés.

Planifiée ou spontanée, les deux parties de la ville se rencontrent sur le terrain de l’anarchie. En effet, autant d’opérations présentées dans le chapitre « urbanisation planifiée » ; nous ont permis de voir qu’elles n’ont de planifier que la programmation et le lancement. Tout leur développement, se fait au grès des situations et des conjonctures, dans un cadre totalement irrégulier. Certaines Zhun programmées par le PUD sont remplacées au moment de la réalisation par des opérations RHP ou carrément par des bidonvilles. Le développement marginal de la zone industrielle Palma est édifiant, où l’habitat individuel et les équipements publics jouxtent les unités de production et les entrepôts.

Cette anarchie dans le secteur planifié touche aussi bien les quartiers d’habitat individuel que collectif. Réalisés dans l’urgence, ils sont restés longtemps inachevés, ce qui a poussé les habitants à tenter de combler les manques et de s’approprier le quartier pour s’assurer certaines conditions de vie. Les images que renvoient certains lotissements planifiés et spontanés sont tellement proches qu’il est difficile de faire la différence entre les deux modèles :

- L’un naît planifié, il suit un développement « spontané », il est à requalifier,

- L’autre naît spontané, il suit un développement spontané, il est à restructurer et à intégrer. - D’où la généralisation d’une image brouillée, illisible et dévalorisante pour la ville.

Les diverses sollicitations auxquelles est soumise la ville, exacerbent ses dysfonctionnements. Les quartiers « planifiés » subissent d’importantes transformations et ne respectent pas les prescriptions des cahiers de charges, qu’en dire des quartiers spontanés qui n’ont aucun outil de référence ni l’encadrement qualifié. Ils se font par entente tacite et en fonction des commodités et dans les meilleurs des cas selon un certain bon sens. Dans ce cas, la gestion urbaine ne peut se permettre d’ignorer la moitié de la ville, uniquement parce qu’elle s’est faite hors du système officiel de production, sa prise en charge s’impose.

Dans ce cas, bon sens et bonne gouvernance doivent s’allier pour créer à l’amont, un moyen de régulation. Il prendra en charge les investissements privés qui sont appelés à se généraliser car l’État veut se dessaisir de son rôle d’agent économique pour prendre celui de régulateur et

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