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3.1 : urbanisation complexe et gestion problématique

Dans le document Urbanisme et planification urbaine (Page 110-113)

Constantine est capitale de la région Nord Est de l’Algérie, dont elle est la capitale depuis les temps les plus reculés. Elle regroupe près de 7 millions d’habitants. Elle est sa capitale depuis les temps les plus reculés et assume des responsabilités innombrables dans un territoire très étendu. Aussi elle a dans son aire d’influence de nombreuses villes importantes et un semi de petites villes, qui font toutes appel à ses services du tertiaire et tertiaire supérieur, qu’elle seule détient. Ces nombreuses villes forment une armature urbaine qui structure bien le territoire de Constantine, comparativement à ceux d’Alger et d’Oran moins bien structurés, un atout pour une indispensable structuration régionale.

La ville est restée de longs siècles sur le Rocher d’une superficie de 42 hectares. La colonisation française est celle qui avait porté, de façon significative, l’urbanisation hors du site initial. Elle s’est faite de part et d’autre du Rocher, sur les deux quartiers péricentraux Belouizdad et El Kantara. Elle s’est ensuite étendue progressivement sur des terrains en assez fortes pentes et discontinus dont l’organisation n’était pas aisée. L’urbanisation un peu plus continue s’est faite sur le plateau de Bellevue au-delà de Belouizdad et au-delà d’El Kantara sur le plateau de Sidi Mabrouk-Mansourah. Ils se sont construits par petites unités selon le besoin.

L’urbanisation planifiée avait conçu les quartiers résidentiels d’habitat individuel ou collectif avec leur équipement. Cette urbanisation n’avait pu se faire que sur des terrains présentant certaines difficultés, fortes pentes, mauvaise portance… ce qui laissait d’importantes coupures et discontinuités dans le tissu urbain, dont certaines sont occupées par l’habitat illicite. De nombreuses unités d’habitations étaient érigées pour différentes catégories sociales, occupent les petites poches constructibles restées vides dans le tissu urbain.

Tissu discontinu, formé de petites unités individualisées (image 6)

Les logements HBM étaient destinés aux catégories sociales moyennes pouvant prétendre à un logement en copropriété, ou payer un loyer relativement élevé. Pour les catégories sociales pauvres, il y eut les cités de recasement en logements collectifs et individuels (Oued El Had, El Bir…) et les cités évolutives, habitat individuel (la cité des mûriers) en périphérie de la ville. Les logements individuels étaient rudimentaires, de type rural et les loyers assez bas ; malgré cela les Algériens

éprouvaient de grandes difficultés à s’en acquitter (Hafiane A. 1983). Ce qui poussait les familles démunies à toujours densifier les bidonvilles.

3.1.1 : L’urbanisation sous pression démographique :

Après l’indépendance, l’Algérie avait d’autres priorités, la reconstruction du pays, la gestion des traumatismes de la guerre, l’éducation, la santé... tous les cadres et moyens financiers disponibles, étaient accaparés par ces urgences. Il n’y avait pas eu de production de logements, les responsables comptaient sur « les biens vacants »3 pour répondre à la demande. Ils n’avaient fait que terminer les chantiers abandonnés par l’administration coloniale, c’était l’opération « carcasse » dont la cité Filali (ex Bellevue les jardins), les immeubles « le Bosquet »…

Étant la métropole de sa région, elle était la direction privilégiée d’une population très nombreuse. Il y avait les familles issues de l’exode rural, les milliers de réfugiés rentrés de Tunisie en plus d’un taux d’accroissement naturel très fort. Les demandes de logements étaient très nombreuses mais très peu étaient satisfaites. Toute cette composante démographique pratiquait une forte pression sur la ville et ses responsables. Le manque de logements avait fini par se transformer en crise chronique très aiguë.

Tableau n° II-1 : L’accroissement démographique des grandes villes algériennes entre 1954- 66

Sources : C.N.R.P., secrétariat d’État au plan

Le tableau ci-dessus nous permet d’avoir une idée de la situation à une époque cruciale de la vie de toute l’Algérie et particulièrement de Constantine. Cette dernière avait reçu 130.000 personnes entre 1954 et 1966, qui se sont ajoutées aux 111.000 habitants de la ville pour atteindre un total de 240.000 personnes. Pendant les années de guerre de libération et les premières années d’indépendance, la ville avait connu un important accroissement démographique qui a engendré des besoins formidables. En l’espace de 12 ans, la population de Constantine avait plus que doublé, aucune ville ne pouvait recevoir cette masse sans craquer.

3 Parc logements laissé libre par les européens partis au moment de l’indépendance de l’Algérie en 1962.

Villes 1954 1966 Accroissement % Accroissement annuel % Oran Annaba Alger Constantine 274.000 88.000 449.000 111.000 325.000 150.000 897.000 240.000 18 69 99 116 1,5 5,7 8,2 9,6

Les besoins étaient énormes, concernant particulièrement les logements. La charte nationale de 19764 proclamait : un logement décent pour chaque famille algérienne , ce qui impliquait l’offre d’un logement à toutes les familles qui en faisaient la demande et aussi la résorption de l’habitat précaire auquel de nombreux ménages avaient eu recours. Pour répondre à cette demande la ville avait continué son étalement par la juxtaposition d’importants programmes de logements, selon la disponibilité des terrains et des moyens.

Quoique le croît démographique se soit stabilisé au milieu des années 70, le surplus de population est toujours supérieur aux capacités d'assimilation de la ville, surtout que le problème des terrains d’urbanisation se pose avec acuité. En effet, les terrains aptes à recevoir les gros programmes de logements ou équipements font grandement défaut. Le site très chahuté de Constantine est arrivé depuis longtemps à la saturation, mais l’urbanisation continue quand même à enjamber les obstacles pour s’étendre toujours plus loin. L’étalement démesuré de la ville (fig n°II-1) et le manque d’équipement des quartiers nouveaux avaient révélé l’incapacité de la ville à fonctionner et celle de ses responsables à gérer une telle situation.

Dans le document Urbanisme et planification urbaine (Page 110-113)