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2.4 : L’expansion spatiale de Constantine hors du Rocher :

Dans le document Urbanisme et planification urbaine (Page 89-95)

Les premières réalisations hors du Rocher furent les structures militaires casernes, fortins et poudrières, puis étaient venues les opérations d’extension urbaine qui s’étaient faites sur les deux faubourgs. Les seuls sites qui jouissaient de relations plus ou moins correctes avec le Rocher. Il s’agit des faubourgs Saint Jean et Saint Antoine du côté sud-ouest qui avaient contourné la colline du Coudiat et le faubourg d’El Kantara côté nord-est, au de là du pont d’El Kantara (fig. I-9).

2.4.1 : Le faubourg Belouizdad (ex Saint Jean)

Le faubourg Saint Jean était construit, sur les pentes plus ou moins constructibles qui entourent la colline du Coudiat Aty. Le quartier était édifié de façon à avoir une certaine continuité spatiale avec la médina. Les voies et les terrains constructibles se dessinent en banquettes sur plusieurs niveaux (le boulevard Belouizdad, les rues : Kitouni, 20 août 1955,…), elles étaient bordées de petits immeubles de 4- 5 ou 6 étage, de style néo classique simplifié. La plupart des immeubles avaient deux accès, l’un sur la rue haute et l’autre sur la rue basse.

Les logements individuels d’un ou deux niveaux occupent en général de petites superficies à l’intérieur des îlots, mais d’autres maisons individuelles, type villa s’étalent sur de grandes superficies en pente, usant de cours et jardins en escalier. Certaines utilisent plusieurs sous-sol, et profitent ainsi de deux accès l’un sur la voie supérieure et un autre sur la voie inférieure, tellement les pentes du terrain sont fortes. Les équipements d’accompagnement étaient édifiés en même temps que le quartier, écoles, église, commerces, jardin public, même certaines unités de productions pour assurer l’emploi aux habitants. Ces quartiers étaient destinés aux Européens qui continuaient d’arriver et à ceux qui quittaient la médina haute.

2.4.2 : Le faubourg El Kantara

Le faubourg El Kantara ou faubourg de la gare, cet autre quartier péricentral de la ville actuelle, était réalisé quelques années après Saint Jean, au-delà du ravin qu’enjambe le pont d’El Kantara. Avant sa construction les terrains qui portent ce quartier servaient aux cultures maraîchères et au petit élevage pour la consommation des habitants de la ville, il y avait des

fermes et quelques villas. Ce faubourg devait accueillir en priorité une population européenne qui arrivait d’Europe ou quittait la médina haute.

En 1864, il y avait eu l’installation de quelques colons sur le terrain situé entre les pentes du quartier militaire du Mansourah et de la gare ferroviaire inaugurée en 1870. La réalisation de l’usine à gaz s’était fait une année avant la réception de la gare, en 1869. L’école normale de garçons fut réalisée en 1878. La première maison d’habitation urbaine fut construite en 1888, puis ce fut l’inauguration des maisons ouvrières «stock Thomery», en 1895. Quelques villas étaient réalisées en 1903, suivies de densification par d’autres programmes de logements et d’équipements.

La gare ferroviaire de Constantine servait d’aboutissement à la voie collectrice qui remonte de Touggourt au sud du pays assurant le ramassage des matières premières, céréales, dattes, laine, peaux… Servant de lieu de stockage, avant l’acheminement de la marchandise par rail vers Skikda et enfin par cargos vers l’Europe, le faubourg El Kantara, bénéficia de silos à grains d’une grande capacité ainsi que d’entrepôts et hangars.

Saint Jean et El Kantara reçurent des programmes de logements en petits immeubles collectifs et maisons individuelles ainsi que les équipements sociaux et commerciaux destinés à la population européenne qui augmentait continuellement. Pour éviter leur rapide saturation, il était impératif de trouver d’autres sites d’urbanisation.

2.4.3 : Sidi Mabrouk et Bellevue deux quartiers résidentiels :

Les responsables de l’époque s’étaient tournés vers ce qui restait du plateau du Mansourah après avoir réalisé la caserne et le bois d’honneur. Ayant amputé le site choisi d’une grande superficie, ce dernier ne pouvait plus permettre la réalisation d’une ville nouvelle bien structurée faisant le contrepoids avec la médina. Ils avaient donc opté pour un grand quartier résidentiel, dont la réalisation s’est étalée dans le temps et s’est faite par petites unités.

Le second quartier fut réalisé à Bellevue, en continuité avec le faubourg Saint Jean, au Sud Ouest de la médina. De ce côté le site est plus chahuté, les quelques petits plateaux ou replats de collines étaient occupés par des équipements militaires, les pentes restantes étaient occupées par des unités d’habitations où maintes coupures entraves le bon fonctionnement du quartier. Sidi Mabrouk et Bellevue, deux quartiers à caractère résidentiel devaient offrir à leurs habitants des logements sociaux individuels et collectifs et les équipements nécessaires pour leur assurer un bon fonctionnement et surtout une certaine autonomie par rapport au centre ville.

2.4.4 : Des ponts et passerelle pour la continuité spatiale :

Le Rocher portant la ville précoloniale et l’essentiel des fonctions centrales est fortement individualisé et coupé de son environnement. Il avait exigé la réalisation de plusieurs ouvrages d’art pour assurer une continuité spatiale même de façon artificielle. Pour cela, les autorités coloniales avaient procédé à la réalisation de deux ponts et une passerelle afin de permettre une certaine continuité spatiale et fonctionnelle entre la médina et les différentes parties de la ville, en construction. Ces ponts et passerelle étaient construits dans des styles technologiques différents mettant en valeur un site grandiose et exceptionnel. Ils avaient ainsi ajouté du prestige à la ville de Constantine qui a pris aussi un nouveau nom : La ville des ponts.

* Le premier pont de Constantine est le pont d’El Kantara, c’est aussi le pont de la gare, il date au moins de l’époque romaine. Il relie les deux rives et la médina à ses quartiers Nord Est (faubourgs El Kantara, Emir Abdel Kader, SMK et le Mansourah), c’est un pont de pierres qui était refait à l’époque coloniale après son effondrement sous les pas cadencés d’une colonne d’infanterie.

Pont d’El Kantara (image 2)

* Le deuxième pont est celui Sidi Rached, inauguré le 20 avril 1912, il relie la médina aux quartiers sud et Est. Il est le plus majestueux de tous, effectivement il traverse la médina un peu avant le mausolée de Sidi Rached le saint de la ville, à la pointe du Rocher. Réalisant ainsi une grande courbure enjambant les deux gorges que réalise le passage du Rhumel. Réalisé en pierres, le pont Sidi Rached est un véritable chef d’œuvre et un joyau technique du début du 20ième siècle. Il est resté longtemps le plus important viaduc en pierre, dans le monde.

Lors de la construction du pont Sidi Rached, une grande entaille était réalisée dans la basse Souika faisant disparaître de nombreuses maisons pour laisser place aux arches du pont, qui ont coupé la basse Souika en deux parties et livré un véritable no man’s land faisant disparaître une grande capacité résidentielle entre l’îlot Sidi Rached et le reste de Souika. De l’extérieur la médina offre une belle image, dans laquelle les arches du pont enjambe le Rhumel et enserre une architecture en petites unités que surplombent les bâtiments coloniaux, elle est devenue l’image symbole de la ville de Constantine.

* Le troisième pont est celui Sidi M’cid, inauguré le 20 avril 1912, il relie la médina aux quartiers Nord. C’est un pont métallique, il réalise la prouesse d’enjamber la partie la plus profonde des gorges (175 mètres). Il est fixé par des câbles d’un côté à la pointe de la Casbah et de l’autre à l’hôpital Ibn Badis (c’est aussi une belle œuvre).

Pont Sidi M’cid (image 4)

* La passerelle Mellah Slimane réalise la jonction piétonne entre la médina à hauteur de la médersa au centre et les quartiers populaires qui lui font face, les entrepôts de Bab el Kantara, Djenane Tchina, Chalet des pins … Pour régler le problème de la dénivellation qui existe entre les deux points de raccordements, le public se sert d’un ascenseur d’une capacité de 12 personnes jumelé d’un escalier de plus d’une cent marches. Cette passerelle piétonne métallique a la même structure technique que le pont Sidi M’cid mais de taille beaucoup plus modeste. Elle fut ouverte au public en 1925.

Passerelle Mellah Slimane (ex Perrégaux) (image 5) Les images de 1 à 6 sont prises du site internet « Constantine »

Ces quatre ouvrages d’art, en plus de leur importance stratégique dans les liaisons qu’ils réalisent entre la médina, qui se présente comme une presqu’île entourée par ses profondes gorges, et son environnement, ajoutent de la splendeur à un site féerique. A partir de là, l’espace urbain s’était démesurément étendu sur les terrains de plus en plus loin du Rocher. Les ponts et la passerelle avaient réalisé une continuité même artificielle dans un site physiquement fragmenté. Ils supportent les flux aussi bien mécaniques que piétons dont une bonne partie transite par le centre ville pour prendre ensuite diverses directions à l’intérieur de la ville ou vers l’extérieur.

Dans le document Urbanisme et planification urbaine (Page 89-95)