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3.6 : Constantine cherche une solution dans l’anarchie:

Dans le document Urbanisme et planification urbaine (Page 134-138)

Les problèmes de dysfonctionnement de la ville de Constantine se concentrent au niveau du centre ville et se répercutent sur les autres quartiers et sur tout le groupement. Ces dysfonctionnements constituent depuis des décennies un souci majeur pour ces gestionnaires. Ces dernières années, s’est ajoutée l’instabilité du substrat aussi bien des quartiers déjà existants que des terrains vierges, susceptibles d’apporter leur appui foncier à la recherche de solutions à ce problème

crucial, dont les impacts sont déplorables sur la ville et très lourds àgérer.

3.6.1 : L’impact des désordres techniques :

Plusieurs quartiers de la ville tels Belouizded, Kitouni, Bellevue, Bardo, Boussouf, Benchergui…, en plus du vieillissement de leur cadre bâti et du manque d’entretien, posent de

graves problèmes d’instabilité du substrat. Les glissements de certains quartiers et les déperditions à longueur d’année des eaux usées et potable ont accéléré le processus d’effondrement du sol sous les fondations. De même que les surélévations anarchiques et incontrôlées se sont ajoutées pour précipiter et accélérer les destructions. Une situation qui a déstabilisé tout le système urbain (voir annexe II-1).

Ces quartiers se trouvent aujourd’hui en voie de perdre leur autonomie qui va les mener à la marginalisation puis à la disparition. Dans des quartiers importants tels Belouizdad et Bellevue, les constructions montrent de graves désordres, elles ont été classées «menaçant ruine » leur évacuation avait débuté juste après la catastrophe des inondations de Bab El Oued (Alger) du 10/11/2001, dans le but exprimé d’éviter le même scénario qu’à Alger. Les autorités, sous le coup de l’affolement avaient commencé l’évacuation des habitants de Belouizdad dans l’anarchie, pour les mettre dans des logements encore en chantier à Ali Mendjeli.

Dès que les habitants avaient quitté leurs maisons, ces dernières étaient rapidement détruites, pour éviter qu’elles ne soient réoccupées. Aujourd’hui se sont des étendues démesurées de décombres qui se sont transformés en espaces de marginalisation où se développent les fléaux sociaux. De même pour les personnes transférées en masse de la médina, de bidonvilles ou de quartiers menacés par les glissements vers les différents lieux d’accueil posent des problèmes de compatibilité concernant la cohabitation entre les différents groupes.

Ces évacuations ont provoqué une véritable effervescence chez les responsables locaux et chez les habitants. Toute l’opération s’est faite dans la précipitation. Parfois, avant même que les habitants n’aient quitté leurs maisons, ces dernières ont été rapidement détruites, par des entreprises spécialement recrutées pour la besogne. Un travail qu’elles ont effectué sans étude préalable et dans l’anarchie totale. La destruction de cette partie du quartier Belouizdad ; mais aussi Bardo, la médina est une atteinte à la cohérence déjà problématique du centre ville.

3.6.2 : Localisation dispersés des équipements centraux :

Les responsabilités de Constantine sont en nette expansion aussi bien sur le plan local que régional. Depuis l’amélioration des conditions sécuritaires et les slogans répétés d’amélioration des conditions de vie de l’Algérien qui ont suivi ont entraîné la révision du niveau d’équipement des différents quartiers de la ville. La libéralisation du marché de l’investissement et la soumission du

foncier aux mêmes lois a révélé de grands besoins en terrains urbanisables que le site chahuté et les problèmes d’instabilité du substrat ont davantage corsé.

Ainsi de nombreux équipements centraux sont localisés selon la disponibilité du terrain, sans chercher à renforcer le centre ville existant ou à en créer un autre sur un site plus intéressant, dans un plan d’aménagement global. Ils sont dispersés à travers la ville. A titre d’exemple : la direction de transport est à Filali, la direction régionale de l’enseignement à distance est à la cité du 20 Août, la bibliothèque nationale et l’école des beaux arts à Boussouf. Zouaghi, une agglomération secondaire au sud de Constantine a reçu des équipements régionaux tels la direction régionale de l’environnement, l’Algérienne des eaux, le théâtre de verdure et un hôtel 5 étoiles.

Dans un mouvement de désengorgement du centre ville, la zone industrielle Rhumel, parce qu’un bidonville avait libéré un terrain, elle a accueilli de nombreuses directions régionales, en plus de celles déjà existantes dont : celles de l’artisanat, du commerce, de la protection civile, de la formation professionnelle et de l’emploi, des postes et télécommunications, du contrôle techniques des constructions (CTC), la caisse régionale de la mutualité agricole, l’institut régional de la cartographie, les directions régionales de Djezzy et mobilis, les banques sans compter toutes les directions générales des entreprises industrielles et économiques installées avant cela.

Tableau n°II- 4 : Projets en cours de réalisation ou à l’étude21 :

numéro Projet Surface en m2 Site de localisation

1 Cité administrative de wilaya 92.000,00 Daksi

2 Théâtre de verdure 120.000,00 Zouaghi (Zerzara)

3 Hôtel Cristal 5* 40.000,00 Zouaghi (Zerzara)

4 Direction de Douanes 2.241,25 Zouaghi (cimetière)

5 6

Direction Laboratoire environnement Tribunal

20.000 21.126,78

Zouaghi (cimetière) Zouaghi (cimetière)

7 Ecole des beaux arts 25.000,00 Boussouf

8 Bibliothèque régionale 13.890,78 Boussouf

9 Direction ADE 5.000,00 ZI Palma

10 Direction du commerce 2.500,00 ZI Palma

11 Direction de la

formation professionnelle

2.500,00 ZI Palma 12 Direction de la protection civile 22.900,00 ZI Palma

13 Direction Mobilis 1.674,00 ZI Palma

14 DGSN 12.865,50 ZI Palma

15 Direction djezzy 26.000,00 ZI Palma

16 Direction des transports xxxxxxxxx Les terrasses (Filali)

17 Direction du cadastre (wilaya) Les combattants

18 Hôpital militaire 600.000,00 Ali Mendjeli

19 Archives de wilaya 7.458,39 Ali mendjeli

20 Archives des tribunaux 6.241,00 Ali Mendjeli

21 Cadastre régional 3.000,00 Ali mendjeli

Données recueillies auprès du service des choix de terrain de la DUC, juillet 2005 Constantine

Tous ces équipements sont localisés par les services de la DUC à travers les quartiers de Palma, Zouaghi, les terrasses ou Boussouf…, sans aucune autre logique que celle de la disponibilité des terrains et de la superficie demandée. La plupart de ces équipements sont des directions générales de sociétés ou des équipements administratifs et socio culturels de niveau urbain. A la base il n’y a pas eu une logique pour construire une certaine centralité ou de restructurer celle existante par le renforcement ou la réalisation d’un centre secondaire ou un centre spécialisé dans la ville, encore une occasion perdue pour améliorer la situation.

Conclusion : Fragmentation et monocentralité, deux critères de dysfonctionnement : Comme toutes les métropoles du Tiers Monde, Constantine connaît une poussée démographique et une expansion spatiale incontrôlées. Deux phénomènes qui exacerbent, depuis de longtemps les dysfonctionnements de la ville. Les préoccupations qu’engendrent les problèmes de logements et de fonctionnements ont relégué toutes les autres préoccupations au deuxième plan. Ainsi, la qualité urbaine et architecturale de ce qui se réalise est dès le début problématique, une situation qui aurait pu être évitée s’il y avait moins de précipitation.

Le centre de Constantine est resté « coincé » dans la médina et ses alentours immédiats, malgré les nombreuses tentatives de le dédoubler ou de le déplacer vers un autre endroit étendu, accessible et moins excentré (le Mansourah, le Coudiat ou Bardo…). Toutes ces tentatives n’ont pas réussi à enlever à la Médina sa suprématie. Au contraire c’est dans la médina et ses alentours que continuent de s’installer les fonctions libérales, commerciales et de services résultant de l’initiative privée. La destruction d’une partie du quartier péri central Belouizdad est une autre atteinte à la cohésion cette centralité déjà problématique.

De plus avec un centre unique très ramassé, excentré et inaccessible pour une ville fragmentée et très étendue, il est difficile d’imaginer un fonctionnement sans problèmes. Mais la ville continue son croît démographique et son étalement, sans se soucier de ses dysfonctionnements. Des décisions dispersées entre les différents services et responsables ont à leur tour dispersé les équipements centraux de la ville sur différents quartiers, selon la disponibilité des terrains, la surface

et surtout la facilité d’acquisition22. Ils ne cherchent pas à structurer une quelconque centralité. Le risque de passer d’une monocentralité très polarisante à une centralité trop dispersée est, à cet égard prévisible.

Pour remédier au manque de terrain susceptibles d’accueillir des équipements centraux nécessaires au bon fonctionnement de la ville, les espaces marginalisés et dégradés dans les quartiers périphériques et du cadre bâti délabré du centre et des quartiers péricentraux sont à prendre comme des friches urbaines. Des opportunités dont il faut se saisir afin d’en rationaliser l’usage et améliorer l’aménagement et le fonctionnement de la ville, avant qu’elle ne soit définitivement et irrémédiablement déstructurée.

Dans le document Urbanisme et planification urbaine (Page 134-138)