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Introduction à la deuxième partie

Dans le document Urbanisme et planification urbaine (Page 106-109)

« La ville est un établissement humain qu’il faut organiser et gérer pour l’harmonie sociale et les conditions de vie qu’il doit offrir à ses habitants, mais également un équipement de base de l’organisation et du développement équilibré du territoire, en fonction des activités productives et organisationnelles qu’il doit développer. »2

De cette définition de la ville, nous pouvons évaluer son importance et donc l’intérêt de lui donner tous les atouts pour accomplir ses différents rôles social, économique, politique … Afin d’évaluer ses besoins un bilan diagnostic de l'état actuel s’impose. Il retrace les grandes étapes d’urbanisation de Constantine et met en évidence les situations problématiques et les dysfonctionnements qu’elle vit et qui sont liés à des conditions particulières, surtout la masse produite après l’indépendance. Les différentes interventions des responsables locaux pour essayer de régler les problèmes de la ville, du centre ville, des terrains d’urbanisation… Comment chaque nouvelle proposition était-elle accueillie, sa réussite ou non selon la durabilité des solutions préconisées et leurs impacts sur le fonctionnement urbain et l’image de la ville.

Ce bilan diagnostic est consacré à la situation qui prévaut dans la ville, particulièrement dans son centre et aux différents problèmes et dysfonctionnements. Ces derniers ont nécessité de nombreuses interventions de la part des responsables locaux sans trouver de solution viable. La crise de logements étant un problème crucial de la ville, elle s’est déclarée bien avant l’indépendance et continue d’être le problème majeur des villes algériennes. La solution préconisée était celle d’opter pour la réalisation de milliers de logements, mais le manque de logements n’a pas été comblé et les dysfonctionnements de la ville se sont multipliés.

Nous laisserons se dérouler le temps pour une observation attentive de la formation de la ville, à travers les étapes d’urbanisation et des espaces qui s’ajoutent progressivement afin de comprendre le fonctionnement de la ville et les complications qui s’en suivent. Parallèlement à cela, les nombreuses interventions des services d’urbanisme n’ont pas apporté les solutions escomptées, peut être parce qu’elles sont restées superficielles et n’ont pas touché le fond du problème ou bien, elles se font au coup par coup en répondant aux urgences du moment ; elles ne préconisent pas de solutions radicales portant un bon projet pour la troisième ville d’Algérie.

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Cette crise persistante a permis la prolifération de l’habitat précaire, illicite ou informel, selon l’appellation. Ces quartiers d’habitat précaire occupaient les abords des voies rapides et tous les terrains non urbanisables encore libres. Bien que la stratégie nationale soit pendant longtemps celle de la résorption de l’habitat précaire avec la prise en charge entière par le budget de l’Etat de la production du logement social. Les unités spontanées se greffent toujours à des unités résidentielles planifiées espérant se servir de leurs équipements, bien qu’ils construisent les logements sans construire « la ville ». Ces périphéries planifiées et spontanées ont, depuis longtemps perdu leur unité et leurs spécificités urbaines, architecturales et même fonctionnelles. Elles ont doté la ville d’une image illisible, lugubre et dévalorisante.

Les longues années vécues dans les baraques, avaient incité les habitants à procéder à l’amélioration de leurs habitations. Les autorités nationales et locales étaient submergées par le problème de l’habitat précaire, elles avaient profité de cette amélioration pour qu’en 1985, un décret interministériel leur offre l’occasion de changer de stratégie en instituant des opérations de revalorisation et de mise aux normes pour l’intégration définitive des quartiers spontanés dans la ville. Tranquillisés sur leurs investissements, les habitants avaient engagé plus de moyens dans l’amélioration de leurs logements et leurs commerces.

Ils ont ainsi crée une dynamique spatiale et économique très forte dans une «ville populaire » parallèle à « la ville officielle » portée par les plans d’urbanisme, renforçant encore plus la dualité de la ville. En effet, l’intégration des quartiers spontanés à la ville avait entraîné de grandes mutations sociales et spatiales. Ces changements beaucoup trop rapides ont submergé la gestion et entraîné des perturbations dans les prestations de la ville, rendant caduques et obsolètes un grand nombre de décisions prises et de plans approuvés.

Nous tenterons, dans cette partie, un bilan non exhaustif des situations portées par l’espace d’étude. Ces espaces se trouvent parfois en porte à faux par rapport à ce qui est prévu par les plans d’aménagement. Ils échappent d’une certaine manière au processus de planification et surtout à la maîtrise. Cette situation créée par les changements qu’engendre la grande dynamique qui prévaut dans la ville spontanée et qui engage tout l’espace urbain. L’étalement urbain démesuré et les dysfonctionnements, sont les signes de la crise urbaine. Ils portent les ingrédients de l’implosion de la ville, car dans pareilles situations, le temps n’est pas toujours un bon allié.

Ce regard porté sur la ville dans son ensemble est un bilan fait dans deux registres parallèles de classement. L’un concerne la ville planifiée et l’autre la ville spontanée, les deux font la ville actuelle. Une ville duale portant deux logiques différentes : l’une portée par les instruments de planification et soumise à leur autorité, l’autre portée par l’initiative privée en dehors du système de planification tenant seulement compte de la réalité du terrain et frontalement soumise à ses aléas. Pragmatisme et bonne gouvernance devraient nous permettre de tirer profit de cette situation pour améliorer le rendement de la ville et le vécu des habitants.

Afin de dépasser la complexité des problèmes et des dysfonctionnements de la ville, nous ferons appel à l’étude systémique, ainsi chaque système est théoriquement isolé pour le besoin de l’étude. Cela nous permet d’évaluer la part décelable de chaque système dans les dysfonctionnements de la ville éventuellement la part de solution qu’il porte. Sachant que dans les faits la ville s’est faite par morceaux (la médina, les faubourgs, les grands ensembles, les ZHUN, les zones industrielles…) ils posent chacun des problèmes spécifiques. Comme ils ont été crées dans des conditions particulières, ils portent leurs spécificités qui les détachent plus ou moins fortement de leur environnement spatial, social, économique… Ils attendent toujours leur totale intégration dans le système urbain.

Dans le document Urbanisme et planification urbaine (Page 106-109)