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Améliorer la santé des 870 millions d’habitants de la Région européenne

But 5 – Vieillir en bonne santé

3.5 Vieillissement en bonne santé

Dix-huit des 20 pays du monde ayant les pourcentages les plus élevés de personnes âgées font partie de la Région européenne de l’OMS. Dans ces pays, de 13,2 à 17,9% de la population ont plus de 65 ans. Au cours des 20 prochaines années, il se produira une augmentation très importante de la proportion de personnes faisant partie de ce groupe d’âge, et la partie de la population dont la proportion augmente le plus rapidement dans la plupart des pays est constituée par les personnes très âgées (c’est-à-dire âgées de 80 et plus). Au cours des 30 prochaines années, la proportion de personnes âgées de plus de 80 ans parmi la population des plus de 65 ans passera, dans l’ensemble de l’Europe, de 22 à plus de 30%.

Le vieillissement est un processus physiologique naturel au cours duquel l’organisme subit une série de changements. Il existe des différences considérables entre les individus à cet égard et en particulier en ce qui concerne leur aptitude à mener une vie active et satisfaisante. De nombreuses personnes âgées restent actives et pleinement indépendantes presque jusqu’à la fin de leur exis-tence. Les principales menaces qui pèsent sur la santé des personnes âgées sont la démence, la dépression, le suicide, le cancer, les maladies cardio-vasculaires, l’ostéoporose, l’incontinence et les traumatismes.

Ci-après, on remet en cause certains mythes concernant le vieillissement et l’on indique comment aider les personnes âgées en appliquant des stratégies visant à rendre le cadre local plus sûr et à mettre en place des politiques et des services sanitaires et sociaux offrant un plus grand soutien.

Bien que les personnes âgées soient plus vulnérables vis-à-vis des menaces énumérées plus haut, ces dernières ne sont nullement un élément inévitable du vieillissement pour chaque individu. Dans de nombreuses parties de la Région, on accorde trop d’importance à la diminution des fonctions et pas assez aux possibilités de rester actif. On ne s’intéresse pas assez aux effets sanitaires que la diminution des rôles sociaux a sur la santé dans l’ensemble de l’existence. Les adultes doivent s’acquitter de rôles sociaux et économiques multiples, mais ils sont souvent mal préparés à mener une vie socialement satisfaisante après la fin de l’activité professionnelle, lorsque les enfants ont quitté le logement familial et qu’il se produit un déclin des fonctions physiques. Des problèmes de santé considérables résultent de l’opinion erronée selon laquelle le vieillissement va de pair avec l’inactivité et ne commence qu’à l’âge de 65 ans.

Il existe de nombreuses possibilités de rester actif et de continuer à s’intéresser à la vie. Le niveau d’instruction des personnes âgées de 65 ans et plus est en augmentation et il existe de nouvelles possibilités qui permettent aux personnes âgées de continuer à s’instruire. Dans certains pays, peut-être en raison de niveaux d’instruction plus élevés, les personnes âgées ont créé des associations politiques et des groupes d’action de retraités pour exprimer leurs exigences relatives à l’élaboration

de politiques et à la mise en place de services sociaux et sanitaires. Dans une perspective plus large, cependant, on n’accomplit pas assez d’efforts pour répondre aux besoins et attentes en évolution des personnes âgées et pour se préparer à un vieillissement de plus en plus marqué de l’Europe.

Les femmes vivent plus longtemps que les hommes, mais les années de vie supplémentaires sont souvent caractérisées par des maladies chroniques, des invalidités et des difficultés à vivre de façon indépendante, en particulier parmi les femmes très âgées (c’est-à-dire âgées de 80 ans et plus). La dépendance a des dimensions physiques, économiques, psychologiques et sociales qui ont des effets très négatifs sur la qualité de la vie des personnes très âgées ; ces dernières constituent un groupe d’âge dans lequel les femmes sont nettement majoritaires (60–64%). L’une des raisons des différences d’aptitudes fonctionnelles liées au sexe est peut-être que, lorsque la masse musculaire se réduit, les femmes descendent au-dessous du « seuil critique » plus tôt que les hommes.

Les femmes ont tendance à gagner moins d’argent et à posséder moins d’économies que les hommes, et il est probable que cette tendance se poursuivra au cours de la prochaine décennie, ce qui aura des implications en matière de dépenses publiques et de santé et de qualité de vie des femmes.

L’environnement physique est un important déterminant de l’aptitude des personnes âgées à conserver leur indépendance, tant à leur domicile que lorsqu’elles se déplacent dans leur quartier.

Le logement, le transport et la conception des services locaux constituent souvent des obstacles au maintien des fonctions de nombreuses personnes âgées et à la préservation de leurs réseaux sociaux. En particulier, de nombreux systèmes de transport d’Europe ne peuvent pas être faci-lement utilisés par les personnes âgées. L’accès aux autobus et aux métros, notamment, est souvent difficile.

La plupart des personnes âgées veulent rester à leur domicile aussi longtemps que possible.

Cependant, dans un certain nombre de pays de la Région, il n’existe pas de services de soins à domicile appropriés – en particulier pour les personnes atteintes de démence. Dans de nombreux pays, les personnes âgées ne bénéficient pas de soins préventifs. Or, de tels services sont très importants pour les personnes âgées, comme le montre la demande très élevée de soins liés aux traumatismes. En règle générale, la réadaptation aide beaucoup les personnes âgées à mener une vie indépendante, à accroître leur autonomie et à améliorer leur qualité de vie.

Les personnes âgées consomment une quantité disproportionnée de l’ensemble des médicaments prescrits. Dans certains pays, un recours considérable aux médicaments semble être un moyen de remplacer des services de réadaptation inexistants. L’observance dans la prise des médicaments peut constituer un problème important, en particulier pour les personnes âgées qui vivent seules.

Les programmes actuels de formation des professionnels de la santé reposent souvent sur le trai-tement médical et les soins hospitaliers. Cela contribue à la prestation d’une quantité considérable de services inappropriés aux personnes âgées dans la Région.

BUT 5 – VIEILLIR EN BONNE SANTÉ

D’ICI 2020, LES PERSONNES ÂGÉES DE PLUS DE 65 ANS DEVRAIENT AVOIR LA POSSIBILITÉ DE JOUIR DE TOUT LEUR POTENTIEL DE SANTÉ ET DE JOUER UN RÔLE ACTIF DANS LA SOCIÉTÉ.

En particulier :

5.1 il faudrait augmenter d’au moins 20% l’espérance de vie et l’espérance de vie sans invalidité à l’âge de 65 ans ;

5.2 il faudrait augmenter d’au moins 50% la proportion de personnes jouissant, à l’âge de 80 ans, d’un niveau de santé leur permettant de conserver, dans un cadre domestique, leur autonomie, leur estime de soi et leur place dans la société.

STRATÉGIES PROPOSÉES

Vieillir en bonne santé

Il est possible d’améliorer la santé si les sociétés européennes prennent des mesures actives pour changer l’image négative du vieillissement et si les individus d’âge mûr ont la possibilité de réduire progressivement leurs activités professionnelles tout en augmentant les rôles sociaux dont

ils peuvent continuer à s’acquitter après la fin de leur vie professionnelle. Les personnes âgées représentent une ressource importante pour leur famille et la société, et elles peuvent contribuer dans une large mesure à la qualité de la vie et au bien-être de la famille. Leur expérience et leur sagesse sont des atouts très précieux dans l’éducation des enfants et pour les autres adultes de la famille. Les personnes âgées peuvent être utiles à la société et à leurs voisins longtemps après la fin des activités professionnelles. Cependant, ce potentiel est rarement pleinement exploité aujourd’hui.

Quartiers

Il faut aider les personnes âgées à prendre part à des activités qui se déroulent dans leur quartier et à des activités sociales. En travaillant ensemble, les personnes âgées, leur famille, les personnes qui prennent soin d’elles, leur quartier et les ONG peuvent trouver des façons novatrices de faire en sorte qu’elles continuent à mener une vie active et intéressante. Ces stratégies peuvent contribuer à renforcer l’aptitude d’une personne âgée à faire face à la perte d’un conjoint, de membres de la famille ou d’amis. L’environnement physique doit permettre aux personnes âgées de participer aux réseaux sociaux et d’avoir des contacts quotidiens avec les autres. Il est possible d’améliorer la santé si l’on conçoit l’aménagement des villes et les systèmes de transport en songeant à l’ensemble des usagers potentiels et si la signalisation est suffisamment lisible et claire pour que les personnes âgées la comprennent sans difficulté.

Santé et soutien social

Compte tenu du profil démographique des sociétés européennes, les politiques sociales et autres visant à maintenir l’autonomie des personnes âgées et à encourager la solidarité entre les géné-rations prennent une importance de plus en plus grande. Il faut également adopter des politiques qui prévoient un revenu suffisant et des subventions pour que les personnes âgées puissent se procurer des biens essentiels tels que des aliments et du combustible, en particulier dans certaines parties orientales de la Région. Des politiques sanitaires et sociales intégrées efficaces sont axées sur la communauté locale, participatives et déterminées par les besoins et elles reposent sur les atouts en matière de santé. Des études de cas ont montré qu’une stratégie efficace consiste à mobiliser les villes, les autres localités et les quartiers pour améliorer les soins de santé et les autres services destinés aux personnes âgées.

Services de santé

Il est possible de conserver dans une large mesure son indépendance en utilisant des appareils et des services relativement peu coûteux. Des interventions systématiques visant à améliorer l’audition, la mobilité (arthroplastie de la hanche), la vue et la capacité de mastication (dentier)

peuvent présenter des avantages considérables sur les plans du bien-être, de l’autonomie et de l’activité, et doivent bénéficier d’une priorité beaucoup plus élevée. Il est possible d’améliorer la qualité de la vie des personnes âgées et de leur famille, tout en réduisant considérablement le recours à des soins coûteux pour ce groupe de la population, si les services sont sensibles aux différences entre les sexes et reposent sur les soins primaires, et s’ils vont au devant de chaque personne âgée dans les quartiers (par exemple, grâce à l’intervention d’une infirmière de santé familiale – voir chapitre 6). Il est essentiel que les services offerts comprennent une évaluation des besoins et des atouts en matière de santé de chaque personne âgée et de son environnement. Si la personne âgée souhaite rester chez elle, il faut l’aider en adaptant son logement à ses besoins. Une aide-ménagère permet à la personne âgée de conserver son autonomie. Tel doit également être le but principal des maisons de santé. Une bonne coordination des services sanitaires et sociaux de proximité assure la continuité des soins, aide les individus à vivre dans leur propre logement aussi longtemps que possible et permet de n’avoir recours aux établissements de soins que lorsque cela est vraiment nécessaire.

Il faut que les programmes de formation relatifs aux soins primaires tiennent beaucoup plus compte des besoins et des atouts des personnes âgées et visent avant tout à maintenir l’autonomie. Ces programmes devraient tenir compte de l’évolution des niveaux d’instruction des futures générations des personnes âgées, ainsi que des attentes différentes relatives aux services destinés aux personnes âgées. Les soins gériatriques ne constituent qu’un élément parmi d’autres et il ne faut pas leur accorder une importance excessive.

Il faut accroître les possibilités de réadaptation dans de nombreux pays de la Région et les rendre économiquement plus abordables dans certains systèmes. La réadaptation peut être plus avanta-geuse sur le plan économique que l’hospitalisation des personnes âgées. Les maisons offrant des soins aux personnes âgées doivent reposer sur les principes suivants : maintien de l’autonomie et de l’estime de soi, respect des droits de la personne et sensibilité aux spécificités de chaque sexe (les femmes sont majoritaires dans ces maisons).

Des soins de santé et des services de réadaptation plus appropriés pourraient réduire la forte consommation de médicaments des personnes âgées. Lorsque des médicaments sont prescrits, le prescripteur doit tenir compte du coût du traitement médicamenteux, en particulier lorsque les per-sonnes âgées doivent payer les médicaments elles-mêmes. Les flacons ou autres récipients doivent être étiquetés et il faut que la taille, la forme, la couleur et l’aspect des comprimés et gélules conviennent à des personnes qui peuvent avoir des difficultés à prendre des médicaments.

VIEILLIR EN BONNE SANTÉ À SAMOS

On met actuellement en place un système de soutien global pour les personnes âgées à Samos, île de la mer Égée. Ce système repose sur la conscience des habitants de l’île d’appartenir à des communautés locales et sur une coopération entre un certain nombre de secteurs. Il s’agit de mieux répartir les ressources locales et d’offrir un environnement sûr qui favorise la santé affective et physique des personnes âgées. Cette initiative sera également avantageuse pour le secteur touristique, dans la mesure où elle favorise un environnement sain et sûr, afin d’encourager des touristes âgés à se rendre à Samos, ce qui engendrera pour l’île des recettes qui pourront ultérieurement être utilisées pour améliorer les services.

Il est prévu de créer un centre de soutien pour les personnes âgées, où les dossiers médicaux seront conservés. Toute demande de soins émanant d’une personne âgée ou de la personne qui prend soin d’elle sera transmise aux professionnels appropriés (infirmières, pharmaciens, assistantes sociales, kinésithérapeutes, etc.) et sera accompagnée des informations appropriées provenant de son dossier.

Les demandes de soins peuvent être présentées manuellement ou automatiquement en tout endroit de l’île grâce à la télématique (c’est-à-dire via des téléphones mobiles et des appareils de télé-appel et de localisation).

À Samos, les soignants sont généralement des personnes qui font partie de la localité ; ce sont des voisins ou des membres de la famille. Des initiatives telles que les magasins, les hôtels et les restaurants « soucieux des personnes âgées » facilitent la vie de celles-ci – qu’il s’agisse d’habitants de l’île ou de touristes – et des personnes qui prennent soin d’elles. D’autres initiatives ont été prises dans l’île : amélioration des chemins et du revêtement des rues, installation de rampes et de mains courantes pour améliorer la mobilité des personnes âgées, amélioration des installations et zones de repos à l’ombre.

Source : Humphreys, P. Healthy aging on the island of Samos. Networking for health. Copenhagen, WHO Regional Office for Europe, 1996 (RHN Conferences Series No. 4).