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Blessures dues aux actes de violence et aux accidents

Prévenir et combattre les maladies et les traumatismes

4.5 Blessures dues aux actes de violence et aux accidents

Les traumatismes dus à des actes intentionnels et non intentionnels ont un coût humain, social et économique considérable et constituent une cause importante de mortalité. En 1994, 500 000 décès accidentels ont été signalés dans l’ensemble de l’Europe. La consommation d’alcool constitue un important facteur de risque pour toutes les formes de violence et d’accidents. Les autres facteurs importants sont les problèmes socioéconomiques (par exemple, la pauvreté, la mauvaise qualité du logement, les zones urbaines dégradées), des environnements politiquement et socialement instables (guerres, par exemple) et le chômage. Les traumatismes et les intoxications constituent la deuxième cause de l’écart de mortalité est-ouest. Les accidents et les intoxications sont la principale cause de décès parmi les jeunes.

La violence domestique est souvent un problème caché car les victimes et les auteurs ne la recon-naissent pas ou elle est reprise dans les statistiques concernant les accidents. Ce sont généralement les personnes de sexe féminin qui sont les victimes d’actes de violence, mais pas exclusivement.

Vingt pour cent des femmes d’Europe ont été victimes d’actes de violence au moins une fois dans leur existence ; le plus souvent, l’auteur est quelqu’un qu’elles connaissent et, comme cela a été mentionné dans le chapitre 3, dans les pays industrialisés, les actes de violence domestique se sont traduits pour les femmes par plus de traumatismes que l’ensemble des viols, des accidents de la circulation et des agressions ayant le vol pour motif. Il importe également de mentionner les sévices aux personnes âgées et aux personnes souffrant de problèmes de santé mentale, en particulier celles qui vivent dans des établissements. Les actes de violence à motivation sociale contre des réfugiés et des groupes ethniques sont en augmentation. L’ampleur des sévices dont les enfants sont les victimes est progressivement reconnue (voir chapitre 3). De nombreux pays de la Région européenne ont commencé, au cours des 20 dernières années, à enregistrer l’incidence des sévices sexuels, physiques et psychologiques et leurs causes.

Les accidents se produisent dans des cadres très divers (sur le lieu de travail, au foyer, à l’école et pendant les loisirs) et leurs coûts sont élevés. L’OMS a estimé que, chaque année, il se produit dans la Région 80 millions d’accidents nécessitant un traitement médical.

L’incidence moyenne annuelle d’accidents de la circulation déclarés avec lésions corporelles est d’environ 340 pour 100 000 habitants dans les pays de l’Union européenne. Cela représente 2 à 3 fois plus que les moyennes dans les pays d’Europe centrale et orientale et les nouveaux États indépendants. La situation est inverse en ce qui concerne la mortalité, puisque les chiffres sont près de deux fois plus élevés dans la partie orientale de la Région qu’en Europe occidentale, ce qui indique un taux de létalité beaucoup plus élevé. Les accidents de la circulation impliquant des véhicules à moteur sont les causes de traumatismes et de décès qui peuvent être le plus efficacement prévenues. Les mesures à prendre consistent à porter de bonnes ceintures de

sécurité, à améliorer la qualité des routes et des véhicules, à faire respecter des dispositions appropriées en matière de vitesse et à réduire la conduite en état d’ivresse.

LE COÛT DES ACCIDENTS DE LA CIRCULATION

En 1995, les accidents de la route ont provoqué quelque 45 000 décès et 1,5 million de blessés dans les quinze États membres de l’Union européenne. Compte tenu du niveau de sous-estimation, on peut avancer que le nombre annuel total de morts et de blessés s’élève à près de 3,5 millions. Sur la base des actuelles appréciations monétaires de la prévention de ces morts et blessés, on peut avancer que les pertes annuelles avoisinent 162 milliards d’écus, et ce uniquement pour les frais découlant de dégâts matériels. Quant au coût socioéconomique, il équivaut à peu près au double du budget total de l’Union européenne, il représente 97% des frais de tous les accidents de la circulation, il excède le coût des embouteillages ou des effets environnementaux du trafic routier, et il provoque une perte de productivité plus importante encore que le cancer du poumon. Il nous faut déployer des efforts encore plus soutenus pour réduire le nombre de décès et de blessures, étant donné l’augmentation probable de la mobilité due à la reprise économique et à une croissance de l’activité transfrontalière au sein du Marché unique. À l’heure actuelle, on peut estimer que les risques d’accident sont multipliés par sept entre l’État membre où ils sont le moins élevés (Royaume-Uni) et celui où ils sont le plus élevés (Grèce).

Source : Plan stratégique de sécurité routière pour l’Union européenne. Bruxelles, Conseil européen de la sécurité routière, 1997.

Les aires de jeux pour les enfants représentent un risque d’accident principalement en raison de la mauvaise conception du matériel et des surfaces. Cependant, les enfants plus âgés choisissent souvent de jouer dans des cadres plus dangereux et non surveillés tels que les rues, les terrains vagues, les chantiers de construction, les voies de chemin de fer, les canaux et les cours d’eau, et l’absence de mesures de sécurité dans ces lieux peut entraîner des blessures graves et des décès.

Il convient également de citer, parmi les autres causes de traumatismes accidentels, les intoxications accidentelles, l’intoxication alcoolique et les activités sportives et de loisir.

BUT 9 – DIMINUER LE NOMBRE DE BLESSURES DUES AUX ACTES DE VIOLENCE

ET AUX ACCIDENTS

D’ICI 2020, IL FAUDRAIT RÉDUIRE DE FAÇON IMPORTANTE ET DURABLE LE NOMBRE DES BLESSURES, DINVALIDITÉS ET DE DÉCÈS IMPUTABLES AUX ACCIDENTS ET AUX ACTES DE VIOLENCE DANS LA RÉGION. En particulier :

9.1 il faudrait réduire d’au moins 30% la mortalité et l’invalidité imputables aux accidents de la cir-culation ;

9.2 il faudrait réduire d’au moins 50% la mortalité et l’invalidité imputables aux accidents du travail, domestiques, de sport et de loisirs, la réduction la plus importante devant s’opérer dans les pays où les taux de mortalité imputables aux accidents sont actuellement élevés ;

9.3 il faudrait réduire d’au moins 25% l’incidence des actes de violence domestique, sexuelle et organisée, leurs conséquences sur la santé et la mortalité qui en découle.

STRATÉGIES PROPOSÉES

Comme pour les autres problèmes dont il a été question dans ce chapitre, les stratégies concernant les actes de violence et les traumatismes reposent sur :

une connaissance des facteurs de risque et une surveillance de ceux-ci ;

des politiques des pouvoirs publics permettant de lutter contre ces facteurs de risque, en accordant une attention particulière à la consommation d’alcool et à la réduction des manques d’équité d’ordre social et économique ;

l’absence de tolérance sociale et politique pour les sévices physiques et sexuels dirigés contre le conjoint, les enfants et les membres de groupes ethniques, et l’adoption de dispositions législatives appropriées à cet égard ;

une action intersectorielle menée avec la participation des secteurs politique, juridique, sanitaire et des transports ;

des stratégies de prévention, de soins et de réadaptation appropriées et intégrées, sensibles aux différences entre les sexes et aux spécificités ethniques, mises en œuvre principalement dans le cadre des soins de santé primaires ;

une stratégie ciblée dans le cadre de laquelle des informations épidémiologiques indiquent les grands problèmes (anciennes casernes et centres urbain, par exemple) ;

des travaux de recherche sur les types, les déterminants et les effets des actes de violence et des traumatismes, dans le cadre de l’amélioration constante des stratégies de prévention, de soins et de réadaptation ;

des actions de sensibilisation et des mesures éducatives dans les lieux où les jeunes se rassemblent (par exemple, installations sportives, cafés, écoles et lieux de travail) ;

une action de sensibilisation en matière de santé publique et la diffusion d’informations concernant les risques et les stratégies de prévention ;

l’éducation et la formation du personnel de santé ;

la surveillance et l’évaluation, notamment des effets des processus et des stratégies ;

la mise en place de réseaux sociaux ;

la conception architecturale des quartiers ;

un traitement en profondeur des victimes de violence familiale qui, sinon, risquent de devenir la prochaine génération d’auteurs d’actes de violence.

4.6 Catastrophes

Des situations d’urgence résultent de catastrophes naturelles et d’origine humaine ou technologique (par exemple, tremblements de terre, accidents nucléaires, explosions chimiques et déversements).

En outre, des situations d’urgence complexes se produisent à la suite de l’effondrement du cadre politique, économique, social et institutionnel, lorsqu’une guerre civile se produit, par exemple. Ces différents types de catastrophes causent des problèmes considérables en matière de santé publique.

Au cours des dix dernières années, la Région européenne a connu une forte augmentation du nombre de situations d’urgence violentes et complexes, lors de guerres ou de guerres civiles. La désintégration de l’ex-Yougoslavie a constitué à cet égard l’exemple le plus tragique, mais en 1992, par exemple, neuf autres conflits se déroulaient dans la Région européenne. Heureusement, la situation s’est nettement améliorée depuis lors.

Ces situations d’urgence ont exigé des réactions rapides sous la forme d’une collecte de ressources et de la fourniture d’une aide humanitaire. Un grand nombre d’organisations – le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), l’UNICEF, l’OMS et d’autres institutions des Nations Unies, l’Union européenne, la Croix-Rouge et de nombreuses autres ONG – ainsi qu’un grand nombre d’États membres ont été actifs dans ce domaine. Ces événements ont mis en évidence la nécessité d’une meilleure coordination et de l’adoption de méthodes nouvelles de fourniture d’aide d’urgence, mais beaucoup de progrès ont été accomplis dans ce domaine grâce aux vastes opérations menées au cours des années 90.

Le Bureau régional de l’OMS pour l’Europe a fait face à ce défi et a accumulé une grande expé-rience opérationnelle, logistique et technique dans le cadre coordonné des Nations Unies. Plus pré-cisément, il a appris à concevoir de nouvelles technologies en vue d’opérations futures (trousses de secours d’urgence) et à mettre au point des stratégies pour réaliser une transition coordonnée et efficiente des secours d’urgence au redressement, à la remise en état et à la reconstruction.

STRATÉGIES PROPOSÉES

Préparation aux situations d’urgence

Les pays doivent accomplir des efforts plus intenses pour améliorer leur préparation aux situations d’urgence, en mettant en place un environnement politique, juridique, de gestion, financier et social pour l’utilisation coordonnée et efficace des ressources disponibles. L’OMS peut offrir ses compétences techniques, ses conseils et ses actions de formation.

Aide humanitaire

Lorsqu’une grave situation d’urgence sanitaire se produit, l’objectif de l’OMS est de fournir en temps utile une aide humanitaire appropriée, en collaboration avec d’autres organismes. La coor-dination efficace de ces activités dans le cadre d’une action globale des Nations Unies s’effectue grâce à l’établissement de relations de travail étroites avec d’autres organismes des Nations Unies, en particulier le HCR, l’UNICEF et le Programme alimentaire mondial. Cette assistance repose sur une stratégie qui consiste à donner la priorité à l’aide au gouvernement du pays concerné, par les actions suivantes :

en commençant rapidement à mener des activités crédibles dans le pays ;

en évaluant la situation en matière de santé publique ;

en fournissant une assistance technique reposant sur l’expérience acquise lors de la surve-nance d’autres problèmes de santé publique analogues ;

en coordonnant les activités en matière de santé des différentes ONG présentes.

En outre, l’OMS possède maintenant une expérience relative à toute une gamme de programmes de santé publique dans des domaines tels que l’approvisionnement en eau et l’assainissement, la vaccination (avec l’UNICEF), et la réadaptation physique et mentale. L’OMS fournit également du matériel médical et chirurgical, dans les limites des ressources disponibles, lorsqu’il est manifeste que cela répond à un besoin.

Reconstruction

Dans une phase ultérieure, lorsque la phase d’urgence est terminée, l’OMS coopère avec des orga-nismes internationaux de développement tels que la Banque mondiale, l’Union européenne et le PNUD, afin de soutenir, de rétablir et de reconstruire les services de santé, en mettant l’accent sur les soins primaires dans le contexte de la politique de la Santé pour tous, et en vue d’offrir des ser-vices de santé essentiels à certains groupes. En outre, on se rend de mieux en mieux compte que la santé peut être un instrument efficace de promotion du dialogue et de la réconciliation et de la

construction de la paix. Beaucoup d’expérience a été acquise récemment dans ce domaine, par exemple en Bosnie-Herzégovine.

Bien que ces activités portent sur une assistance à certains pays, il faut utiliser des démarches régionales tant en matière de préparation aux situations d’urgence que dans les mesures à prendre lorsqu’elles se produisent. Ces démarches englobent une coordination avec d’autres organismes internationaux (l’Agence internationale de l’énergie atomique, en particulier) en ce qui concerne des situations d’urgence nucléaires et chimiques ; la promotion et la mise en œuvre de politiques qui soient compatibles avec les politiques mondiales de l’OMS et en harmonie avec d’autres organismes internationaux ; et la coordination avec d’autres organismes humanitaires des Nations Unies en ce qui concerne l’évaluation des besoins et la collecte de ressources à l’échelle mondiale.

Stratégies multisectorielles