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2.2 Supprimer les écarts de santé dans les pays

2.2.5 Les invalides

Les personnes souffrant d’une invalidité physique ou mentale constituent aussi une catégorie dont les problèmes et les besoins sont très particuliers. Ce sujet est traité de manière détaillée à la section 5.4.

Il ressort de l’opération de surveillance de la Santé pour tous que les pays font maintenant état non seulement de différences géographiques mais aussi de variations en fonction de la profession et du niveau d’instruction. Certains mentionnent les effets du chômage et signalent l’existence de problèmes, comme l’alimentation et le logement. Les pays éprouvés par la guerre et ses

consé-quences évoquent en particulier la situation concernant la santé des migrants et des réfugiés. Envi-ron un quart des États membres indiquent qu’ils ont amélioré leur système d’information pour tenir compte du manque d’équité en matière de santé et certains d’entre eux ont mis au point de nouveaux indicateurs à cet effet. On recense aussi un beaucoup plus grand nombre de travaux de recherche sur la question mais ils portent principalement sur la mesure du manque d’équité : les travaux de recherche sur l’efficacité des mesures prises pour supprimer les écarts sont relativement peu nombreux.

BUT 2 – ÉQUITÉ EN MATIÈRE DE SANTÉ

D’ICI 2020, LÉCART DE SANTÉ ENTRE GROUPES SOCIOÉCONOMIQUES DANS LES PAYS DEVRAIT ÊTRE RÉDUIT DAU MOINS UN QUART DANS TOUS LES ÉTATS MEMBRES EN AMÉLIORANT NETTEMENT LE NIVEAU DE SANTÉ DES GROUPES DÉFAVORISÉS.

En particulier :

2.1 il faudrait réduire d’au moins 25% l’écart d’espérance de vie entre groupes socioéconomiques ;

2.2 les valeurs des principaux indicateurs de morbidité, d’invalidité et de mortalité devraient être plus équitablement réparties entre les différents groupes socioéconomiques ;

2.3 il faudrait sensiblement améliorer les conditions socioéconomiques qui influent sur la santé, notamment les disparités en matière de revenus, de niveau d’instruction et d’accès au marché du travail ;

2.4 il faudrait fortement réduire la proportion de personnes vivant dans la pauvreté ;

2.5 il faudrait protéger de l’exclusion les individus ayant des besoins particuliers en raison de leur état de santé ou de leur situation économique ou sociale et leur permettre d’accéder facilement à des soins appropriés.

STRATÉGIES PROPOSÉES

Une stratégie très importante permettant de s’attaquer au manque d’équité en matière de santé consiste à s’efforcer largement et de manière systématique (voir ci-dessus) d’obtenir le soutien du public en faveur de politiques socioéconomiques plus progressistes qui s’emploient à résoudre le problème fondamental d’inégalité en matière de revenus et de bien sociaux (par exemple, accès gratuit aux soins de santé, à l’enseignement, etc.).

L’examen sérieux de l’ensemble du problème passe par une évaluation correcte du clivage qui existe en matière de santé et de ses causes. Il conviendrait donc tout particulièrement de s’efforcer de définir les catégories qui risquent notamment d’avoir des ennuis de santé et de mourir prématu-rément et d’analyser les causes des différences sociales en matière de santé. il serait possible d’utiliser souvent à meilleur escient les sources existantes d’information, mais de nombreux pays doivent modifier leur système d’information sanitaire pour enregistrer les variables socio-économiques de manière plus précise et englober un plus grand nombre d’informations sanitaires dans les statistiques socioéconomiques existantes. Il faut accorder une plus grande d’attention à la surveillance et à l’évaluation de l’efficacité des mesures visant à supprimer les écarts en matière de santé.

ÉVALUATION DU CLIVAGE EN MATIÈRE DE SANTÉ ET DE SES CAUSES

1. Dans le cadre de l’Initiative mondiale pour l’équité en matière de santé et de soins de santé, lancée par l’OMS et l’Agence suédoise pour le développement international, la Lituanie (par exemple) a recensé plus de 20 sources existantes d’indicateurs sanitaires ou socioéconomiques susceptibles d’être utilisés pour dresser l’inventaire du manque d’équité dans ce pays.

2. L’Espagne, la Finlande, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la Suède ont tous récemment créé une commission spéciale chargée d’évaluer le clivage existant en matière de santé.

3. La Norvège essaie de mettre au point de nouveaux indicateurs afin de mieux tenir compte du manque d’équité en matière de santé et la Suède souligne la nécessité d’utiliser une démarche intégrée en ce qui concerne les indicateurs relatifs aux sexes et aux catégories socioéconomiques 4. Un effort ambitieux a été entrepris aux Pays-Bas pour présenter des données sur l’état de la santé publique et faire des prévisions en la matière afin d’informer les responsables de la politique.

Source : Exploring the process of health policy development in Europe. Copenhagen, WHO Regional Office for Europe (sous presse).

Déterminants de la santé

Il faut faire preuve d’une plus grande détermination et prendre des mesures plus énergiques pour influer sur les déterminants de la santé. Les politiques qui parviennent le mieux à maintenir et à améliorer la santé de la population sont celles qui abordent la croissance économique, le dévelop-pement humain et la santé de manière intégrée. Les écarts de revenus, les choix en matière de santé et la protection de l’environnement sont des variables qui peuvent être influencées par la politique des pouvoirs publics et tout changement apporté dans ces domaines peut se traduire par une amélioration de la santé et du bien-être pour l’ensemble de la population. Les mesures fiscales et juridiques sont de puissants instruments de réglementation pour influer sur les causes fondamentales des problèmes de santé. Le chapitre 5 examine de manière plus détaillée les stratégies visant à influencer les déterminants physiques, environnementaux et socioéconomiques de la santé, et notamment la répartition des revenus, l’emploi et l’instruction.

Pour pouvoir être mises en œuvre de manière efficace, ces réglementations doivent être soutenues par l’ensemble des secteurs et des organismes concernés et bénéficier avant tout du soutien et de la confiance du public. Il est possible d’y parvenir en mobilisant la société dans son ensemble et en suscitant des débats solidement étayés grâce à une communication efficace. Il faut évaluer la poli-tique des pouvoirs publics pour connaître ses répercussions sur l’équité en matière de santé.

Choix d’un point de départ

Il existe plusieurs points de départ possibles pour élaborer des plans visant à s’attaquer au manque d’équité en matière de santé. Chaque pays choisira celui qui est le plus adapté à sa situation. Une

des méthodes consiste à axer l’action sur des problèmes de santé spécifiques pour lesquels on a remarqué des différences sensibles entre les catégories socioéconomiques. Cette méthode présente l’avantage d’être comprise facilement par le public et les professionnels de santé. Une deuxième méthode repose sur des données récentes qui indiquent qu’il vaut mieux s’attaquer aux facteurs de risque et aux causes sous-jacentes du manque d’équité en matière de santé lorsque des écarts de revenus importants existent ou qu’il y a des poches de chômage élevé ou de mauvaises conditions de logement, en particulier au niveau local. Une troisième méthode consiste à commencer par définir les groupes à risques particuliers. Étant donné qu’il semble établi que les facteurs de risque se retrouvent dans les mêmes catégories sociales, cette méthode permet de prendre en considé-ration plusieurs facteurs de risque en même temps. Dans les politiques globales de santé, on peut fixer des buts variables pour ces catégories.

Dans la plupart des cas, on emploiera plusieurs méthodes en même temps. Les pays peuvent aussi envisager d’inclure un volet équité dans tous leurs grands programmes en cours, bien que cette méthode risque de ne pas être toujours suffisamment ciblée.

Pour les groupes à risques particuliers, les politiques de santé doivent tenir compte des différences culturelles et entre les sexes en garantissant un accès à des soins et à un soutien appropriés.

Services aux groupes mal desservis

L’offre de services aux groupes mal desservis et la réduction des obstacles financiers et autres à l’accès à ces services peuvent améliorer la santé de ceux qui vivent dans la pauvreté (ces points sont analysés de manière plus détaillée au chapitre 6). Les services aux groupes mal desservis sont particulièrement importants lorsqu’il s’agit d’atteindre des catégories vulnérables comme les personnes âgées, les minorités ethniques, etc., qui ne savent peut-être pas comment obtenir l’aide dont elles ont besoin ou ont du mal à utiliser ces services en raison d’obstacles sociaux, psychologiques ou même physiques. En brisant le cercle vicieux de la pauvreté en intervenant à un stade précoce dans la vie des nourrissons et des enfants, on peut améliorer sensiblement la santé de la génération actuelle et des générations futures (cette question est analysée de manière plus détaillée au chapitre 4).

Il faut mettre en œuvre des politiques intégrées pour venir en aide aux groupes vulnérables. La santé des immigrés et des réfugiés peut être améliorée si ceux-ci peuvent accéder aux services de santé familiale, disposer d’un logement convenable, recevoir une instruction et obtenir un emploi.

Dans la mesure du possible, il faut garantir aux groupes vulnérables des ressources financières qui leur assurent le même droit aux soins de santé qu’au reste de la population. Des programmes intégrés élaborés au niveau local et auxquels participent un grand nombre de secteurs et d’organismes peuvent contribuer efficacement à concevoir des services adaptés aux caracté-ristiques spécifiques, culturelles, psychologiques, etc. des groupes concernés.

La santé des populations en situation d’urgence peut être améliorée si l’aide humanitaire est à la fois rapide et efficace et s’il existe des politiques nationales et internationales qui réduisent la bureaucratie inutile et assurent un acheminement immédiat des fonds et l’intervention d’experts et de personnel de secours. Le rôle du secteur de la santé est de prouver que ces politiques sont nécessaires, de favoriser la création de partenariats avec les secteurs concernés et de les aider à évaluer leurs politiques.

Améliorer la santé des 870 millions