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Secteur de santé axé sur les résultats

But 17 – Financement des services de santé et affectation des ressources But 18 – Amélioration des ressources humaines pour la santé

6.5 Infrastructure de santé publique

Il est indispensable de mettre en place des capacités suffisantes pour pouvoir procéder aux tâches suivantes : gérer l’élaboration et la mise en œuvre de politiques et stratégies basées sur la Santé pour tous, exécuter une analyse épidémiologique de la situation de la santé, de ses déterminants et des besoins sanitaires, promouvoir des programmes et activités axés sur le bénéfice de santé, et enfin intégrer la dispensation de soins de haute qualité dans une même approche axée sur la population. Celles-ci nécessiteront un engagement résolu et de longue durée des échelons politiques et de gestion.

Le besoin de modernisation et de renforcement du système de santé publique et de son infrastructure existe dans tous les pays, quoiqu’à des degrés différents. Dans de nombreux pays, ce système reste institutionnellement et fonctionnellement faible et souvent axé seulement sur les rôles traditionnels de la santé publique, tels que lutte contre les maladies transmissibles et vaccination, santé maternelle et infantile, hygiène de l’environnement, et collecte de statistiques sanitaires. Bien que ces activités n’aient pas perdu de leur importance, l’approche du développement sanitaire découlant de la Santé pour tous implique également pour le secteur de la santé publique de pouvoir dresser un tableau complet, dans le sens transversal, des besoins d’amélioration de la santé dans la société prise dans son ensemble, d’analyser l’effet de stratégies sanitaires à large champ, de mettre en place des réseaux novateurs pour mobiliser de nombreux acteurs différents et, en général, de jouer le rôle de « locomotive » du changement.

À cet égard, la situation varie beaucoup selon les pays. Dans de nombreux États membres, l’infrastructure de base constituée d’experts de santé publique est en déclin depuis 10 à 15 ans, notamment sous l’effet de la décentralisation et de la privatisation ; dans ces pays, les praticiens de la santé publique ont vu diminuer leur autorité et remettre en cause leur rôle. Dans quelques autres

pays cependant, après une analyse poussée de la situation, les pouvoirs publics ont été amenés à mieux reconnaître le rôle important que la santé publique est appelée à jouer dans la société et dans le système de soins, et à prendre des mesures pour renforcer la capacité du système de gestion de la santé publique. Dans cette optique, beaucoup de pays de la Région devront renforcer leur infrastructure de formation en santé publique.

STRATÉGIES PROPOSÉES

Afin de favoriser un développement conforme à la philosophie de la Santé pour tous, les mesures axées dans ce domaine devront concerner deux groupes : les gestionnaires de la santé publique dans une approche basée sur la population, et les autres travailleurs de santé publique.

6.5.1 Gestionnaires de santé publique

Essentiellement, la fonction de la santé publique est d’identifier, d’analyser et de décrire la situation de la santé et ses déterminants. Elle répond à la question : Dans quelle mesure la maladie et l’incapacité sont-elles présentes dans une société et pourquoi ? Cette analyse et cette description sont une base essentielle des débats politiques, professionnels et publics sur les actions à mener pour améliorer la santé. Ces actions incluront automatiquement d’autres secteurs en tant que partenaires du secteur de la santé et des services sanitaires. Elles impliqueront également l’élaboration de politiques et de programmes à plusieurs niveaux (international, national, régional et local) et dans divers cadres (ville, école, etc.). Ce qui manquait souvent jusqu’ici était une structure solide pour cette fonction de santé publique, et des liens de travail étroits entre celle-ci et l’activité clinique au niveau individuel.

En dernier ressort, la capacité de plaider la cause de la santé et d’obtenir la participation des indi-vidus, des collectivités, des secteurs périsanitaires, des décideurs et des gestionnaires et des pro-fessionnels de la santé, dépendra des compétences, du courage et de l’autorité des praticiens actuels et futurs de la santé publique et de la qualité de leurs dirigeants. Ces praticiens, au niveau national, subnational et local, devraient recevoir une formation professionnelle en santé publique du niveau du troisième cycle, et ils devraient avoir l’expérience de l’activité de santé publique dans une approche basée sur la population dans divers cadres politiques et administratifs. Bien que la situation varie d’un pays à l’autre, il apparaît que la Région dans son ensemble a besoin d’un effectif beaucoup plus nombreux de praticiens de la santé publique formés pour pouvoir soutenir une action au niveau de la population en vue d’améliorer la santé, ainsi que d’une infrastructure institutionnelle suffisante pour leur travail.

Les praticiens de la santé publique devraient être capables de susciter une sensibilisation politique en faveur de la santé des populations et de mobiliser un large soutien politique et culturel pour lancer des approches du développement sanitaire fondées sur l’équité, la viabilité et la responsabilité. Ils devraient être en mesure de motiver et d’aider les individus, les organisations, les collectivités et les pays à gérer des environnements changeants et à s’y adapter, ainsi que de favoriser le renforcement des capacités locales. En outre, ils devraient pouvoir s’attaquer résolument et effica-cement aux groupes dont les activités sont dangereuses pour la santé publique.

En définitive, il faudra disposer de gestionnaires de santé publique ayant les compétences voulues pour gérer des partenariats et des actions multisectorielles coordonnées dans le cadre d’alliances.

Ceux-ci devront bien comprendre le rôle particulier que chaque secteur et chaque partenaire peut jouer dans la résolution des problèmes de santé, être formés à l’analyse de ces problèmes au niveau de la population, bien connaître les approches permettant de traiter les problèmes de modes de vie, et d’environnement et de santé, et être capables de mener les activités de plaidoyer et de travail en réseau nécessaires pour rassembler de nombreux partenaires. Ils doivent aussi avoir la capacité de diffuser des informations d’excellente qualité sur la santé publique s’adressant au grand public, aux professionnels et aux hommes politiques. Dans ces tâches, ils devront pouvoir faire appel à des experts de différents domaines techniques spécialisés.

Au sein du service de santé lui-même, ils doivent être formés à la planification des politiques et programmes, y compris en matière de fixation d’objectifs, de mesure de résultats et d’évaluation, et savoir jouer un rôle actif dans l’organisation des services fournis. Ils doivent pouvoir aider à planifier, à suivre et à évaluer de grands programmes de développement sanitaire, établis par caté-gorie de maladies ou par groupe de clients, en formulant des jugements scientifiquement fondés sur les compromis à appliquer (en termes d’amélioration de la santé, d’investissement et de dispensation des services) entre la promotion de la santé, la prévention de la maladie, la thérapie et la réadaptation. Tous ces éléments pris ensemble représentent des exigences exceptionnelles adressées aux gestionnaires de la santé publique, ce qui implique des exigences également considé-rables en ce qui concerne la formation à leur donner.

Les pays devraient faire le point sur ce qui existe chez eux pour déterminer s’ils disposent d’un mandat clair et de capacités suffisantes pour pouvoir entreprendre de telles actions de santé publique au niveau de la population. Il sera particulièrement important de renforcer l’infra-structure, la capacité et les caractéristiques des établissements d’enseignement tels qu’écoles de santé publique qui forment les gestionnaires dans ce domaine, et de mettre au point de meilleurs programmes communs de formation. Le besoin d’une modification des structures de formation se fait certes sentir de manière particulièrement aiguë dans la partie orientale de la Région, mais cette question mérite en fait de recevoir une priorité beaucoup plus élevée dans les programmes de développement sanitaire de beaucoup d’autres pays.

6.5.2 Autres travailleurs de santé publique

Outre les gestionnaires de santé publique au niveau de la population, il existe des ressources humaines mobilisables en faveur de la Santé pour tous et de la santé publique dans toute la société, aussi bien dans le secteur sanitaire qu’à l’extérieur. Ces ressources peuvent être considérées comme jouant un rôle important pour la fonction de santé publique, et comme faisant partie à ce titre de l’« infrastructure de santé publique » au sens large du terme. On peut distinguer à cet égard plusieurs groupes :

Au niveau général, il existe un vaste potentiel d’action en faveur de la santé publique chez de nombreux groupes professionnels dans l’exercice de leur activité quotidienne. Ceux-ci n’incluent pas seulement les médecins, infirmières, pharmaciens et travailleurs sociaux, etc., mais aussi les professionnels exerçant dans les écoles, les médias, l’urbanisme, l’architecture et les services de protection sociale, ainsi que les personnes travaillant pour les ONG de toute nature.

Une grande partie des compétences scientifiques et techniques nécessaires pour la pratique de la santé publique sont détenues par les épidémiologistes, spécialistes des sciences de l’information, spécialistes des sciences sociales, économistes sanitaires, experts de la recherche opérationnelle, juristes, scientifiques des secteurs politiques et administratifs, experts de la lutte contre les maladies infectieuses, spécialistes de l’environnement et de la santé, etc.

Comme il a été dit plus haut, les gestionnaires des services de santé devraient acquérir une compréhension plus poussée des approches basées sur la population et des questions de santé publique, afin de pouvoir mieux comprendre les relations entre le service auxquels ils appartiennent (hôpital, centre de santé) et la population environnante. Ils devraient percevoir la question en termes de besoins de toute la population (et non pas seulement des patients) desservie par l’établissement et du bénéfice de santé pouvant être obtenu grâce à ces services, ainsi que de la qualité et du rapport coût-efficacité des services fournis.

Tous ces « travailleurs de santé publique » représentent une ressource cruciale pour la santé. Ils devraient recevoir une formation et une information sur la situation et les questions de santé et être conscients de la valeur de celle-ci, afin de pouvoir promouvoir un message positif en faveur de la santé dans toute la société et ils devraient jouer un rôle actif dans l’élaboration et l’exécution de politiques et programmes multisectoriels en vue de l’amélioration de la santé.

Des objectifs et éléments de programmes de formation spéciaux fondés sur la Santé pour tous en matière de santé et d’amélioration de la santé devraient donc être élaborés et adaptés pour l’utilisation dans de nombreux programmes de formation de troisième cycle et de formation

continue. Cela s’applique à la formation des économistes, des architectes, des journalistes, des juristes, des travailleurs sociaux, des ingénieurs et d’autres exerçant en dehors du secteur sanitaire, par exemple et de tous ceux, au sein de ce dernier, apparaissant comme pouvant contribuer à l’amélioration de la santé publique.

Enfin, il sera nécessaire de promouvoir l’excellence, en matière de développement de la santé publique, par l’échange des connaissances. Dans une large mesure, cela pourra se faire par le biais d’activités de réseaux, comme l’ont amplement prouvé les réseaux des Régions-santé, des Villes-santé, des Écoles-Villes-santé, des Hôpitaux-Villes-santé, des Prisons-Villes-santé, CINDI, etc. À l’avenir, il est à espérer qu’un usage beaucoup plus large sera fait de tels réseaux ; ceux-ci devraient être promus comme instruments majeurs pour stimuler l’action de santé publique au niveau national dans chaque État membre.