• Aucun résultat trouvé

Organisation de services de santé intégrés

Secteur de santé axé sur les résultats

But 17 – Financement des services de santé et affectation des ressources But 18 – Amélioration des ressources humaines pour la santé

6.2 Intégration des soins de santé primaires et des services hospitaliershospitaliers

6.2.2 Organisation de services de santé intégrés

Soins axés sur la famille

Comme il a déjà été dit au chapitre 5, les familles (ménages) sont l’unité de base de la société où les dispensateurs de soins sont en mesure non seulement de répondre aux plaintes du patient en ce qui concerne ses problèmes physiques somatiques, mais aussi de tenir compte des aspects psycho-logiques et sociaux de son état. Il est important pour les dispensateurs de soins primaires de savoir dans quelles conditions les patients vivent : les facteurs tels que logement, situation familiale, emploi et environnement social et physique peuvent avoir des répercussions considérables sur leurs maladies. À défaut de ces informations, les symptômes observés risquent d’être mal interprétés et les problèmes mal identifiés et mal traités. Il résultera à tout le moins des actes de diagnostic et de

traitement non appropriés, et donc des coûts injustifiés sans pour autant que les problèmes réels soient résolus.

Lorsque les professionnels de santé ont à desservir une population définie les relations entre les professionnels et la population sont resserrées. Pour la dispensation de la gamme complète de ser-vices décrite jusqu’ici, il est donc très important que chaque médecin de famille et chaque infirmière de famille desservent une population précise définie, soit en fonction d’une zone géographique, soit par inscription sur une liste. Dans l’un et l’autre cas, il est également important que les individus puissent choisir librement un professionnel qu’ils considèrent comme leur étant attitré, parmi la liste de ceux exerçant dans la zone. L’instauration d’une telle relation entre les professionnels et la population facilite beaucoup l’exécution des fonctions et activités de soins primaires. Elle offre aussi des garanties d’efficacité, les médecins étant mieux en mesure d’identifier les problèmes de santé lorsqu’il s’agit d’un patient qu’ils suivent pendant tout son cycle de vie. En outre, elle permet de satisfaire à la condition de continuité des soins, étant donné qu’une même personne est suivie de manière continue par le même professionnel.

Auto-prise en charge

Comme il a déjà été dit à la section 4.4, il sera possible d’exploiter beaucoup mieux le capital santé si les systèmes de santé reconnaissent pleinement la contribution que les individus peuvent apporter eux-mêmes à l’amélioration de leur propre santé (par l’auto-prise en charge) et prennent des mesures actives pour leur donner les moyens de le faire. Il incombe aux autorités publiques de faire en sorte que les citoyens reçoivent des informations détaillées, précises et en temps voulu sur la santé et les soins de santé par diverses voies de communication ; l’information est un facteur clé de la santé des populations et de la manière dont elles utilisent les services de santé.

Les professionnels de santé devraient aussi faire fonction d’agents, de guides et de conseillers auprès de leurs patients dans leurs relations avec les autres institutions et avec les services sociaux et autres services périsanitaires. Aussi bien au niveau national qu’à celui des collectivités locales, la formation d’organisation de patients devrait être encouragée et leur action soutenue.

AU PORTUGAL, LES PHARMACIENS PRODIGUENT DES CONSEILS

« Ne réutilisez pas les seringues », disent les pharmaciens portugais, qui proposent de les échanger.

Cette initiative permet d’éviter la transmission du VIH entre toxicomanes et, indirectement, la trans-mission sexuelle. Elle a été lancée en octobre 1993 dans les 2500 pharmacies du pays et a été cou-ronnée de succès à en juger par le nombre de seringues échangées et la réaction positive des toxico-manes. D’autre part, les pharmaciens contribuent à prévenir la diabète primaire et secondaire en favo-risant un diagnostic précoce et en donnant des conseils sur des modes de vie sains qui sont suivis

par un certain nombre de personnes. Le Forum européen des associations de pharmaciens et de l’OMS encourage le lancement d’actions comparables dans plusieurs autres pays.

Source : Matias, L. et Teles, A. Association portugaise des pharmaciens (informations non publiées). Soares, M.A. et coll. Hôpital Santa Maria, Lisbonne (informations non publiées).

Dans de nombreux pays, il existe une mode de plus en plus répandue de recours aux traitements et dispensateurs « alternatifs ». Toute philosophie dans laquelle les êtres humains sont perçus comme entités globales douées du libre choix est compatible avec l’existence de services de soins alternatifs parallèlement à la médecine classique. Il faudrait cependant veiller, en ce qui concerne ces services aussi, au respect de normes éthiques rigoureuses, à la protection des consommateurs contre l’exploitation, et à l’utilisation des fonds publics exclusivement pour des traitements dont l’effet est scientifiquement démontré.

Soins à domicile

Les besoins de soins à domicile se développent en même temps que l’évolution de la structure démographique, les progrès de la technologie et les demandes de la population. Le domicile est le cadre où les soins de santé sont le plus couramment fournis. Des visites régulières à domicile par du personnel de santé sont un élément important des services de promotion de la santé et de prévention de la maladie. Le suivi de malades chroniques ou de patients convalescents a généralement lieu dans cet environnement.

Les services de soins de santé primaires devraient assumer un rôle spécial à cet égard vis-à-vis de la population qu’ils ont à desservir, et coopérer avec elle en tant que coproducteurs de santé et de soins ; ils devraient informer et conseiller les individus sur la manière de préserver leur santé et leur fournir un soutien, notamment sous la forme de soins à domicile, lorsqu’ils se soignent eux-mêmes.

Les soins de santé primaires doivent aussi apporter un soutien aux personnes atteintes d’une inca-pacité physique ou à celles souffrant de troubles de santé mentale, et s’efforcer de leur fournir des soins qui leur permettent de garder leur capacité fonctionnelle dans l’environnement domestique et si possible sur le marché du travail. Un habitat protégé doit être offert à ceux qui en ont besoin ; par contre on ne devra recourir aux soins en maison de retraite que dans les cas où cela est inévitable.

Les programmes de santé pour ces groupes de clients devront être établis conjointement par les services de santé, les services sociaux, les écoles, les ONG et en particulier les groupes d’entraide.

Enfin, les soins de santé primaires doivent aussi apporter un soutien aux personnes âgées, compte tenu de leur nombre croissant et de l’aggravation de leur isolement et de leur dénuement, en parti-culier chez ceux souffrant de maladie chronique ou d’incapacité. Ils devraient fournir et coordonner

les soins à ce groupe de patients, y compris les soins à domicile et, lorsque cela est nécessaire, les soins en maison de retraite. Ceux-ci devraient être conçus pour répondre aux besoins divers de différents patients : les services de soins de jour, de soins de nuit et de soins de courte durée et de longue durée devraient faire partie, de l’activité des équipes de soins de santé primaires ou en tout cas être étroitement coordonnés avec celle-ci.

École et lieu de travail

Comme il a été dit au chapitre 5, il faudra porter plus d’attention à l’école et au lieu de travail, qui sont des cadres importants de dispensation des soins primaires. Les services de santé scolaire, par leurs activités de promotion et de prévention, et diagnostiques et thérapeutiques, peuvent jouer un rôle majeur en ce qui concerne la santé des enfants et leurs résultats scolaires.

Les services d’hygiène du travail devront s’occuper de tous les aspects de la relation entre travail et santé. Il faudra bien entendu porter une attention spéciale au lieu de travail du point de vue des services de prévention et de la sécurité du travail. Tout en s’appuyant normalement sur une struc-ture organisationnelle distincte, ces services font partie des soins de santé primaires et devraient travailler en étroite liaison avec les autres cadres de soins primaires.

Systèmes d’orientation

Par « système efficace d’orientation » on doit entendre un système bien organisé d’orientation et de transmission d’informations entre les soins primaires, les soins secondaires et les soins tertiaires.

Tous les problèmes dont souffrent les patients ne peuvent pas, bien sûr, être traités par les soins primaires. Les personnes ayant des problèmes complexes ou graves doivent être orientées selon les besoins vers le spécialiste compétent en temps voulu, pour éviter des complications ou incapacités évitables. L’aptitude à reconnaître les situations qui justifient une orientation est l’une des compétences importantes que devraient acquérir tous les professionnels de santé travaillant dans le domaine des soins primaires. Une fonction qui découle logiquement de l’orientation est l’échange d’information dans les deux sens entre les niveaux primaires, secondaires et tertiaires, afin de garantir le suivi et la continuité des soins, étant entendu que les services de soins primaires auront à nouveau la responsabilité de suivre et d’assister les patients après que ceux-ci aient reçu des soins aux niveaux secondaires et tertiaires. De nombreux pays sont allés plus loin dans cette voie en prescrivant que la première consultation du patient auprès des services de santé doit obligatoirement se situer dans un cadre de soins primaires, celui-ci jouant donc officiellement le rôle de « gardien de l’accès ». De fait, un tel système est favorable à l’efficacité du système de soins, car il permet d’éviter des consultations superflues ou d’un niveau technique injustifié auprès des services secondaires et tertiaires. La mise en place de ce système d’orientation, incontestablement, nécessite de disposer de médecins solidement formés travaillant dans un cadre de soins primaires bien organisé. Il est à noter que les patients orientés ne le sont pas seulement vers des services

médicaux secondaires et tertiaires, mais aussi vers d’autres professionnels de santé au niveau primaire, voire vers des institutions périsanitaires telles que les services de protection sociale.