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Améliorer la santé des 870 millions d’habitants de la Région européenne

But 5 – Vieillir en bonne santé

3.4 Santé des adultes

La présente section porte sur le potentiel de santé des adultes, depuis le début jusqu’à la fin de l’activité professionnelle. Ce stade de l’existence dure environ 40 années et inclut des événements de la vie tels que l’obtention du premier emploi, la procréation, l’accès à la citoyenneté, les soins aux parents, le départ des enfants de la maison et la cessation des activités professionnelles.

Au fil des années, la nature de ces événements de la vie a considérablement changé. Pour de nom-breux adultes d’Europe, la situation économique et sociale n’est pas satisfaisante. Un nombre de plus en plus élevé d’individus passent une partie de leur vie au chômage ou dans une situation de sous-emploi, en raison de tendances telles que la mondialisation du commerce et l’évolution technologique. Pour ceux qui travaillent, le déclin de l’emploi stable et l’apparition de nouveaux types de travail ont pour conséquence que d’importantes catégories de travailleurs sont vulnérables à l’insécurité du travail : travailleurs étrangers, immigrés, membres de minorités ethniques,

travailleurs âgés et femmes ayant de jeunes enfants. Les structures familiales ont tendance à être plus précaires et de nouvelles formes de vie commune sont apparues.

En ce qui concerne le milieu de travail, une trop grande importance est accordée actuellement à des considérations économiques à court terme, plutôt qu’à l’investissement humain à long terme, qui crée des rôles socialement productifs pour les personnes en âge de travailler. Une grande insécurité de l’emploi peut présenter des avantages économiques à court terme, mais elle nuit à la santé des travailleurs – et de ceux dont ils prennent soin – à long terme, ce qui crée des difficultés accrues pour le système de santé.

Un important obstacle à la Santé pour tous est l’inégalité, tant entre les hommes et les femmes que parmi les femmes dans les différentes parties de la Région européenne et entre classes sociales et groupes ethniques. Les hommes et les femmes sont souvent aux prises avec les mêmes situations, mais ils ne les ressentent pas de la même manière. La pauvreté et la dépendance économique, la violence, les attitudes négatives et d’autres formes de discrimination, un pouvoir limité sur la vie sexuelle et la procréation, et le manque d’influence sur la prise de décision sont tous des facteurs qui ont des effets négatifs sur la santé des femmes.

Les femmes ont parfois un accès différent et inégal aux services de santé de base et aux possibi-lités de protéger, de promouvoir et de maintenir leur santé. Les politiques et programmes sanitaires perpétuent souvent des stéréotypes relatifs aux sexes et ne tiennent pas toujours pleinement compte du manque d’autonomie des femmes vis-à-vis de leur santé. Les complications de la grossesse et de l’accouchement figurent parmi les principales causes de mortalité et de morbidité parmi les femmes en âge de procréer dans certains pays ayant des économies en transition. Les avortements réalisés dans de mauvaises conditions menacent la vie d’un grand nombre de femmes – en particulier dans la partie orientale de la Région –, ce qui représente un grave problème de santé publique. Ce sont principalement les plus pauvres et les plus jeunes qui courent le plus de risques.

La proportion de femmes dans la main d’œuvre est plus élevée qu’auparavant et l’augmentation du nombre de mères qui travaillent et de foyers où deux personnes travaillent a des incidences sur les soins dispensés aux enfants et aux personnes âgées. Traditionnellement, ce sont les femmes qui s’acquittaient des tâches et, dans de nombreux pays, elles continuent à le faire tout en travaillant à l’extérieur.

Les mauvaises conditions de logement et les environnements locaux qui laissent à désirer (voir chapitre 5) empêchent de nombreux adultes d’adopter des comportements favorables à la santé.

Pour les femmes à bas revenus, le tabagisme peut être un moyen de faire face au stress dû à la pauvreté ou à la monotonie du travail. Dans les quartiers pauvres, il est plus difficile d’adopter un mode de vie sain, et ce pour un grand nombre de facteurs :

il y a moins de zones de loisirs ;

craignant davantage d’être victimes d’actes criminels, les individus hésitent à sortir, à avoir des relations sociales et à pratiquer une activité physique ;

l’accès aux transports en commun est moins bon ;

les aliments recommandés par les stratégies de promotion de la santé ne sont pas disponibles ou sont trop chers ;

les services de soins de santé primaires sont moins disponibles que dans les quartiers plus favorisés.

STRATÉGIES PROPOSÉES

Il faut que des politiques favorisant la santé aident les individus à faire face aux maladies dont ils peuvent souffrir au cours de l’âge adulte. La prévention de la maladie et des décès prématurés par une lutte contre les causes et les facteurs de risque fondamentaux doit cependant constituer un axe important de toute stratégie de santé. Un certain nombre de facteurs de risque sont communs aux maladies cardio-vasculaires, au cancer et au diabète (et, dans une certaine mesure, aux maladies respiratoires chroniques) : tabagisme, consommation d’alcool, régimes alimentaires malsains, manque d’exercice physique et, de plus en plus, stress. En conséquence, plutôt que d’orienter prin-cipalement les efforts vers certains facteurs uniquement, il convient d’adopter une démarche intégrée pour s’attaquer à tous les grands facteurs de risque, dans le cadre d’une stratégie plus large de promotion de la santé et de prévention des maladies telle que celle qui est décrite dans le chapitre 5.

La sécurité d’emploi maintient et améliore la santé des travailleurs. L’augmentation de la produc-tivité individuelle et la baisse des dépenses de santé qui en résultent se traduisent également par des avantages économiques à long terme. Comme ceci est indiqué dans le chapitre 5, il est également possible d’améliorer la santé des travailleurs si les politiques de l’emploi non seulement garantissent la sécurité d’emploi, mais favorisent également des pratiques souples et favorables à la famille en matière d’emploi, qui donnent aux travailleurs la possibilité de participer à la vie professionnelle et de faire face à leurs responsabilités personnelles et familiales. La mise en place de possibilités de congé parental, de travail à temps partiel et de partage d’emploi peut favoriser la santé des travailleurs et des familles.

La santé et le bien-être des femmes

En soutenant divers accords internationaux et en tenant les engagements qu’ils ont pris dans ces derniers (en particulier la Déclaration de Beijing et la Plate-forme d’action, le Programme d’action

de la Conférence internationale sur la population et le développement, la Déclaration de Copenhague sur le développement social et la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination contre les femmes), les gouvernements peuvent promouvoir et protéger la santé des femmes, en coopération avec des organisations non gouvernementales et des organisations d’employeurs et de travailleurs, et avec le concours d’organisations internationales.

Il est possible d’améliorer la santé des femmes en offrant des services de soins de santé primaires de qualité élevée plus accessibles, plus disponibles et meilleur marché, y compris des services relatifs à la santé sexuelle et reproductive (informations et services de planning familial, par exemple), en accordant une attention particulière aux soins maternels et aux soins obstétricaux d’urgence. La nécessité de prendre conscience des effets sanitaires des avortements pratiqués dans de mauvaises conditions et d’agir à cet égard, comme cela a été convenu dans le programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement, représente pour certains pays un important problème de santé publique, qui impose, comme cela a été mentionné précédemment, la mise en place d’un programme de planning familial bien conçu.

Si l’on modifie la conception des services d’information sanitaire et des programmes de formation des professionnels de la santé de façon à ce qu’ils soient sensibles aux différences entre les sexes, tiennent compte de l’optique des utilisateurs en ce qui concerne les aptitudes interpersonnelles et les capacités de communication et respectent les droits des utilisateurs en matière de vie privée et de confidentialité, un plus grand nombre de femmes pourront bénéficier de bons services de santé et être traitées conformément à leurs besoins.

Pour favoriser l’égalité entre les hommes et les femmes, entre les femmes des différentes parties de la Région européenne et entre les femmes de différentes classes sociales et de différents groupes ethniques, toutes les politiques menées dans le secteur de la santé et dans d’autres domaines devraient incorporer une démarche soucieuse d’équité entre les sexes. Il faudrait veiller en particulier à élaborer des politiques et des programmes qui soutiennent les hommes et les femmes dans leurs divers rôles et responsabilités – en tant qu’individus, parents, travailleurs et soignants, notamment – et qui suppriment les obstacles liés au sexe qui entravent le développement sanitaire et humain.

UNE DÉMARCHE SOUCIEUSE DE LÉQUITÉ ENTRE LES SEXES RECONNAÎTRE LES BESOINS DES FEMMES ET DES HOMMES

Une démarche soucieuse d’équité entre les sexes est essentielle dans une politique sanitaire car :

elle tient compte de la nécessité d’une participation pleine et entière des femmes et des hommes dans la prise de décision ;

elle donne une importance égale aux connaissances, aux valeurs et aux expériences des femmes et des hommes ;

elle garantit que tant les femmes que les hommes déterminent quels sont leurs besoins et leurs priorités en matière de santé et fait ressortir que certains problèmes de santé sont spécifiques aux hommes ou aux femmes ou ont des conséquences plus graves pour les uns ou les autres ;

elle engendre une meilleure compréhension des causes de mauvaise santé ;

elle permet de procéder à des interventions plus efficaces en vue d’améliorer la santé ;

elle contribue à une plus grande équité en matière de santé et de soins de santé.

Logement approprié

Un logement approprié est l’une des conditions préalables à la santé, mais les besoins des individus en matière de logement évoluent généralement dans le temps et il faut adapter le logement à l’évolution de ces besoins, notamment au développement du travail à domicile. Des zones de loisirs, des rues sûres et un accès aux transports en commun et aux équipements et services collectifs de base sont des ressources essentielles pour un quartier sain et sûr et des réseaux sociaux vigoureux, et il convient de les maintenir et de les améliorer. Il est possible d’améliorer la santé si les services de soins de santé primaires augmentent la couverture vaccinale et accordent une attention particulière à la détection précoce de maladies cardio-vasculaires et de cancers et à la réadaptation de personnes atteintes de maladies chroniques. Les services doivent faire un effort particulier en direction des personnes qui ont les plus grands besoins (voir chapitre 6).

Modes de vie sains

Il incombe souvent aux adultes de prendre soin d’autres personnes. Les choix qu’ils font et qu’on leur permet de faire dans le domaine des modes de vie sains peuvent donc influer sur la santé d’un certain nombre de personnes. En conséquence, on peut promouvoir et protéger la santé des indi-vidus et des familles en leur permettant de se procurer des aliments sains à un prix abordable, en diffusant des informations, en veillant à un étiquetage approprié des aliments (en particulier les aliments génétiquement modifiés) et en formant les individus aux méthodes de préparation des aliments. Une activité physique modérée est l’un des éléments essentiels d’une bonne santé chez les adultes. Les avantages de l’activité physique du point de vue de la santé sont examinés dans le chapitre 5. La conception des cadres de vie devrait encourager une activité physique modérée.