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1.2.2. Au niveau du lexique

1.2.2.6. Les verbes causaux en allemand

Les verbes de mouvement en allemand permettent également d’illustrer le rôle de la causalité dans les prédicats. Les verbes laufen (courir), gehen (aller), fahren (conduire), fliegen (voler), steigen (monter) ou encore rollen (rouler) reçoivent la même description sémantique que leur correspondant français : les composantes MOVE, MANNER et DIRECTION représentent les primitives basiques nécessaires à la description de ce type de verbes. Les prédicats steigen (monter), gehen (aller) et kommen (venir) insistent sur la direction, où la composante DIRECTION est indispensable, alors que les verbes laufen (courir) et schwimmen (nager) soulignent la manière dont l’activité se produit et impliquent la composante MANNER.

Les verbes d’état tels que stehen (être debout), sitzen (être assis), liegen (être couché) et hängen (être suspendu) proposent également une même décomposition sémantique qu’en français (Kaufmann 1991, 9). Le trait localisation qui est général à tous ces verbes et le trait plus spécifique qui réfère à la position dépeinte par le verbe se retrouvent aussi en allemand.

Le verbe stehen (être debout) est décrit à l’aide de la primitive STAY, qui renvoie à la composante localisation. Le trait plus spécifique caractérise la relation entre l’entité debout et la partie qui la soutient dans la position verticale. Le prédicat hängen (être suspendu) possède

38 On peut expliquer ces deux états résultants de la manière suivante : lorsqu’on lit la première proposition (Max a frappé Paul), on infère que le coup a été porté (ETRE FRAPPÉ(Paul)). Puis, on annule cet état résultant lors de la lecture de la deuxième proposition (mais il a esquivé le coup) et on crée un nouvel état résultant (¬ETRE TOUCHÉ(Paul)).

la même composante STAY et dépeint la relation entre l’entité et le lieu qui contient l’entité.

Ces deux verbes ont également un état résultant qui correspond d’une part à être là pour stehen et ne plus être au sol pour hängen. On peut donner une description sémantique de ces quelques verbes :

stehen, liegen, sitzen, hängen xANIMATE/NON-ANIMATE, zLOCATION

EXIST(x,z), MANNER CAUSE STAY(x,z)

1.4. Tableau des verbes de mouvement et des verbes d’état en allemand

Les verbes de mouvement contiennent tous les composantes de base MOVE et GO, qui décrivent un déplacement. Tout comme en français, la primitive GO indique le début de l’action et la composante MOVE l’état résultant. Dans le cas des prédicats steigen (monter), gehen (aller) et kommen (venir), la primitive DIRECTION permet de caractériser le mouvement d’un endroit source à un endroit visé. Pour les verbes d’activités laufen (courir) et schwimmen (nager), c’est la primitive MANNER qui spécifie le type de déplacement. Les verbes d’état renvoient tous à la même composante basique, i.e. STAY. La primitive MANNER affine leur description et la primitive EXIST introduit le fait qu’il s’agit d’un état.

D’autres verbes contiennent également un changement de localisation, mais entre un lieu source non spécifique et un lieu visé étant spécifique. Les verbes stellen (placer), legen (poser) et hängen (suspendre) correspondent à cette définition :

verbes traits sémantiques descriptions sémantiques 1.5. Tableau des verbes de changement de lieu en allemand

L’état résultant est indiqué par la primitive STAY, qui relie l’entité (variable y) au but visé (variable z). La composante SPATIAL-CONFIGURATION précise la relation entre cette entité et le lieu visé.

39 Tout comme en français, MOVE(x) peut être remplacé par STAY(x,z), qui souligne que l’agent reste à l’endroit z (le but, l’endroit visé).

Les exemples suivants démontrent la nécessité d’avoir un lieu visé qui est exprimé par un complément prépositionnel (Kaufmann 1991, 40) :

383) Er hängt das Bild von der Wand.

Il enlève le tableau du mur.

384) *Er hängt die Wäsche aus der Waschmaschine.

*Il enlève la lessive de la machine à laver.

La phrase (384) désigne le lieu source et non le lieu visé, d’où son inadéquation. En revanche, l’énoncé (383) désigne le lieu visé et est acceptée. Ce point s’explique par le fait que la localisation dans l’état résultant exprime un but.

Les verbes d’état et de mouvement reçoivent une description sémantique identique, ce qui tend à souligner que les primitives choisies sont suffisamment basiques pour décrire des langues différentes. Dans les exemples cités, il n’y a pas de divergences syntaxiques, i.e. les prédicats exigent le même nombre d’arguments. S’ils possèdent les mêmes primitives et donnent lieu à des états résultants40, on peut se demander si les verbes diffèrent sur l’obligation ou la non obligation d’avoir un état résultant réalisé par le verbe.

Tout comme en français, certains verbes impliquent obligatoirement la réalisation de l’état résultant, alors que d’autres ne l’impliquent pas forcément. En effet, les verbes d’état impliquent nécessairement un état résultant, puisqu’ils expriment un état :

385) *Hans steht, aber er ist zu Boden gefallen.

*Jean est debout, mais il a glissé par terre.

STEHEN(Hans) et ZU BODEN SEIN(Hans) : contradiction.

386) *Das Buch liegt auf dem Tisch, aber es ist zu Boden gefallen.

*Le livre se trouve sur la table, mais il a glissé par terre.

LEGEN(Buch, Tisch) et ZU BODEN SEIN(Buch) : contradiction.

387) *Hans sitzt, aber er ist aus seinem Stuhl gefallen.

*Jean est assis, mais il est tombé de sa chaise.

SITZEN(Hans) et ZU BODEN SEIN(Hans) : contradiction.

40 Les verbes d’état sont formés par un choix plus restreint de primitives, i.e. les primitives STAY, EXIST ou encore BE STATE. Les primitives qui caractérisent les états résultants ne peuvent pas renvoyer à des actions. Par contre, les états résultants tels que STAY ou EXIST peuvent indifféremment être utilisés pour dépeindre un verbe d’événement ou d’état. Cependant, l’état résultant BE STATE caractérise les verbes d’état, alors que l’état résultant BECOME STATE décrit les verbes d’événement : en effet, BECOME STATE souligne le processus.

388) *Das Bild hängt an der Mauer, aber es ist zu Boden gefallen.

*Le tableau est suspendu au mur, mais il est tombé par terre.

HÄNGEN(Bild, Mauer) et ZU BODEN SEIN(Bild) : contradiction.

Toutes ces phrases provoquent un effet de contradiction, puisque le deuxième état va à l’encontre du premier. Il faudrait modifier le temps verbal pour que ces énoncés soient acceptables, permettant d’ordonner ces éventualités entre elles : si la première proposition se trouvait à un temps du passé, elle permettrait de montrer que la seconde proposition intervient après. Cet aspect démontre que l’état résultant de la première proposition est réalisé et ne peut donc pas être modifié par un autre état sans montrer une temporalité.

Certains verbes de mouvement fonctionnent de la même manière : les verbes steigen (monter), laufen (courir), schwimmen (nager), stellen (placer), legen (poser) et hängen (suspendre) nécessitent également la concrétisation de l’état résultant. Les prédicats laufen (courir) et schwimmen (nager), en tant qu’activités, impliquent que l’action a été faite, même si elle est interrompue, d’où il en découle forcément un état résultant réalisé, qui peut sans autre être remplacé par un autre état :

389) Zuerst ist Hans geschwommen, aber danach ist er aus dem Wasser gekommen. D’abord Jean a nagé, mais après il est sorti de l’eau.

CAUSE GESCHWOMMEN SEIN(Hans) et ¬SCHWIMMEN(Hans).

390) Zuerst ist Hans gelaufen, aber danach ist er gefallen. D’abord Jean a couru, mais ensuite il est tombé.

CAUSE GELAUFEN SEIN(Hans) et ¬LAUFEN(Hans).

Aucune contradiction n’est produite, car une activité peut être remplacée par une autre activité, i.e. un état par un autre état. Le premier état a bien eu lieu. On peut noter qu’en allemand il est nécessaire d’indiquer la temporalité (zuerst E1, danach E2), ce qui souligne la successivité des activités.

Le prédicat (ein)steigen renvoie à cette même explication : il peut correspondre à une activité (auf den Hügel steigen, monter sur la colline) ou à un événement (in den Zug steigen, monter dans le train), mais dans les deux cas l’action de monter s’est bien produite, même si l’individu n’a pas atteint son but. L’exemple suivant illustre le cas de l’événement :

391) Hans ist ins Auto eingestiegen, kurz darauf ist er aber wieder ausgestiegen. Jean est monté dans la voiture, mais il en est ressorti tout de suite.

CAUSE EINGESTIEGEN SEIN(Hans) et AUSGESTIEGEN SEIN(Hans).

A l’inverse du verbe ziehen (tirer), dans lequel le but peut également ne pas être atteint, l’action de monter aura été réalisée et l’état ETRE MONTÉ sera bien réel. En revanche, dans le cas de ziehen, si l’action de tirer est réalisée, le patient n’est pas forcément touché et l’état ETRE TIRÉ n’est pas réalisé (à l’inverse d’AVOIR TIRÉ) :

392) Max hat gezieht, aber er hat sein Ziel verfehlt.

Max a tiré, mais il a raté son but.

CAUSE GEZIEHT HABEN(Max) et ¬GEZIEHT SEIN(Ziel).

Les verbes laufen (courir), schwimmen (nager) et steigen (monter) impliquent une relation à partir d’un agent, mais sans patient, à l’inverse de ziehen (tirer). Il en est de même pour gehen (aller) et kommen (venir). Tous deux impliquent aussi un état résultant :

393) Hans ist auf das Fest gekommen, kurz darauf hat er es aber wieder verlassen. Jean est venu à la fête, mais peu après il l’a de nouveau quittée.

CAUSE GEKOMMEN SEIN(Hans) et VERLASSEN HABEN(Hans).

394) Hans ist zur Bank gegangen, um Geld abzuheben, aber dann hat er seine Meinung geändert (und kein Geld abgehoben).

Jean est allé à la banque, pour prendre de l’argent, mais ensuite il a changé d’avis.

CAUSE GEGANGEN SEIN(Hans) et SEINE MEINUNG GEÄNDERT HABEN(Hans).

Pour partir d’un endroit, il faut d’abord y être venu, ce qui implique que l’état résultant dans kommen doit forcément être concrétisé. Dans le cas de gehen, il y a une distinction à faire entre gehen (aller) et hineingehen (entrer) : dans le premier cas, l’état résultant est concret, i.e. aller CAUSE ETRE ALLÉ, alors que dans le second cas, hineingehen ne fait pas obligatoirement partie de la sémantique du verbe gehen. En d’autres termes, si Jean est allé à la banque, cela ne signifie pas qu’il y est entré. Il a pu s’arrêter devant et repartir. Cependant, l’action d’aller quelque part aura bien existé. A nouveau, on peut noter une différence avec le français : il faut clairement expliciter la temporalité (kurz darauf / peu après ou dann / ensuite) pour donner un sens à la phrase. Dans le cas de l’exemple (394), il est même nécessaire d’indiquer le but du déplacement (aller à la banque pour prendre de l’argent), sinon la phrase est agrammaticale. En français, l’énoncé accepte l’ellipse du but (pour prendre de l’argent), de même que la temporalité donnée par les temps verbaux suffit à rendre les phrases grammaticales.

Pour les prédicats stellen (placer), legen (poser) et hängen (suspendre), qui sont des événements impliquant un agent et un patient, l’explication repose sur le fait que l’événement

n’est réalisé qu’à travers l’état résultant. En d’autres termes, il n’est pas possible de placer ou de suspendre un objet quelque part sans l’avoir posé à cet endroit.

395) Hans hat das Buch auf das Tisch gestellt/gelegt, aber dann ist es zu Boden gefallen. Jean a posé le livre sur la table, mais ensuite il a glissé par terre.

GELEGT HABEN(Hans, Buch) et ZU BODEN SEIN(Buch) : E1, puis E2. 396) Hans hat das Bild an die Mauer gehängt, aber dann ist es zu Boden gefallen. Jean a suspendu le tableau au mur, mais ensuite il est tombé par terre.

GEHÄNGT HABEN(Hans, Bild) et ZU BODEN SEIN(Bild) : E1, puis E2. Avant de tomber, le livre a bien été posé sur la table, de même que le tableau a bien été fixé au mur. On obtient une suite d’événements. A l’inverse de ziehen (tirer), où la balle peut aller n’importe où, l’action de poser ou de suspendre n’est réalisée que si l’objet a bien été à l’endroit désiré. Si par la suite, il change de place, l’état résultant est modifié par un autre état, mais il aura bien été concrétisé pendant un moment.

Si certains verbes impliquent ainsi l’état résultant dans leur action, d’autres ne le font pas, notamment stossen (pousser) ou werfen (lancer) :

397) Hans hat Paul gestossen, aber er ist nicht gefallen. Jean a poussé Paul, mais il n’est pas tombé.

CAUSE GESTOSSEN HABEN(Paul) et ¬FALLEN(Paul).

398) Hans hat den Ball in die Richtung von Paul geworfen, aber der Ball hat Paul verfehlt.

Jean a lancé la balle à Paul, mais la balle a manqué Paul.

CAUSE GEWORFEN HABEN(Hans, Ball, Paul) et VERFEHLT HABEN(Ball, Paul).

Le verbe stossen (pousser) implique souvent le concept de fallen (tomber). Or, cet état résultant n’est pas obligatoire. Il est possible de pousser quelqu’un sans le faire tomber. Le prédicat werfen (lancer) fonctionne comme ziehen (tirer) : l’action de lancer est bien réalisée, mais le but peut être manqué, puisque le ballon n’a pas atteint Paul.

Il est donc possible de proposer un test pour justifier le fait que l’état résultant fait partie du contenu lexical : il n’y a pas de contraste entre un état résultant attendu et le fait qu’un autre état résultant se produise, sauf si le contenu est lexicalisé. En d’autres termes, la structure x mais y ne produit pas de contradiction, car on met en relation un état résultant probable avec l’état résultant effectivement obtenu.

On peut noter qu’en allemand, l’état résultant fait partie de la sémantique du verbe schlagen (frapper), alors qu’en français ce n’est pas obligatoirement le cas :

399) *Max hat Paul geschlagen, aber er ist dem Schlag ausgewichen. Max a frappé Paul, mais il a évité le coup.

CAUSE GESCHLAGEN HABEN(Max, Paul) et GESCHLAGEN SEIN(Paul).

Le verbe schlagen fonctionne comme un verbe de changement d’état, c’est pourquoi l’état résultant est forcément exprimé. On peut noter que la nécessité d’exprimer l’état résultant en allemand ne concerne qu’un nombre réduit de verbes de contact. Par exemple, un verbe comme stossen (pousser), qui implique un contact, n’exige pas la réalisation de l’état résultant ETRE TOMBÉ. Le contact a bien eu lieu (ETRE POUSSÉ), mais pas l’état résultant.

Ainsi, le français et l’allemand possèdent des verbes qui peuvent avoir des états résultants faisant partie de la description sémantique du prédicat ou non. Le test x mais y justifie bien cette hypothèse. Certains verbes contiennent dans leur sémantique un état résultant attendu qui est implicité. Celui-ci peut être annulé et remplacé par un autre état résultant, sans provoquer de contradiction. A l’inverse, d’autres verbes ne peuvent donner lieu qu’à un unique état résultant qui est compris dans la sémantique du verbe en question. Dans tous les cas, chaque verbe contient un état résultant dans sa description sémantique, mais certains verbes ont la faculté de pouvoir donner lieu à un autre état résultant qui est inférable.

Par ailleurs, si le verbe frapper diffère entre les deux langues, ce qui implique que les verbes de contact comme cogner / stossen ou donner des coups / Schalg geben fonctionnent de la même manière, les autres prédicats semblent être identiques. L’allemand demande toutefois une précision temporelle plus grande qu’en français, i.e. il faut expliciter l’ordre des éventualités avec un adverbe temporel comme kurz darauf / peu après, danach / après ou dann / ensuite. L’allemand tolère ainsi plus difficilement les structures elliptiques.

Les verbes de mouvement et d’état présentent donc une décomposition sémantique semblable entre le français et l’allemand. On peut alors se demander si les expressions idiomatiques verbales possèdent également cette propriété.

1.2.2.6.1. Les expressions verbales idiomatiques en français et en allemand

Les expressions idiomatiques verbales en tant que locutions lexicalisées représentent un terrain d’analyse comparative très riche. En effet, elles mettent en évidence les différents procédés d’expression causale propres aux deux langues, i.e. le choix des verbes exprimant la

causalité (bringen versus mettre) et des structures. Il est notamment possible de relier un nom à un verbe à l’aide d’une préposition et de créer dès lors une expression causale idiomatique verbale. Les exemples suivants illustrent ce procédé :

400) zum Schweigen bringen faire taire

401) zum Lachen bringen faire rire

402) in Sicherheit bringen mettre en sûreté

403) um den Verstand bringen rendre fou

404) in Gefahr bringen mettre en danger 405) ums Leben bringen

mettre à mort

406) in Verwirrung bringen mettre dans l’embarras

407) zur Welt bringen mettre au monde 408) zur Welt kommen

naître

409) in die Flucht schlagen mettre en fuite

410) in Staunen versetzen mettre dans l’étonnement

411) jemandem zum Schweigen zwingen forcer quelqu’un au silence

Le verbe bringen est très productif en allemand et trouve son correspondant en français avec le verbe mettre. L’allemand peut toutefois également recourir à d’autres verbes, tels que kommen, schlagen, versetzen ou zwingen, mais encore à bien d’autres. En français, les idiomes peuvent aussi être créés avec d’autres prédicats que le verbe mettre, notamment rendre ou forcer. Ce procédé est ainsi très productif dans les deux langues. Les expressions idiomatiques renvoient à une relation causale entre l’action impliquée par le verbe et l’état résultant décrit par l’expression :

412) zum Schweigen bringen faire taire

AMENER AU SILENCE(x,y) CAUSE ETRE SILENCIEUX(y) 413) zum Lachen bringen

faire rire

AMENER AU RIRE(x,y) CAUSE AVOIR RI(y) 414) in Sicherheit bringen

mettre en sûreté

AMENER DANS UN ENDROIT PROTÉGÉ(x,y) CAUSE ETRE PROTÉGÉ(y) 415) um den Verstand bringen

rendre fou

AMENER À LA FOLIE(x,y) CAUSE ETRE FOU(y) 416) in Gefahr bringen

mettre en danger

AMENER À ETRE DANS UN ÉTAT DANGEREUX(x,y) CAUSE ETRE EN DANGER(y)

417) ums Leben bringen mettre à mort

AMENER À ETRE TUÉ(x,y) CAUSE ETRE MORT(y) 418) in Verwirrung bringen

mettre dans l’embarras

AMENER DANS UNE SITUATION GÊNANTE(x,y) CAUSE ETRE GÊNÉ(y) 419) zur Welt bringen

mettre au monde

FAIRE SORTIR DU VENTRE(x,y) CAUSE ETRE NÉ(y) 420) zur Welt kommen

venir au monde, naître

AMENER À SORTIR DU VENTRE DE LA MÈRE(x,y) CAUSE ETRE NÉ(y) 421) in die Flucht schlagen

mettre en fuite

AMENER À FUIR(x,y) CAUSE ETRE EN FUITE(y) 422) in Staunen versetzen

mettre dans l’étonnement

AMENER À ETRE SURPRIS(x,y) CAUSE ETRE ÉTONNÉ(y) 423) jemandem zum Schweigen zwingen

forcer quelqu’un au silence

AMENER AU SILENCE(x,y) CAUSE ETRE SILENCIEUX(y)

On peut noter qu’en français, les expressions zum Schweigen bringen et zum Lachen bringen sont traduite à l’aide du verbe support faire. Le verbe faire peut en effet être relié à beaucoup de prédicats et exprimer la causalité. Les mêmes états résultants sont toutefois produits, même si le procédé n’est pas le même. Par ailleurs, même si l’expression idiomatique n’est pas la même entre zum Schweigen bringen  faire taire et jemandem zum Schweigen zwingen forcer quelqu’un au silence, l’état résultant est bien le même. Ce qui change, c’est la description sémantique à l’aide du trait VIOLENCE pour le cas du verbe jemandem zum Schweigen zwingen  forcer quelqu’un au silence, alors que zum Schweigen bringen  faire taire ne contient pas cette nuance d’agressivité.

La distinction entre zur Welt bringen  mettre au monde et zur Welt kommen  naître repose sur le rôle de l’agent : dans le cas de zur Welt bringen  mettre au monde, l’agent a un rôle primordial, car il doit impérativement être exprimé, à l’inverse de zur Welt kommen naître, où c’est le patient qui doit obligatoirement être mentionné. Les deux exemples suivants illustrent cette distinction :

424) La sage femme a mis au monde les jumeaux.

Die Hebamme hat die Zwillinge zur Welt gebracht.

425) Les jumeaux sont nés.

Die Zwillinge sind zur Welt gekommen.

Le verbe bringen (mettre) confère un aspect causal plus fort à l’expression que le verbe kommen, puisque dans le premier cas c’est l’agent qui provoque l’événement, alors que dans le second cas, le verbe kommen souligne le fait que le patient fait l’action.

Ces expressions idiomatiques mettent en évidence le lien qui peut unir un verbe et un nom pour former ensemble une relation causale. Si les verbes peuvent avoir une valeur causale en eux, de même que les noms, ils permettent également de créer une nouvelle relation causale sous forme d’expression figée.

Un autre cas de structures verbales figées peut être relevé : les structures verbales biprédicatives résultatives à forme réfléchies, i.e. des « structures liant en un seul verbe ou en une seule locution verbale deux morphèmes ayant valeur prédicative et nommés pour cela prédicateurs » (Pouradier Duteil & François 1981, 111). Ces structures sont très nombreuses en allemand, mais peu fréquentes en français, comme les exemples suivants l’illustrent (Pouradier Duteil & François 1981, 135-138) :

426) sich die Hände blutig arbeiten

se mettre les mains en sang à force de travailler

TRAVAILLER(x) CAUSE AVOIR LES MAINS EN SANG(x) 427) sich krank arbeiten

se rendre malade à force de travailler

TRAVAILLER(x) CAUSE ETRE MALADE(x) 428) sich aus dem Gedränge kämpfen

sortir de la mêlée par la force

SE BATTRE(x,y) CAUSE SORTIR DE LA MELÉE(x), où sortir de la mêlée exprime le passage à un autre lieu (NE PLUS ETRE DANS LA MELÉE(x))

429) sich tot lachen mourir de rire

RIRE(x) CAUSE MOURIR(x), où mourir est le passage à un état (ETRE MORT(x)) 430) sich Blasen an die Füsse laufen

se faire des ampoules aux pieds à force de courir

COURIR(x) CAUSE AVOIR DES AMPOULES AUX PIEDS(x) 431) sich aus der Fassung reden

perdre son calme à force de parler

PARLER(x) CAUSE PERDRE SON CALME(x), où perdre son calme indique un changement d’état (NE PLUS ETRE CALME(x))

432) sich heiser reden

devenir aphone à force de parler PARLER(x) CAUSE ETRE APHONE(x) 433) sich heiser schreien

devenir aphone à force de parler PARLER(x) CAUSE ETRE APHONE(x) 433) sich heiser schreien