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1.2.2. Au niveau du lexique

1.2.2.4. Les conjonctions causales en allemand

Les phrases consécutives en allemand sont moins nombreuses qu’en français. On peut notamment relever les conjonctions solcher dass (tel que), derart dass (tellement que, de sorte que) et so dass (de façon que, de manière que, de telle sorte que) (Fritsche 1981, 197). Ces conjonctions relèvent toutes de la catégorie des corrélats. Les exemples suivants illustrent chaque cas (Fritsche 1981, 192) :

326) Unsere Sachen sind in einem solchen Zustand, dass es nicht schlechter sein kann.

Nos affaires sont dans un tel état que ça ne peut pas être pire.

327) Doch hat die Lage auf Kuba bereits derartige Widerstände und auch innenpolitisch gestützte Leidenschaften aufgewühlt, dass Byrd zumindest keinerlei Garantien für die notwendige Objektivität der Ratifizierungsdebatte in kurzer Frist sieht.

La situation à Cuba a déjà remué tellement de résistances et d’emportements soutenus dans le domaine intérieur que Byrd ne voit pour le moins aucune garantie pour l’objectivité nécessaire des débats de ratification dans un bref délai.

328) Drei Bücher, die er unter einem Pseudonym schrieb, verkauften sich so schlecht, dass ihm zum Leben zu wenig und zum Sterben zu viel bleib.

Les trois livres, qu’il écrivit sous un pseudonyme, se vendaient si mal qu’il lui restait trop peu pour vivre et trop pour mourir.

329) Auch hier gilt, dass man möglichst früh operieren soll und nicht erst dann, wenn etwa ein Leistenbruch Einklemmungserscheinungen zeigt, so dass eine Notoperation erforderlich wird.

Ça vaut ici aussi qu’on doive opérer le plus tôt possible et non pas après qu’une hernie inguinale montre des symptômes de blocage, de telle sorte qu’une opération délicate devienne nécessaire.

Les exemples (326), (327) et (328) contiennent un effet d’intensité exprimé par la conjonction. Par contre, l’exemple (329) ne possède pas cette intensité. On retrouve donc le même parallèle qu’avec le français : les conjonctions solcher, derart et so…dass insistent sur le degré d’intensité qui déclenche l’événement, alors que la conjonction so dass souligne l’art et la manière de l’événement. La relation causale est la même qu’en français, i.e. l’événement qui contient la conjonction cause le deuxième événement (relation de cause - conséquence).

Dans l’exemple (326), la situation critique cause l’impossibilité d’empirer cet état. L’énoncé (327) exprime que les résistances et les emportements causent le manque de garantie pour un débat objectif. Dans le cas de la phrase (328), le peu de vente cause le fait de ne pas recevoir une grosse somme d’argent. Dans l’énoncé (329), l’absence d’opération précoce cause la nécessité d’une opération délicate. Ces quatre exemples illustrent une relation causale entre deux événements.

La distinction entre la conjonction so dass (de telle sorte que) et sa forme so…dass (si…que, tellement…que) permet de mettre en évidence le fait que la première renvoie à la notion d’intensité, alors que la seconde réfère à une relation consécutive (Fritsche 1981, 198) :

330) Die Anstrengung ermüdete ihn, so dass er einschlief.

L’effort le fatiguait, de telle sorte qu’il s’endormait.

331) Die Anstrengung ermüdete ihn so, dass er einschlief.

L’effort le fatiguait tellement qu’il s’endormait.

L’intonation portée sur la conjonction so diffère entre les deux phrases : la virgule permet de noter la pause et l’insistance qui se produit sur la conjonction dans l’exemple (330). Comme le dit Fritsche, l’accentuation prononcée du so fait ressortir le degré de fatigue qui est concrétisée dans la phrase introduite par dass. Dans l’exemple (331), il s’agit d’une phrase consécutive dans laquelle la suite de la fatigue est décrite, i.e. la conséquence de la fatigue est exprimée (s’endormir). Il serait même possible de concevoir cette phrase comme étant deux propositions séparées :

332) Die Anstrengung ermüdete ihn. Daher schlief er ein.

L’effort le fatiguait. C’est pourquoi il s’endormait. (Fritsche 1981, 198)

Les deux phrases suivantes illustrent cette différence, où so dass décrit la suite de la proposition, alors que so…dass dépeint l’effet de la phrase :

333) Sobald die Liquiditätslage der Banken ihnen eine Kreditausdehnung erlaubt, ermässigen sie ihre Debetzinsen, wodurch zusätzliche Investitionen rentabel werden, so dass nun ein Konjunkturaufschwung beginnt.

Aussitôt que les conditions de liquidité des banques leur autorisent une prolongation de crédit, ils diminuent leurs intérêts de débit, par lesquels les investissements supplémentaires deviennent rentables, de telle sorte qu’un essor de la conjoncture commence alors. (Fritsche 1981, 198)

334) Sobald die Liquiditätslage der Banken ihnen eine Kreditausdehnung erlaubt, ermässigen sie ihre Debetzinsen, wodurch zusätzliche Investitionen so rentabel werden, dass nun ein Konjunkturaufschwung beginnt.

Aussitôt que les conditions de liquidité des banques leur autorisent une prolongation de crédit, ils diminuent leurs intérêts de débit, par lesquels les investissements supplémentaires deviennent si rentables qu’un essor de la conjoncture commence alors. (Fritsche 1981, 198)

Le but de l’énoncé n’est plus le même : dans l’exemple (333), le but est l’essor de la conjoncture, alors que dans l’énoncé (334), le but est la rentabilité. On peut notamment imaginer que dans la phrase suivante, celle-ci commence par dieser Aufschwung (cet essor) dans (333) et par diese Rentabilität (cette rentabilité) dans (334).

Les conjonctions causales en allemand produisent donc les mêmes effets qu’en français Ŕ une différenciation entre degré d’intensité et manière de décrire un événement Ŕ même si elles sont plus restreintes.

On peut souligner un aspect important de ces conjonctions causales : elles expriment la relation cause Ŕ conséquence. En d’autres termes, la cause est introduite dans la première proposition et la conséquence dans la seconde :

335) Er sprach leise, so dass ich ihn nicht verstehen konnte29. cause conséquence

Il parlait doucement, de telle sorte que je ne pouvais pas le comprendre. (Fritsche 1981, 200)

336) Er sprach leise, so dass es nur für mich bestimmt war.

cause conséquence

Il parlait doucement, de telle sorte que c’était seulement explicite pour moi.

La conjonction causale introduit toujours la conséquence. Ce point peut être mis en exergue à l’aide du connecteur weil, qui introduit toujours la cause :

337) Weil er leise sprach, konnte ich ihn nicht verstehen.

cause conséquence

Parce qu’il parlait doucement, je ne pouvais pas le comprendre. (Fritsche 1981, 200) 338) Er sprach leise, weil es nur für mich bestimmt war.

conséquence cause

Il parlait doucement parce que c’était seulement explicite pour moi. (Fritsche 1981, 201)

Sur ce point, Fritsche (1981, 201) s’oppose à cette conception, puisqu’il postule que la constante causale est donnée dans la phrase principale qui fournit le thème. Il présente la proposition er sprach leise comme constante causale dans chacune de ces phrases30.

Les conjonctions causales peuvent ainsi produire de l’intensité ou non selon qu’elles sont reliées à un corrélat ou à un substantif dans le cas du français. Les conjonctions causales en allemand sont uniquement formées sur la base d’un corrélat, mais possèdent également cette

29 Il en est de même avec er sprach so leise, dass ich ihn nicht verstehen konnte. → Il parlait si doucement que je ne pouvais pas le comprendre.

30 Fritsche (1981, 200) cite l’exemple suivant : ich konnte ihn nicht verstehen, weil er leise sprach. Dans cet énoncé, il considère que ich konnte ihn nicht verstehen représente la constante causale et le but de la conversation. Ce type d’analyse va à l’encontre des hypothèses développées par Pit (2003), qui postule que weil introduit la cause et non la conséquence, excepté lors d’un emploi inférentiel. Nous reviendrons sur ce point par la suite. Dans tous les cas, l’interprétation de Fritsche semble peu pertinente pour ces phrases.

possibilité d’exprimer soit un degré d’intensité soit de décrire la manière dont une action s’est produite.

1.2.2.4.1. La conditionnelle en français

La phrase conditionnelle en français est introduite par la conjonction si. Elle représente une relation causale différente de celle produite par les conjonctions consécutives, puisqu’elle traite la relation causale comme un tout. A l’inverse des conjonctions de type de telle sorte que (deuxième groupe), les deux propositions sont liées par la conjonction si. En ce point, elle ressemble davantage aux conjonctions du premier groupe (celles qui impliquent un corrélat).

La valeur de l’hypothèse est en effet liée à la conjonction si et le verbe est donc à l’indicatif :

« l’hypothèse y est actualisée au moyen de si. Le verbe de la proposition dépendante est donc au mode indicatif » (Fritsche 1981, 208). En d’autres termes, le caractère hypothétique de la phrase n’est liée qu’à la conjonction si et non pas aux deux propositions. Ce fait implique que même lorsqu’une phrase est utilisée dans un mode de l’irréalité, le verbe lié à la conjonction si est à l’indicatif. L’irréalité est toutefois clairement marquée par rapport au réel (Fritsche 1981, 208) :

339) Si j’avais été à ta place, je serais parti.

L’usage du plus-que-parfait lié à la conjonction si et du conditionnel passé dans l’autre proposition indique l’aspect irréel de la phrase.

Les exemples suivants illustrent bien cette distinction (Fritsche 1981, 202) :

340) Si l’aéroport de Kaboul (…) est fermé en raison de combats dans la capitale, la seule voie d’évacuation sera la route vers le Pakistan, déjà peu sûre.

341) Si une guerre éclatait entre le Maroc et l’Algérie, les deux pays en sortiraient si épuisés que le seul véritable gagnant serait Tripoli.

342) Si Fred était venu, Lisa aurait été contente.

La phrase conditionnelle transfert l’événement dans le monde projeté du locuteur. Il s’agit d’une relation indirecte avec la réalité. La relation causale n’est pas reliée au monde réel, mais bien à un monde imaginaire. La phrase conditionnelle ne décrit pas la réalité, mais une pensée sur la réalité (Fritsche 1981, 204). Elle renvoie à des réflexions sur le futur, à des éventuels plans ou prévisions, qui sont très proches de la réalité. Les exemples (340) et (341) représentent des événements qui pourraient se produire dans la réalité : aéroport fermé CAUSE évacuer par le Pakistan et guerre éclaté CAUSE pays sortir épuisés et Tripoli

gagnant. Les événements sont reliés entre eux par un lien causal. Cependant, l’exemple (340) est davantage ancré dans la réalité que l’exemple (341) à cause des temps verbaux utilisés : les indicatifs présent et futur rendent la phrase plus vraisemblable que les temps de l’imparfait et du conditionnel. L’énoncé (341) est donc ancré dans un monde possible, alors que l’énoncé (340) est ancré dans la réalité. Cependant, les exemples (340) et (341) sont des conditionnelles simples, i.e. ils expriment un conditionnel potentiel. Moeschler & Reboul (2001, 154) le décrivent de la manière suivante : « l’antécédent décrit un état de choses qui peut se produire dans un futur plus ou moins proche étant donné l’état actuel du monde, et le conditionnel, lorsqu’il apparaît dans le conséquent d’une conditionnelle simple décrit une séquence possible de cet état de choses, d’où l’appellation de conditionnel potentiel ». Les deux énoncés demeurent des phrases hypothétiques, i.e. les actions n’ont pas encore été réalisées, mais cela pourrait arriver. En revanche, l’énoncé (342) est une conditionnelle contrefactuelle, i.e. il exprime un conditionnel irréel. Moeschler & Reboul (2001, 154) le caractérisent de la manière suivante : « dans une conditionnelle contrefactuelle, l’antécédent décrit un état de choses qui ne s’est pas produit dans la période concernée, et le conditionnel qui apparaît dans le conséquent décrivant une conséquence de cet état de choses qui ne s’est pas produit, ne décrit donc pas un état de choses possible étant donné l’état du monde, d’où l’appellation de conditionnel irréel ». L’événement n’a pas eu lieu dans la période considérée, i.e. Fred n’est pas venu. La phrase reste un énoncé hypothétique, mais sur un fait qui ne s’est pas produit.

L’exemple suivant se distingue de ces énoncés, car il incarne une supposition sur la réalité, dont le locuteur est convaincu :

343) Si l’Algérie espérait, à travers ce conflit, gagner des « fenêtres » sur l’Atlantique, elle peut maintenant les obtenir de la Mauritanie. (Fritsche 1981, 203)

L’aspect de proposition hypothétique disparaît dans cet énoncé. La première proposition exprime une pensée hypothétique, mais celle-ci est annulée au profit d’une autre pensée directement liée à la réalité : [[conflit CAUSE espérer gagner des fenêtres] CAUSE obtenir fenêtres par Mauritanie]. On passe d’un espoir à un résultat concret.

La valeur hypothétique attachée à la conjonction si a soulevé des problèmes. Si l’on se réfère aux dictionnaires et à certains linguistes, la conjonction si a généralement une valeur hypothétique « qui introduit soit une condition (à laquelle correspond une conséquence de la principale), soit une simple supposition ou éventualité », mais on peut lui opposer un si non hypothétique « qui sert à marquer la validité simultanée de deux faits » (Cornulier 1985, 61).

Cornulier réfute cette analyse, en insistant sur le fait que si a toujours une valeur de condition suffisante. Dans la construction si p, q, p n’a pas besoin d’être douteux. Si l’on sait que p est vrai (fait certain), on en conclut q. La valeur hypothétique liée à la condition suffisante ne disparaît pas pour autant : la principale q est suspendue à la condition p et peut être affirmée.

L’évidence de p correspond à un enrichissement contextuel qui n’impute rien au sens de si (Cornulier 1985, 65-66). Les quelques exemples suivants illustrent cet aspect (Cornulier 1985, 65-68) :

344) S’il n’en reste qu’un, je serai celui-là.

345) Si tu finis tes épinards, tu auras ton dessert.

346) Si la vie et la mort de Socrate furent d’un sage, la vie et la mort de Jésus furent d’un Dieu (Rousseau).

347) Si tu es fort aux échecs, je suis le pape.

348) Si je ne vous ai pas salué, c’est que je ne vous ai pas vu.

L’exemple (344) contient un si hypothétique de « condition suffisante », où p ne correspond pas à un fait certain. L’énoncé (345) est un si de « condition nécessaire et suffisante », synonyme de si et seulement si (biconditionnel), où p n’est pas un fait certain. La phrase (346) renvoie à un si de « condition suffisante », où p est une chose certaine. L’exemple (347) est également formé d’un si de « condition suffisante », où ¬p correspond à une chose certaine (réfutation de p par l’absurde). L’énoncé (348) contient aussi un si de « condition suffisante », où p est un fait certain. La construction si p, c’est que q met en évidence que p est une conséquence de q.

S’il existe une opposition entre p en tant que fait certain ou fait non certain, le caractère de condition de p et sa propriété hypothétique ne sont pas mis en jeu. Lors d’un fait certain, p est la condition pour que q se réalise et la connotation hypothétique de p subsiste, même si elle est amoindrie par rapport à un fait non certain.

Si la phrase conditionnelle peut exprimer des propositions plus ou moins ancrées dans la réalité et donc être plus ou moins hypothétique, elle n’exprime pas forcément la causalité. Les exemples suivants illustrent ce point :

349) Si vous venez, vous me ferez plaisir : VENIR(x) CAUSE FAIRE PLAISIR(y).

350) Si vous partez, vous compromettez l’avenir de l’affaire : PARTIR(x) CAUSE COMPROMETTRE L’AFFAIRE(y).

351) Si vous venez, ne venez pas seul : ? VENIR(x) CAUSE NE PAS VENIR SEUL(x).

352) Si vous partez, je ne vous accompagnerai pas : ? PARTIR(x) CAUSE NE PAS ACCOMPAGNER(y,x).

Les exemples (349) et (350) expriment un rapport de cause à effet, de condition à conséquence. En revanche, les exemples (351) et (352) ne présentent aucun signe de causalité, ils indiquent simplement une supposition, un événement possible : « (…) il ne s’agit là que d’un simple rapprochement d’idées, sans lien logique entre elles » (Fritsche 1981, 207).

Aucun lien entre une condition et une conséquence ne peut être tiré de ces deux énoncés, même si l’hypothèse se concrétise dans la réalité. Pour qu’il y ait une relation causale entre les deux propositions, il faut donc que la conjonction si ait une valeur de condition et non de supposition.

1.2.2.4.2. La conditionnelle en allemand

La phrase conditionnelle en allemand diffère de la conditionnelle en français. Son équivalent allemand renvoie à la conjonction wenn. Tout d’abord, la conjonction wenn n’a pas toujours une valeur hypothétique, à l’inverse du français. Les exemples suivants illustrent ce fait (Fritsche 1981, 203) :

353) Überdies gilt es in Polen oder der Tschechoslowakei gerade als Qualitätsausweis, wenn ein Anbieter aus Deutschland (West) auf Erfolge in Deutschland (Ost) verweisen kann.

De plus, cela est reconnu comme un certificat de qualité en Pologne ou en Tchécoslovaquie, si un investisseur d’Allemagne de l’ouest peut renvoyer à des succès en Allemagne de l’est.

354) Was würden sie, die heute Jungen, wohl tun, wenn wieder eine solche Welle auf uns zukäme, wie es 1933 der Nationalsozialismus war?

Que voudriez-vous faire, les jeunes d’aujourd’hui, si une telle vague revenait sur nous, comme c’était en 1933 avec le socialisme national ?31

L’exemple (353) exprime une relation causale (succès en Allemagne de l’est CAUSE certificat de qualité), mais pas de caractère hypothétique. La proposition introduite par wenn est une condition, mais pas une supposition. L’énoncé (354) réfère à un mode de l’irréalité indiqué par le Konjunktiv II et exprime de la causalité (une telle vague CAUSE dire « que faire ? »). Une valeur hypothétique est bien ressentie dans ce cas.

31 On peut noter que la traduction en français exige l’imparfait et le conditionnel présent, qui servent à exprimer une conditionnelle simple, alors qu’en allemand le Konjunktiv II renvoie nécessairement à une contrefactuelle.

Comme le français, l’allemand permet donc de produire un événement futur irréel distinct d’un événement réel. Si les temps correspondants en français sont le plus-que-parfait dans la condition et le conditionnel passé dans le conséquent, en allemand l’utilisation du Konjunktiv II dans les deux propositions crée le mode irréel et hypothétique. En français, la conjonction si introduit ainsi toujours le verbe à l’indicatif, alors qu’en allemand ce n’est pas forcément le cas.

De plus, les effets produits par la conditionnelle peuvent varier, notamment en exprimant une condition (355), une conséquence (356), une concession (357), une présupposition (358), une exception (359), une discordance (360) ou encore la justesse d’un jugement (361) (Fritsche 1981, 211-212) :

355) Wenn er kommt, kommt er um fünf Uhr nachmittags.

Quand il vient, il vient à cinq heures de l’après-midi.

Il n’y a pas de causalité. Dans ce cas, la conditionnelle a une valeur itérative, i.e. elle décrit une situation qui se répète fréquemment.

356) Wenn ich mir schon ein Auto kaufen würde, dann würde ich mir wenigstens gleich ein grosses anschaffen.

Si je m’achetais une voiture, alors j’acquérirais au moins une grosse.

Il y a un lien causal : acheter une voiture CAUSE acheter une grosse voiture.

357) Auch wenn es sehr mühsam wäre, wäre es letztlich besser so.

Même si c’était très fatiguant, ça serait mieux en fin de compte.

Il n’y a pas de lien causal32.

358) Wenn nur die Bank offen hat, (dann) kann ich ihnen das ganze Geld noch heute abend beschaffen.

Pour peu que la banque ait ouvert, je peux encore vous procurer ce soir tout l’argent.

Il y a un lien causal : la banque est ouverte CAUSE se procurer de l’argent.

359) Ausser wenn es regnet, gehe ich nachmittags mit ihm spazieren.

Sauf s’il pleut, je me promène avec lui l’après-midi.

Il y a un lien causal : ne pas pleuvoir CAUSE se promener.

360) Warum kauft er sich einen so teuren Wagen, wenn er doch kein Geld mehr hat?

Pourquoi s’achète-t-il une voiture si chère, alors qu’il n’a plus d’argent?

32 On peut noter que selon certains linguistes, le si concessif n’a que l’apparence d’un si conditionnel : il semblerait qu’il indiquerait davantage une opposition entre p et q qu’une relation de condition entre p et q.

Cependant, Cornulier (1985, 77) réfute cet argument en accordant la valeur conditionnelle à même si p, q.

L’insertion de même ajoute une présupposition (fatiguant implique que la chose en question n’est pas vraiment souhaitable ou désirable), d’où l’effet d’opposition entre fatiguant et ça serait mieux. La valeur de condition suffisante est conservée dans l’idée « c’est fatiguant dans tous les cas ».

Il y a une relation causale contredite : ne pas avoir d’argent CAUSE ne pas acheter une voiture chère, or justement on obtient un résultat inverse (ne pas avoir d’argent CAUSE acheter une voiture chère)33.

361) Wenn Klaus intelligent ist, dann ist Peter ein Genie.

Si Klaus est intelligent, alors Peter est un génie.

Il n’y a pas de lien causal : il s’agit d’une double affirmation, où l’interlocuteur comprend que

Il n’y a pas de lien causal : il s’agit d’une double affirmation, où l’interlocuteur comprend que