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1.2.3. Au niveau du discours

1.2.3.1. Les connecteurs en français

Les connecteurs parce que, car et puisque expriment une relation d’explication qui relie deux éventualités où x cause y. Ces trois connecteurs ont toutefois des propriétés différentes :

 Les connecteurs parce que et puisque sont des conjonctions de subordination, alors que car est une conjonction de coordination.

 Les connecteurs parce que et puisque peuvent se trouver en début d’énoncé, alors que car doit être précédé par une proposition :

445) Puisque tu me le dis, je te crois.

446) Parce qu’il est mon ami, je passe l’éponge.

447) *Car il est fort, il va réussir.

Les connecteurs parce que et puisque semblent plus proches entre eux qu’avec car, mais ce n’est pas le cas. En effet, car et puisque développent un certain nombre de ressemblances, alors que parce que s’en différencie. Les connecteurs car et puisque répondent aux critères suivants (GROUPE -l 1975, 250-252) :

 Ils ne peuvent pas répondre à la question « pourquoi ? » : 448) Pourquoi est-il parti ? *Car/*puisqu’il était fatigué.

 Ils ne peuvent pas être extraposés :

449) *C’est car/puisqu’ il a trop mangé qu’il est malade.

 Ils ne tolèrent pas de modification par un adverbe, comme les exemples suivants l’illustrent :

450) *Il est sorti, simplement car le médecin le lui avait dit.

451) *Il est sorti, simplement puisque le médecin le lui avait dit.

 Ils ne peuvent pas être soumis à une négation (452), à une question (453), à un enchâssement (454) ou à un quantificateur (455), car ceci impliquerait d’avoir la possibilité de porter sur l’ensemble de la phrase. Or, ces formulations ne concernent que la première partie de la phrase :

452) Il ne viendra pas, car/puisqu’il l’a promis.

La paraphrase est : il ne vient pas et c’est justifié par la promesse. La négation ne porte que sur la non-venue de l’individu et non sur la promesse.

453) Est-ce qu’il viendra, car/puisqu’il l’a promis ?

Ici, le locuteur pose une question, car la promesse donne de l’espoir quant à la venue de l’individu.

454) J’ai compris qu’il était parti, car/puisque sa voiture n’était pas là.

Là encore, c’est à cause du fait que la voiture n’est pas là que le locuteur comprend que l’individu est parti.

455) Peu de clients viendront, car/puisqu’il fait beau.

C’est à cause du beau temps qu’il y a peu de clients.

En revanche, dans le cas du connecteur parce que, tous ces critères sont admis (GROUPE -l 1975, 253) :

 Il répond à la question « pourquoi ? » :

456) Pourquoi est-il parti ? Parce qu’il était fatigué.

 Il peut être extraposé :

457) C’est parce qu’il a trop mangé qu’il est malade.

 Il accepte une modification par un adverbe :

458) Il est sorti, simplement parce que le médecin le lui avait dit.

 Il peut être soumis à une négation (459), à une question (460), à un enchâssement (461) ou à un quantificateur (462), car ces formulations peuvent porter soit sur l’ensemble de la phrase (a) soit sur la première partie de la phrase (b) :

459) Il ne pleure pas parce qu’il est seul.

a) Ce n’est pas parce qu’il est seul qu’il pleure, mais pour une autre raison.

b) Il ne pleure pas et le fait d’être seul en est la cause.

460) Est-ce qu’il viendra parce qu’il l’a promis ? a) La cause de la venue est-elle due à la promesse ?

b) Le locuteur pose la question, car la promesse donne de l’espoir quant à la venue de l’individu.

461) J’ai peur qu’il ne l’épouse parce qu’elle est riche.

a) Le locuteur craint que la cause du mariage soit motivée par la richesse de la fiancée.

b) La richesse de la fiancée cause la crainte du locuteur.

462) Peu de clients viendront parce qu’il fait beau.

a) Pour peu de clients, la raison de leur venue sera le beau temps.

b) C’est à cause du beau temps qu’il y aura peu de clients.

Par ailleurs, parce que correspond à un opérateur41, i.e. il crée une nouvelle idée sur la base de deux propositions p et q, alors que car et puisque sont des marqueurs d’actes de paroles, i.e.

ils accomplissent un acte de parole (GROUPE -l 1975, 254). L’impossibilité de conserver le groupe p connecteur q après transformation avec car et puisque s’explique par le manque d’unité sémantique, i.e. le fait que le contenu sémantique ne soit pas unifié, mais le produit de deux actes de langage.

Les connecteurs car et puisque ne renvoient pas véritablement à une explication causale, à l’inverse de parce que, car ils dépendent des prédicats et des connaissances d’arrière-plan des

propositions qu’ils relient. Ce sont précisément ces prédicats et non les connecteurs qui expriment l’effet causal. L’exemple suivant permet d’illustrer ce point :

463) Je suis malade. J’ai trop mangé.

Dans l’exemple (463), le lien causal est exprimé par les prédicats eux-mêmes : AVOIR TROP MANGÉ CAUSE ETRE MALADE. Cependant, l’énoncé revêt une interprétation différente selon le connecteur utilisé : si parce que renforce l’effet d’explication, les connecteurs car et puisque mettent en évidence une connotation de justification exprimée par la proposition q.

L’effet causal est donc le produit des prédicats et non des connecteurs car et puisque. On peut à présent proposer une description plus précise pour chacun de ces connecteurs.

1.2.3.1.1. Le connecteur parce que

Le connecteur parce que correspond à un unique acte de parole, i.e. le caractère assertif ou interrogatif de l’énoncé est produit par le lien de causalité entre x et y et est donc lié au contenu et non au connecteur. Comme il a été démontré ci-dessus, il est possible d’interpréter cette relation causale comme portant sur l’ensemble de la phrase (a) ou seulement sur la première partie de la phrase (b) :

464) Peu de clients viendront parce qu’il fait beau.

a) Pour peu de clients, la raison de leur venue sera le beau temps.

b) C’est à cause du beau temps qu’il y aura peu de clients.

Dans les deux cas, la causalité est indiquée et apporte une information nouvelle. « Parce que désigne la cause comme un fait réel sans plus qu’il s’agisse d’une cause d’ordre physique ou du motif personnel d’une action quelconque » (Fritsche 1981, 177). Le destinataire accepte la vérité de la première proposition (p) et la deuxième proposition (q) explique p : p parce que q.

La deuxième proposition (q) n’est pas obligatoirement connue par le destinataire. Il suffit de savoir que p étant vraie, la nécessité de croire q découle de la causalité affirmée entre p et q (GROUPE -l 1975, 262).

Cependant, le connecteur parce que peut aussi renvoyer à deux actes de parole (GROUPE -l 1975, 263) :

465) Tu es malade, parce que tu as trop mangé.

conséquence cause

41 Parce que est un opérateur dans le domaine du contenu, mais il est également un connecteur dans le domaine de l’énonciation.

Dans cet exemple, p est affirmé et q explique pourquoi p s’est produit, en se basant sur le fait que l’interlocuteur s’est demandé pourquoi il est malade :

1 acte de parole : Tu es malade (p) Interlocuteur : Pourquoi suis-je malade ?

2 actes de parole : Tu es malade (p), parce que tu as trop mangé (q).

Les deux occurrences se trouvent amalgamées en une seule, où q est la cause de p. Le segment p contient la production de l’acte et le segment q sa justification.

En d’autres termes, lorsque l’on exprime une question ou une croyance, le connecteur parce que introduit deux actes de parole. Moeschler (1989, 195) fait remarquer que l’on peut avoir des actes non marqués (Jacques est tombé en mobylette, parce qu’il a le bras dans le plâtre) ou au contraire des actes illocutoires marqués (Est-ce que Marie est malade ? Parce que je ne l’ai pas vue de la journée). Selon Moeschler (1989, 196), lors d’un acte marqué, l’ordre canonique (conséquence-cause) est conservé, mais doit intégrer la force illocutoire de p (CAUSE(je n’ai pas vu Marie, QUESTION(Marie est malade))). A l’inverse, lors d’un acte non marqué, l’ordre canonique est inversé (CAUSE(Jacques est tombé en mobylette, Jacques a le bras dans le plâtre)).

Lors d’une assertion, on peut se demander si l’on a un ou deux actes de parole qui sont exprimés. Il est notamment possible d’envisager une relation explicative causale (je crois que peu de clients viendront, parce qu’il fait beau) et une explication qui porte sur la force de conviction avec laquelle la proposition est entretenue (je crois que peu de clients viendront parce qu’il fait beau). Le premier cas insiste sur la justification il fait beau en tant que cause du peu de personnes qui viennent, alors que le second cas souligne l’acte de croyance (je crois que x).

Cependant, la question de savoir si l’on a un ou deux actes de parole semble peu pertinente.

En effet, une autre problématique met en jeu un phénomène plus riche : la possibilité d’interpréter la relation causale comme un tout (analyse sémantique) ou au contraire comme étant séparée en deux parties (analyse pragmatique). Moeschler (1989, 187-188) soutient notamment que parce que a deux emplois : un emploi de connecteur pragmatique et un emploi d’opérateur sémantique. Dans le premier cas, il relie deux actes de langage et introduit un acte d’explication (lorsqu’il enchaîne sur le contenu propositionnel) ou un acte de justification (lorsqu’il enchaîne sur l’acte illocutoire). Dans le second cas, il exprime un

unique acte de langage et introduit une lecture causale. Les deux exemples suivants illustrent ces deux cas de figure pour l’énoncé Jean ne bat pas sa femme parce qu’il l’aime :

466) REFUTATION (Jean bat sa femme)  EXPLICATION (Jean aime sa femme, NON (Jean bat sa femme)).

Jean ne bat pas sa femme et la raison pour laquelle il ne la bat pas est le fait qu’il l’aime.

467) ASSERTION (NON (CAUSE (Jean aime sa femme, Jean bat sa femme)).

Ce n’est pas parce que Jean aime sa femme qu’il la bat, mais pour une autre raison.

La différence entre EXPLICATION et CAUSE est liée à la portée de la force illocutoire. La lecture causale (467) fait partie de la lecture explicative (466), i.e. l’interprétation causale est une valeur par défaut. L’analyse sémantique qui traite la relation causale comme un tout est donc à la base de l’analyse pragmatique qui traite les deux parties de la phrase séparément et introduit une explication. Les deux lectures sont possibles, mais l’analyse pragmatique en tant que valeur d’explication ou de justification n’intervient qu’après l’analyse sémantique qui contient l’idée de causalité. Le fait d’avoir un ou deux actes de parole ne devient ainsi pertinent qu’en relation avec la possibilité d’interpréter la relation causale comme un tout ou comme deux propositions séparées.

L’exemple suivant permet également d’illustrer deux actes de parole, mais dans un cas de figure bien différent, où q donne non pas une cause (comme ci-dessus), mais une preuve (GROUPE -l 1975, 263-264) :

468) Il est malade, parce qu’il a de la fièvre.

cause conséquence

Dans ce cas, parce que est équivalent à car : q n’est pas une explication, mais un argument attestant la vérité de p. Il s’agit dans ce cas d’un emploi inférentiel de parce que, i.e. un usage épistémique qui requiert l’accès à une prémisse implicitée. En effet, pour reconstruire le schéma causal entre les segments, il faut faire appel à une connaissance encyclopédique, qui implique que lorsque l’on a de la fièvre, on est malade. Le fait d’avoir de la fièvre ne cause ainsi pas le fait d’être malade, mais justifie l’affirmation il est malade. Ce schéma causal se base sur un processus de dérivation d’implicatures. On parle alors de lecture inférentielle (où le connecteur introduit la conséquence) qui s’oppose à la lecture causale (où le connecteur introduit une cause). Une autre solution serait de concevoir que q est bien une explication, mais qui porte non pas sur le fait p, mais sur l’énonciation de p (je dis p parce que q).

L’explication de l’énonciation est alors une argumentation en faveur de p. Il est également possible d’interpréter l’explication de l’énonciation en tant que justification (GROUPE -l 1975, 264) :

469) Il est malade, parce que sans cela, tu risquerais d’aller le voir.

On peut donc remarquer que lorsque l’on a un unique acte de parole, on est dans le cas d’une explication, alors que lorsque l’on a deux actes de parole la valeur argumentative ou justificative est possible. Cette possibilité d’avoir un ou deux actes de parole, i.e. d’interpréter la relation causale comme un tout ou au contraire comme deux propositions séparées, différencie le connecteur parce que des connecteurs car et puisque.

1.2.3.1.2. Le connecteur car

Le connecteur car produit deux actes de parole successifs : le premier acte énonce p, le second fournit une justification du premier acte. En d’autres termes, l’énonciation de q légitime celle de p. Il peut justifier la manière dont le locuteur a produit son énoncé (470) ou justifier l’acte de parole accompli dans la première énonciation (471) (GROUPE -l 1975, 265) :

470) C’est un franc salaud, car il faut appeler les choses par leur nom.

471) Que s’est-il passé ? Car tu me dois des explications.

L’énoncé (470) justifie non pas le contenu (les raisons pour lesquelles l’individu est un salaud), mais la forme utilisée. L’énoncé (471) justifie la question du locuteur, la raison pour laquelle il l’a posée.

Le connecteur car peut également exprimer une relation argumentative (GROUPE -l 1975, 266) :

472) Paul est chez lui, car ses fenêtres sont éclairées.

cause conséquence

La proposition q est une raison pour croire la proposition p. Il s’agit ici d’un emploi épistémique de car, où le fait que les fenêtres soient éclairées permet de conclure que Paul est chez lui. La relation de cause Ŕ conséquence existe bien entre les deux propositions : le connecteur car introduit la conséquence et renvoie à un emploi inférentiel.

Cependant, contrairement au connecteur parce que, car ne produit pas de contenu nouveau en reliant les deux propositions entre elles. Le connecteur car permet de justifier l’affirmation de

p à l’aide du contenu de q : ce qui est uni, ce sont les actes de parole accomplis et non le contenu.

Cependant, si l’acte de langage de p doit être justifié, cela suppose qu’il puisse être un objet de contestation possible. La justification prouve la vérité de p, ce qui impose que l’interlocuteur ne doit pas connaître ou ne doit pas avoir admis p. C’est pourquoi, lors d’un énoncé au futur, le connecteur car est préféré au connecteur parce que, ce dernier nécessitant le fait que l’interlocuteur est au courant de p (GROUPE -l 1975, 269) :

473) Tu seras malade, car tu manges trop.

474) Tu seras malade, parce que tu manges trop.

Dans ces énoncés, on considère que q est la cause de p, mais on introduit q en tant que justification et non en tant qu’explication42. La proposition q n’est pas présentée en tant qu’objet de l’acte de parole, mais bien en tant que moyen pour justifier l’acte de langage de p.

La proposition p doit généralement être plus importante que la proposition q (GROUPE -l 1975, 270). De manière implicite, l’emploi de car suppose que la vérité de q rend acceptable l’acte de langage de p.

En ce qui concerne la proposition q, celle-ci peut être nouvelle (475) ou correspondre à de l’information connue (476) (GROUPE -l 1975, 269) :

475) Je ne pourrai pas venir, car je t’annonce que je pars en voyage.

476) Je ne pourrai pas venir, car tu le sais, je dois partir en voyage.

Par contre, la vérité de q ne doit pas être directement assertée dans la situation de discours dans laquelle s’insère l’énoncé (GROUPE -l 1975, 270) :

477) *Parle-moi, car tu es là.

La situation de discours rend incontestable la vérité de tu es là. Si l’on ajoute un complément, l’énoncé devient acceptable :

478) Parle-moi, car tu es là pour ça.

Si q est connu, l’énoncé renvoie à une vérité générale : 479) …, car un bienfait n’est jamais perdu.

En général, lorsque q est connu, il s’agit d’un proverbe, comme dans l’exemple cité ci-dessus.

42 Le connecteur parce que se différencie toutefois du connecteur car dans ces exemples : parce que peut tout à fait renvoyer à une explication, alors que car a nécessairement une valeur de justification.

Outre sa valeur justificative, le connecteur car peut avoir une valeur explicative (GROUPE -l 1975, 272) :

480) J’ai mal à la tête, car j’ai trop travaillé.

481) Pierre viendra, car il a envie de te voir.

J’ai trop travaillé ne prouve pas la vérité du mal de tête, il en est la cause. L’indication de cause renforce le fait affirmé en p. De même avec la proposition il a envie de te voir, c’est une cause qui entraîne la venue de Pierre. En d’autres termes, on indique une cause du fait affirmé en p, ce qui justifie l’affirmation de p. La proposition p est l’affirmation d’un fait et la proposition q justifie cette affirmation en indiquant la vérité du fait. Il est donc normal d’énoncer q en tant qu’autre fait, dont le premier est une conséquence nécessaire.

L’usage explicatif de car se dérive de son usage justificatif (GROUPE -l 1975, 272). A l’inverse, dans le cas de parce que, la valeur fondamentale du connecteur est l’explication et il est possible d’en dériver un usage justificatif. Ce fait explique pourquoi il est parfois possible de les interchanger.

En d’autres termes, lorsque le connecteur parce que est utilisé sous forme épistémique, il permet de justifier l’acte de langage et lorsqu’il intervient au niveau du contenu, il introduit une relation causale. A l’inverse, le connecteur car a une valeur justificative au niveau épistémique, alors qu’il revêt un rôle explicatif au niveau du contenu.

Zufferey (2007) propose une autre hypothèse pour différencier ces deux connecteurs, qui se base sur le registre de langue utilisé : « (…) car n’est actuellement plus guère utilisé dans la langue orale, ce qui lui confère un caractère plus formel que parce que. Dans la langue écrite en revanche, où ces deux connecteurs sont encore utilisés, nous pouvons faire l’hypothèse que chacun d’eux reste majoritairement utilisé dans les domaines d’usage considérés comme prédominant dans la littérature, c’est-à-dire le domaine du contenu pour parce que et les domaines épistémiques et des actes de langage pour car ».

Cette hypothèse confirme le caractère justificatif de car et explicatif de parce que, bien qu’il soit possible de les interchanger.

1.2.3.1.3. Le connecteur puisque

Le connecteur puisque relie deux actes de parole successifs : l’un énonce p et l’autre présente une justification de p par l’affirmation de q. La justification peut concerner l’expression donnée par p (482) ou l’acte de langage accompli (483) (GROUPE -l 1975, 275) :

482) La peste, puisqu’il faut l’appeler par son nom…

483) Il est là puisque ses fenêtres sont éclairées.

Ces deux énoncés produisent les mêmes effets que s’ils sont utilisés avec le connecteur car.

Le premier énoncé concerne la manière de parler et le second démontre la vérité de ce qui est affirmé. Comme dans le cas de car, aucun contenu nouveau n’est fourni, car le connecteur puisque relie deux actes de parole et non deux contenus. Cet aspect contribue à souligner le fait que ces deux connecteurs n’ont pas de valeur d’explication causale en soi, mais plutôt une valeur de justification. Les connecteurs puisque et car peuvent justifier une affirmation, mais aussi une question :

484) Qui va venir ? Puisque/car tu veux tout savoir.

Cependant, les deux connecteurs ne sont pas toujours interchangeables (485) et peuvent produire des effets différents (486) (GROUPE -l 1975, 276-277) :

485) Continue à parler, puisque/*car tu as commencé.

486) Raconte, puisque/car tu es venu pour ça.

Si le connecteur car ne tolère pas le fait que la proposition q soit directement assertée dans la situation de discours dans laquelle s’insère l’énoncé, le connecteur puisque l’autorise. On peut noter que pour que le connecteur car puisse avoir un rôle de justification, il faut que p ait été énoncé et puisse ensuite être justifié. Cette contrainte explique pourquoi car ne peut pas être placé en début d’énoncé. Cette condition ne s’applique pas à puisque qui prend q pour admis et l’utilise comme point de départ du raisonnement. Dans l’énoncé (485), q est admis par l’interlocuteur et cette admission est possible grâce à la situation de discours. L’exemple (486) insiste sur des aspects différents : le connecteur car donne l’impression de révéler la

Si le connecteur car ne tolère pas le fait que la proposition q soit directement assertée dans la situation de discours dans laquelle s’insère l’énoncé, le connecteur puisque l’autorise. On peut noter que pour que le connecteur car puisse avoir un rôle de justification, il faut que p ait été énoncé et puisse ensuite être justifié. Cette contrainte explique pourquoi car ne peut pas être placé en début d’énoncé. Cette condition ne s’applique pas à puisque qui prend q pour admis et l’utilise comme point de départ du raisonnement. Dans l’énoncé (485), q est admis par l’interlocuteur et cette admission est possible grâce à la situation de discours. L’exemple (486) insiste sur des aspects différents : le connecteur car donne l’impression de révéler la