5. Inventaire des géosites glaciaires
5.1. Les géosites, unité de base de l’inventaire
5.1.4. Les valeurs attribuées aux géosites
La notion de géosite est élaborée dans un but de valorisation et de protection
d’un patrimoine commun menacé (Reynard, 2009). Les premières études sur le
sujet ont été réalisées dans un cadre législatif, essentiellement dans une optique
1 Un point de vue comporte un périmètre qui correspond au point d’observation et
un périmètre qui correspond au paysage observé depuis le point d’observation. Dans une
optique de gestion, par exemple, ces deux aires doivent être prises en compte qu’il s’agisse
d’en évaluer la vulnérabilité, l’accessibilité, etc.
Fig. 5.1 : Les catégories de géosites d’un point de vue cartographique et leur transcription
en catégories de géosites du point de vue de leur complexité. Adapté d’après
Fuertes-Gutiérrez et Fernández-Martínez (2010) et Grandgirard (1997). Le complexe
géomor-phologique (C) intègre un processus principal et plusieurs types de formes ; le système
géomorphologique (D) intègre plusieurs processus et plusieurs types de formes ; le paysage
géomorphologique (E) concerne une échelle supérieure.
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-Géopatrimoines des trois Chablais
de protection, par exemple, dans le cadre d’études d’impact sur l’environnement
(Sharples, 1993; Grandgirard, 1997; Rivas et al., 1997). Dans un tel contexte, un
certain nombre de valeurs sont attribuées aux géosites (Reynard et al., 2004),
servant à appréhender la perte environnementale et sociétale en cas de dommage
porté au site ou à l’objet géologique lato sensu. Ces développements théoriques
ont été menés dans des aires culturelles différentes et on constate aujourd’hui
qu’ils ont évolué avec peu d’interactions.
En Europe continentale, les premiers travaux considèrent essentiellement la valeur
scientiique des géosites : « les géotopes […] présentent une valeur intéressante
pour la compréhension de l’histoire de la Terre, des espèces et du climat. »
(Grandgirard, 1997). Les déinitions qui se focalisent sur la valeur scientiique sont
dites « restreintes » (Reynard, 2004a). En parallèle, Panizza et Piacente (1993,
2005) proposent de prendre en compte toutes les valeurs qui peuvent être
associées aux géo(morpho)sites en fonction de la perception et de l’usage que
l’on en a. Il s’agit, par exemple, des valeurs scientiique, culturelle, esthétique,
économique, etc. Ces auteurs introduisent une déinition dite « large » qui sera
abondamment reprise par la suite.
Actuellement, les chercheurs ont tendance à mêler les deux déinitions. Reynard
(2005; 2009) – ainsi que la plupart des auteurs actuels – considère la valeur
scientiique comme centrale. En outre, quatre valeurs dites additionnelles sont
prises en compte (écologique, esthétique, culturelle, économique) (Reynard et
al., 2007). Giusti et Calvet (2010) distinguent les valeurs sociétales et les valeurs
culturelles au sein des valeurs additionnelles. Enin, Bruschi et Cendrero (2005),
Serrano et Gonzales-Trueba (2005) et Pereira et al. (2007) introduisent des
valeurs dites d’usage, telles que la valeur didactique, l’accessibilité, les conditions
d’observation, la vulnérabilité, etc.
Dans les pays anglophones (Angleterre, Australie, Tasmanie), les valeurs attribuées
aux géosites - parfois appelés signiicant sites and processes – peuvent être classées
de manière légèrement différente (Fig. 5.2). On trouve chez Sharples (2002) une
synthèse basée sur la déinition d’un concept de signiicance. L’auteur propose
de considérer trois valeurs attribuées aux signiicant sites and processes : une
valeur intrinsèque, en dehors de tout point de vue humain, une valeur écologique
et une valeur géopatrimoniale. La valeur intrinsèque telle que proposée par
Sharples s’appuie sur le principe que les objets naturels doivent être protégés
pour leur valeur propre et non pas pour la valeur qu’ils ont acquise à travers leur
utilisation anthropique (ce qui exclut la valeur scientiique, par exemple) (cf. 2.2.3
Géopatrimoine et géodiversité). Le principal critère de cette valeur intrinsèque est
la représentativité, parfois exprimée en termes d’exemplarité. La valeur écologique
repose sur les mêmes bases que celle qui est envisagée en Europe, c’est-à-dire
le rôle de support des formes du relief et de la géologie dans le développement
des milieux naturels. La valeur géopatrimoniale rassemble toutes les activités
humaines qui prennent pour support les objets géologiques lato sensu à savoir,
l’intérêt scientiique, éducatif, culturel, symbolique et spirituel, etc. On notera
que la différence principale du point de vue tasmanien défendu par Sharples par
rapport au point de vue européen réside dans la place de l’homme dans ce schéma
(Fig. 5.2).
- 156 - Inventaire
Le concept d’importance ou la subjectivité des valeurs attribuées
aux géosites
Un aspect particulièrement intéressant des travaux australiens et tasmaniens
consiste en la déinition d’un concept d’importance (concept of signiicance)
où sont exprimées les bases conceptuelles, philosophiques et éthiques de ce
qui constitue l’importance d’un objet géologique lato sensu (Davey, 1997). Ce
concept, repris par Sharples (2002) est utile dans la mesure où chaque occurrence
individuelle des éléments de la géodiversité ne pouvant être protégé, il est nécessaire
d’établir des priorités de protection, en d’autres termes, des niveaux d’importance.
C’est à cette étape de l’élaboration du concept qu’intervient la subjectivité. En
effet, pour juger de l’importance d’un objet, il est nécessaire d’établir des valeurs
pouvant rendre compte de cette importance, valeurs qui ne peuvent être basées
que sur un jugement de valeur, justement, c’est-à-dire, sur des a priori culturels.
Cette subjectivité incontournable n’implique pas que les valeurs proposées par
les chercheurs doivent être automatiquement arbitraires ou illogiques. Elle
implique par contre une adéquation des valeurs au concept d’importance qui
ne peut être évaluée que selon le degré d’explicitation des valeurs et non pas
selon leur objectivité. La recherche dans ce domaine gagnerait donc à accepter
cette subjectivité plutôt que de chercher à élaborer des méthodes entièrement
reproductibles (en d’autres termes, scientiiques !). Cet auteur rejoint ici en partie
les conclusions de Bruschi et Cendrero (2005, 2009) qui tiennent la subjectivité
comme inhérente à l’évaluation du géopatrimoine
2. Sharples (2002) ajoute qu’il
existe deux possibilités dans le choix des valeurs. Se baser sur un consensus, en ne
retenant que les valeurs qui rassemblent les différents chercheurs du domaine, ou
faire des propositions personnelles, mais explicitées.
2 Il faut cependant préciser que Bruschi et Cendrero (2005, 2009) ne discutent pas la
subjectivité des valeurs attribuées aux géosites mais les critères utilisés pour évaluer ces valeurs.
Ces deux auteurs ne rejettent pas la possibilité d’établir des évaluations reproductibles, mais
préconisent l’utilisation de méthodes paramétriques (utilisant des critères dont l’amplitude
est exprimée par une échelle prédéinie).
Fig. 5.2 : Deux façons de catégoriser les valeurs attribuées au géosites (Reynard et al.,
2012c) / signiicant sites and processes (Sharples, 2002), impliquant une prise en compte
différente du facteur humain.
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-Géopatrimoines des trois Chablais
Nous avons eu accès tardivement à la littérature des pays anglophones et bon
nombres d’articles sont dificilement accessibles depuis l’Europe, c’est pourquoi,
dans la suite de ce chapitre, nous basons notre rélexion essentiellement dans
la continuité des développements européens. Il nous semble cependant que ces
deux ères culturelles gagneraient à échanger leurs points de vue.
Le point de vue européen : valeurs intrinsèques et valeurs d’usage
Voyons de plus près comment les chercheurs européens, sans déinir de concept
d’importance, composent avec les valeurs attribuées aux géosites. Nous avons
évoqué plus haut le fait que le champ s’élargit peu à peu. S’il est clair que l’ajout
de nouvelles valeurs enrichit les questionnements autour des géosites, certaines
d’entre elles contribuent à complexiier les processus d’évaluation. Il existe
notamment des confusions entre les valeurs et les indicateurs qui permettent
de juger des valeurs des géosites (Grandgirard, 1999). Ainsi, la vulnérabilité ne
peut pas être une valeur mais une caractéristique des géosites qu’il est cependant
possible d’évaluer, moyennant la déinition de critères clairement explicités. Cette
caractéristique peut entrer dans la déinition d’une « valeur d’usage » qui aurait
pour but de rendre compte, par exemple, du potentiel d’utilisation du site pour le
développement d’activités géotouristiques (sous entendu qu’une forte vulnérabilité
entrerait en conlit avec une mise en tourisme du site). Les valeurs attachées aux
géosites sont utilisées dans le cadre de processus d’inventaire du géopatrimoine à
des ins d’évaluation et de classement des sites, le plus souvent dans une optique
de gestion. La catégorisation de ces valeurs est opérée de façon différente dans
les nombreuses méthodes existantes. Toutes ne sont pas prises en compte de la
même façon et les critères utilisés pour rendre compte des valeurs peuvent varier.
Une brève analyse comparée de ces méthodes montre cependant que toutes (sauf
celles qui annoncent clairement ne s’attacher qu’à une valeur en particulier, par
ex. Coratza et Giusti (2005)) abordent les trois mêmes axes : valeurs intrinsèques ;
potentiel d’usage ; besoin de protection (Tab. 5.1).
La plupart des méthodes d’évaluation européennes récentes des géosites font
la distinction entre les valeurs intrinsèques et les valeurs d’usage (Tab. 5.1). Les
« valeurs intrinsèques », font référence au géosite en tant qu’objet appartenant
aux sciences de la Terre
3. Ainsi, la valeur scientiique est le plus souvent considérée
comme centrale parce que les géosites sont avant tout des objets déinis et
étudiés par les géosciences. La valeur esthétique est considérée par Reynard
(2004b, 2009) comme intrinsèque (et spéciique) aux géomorphosites du fait
de leur caractéristique fondamentale de visibilité (Grandgirard, 1999). Ainsi, les
géomorphosites sont des objets que l’on appréhende par la vue, de même que
la géomorphologie est une discipline qui privilégie l’observation directe sur le
terrain (Panizza, 1996). Cette visibilité, toute subjective qu’elle puisse être (par ex.
Lenclud, 1995) serait à la base de la valeur esthétique, prégnante mais toujours
mal déinie (Martin, 2013, chap. 3). La valeur écologique fait référence au rôle de
support des milieux naturels joué par les formes du relief (Stuber, 1997). Enin,
la valeur culturelle se rapporte à l’utilisation par l’homme des formes du relief et
objets géologiques en tant que ressource, pour leurs caractéristiques géologiques
et géomorphologiques (Panizza & Piacente, 2003). Selon les contextes et les
3 Notez la différence d’avec la valeur intrinsèque proposée par Sharples (2002), où les
objets géologiques lato sensu sont envisagés non pas comme des éléments déinis pas les
Sciences de la Terre mais comme des éléments naturels possédant une valeur propre.
- 158 - Inventaire
auteurs, plusieurs aspects de la culture lato sensu sont pris en compte : art, histoire,
symbolisme et religion, géohistoire, etc.
Toutes ces valeurs peuvent être évaluées en fonction de leur état actuel, en relation
avec une aire de référence et dans un contexte culturel donné. Elles représentent
ce qui peut être perdu en cas de détérioration ou de destruction du site,
c’est-à-dire la charge identitaire, émotionnelle, etc. portée par l’objet géologique lato
sensu, liée à l’existence physique de cet objet.
Les « valeurs d’usage » (Tab. 5.1) doivent être comprises comme des
caractéristiques plus que comme des valeurs au sens des valeurs intrinsèques. Il
s’agit en fait de critères qui sont utiles à la gestion des géosites dans un contexte
de valorisation et de protection. Ces critères permettent de décrire soit la valeur
d’usage actuelle du site, soit son potentiel d’usage. En effet, il existe de fortes
disparités entre les sites qui peuvent être fortement reconnus, aménagés, visités
(par. exemple, le Grand Canyon, le Cervin, les gorges du Pont du Diable) - qui
peuvent entrer dans la déinition de géosites - et des sites moins connus, sans
aménagement et peu visités (par. exemple, les blocs erratiques du Sciard) - qui
peuvent également entrer dans la déinition de géosite. Dans le premier cas, une
forme d’usage existe, dans le second cas, il n’existe pas ou pas encore. Cependant,
les géosites moins connus peuvent également être utiles à la valorisation du
patrimoine géologique lato sensu. Il arrive d’ailleurs fréquemment que des
sites d’un intérêt scientiique élevé soient totalement inconnus du public et
dificilement accessibles. Les circonstances qui amènent à développer certaines
activités autour d’un site ne peuvent pas être guidées par le « meilleur des choix
possibles » puisqu’il semblerait que ce soit avant tout les objectifs d’un projet
qui déterminent les critères à prendre en compte dans le choix d’un site. Ainsi, la
situation actuelle ne valorise pas nécessairement les géosites les plus intéressants
(Cayla et al., 2012) selon que l’on souhaitera protéger un site rare ou mettre en
valeur un site exemplaire. On imagine cependant que l’usage potentiel d’un site
est dificile à évaluer (pronostics aléatoires sur l’avenir) et que c’est l’état actuel qui
est généralement décrit dans les inventaires (présence d’une route, d’une zone
protégée).
Parmi les méthodes proposées (Bruschi & Cendrero, 2005, 2009; Pereira et al.,
2007; Serrano & Ruiz-Flano, 2007), on trouve une grande variété de critères pour
rendre compte de la valeur d’usage : l’accessibilité, la visibilité, l’usage actuel, les
aménagements, etc. Ils décrivent l’état actuel du site.
Les « besoins de protection » (Tab. 5.1) sont un élément incontournable de
la caractérisation des géosites. S’ils sont généralement traités à part, on trouve
parfois les critères qui permettent de rendre compte de la vulnérabilité d’un site
parmi les critères de la valeur d’usage. Cette manière de faire est par ailleurs
parfaitement cohérente dans un contexte géopatrimonial où l’usage ne doit pas
mettre en péril la ressource. Les besoins de protection sont couramment décrits
par : le statut de protection (qui réduit le risque de détérioration du site) et les
menaces potentielles ou actuelles (qui augmentent le risque de détérioration).
Certains auteurs ont développé des nuances autour de la vulnérabilité naturelle
(du fait de processus naturels qui modiient le site), traduite en termes de fragilité,
et de la vulnérabilité anthropique (du fait des activités humaines), traduite en
termes de vulnérabilité (Serrano & González-Trueba, 2005; Fuertes-Gutiérrez &
Fernández-Martínez, 2010).
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159
-Géopatrimoines des trois Chablais
Un autre aspect est constitutif de la notion de géosites. Nous l’avons omis jusqu’ici
parce qu’il est relativement problématique. Il s’agit de la valeur didactique
(parfois pédagogique), proche de la valeur géotouristique. Ici, les auteurs
choisissent plusieurs solution (Tab. 5.1) : 1) la valeur didactique est intégrée à la
valeur scientiique (Coratza & Giusti, 2005; Zouros, 2007; Pereira et al., 2007) ; 2)
la valeur didactique n’est pas explicitée mais certains critères de la valeur d’usage
peuvent s’y rattacher (visibilité, lisibilité, équipements) (Reynard et al., 2012c) ;
3) la valeur didactique fait partie des valeurs additionnelles (Serrano &
González-Trueba, 2005). Avec Martin (2013), nous pensons que tout géosite comporte un
A. Pas de distinction entre valeurs intrinsèques et valeurs d’usage
Serrano et Gonzalez-T.
2005
valeur centrale valeurs additionnelles valeur d’usage besoin de
protection
Composante des valeurs : v. scientiique paysage et esthétisme v. usage
éléments culturels besoin de
pro-tection -> x
éducation
science
tourisme
Valeur prise en compte : x x x x
Reynard et al. 2007 valeur centrale valeurs additionnelles éléments de gestion
Composante des valeurs : v. scientiique v. écologique x <- intérêt didactique
v. culturelle x <- menaces,
atteintes
v. esthétique mesures de gest.
v. économique
Valeur prise en compte : x x x x
Zouros 2007 v. scient.et éduc. potentiel d’usage menace pot. et besoin de protec.
Composante des valeurs : v. scient. et éduc. potentiel d’usage menace potentielle et besoin de prot.
géodiversité -> x
v. éco. et esthétique -> x
v. culturelle -> x
Valeur prise en compte : x x x x
B. Distinction entre valeurs intrinsèques et valeurs d’usage
Bruschi et Cendrero 2005 valeur intrinsèque valeur d’usage besoin de protection
valeur centrale potentiel d’usage protection et
menace
Composante des valeurs : v. scientiique utilité sociale urgence d’action
lien patr. culturels -> x
lien patr. naturels -> x
Valeur prise en compte : x x x x
Pereira et al. 2007 valeur intrinsèque valeur d’usage besoin de protection
valeur centrale valeurs additionnelles potentiel d’usage besoin de protection
Composante des valeurs : v. scientiique v. écologique potentiel d’usage besoin de protection
v. culturelle
v. esthétique
Valeur prise en compte : x x x x
Pereira et al. 2010 valeur intrinsèque usage besoin de protection
valeur centrale valeurs additionnelles potentiel d’usage
Composante des valeurs : v. scientiique v. écologique potentiel d’usage besoin de protection
v. culturelle
v. esthétique
v. géomorphologiques
Valeur prise en compte : x x x x
Reynard et al. 2012 valeur intrinsèque valeur d’usage
valeur centrale valeurs additionnelles usage actuel et
pot.d’usage
Composante des valeurs : v. scientiique v. écologique conditions de visite
v. culturelle intérêt didactique
v. esthétique vulnérabilité -> x
Valeur prise en compte : x x x x
Tab. 5.1 : Récapitulatif des méthodes d’évaluation des géosites et géomorphosites. Ce
tableau ne fait apparaître que les valeurs (et non les critères pris en compte pour chaque
valeur). En noir, la « valeur » est considérée et évaluée. En gris, la « valeur » est considérée
et évaluée mais pourrait apparaître sous une autre valeur/un autre critère (-> x). Toutes les
valeurs sont systématiquement prises en compte (x), malgré des différences de classement
- 160 - Inventaire
certain potentiel éducatif, mais qu’il s’agit clairement d’une valeur d’usage. Ceci
dit, cette rélexion ne nous permet pas de proposer quels sont les critères qui
peuvent rendre compte de l’intérêt didactique.
En conclusion
On l’a vu, les valeurs attachées aux géosites/géomorphosites sont en in de compte
très semblables d’une méthode à l’autre. Trois axes sont généralement exprimés :
valeur intrinsèque, potentiel d’usage et besoin de protection. Il faut cependant
distinguer les valeurs (valeurs intrinsèques) des caractéristiques qui rendent
compte d’aspects liés à l’utilisation du site pour les activités humaines : l’usage ou
le potentiel d’usage et le besoin de protection. Une des dificultés de la description
de la valeur d’usage tient au fait que l’usage actuel n’est pas sufisant pour rendre
compte de l’intérêt d’un géosite pour la valorisation du géopatrimoine. Il semble
utile de pouvoir introduire des éléments mentionnant le potentiel du site, du point
de vue de son intérêt didactique, par exemple.
Les questions de déinition (voir Reynard & Coratza, 2013), d’évaluation et
d’inventaire des géosites sont encore d’actualité dans le milieu de la recherche qui
a vu se constituer des groupes de travail et commissions autour des notions de
patrimoine géologique et géomorphologique, géosites, géomorphosites et même
géomorphosites de montagne. Il nous semble cependant que les différentes
déinitions proposées couvrent actuellement un champ relativement large et
opérationnel et, surtout, que les méthodes utilisées sont, malgré les apparences,
parfaitement semblables sur le fond, c’est-à-dire dans la prise en compte des
valeurs attribuées aux géosites, dans un contexte de valorisation et de protection
du géopatrimoine.
Nous considérons qu’il y a aujourd’hui un consensus tacite au sujet des valeurs
qui sont attribuées aux géosites dans le cercle de la recherche européenne,
consensus qui permet de considérer que ces valeurs et critères, bien que choisis
de façon subjective (liée notamment à un contexte socioculturel), peuvent servir
de base au développement de méthodes d’inventaires du géopatrimoine, s’ils sont
sufisamment explicités.
Dans le document
Géopatrimoine des trois Chablais : identification et valorisation des témoins glaciaires
(Page 173-179)