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E: vous l’utilisiez donc pour les explications grammaticales, et pour autre chose? 97 P8: Avant je traduisais beaucoup les mots de vocabulaire, mais maintenant je ne le fais

Analyse et résultats des entretiens avec les professeurs : pratiques et représentations

96 E: vous l’utilisiez donc pour les explications grammaticales, et pour autre chose? 97 P8: Avant je traduisais beaucoup les mots de vocabulaire, mais maintenant je ne le fais

98 presque plus jamais. En fait, j’explique le vocabulaire en le mettant en situation pour 99 qu’ils comprennent. J’arrive maintenant à me passer beaucoup mieux qu’avant des 100 traductions. »

L’entretien n°8 signale clairement que le chinois est utile pour les explications grammaticales et lexicales. Cependant, P8 montre qu’il sert également à vérifier si les apprenants comprennent bien les explications lorsque l’on utilise tout d’abord le français.

A priori, les enseignants à Taiwan sont conscients de l’utilisation fréquente du chinois en classe, ainsi, l’entretien n°14 montre l’importance de faire parler les apprenants en français surtout pendant le cours de conversation. Ce cours semble en effet, être l’un des rares

moments où ils peuvent véritablement réemployer leurs acquis (CF. Entretien 14, L.61 à 64):

«

Pour le cours d’expression orale j’essaie de les faire parler en français autant que possible car dans la plupart des cours les professeurs donnent leurs explications ou exposent la théorie en chinois, c’est par exemple le cas pour le cours de grammaire française

».

Par ailleurs, pour son cours de traduction, P14 ne nie pas employer exclusivement le chinois en comparaison dans son cours de conversation ; cependant il déclare également recourir à l’anglais (E14, L.53 à 58): :

«

Le cours de traduction se déroule en chinois mais pour les aspects sémantiques la comparaison avec l’anglais est utile (…) » mais « ce travail de comparaison avec l’anglais se fait rarement chez les apprenants. »

Dans l’entretien n°11, P11 déclare à la ligne 32 ne jamais utiliser le taiwanais dans la

salle de classe, même si cette langue est dans son répertoire linguistique, mais ne cache pas employer le chinois. Plus tard, lorsque je lui demande si elle compare le français avec l’anglais elle répond (E11, P11, L. 157-162) :

« 157P11 : C’est rare. Moi-même je ne fais jamais de rapprochement entre 158 l’anglais et le français, et j’en fais très rarement avec le chinois. 159 E : Pensez-vous que pour vos apprenants, il est efficace de comparer en 160 classe le système et le fonctionnement du français avec le chinois, 161 l’anglais ou une autre langue ?

Pour confirmer ses propos, je lui demande s’il est efficace d’exploiter la transparence lexicale entre le français et l’anglais. P11 approuve, toutefois n’ayant pas elle-même ce

réflexe, elle ne fait pas de comparaison en classe (E11, P11, L. 175-167) :

« 175 P11 : Oui, très certainement mais comme je l’ai dit auparavant, je fais peu de 176 comparaison entre les langues, donc c’est très rare que je montre cette 177 transparence lexicale. »

Il est ici très perceptible que les stratégies d’enseignement dépendent du profil de l’enseignant. D’où la nécessité d’en prendre conscience lors de la formation de formateurs afin d’être en mesure de comprendre toutes les implications pouvant en découler dans la classe, ainsi que les répercussions dans l’apprentissage de certains élèves.

D’un autre côté, dans l’entretien 1 on cerne très bien la méthode adoptée par l’enseignante. Ainsi, consciente de l’importance des gestes, des malentendus et des problèmes interculturels que peuvent rencontrer les apprenants lors d’une conversation avec

des natifs, cette enseignante semble vouloir intégrer des méthodologies dites non- conventionnelles dans son enseignement ( Cf.E1, P1, L.77-81). Elle déclare ensuite qu’il est très important de comparer les langues entre elles et avoue recourir à l’anglais.

«

P1 : (…) Dans le cours de conversation il faut parler du langage du corps car il y a des différences culturelles qui peuvent être à l’origine de malentendus. C’est également très important de comparer les langues, par exemples : comparer le français et l’anglais, mais aussi le chinois et le français, pour voir les similitudes plutôt que l’éloignement entre ces langues.(…)

»

Dans l’entretien n°7, l’enseignante déclare (L. 139-163) utiliser la plupart du temps le

chinois dans la salle de classe ; le taiwanais ne faisant pas partie de son répertoire linguistique, P7 ne l’exploite pas. Le chinois va lui servir à expliquer la grammaire (précisant même que c’est pour la syntaxe), la civilisation et à parler de ses expériences personnelles en France. L’extrait suivant démontre que P7 compare naturellement le chinois au français,

puis, en réalisant que je lui demande si les élèves ont cette démarche, elle dit : « 622 E : et est-ce que vous avez remarqué qu’ils comparent avec l’anglais ? ou avec 623 le chinois ? ou ? (faiblement)

624 P7 : euh___ pour moi je compare euh je- oui le français avec le chinois oui ou plutôt 625 E : d’accord

626 P7 :euh l’anglais oui ! oui je crois que les élèves oui 627 E : m ?m ! ……… oui ? 628 P7 :ils comparent euh le français et l’anglais plutôt

629 E : d’accord ……….naturellement ! 630 P7 :ouais oui !

631 E : d’accord.et euh est-ce que vous pensez que ? euh avec vos apprenants d’a- de cours 632 de duben 讀 本 il est efficace de compa- ? pas que de duben 讀 本 hein ? en général. 633 P7 :m !... mmm ! 634 E : est- ce qu’il est efficace de comparer en classe le système et le fonctionnement 635 avec le- le chin- chinois-français/français-chinois ?. ou ?//

636 P7 :je crois plutôt . le français et l’anglais

637 E : oui plutôt ………et l’anglais ? 638 P7 :oui !. euh surtout dans la classe de grammaire 639 E : d’accord

640 P7 :oui. parfois euh je compare euh les deux syntaxes oui la syntaxe des deux langues 641 E : d’accord ……….

642 d’accord //

643 P7 :oui parce que ça ressemble 644 E : bien sûr !

645 P7 :mais si on compare euh le français et le chinois c’est- c’est difficile euh de 646 E : bien sûr

647 P7 :trouver des- des ressemblances entre les deux langues

648 E : d’accord……..d’accord et.est-ce que vous faites faire des traductions chinois français/français chinois ?

649 P7 :… dans la classe ? euh____ oui pas mal

650 E : pas mal ? m ! d’accord !. et euh____anglais français/ français anglais ? 651 P7 :.moins .. moins souvent mmm ! »

Cet exemple confirme que c’est plutôt P7 qui initie le travail comparatif des langues, indiquant par la même occasion que ce n’est pas l’initiative des apprenants. Ce point

suggère que les apprenants en classe ne font pas particulièrement de remarques prouvant qu’ils comparent les langues entre elles. Dans sa démarche pédagogique, P7 énonce

nettement son objectif qui est de montrer aux apprenants les ressemblances. En procédant de cette manière, P7 exploite les connaissances de ses apprenants tout en prenant en compte leur bagage langagier en anglais et en chinois.

De façon très complémentaire, l’entretien suivant de P12 souligne les mêmes tendances

que précédemment (E12, P12, L.36-43) :

« 36 E : A propos du contact des langues dans la classe de FLE, les apprenants taiwanais 37 parlent souvent minnanais, hakka ou d’autres langues en plus du chinois et de 38 l’anglais qu’ils ont appris à l’école, pensez-vous qu’ils exploitent de façon consciente 39 ou inconsciente ces compétences pour apprendre le français ?

40 P12 : Je trouve que c’est plutôt moi qui initie la comparaison entre les langues.

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