Quelle que soit la période, l’indice de présco-larisation est plus élevé en ZUS que dans les autres territoires (tableau 18).
On peut rapprocher ces chiffres du taux de sco-larisation à trois ans issu du recensement de 1999 : 45,9 % dans l’ensemble des ZUS contre 41,4 % pour l’ensemble de la France métropo-litaine,et 38,5 % pour le total des unités urbaine comportant une ZUS11.
La scolarisation précoce est donc une carac-téristique des zones urbaines sensibles.
La scolarisation précoce est généralement considérée comme un facteur de réussite sco-laire. Mais, contrairement à d’autres territoires où la scolarisation précoce est liée à un taux
1 La scolarité et l’éducation 2 La santé des enfants
d’âge scolaire 3 La sécurité quotidienne 4 L’activité, le chômage
et l’emploi
5 Les conditions de logement
➥
145
11 Sources : INSEE, RP99
12 cf. Hugues Lagrange, La « mise en danger de soi » et la « sortie du dan-ger » dans les quartiers en zone urbaine sensible, rapport pour la DIV, doc.
Polycopié, novembre 2003.
Tableau 20Pourcentage d’enfants de 2 ans en maternelle
par rapport à l’ensemble des enfants de 2 ans sur le territoire considéré
ZUS Ensemble de la commune
Pourcentage sur effectifs globaux 38 31
Champ : communes de France métropolitaines comportant des ZUS Sources : INSEE (RP 99) et DEP 99-2000
Tableau 21Des retards scolaires plus fréquents
Taux de retard ZUS Hors ZUS France entière
(Année 1999/2000) Nombre % Nombre % Nombre %
Total élèves CE2 69 934 605 582 675 216
Total des élèves de CE2 18 759 26,8 93 990 15,5 112 747 16,7
ayant 1 an de retard ou plus
Total élèves 6e 72 117 614 973 686 990
Total des élèves de 6e 8 755 12,1 59 693 9,7 68 449 10,0
qui redoublent en fin d’année
Total des élèves de 6e 28 131 39,0 171 266 27,8 199 360 29,0
ayant 1 an de retard ou plus
Total élèves de 3e 58 586 518 478 577 064
Total des élèves de 3e 4 703 8,0 39 938 7,7 44 641 7,7
qui redoublent en fin d’année
Total des élèves de 3e 27 656 47,2 189 905 36,6 217 561 37,7
ayant 1 an de retard ou plus
Total des élèves de 3e 7 469 12,7 38 104 7,3 45 573 7,9
ayant 2 ans de retard ou plus Source : DEP 1999-2000
Le taux de réussite au Diplôme national du Brevet, quand il est pris globalement sur l’en-semble des collèges de ZUS, accuse lui aussi un décalage. Celui-ci, prévisible du fait de l’origine sociale des élèves, est de l’ordre de 10 points (tableau 23).
On note toutefois une dispersion assez impor-tante, avec un taux minimum de 40,5 %, un maximum de 100 % et un écart-type proche de 10 (graphique 2).
Ces résultats, s’ils sont en moyenne inférieurs Le taux
de réussite au Brevet est de 10 points inférieur à la moyenne nationale.
1. La scolarité et l’éducation
146
Tableau 22Des taux de redoublants supérieurs
% de redoublants en 6e En ZUS Hors ZUS Ensemble
1999-2000 12,1 9,7 10,0
2002-2003 10,6 8,0 8,3
% de redoublants en 3e En ZUS Hors ZUS Ensemble
1999-2000 8,0 7,7 7,7
2002-2003 6,7 6,4 6,4
Tableau 23 Taux de réussite national au Diplôme national du Brevet
En ZUS Hors ZUS Ensemble
Reçu Présents % de Reçu Présents % de Reçu Présents % de
reussite reussite reussite
Dans la base
28 487 42 417 67,2 343 149 445 072 77,1 371 636 487 489 76,2 exploitée*
National 549 684 699 928 78,5
(public et privé)
*Établissements publics uniquement. Dans le fichier, ne figurent que les ZUS ayant au moins un collège et pour lesquelles nous avons des données par collège (soit 326 sur les 707 ZUS), les communes ayant au moins un collège en ZUS et pour lequel les données sont disponibles par collège (soit 244 sur les 486 communes), et de même pour les départements (77 au total sachant que nous n’avons pas les données par collège du Diplôme national du Brevet pour 6 départements dont le 91, le 93, le 94 et le 95 et que les 17 autres ne comportent pas de ZUS).
**La formule de calcul est le rapport du nombre d’élèves reçus sur le nombre d’élèves présents à l’examen.
Sources : DEP - ministère de l’Éducation nationale - 2004
Graphique 2 Écart de résultat entre ZUS et hors ZUS au Diplôme national du Brevet (2002-2003)
ticulièrement distinctif à l’école élémentaire, cet écart ne faisant que se maintenir pour les classes supérieures.
L’écart plus faible du taux d’élèves ayant deux ans de retard en 3epeut s’expliquer de plusieurs manières : le recrutement (plus large au collège qu’à l’école élémentaire), mais quidalors du décalage entre la sixième et la troisième sur le redoublement ; le plafonnement implicite des redoublements ; l’abandon ou l’orientation vers d’autres filières des élèves les plus en retard (donc les plus âgés) qui maintiendrait le taux d’élèves en retard à un plafond constant.
Les données pour l’année scolaire 2002-2003 ne font pas apparaître de changements signifi-catifs, si ce n’est une légère baisse de la pro-portion d’élèves ayant un ou deux ans de retard en troisième, tous territoires confondus, sans que les écarts n’en soient modifiés. Il en va de même pour les redoublements
Source : DEP 1999-2000
1 La scolarité et l’éducation 2 La santé des enfants
d’âge scolaire 3 La sécurité quotidienne 4 L’activité, le chômage
et l’emploi
5 Les conditions de logement
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Tableau 24Taux d’accès de 6een 3e
En ZUS (%) Hors ZUS (%) Ensemble (%)
71,5 74,9 74,6
Tableau 25Des résultats assez contrastés d’une ZUS à l’autre
Ensemble des ZUS Taux d’accès (années 2002-2003) de 6een 3e(en %)
Moyenne 71,4
Minimum 25,1
Maximum 91,9
Écart type 9,5
Tableau 26Des élèves après la classe de 3e
Devenir des élèves Hors ZUS En ZUS France entière
après la classe de 3e (en %) (en %) (en %)
Taux d’accès de 3een 2nde 86,4 85,1 85,2
dont 2egénérale ou technologique 51,3 60,4 59,5
dont 2eprofessionnelle 35,2 24,9 26,0
Graphique 3 Taux d’accès de 6èmeen 3ème
Graphique 4 Devenir des élèves après la classe de 3ème Source : DEP - ministère de l’Éducation nationale - 2004
Source : DEP - ministère de l’Éducation nationale
Source : DEP 1999-2000
Source : DEP 1999-2000
à ceux du reste de la commune où se trouve la ZUS masquent des écarts qui varient consi-dérablement d’une ZUS à l’autre.
Dans un quart des cas, les résultats obtenus dans les établissements situés en ZUS sont équi-valents ou supérieurs à ceux obtenus dans le reste de la commune (graphique 2).
En ce qui concerne les cursus scolaires,on note là aussi des différences.
Le taux d’accès de 6een 3e générale Ce taux est sensiblement plus faible en ZUS qu’en dehors, mais cette différence n’est pas
de 3èmeen 2nde
dont 2ndegénérale ou technologique dont 2ndeprofessionnelle
La proportion d’élèves orientés vers les secondes de lycée
professionnel est nettement supérieure dans les établissements situés en ZUS.
1. La scolarité et l’éducation
148
nomique et sociale, lettres, scientifique, médi-co-social,etc.),on note une sous représentation de la filière « scientifique » et une légère surre-présentation du médico-social. Cela apparaît dans l’examen du devenir des élèves de 3emeen fin de 2egénérale et technologique.
Hormis le Diplôme national du Brevet de fin de troisième, l’Observatoire des ZUS ne dispo-se pas à ce jour des données relatives aux per-formances des élèves (tests d’évaluation à l’en-trée en 6e, résultats au baccalauréat), et n’a donc pu les exploiter.
Dans les années qui viennent, il ne fait pas de doute que le ministère de l’Éducation natio-nale sera en mesure de les communiquer.
Le constat n’en est pas moins que les écarts constatés entre les établissements situés en ZUS et ceux situés sur d’autres territoires représen-tent, une fois cumulés et malgré des situations contrastées,autant d’obstacles qui réduisent les opportunités de réussite de ceux qui y résident.
Au sein des ZUS, ce sont celles où la propor-tion d’enfants de ménages défavorisés est la plus importante qui connaissent le plus fort taux de retard en 6e.
Si le taux d’accès de troisième en seconde est pratiquement identique (voire très légèrement supérieur pour les établissements des quartiers en ZUS), la proportion d’élèves orientés vers les secondes de lycée professionnel est nette-ment supérieure dans les établissenette-ments situés en ZUS (10 points d’écarts environ).
Le tassement statistique de l’écart du taux de redoublement ou de retard des établissements en ZUS par rapport aux autres établissements ne signifie donc pas une harmonisation des destins scolaires ou des possibilités effectives de réussite.
Mais l’offre de scolarité,c’est à dire la diversité des filières et des options proposées, dans les établissements situés en ZUS est elle-même par-ticulière. Les données relatives aux langues enseignées dans les collèges de ZUS ne sont pas encore disponibles. Mais, si l’on s’en tient aux dominantes des classes de première de l’enseignement général et technologique
(éco-Tableau 27Les élèves après la classe de 3edans les ZUS
Devenir des élèves après Taux d’accès en 2e
la classe de 3epour les établissements Effectif % (en %)
situés en ZUS (année 2000/2001)
Total d’élèves de 3e 62 427
Passés en 2e 50 568 81,0 86,4
dont en 2eGT 30 000 48,1 51,3
dont en 2epro 20 568 32,9 35,2
Redoublent la 3e 3 925 6,3
-Autres 7 934 12,7
-Sources : DEP – Exploitation INED
*Le taux d’accès en 2eest la proportion d’élèves passés en 2esur le nombre total d’élèves de 3e, moins le nombre de redoublants.
Graphique 5 Répartition des éléves de seconde selon la section
très significative (entre 3 et 4 points) (tableaux 24 et 25).
Plus significatif : le devenir des élèves en fin de 3e (tableau 26).
Source : DEP 1999-2000 tout
hors ZUS ZUS
1 La scolarité et l’éducation 2 La santé des enfants
d’âge scolaire 3 La sécurité quotidienne 4 L’activité, le chômage
et l’emploi
5 Les conditions de logement
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Tableau 28Devenir des élèves de 3emeen fin de 2egénérale et technologique Dans les établissements Dans les établissements
Nombre d’élèves et % situés en ZUS situés hors ZUS France entière
2eGT 29 050 299 440 328 490
1ereES 3 854 45 992 49 846
13,3 15,4 15,2
1ere L 2434 29564 31 998
8,4 9,9 9,7
1ere S 6 049 86 997 93 046
20,8 29,1 28,3
1ere SMS ou STT 5 123 38 260 43 383
17,6 12,8 13,2
1ere STI ou STL 2 023 20 895 22 918
7,0 7,0 7,0
Sources DEP – Année 2002-2003 - France entière
Graphique 6 Pourcentage de retard d’un an ou plus en 6ème
Source : DEP 1999-2000
sont renforcés, si ce n’est déterminés, par l’off-re éducative elle-même.
Ces mécanismes dont certains commencent à être explorés par les chercheurs depuis plu-sieurs années méritent d’être examinés afin d’é-clairer l’action publique, par-delà la compen-sation ou la prévention locale des écarts constatés.
Ce constat, qui n’est pas en soi une nouveau-té, est étayé pour la première fois par des chif-fres systématiques. Il justifie à lui seul la pro-longation,l’accroissement ou le redéploiement des dispositifs mis en œuvre dans le cadre de la politique de la ville. Mais l’analyse des raisons de ces écarts reste à faire, du moins, de maniè-re systématique et approfondie. En effet,un cer-tain nombre de recherches tendent aujourd’-hui à montrer qu’ils ne sont pas simplement dus à un cumul de handicaps, à une carence de moyens ou de ressources culturelles ni à de méthodes inadaptées,mais qu’ils procèdent de mécanismes sociaux et de dynamiques terri-toriales plus vastes.
Ces mécanismes – ségrégation,évitement,repro-duction, identification, etc. – ont ceci de parti-culier qu’ils ont une incidence sur la configu-ration du paysage de « l’offre éducative » et contribuent aux écarts constatés. En retour, ils
Les ZUS
où la proportion d’enfants de ménages défavorisés est la plus importante connaissent le plus fort taux de retard en 6e.
L’évitement des établissements jugés
négativement par les familles n’est pas un simple signe de « distinction sociale »…
1. La scolarité et l’éducation
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