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Un début de carrière chaotique (1328-1337)

Bernat de Cabrera, ascension, grandeur et chute d’un conseiller

I. L’ascension au service d’un royaume (jusqu’aux années 1350) 1350)

1.2. L’ascension au service de Pierre IV (1328-1356)

1.2.1. Un début de carrière chaotique (1328-1337)

Les mentions concernant le jeune vicomte de Cabrera sont rares jusqu’à l’accession au trône de Pierre IV. Cela corrobore l’hypothèse que le règne d’Alphonse IV a correspondu à une mise à l’écart du lignage29

. Zurita signale la présence de Bernat de Cabrera, au printemps 1330, au sein d’un contingent catalano-aragonais aux côtés des Castillans à Lorca pour lutter contre les Grenadins30.

Bernat de Cabrera apparaît aussi dans la première crise qui oppose Pierre IV, jeune roi, à sa belle-mère, Éléonore de Castille, et à ses fils. De son mariage avec Alphonse IV, étaient nés deux fils que l’ambitieuse reine avait eu le souci de doter. Ferdinand, l’aîné avait reçu le 28 décembre 1329 le marquisat de Tortosa, et toute une série de villes dans le royaume de Valence31, tandis que le second, Jean, avait obtenu le 2 juin 1335 d’autres lieux stratégiques de la frontière méridionale, tels Castellón de la Plana, Burriana et Llíria. Aux yeux de Pierre IV, devenu roi en 1336, respecter ces donations revenait à mettre dans les mains des Castillans des places frontières. Si les relations entre les deux royaumes tournaient à la guerre, les pertes étaient certaines. D’un autre côté, contester ces donations revenait à provoquer Alphonse XI, roi de Castille, qui ne pourrait être que solidaire de sa sœur et de ses neveux. Les relations entre Éléonore de Castille et son beau-fils Pierre IV étaient fort tendues : avant même le décès d’Alphonse IV, la première s’était réfugiée en Castille avec l’aide de Pere de Xérica.

Pierre IV profite de la révolte de nobles castillans, tel Juan Manuel avec lequel il avait fait alliance, et du mécontentement du roi du Portugal à l’encontre d’Alphonse XI pour avancer ses pions. Tandis que son voisin castillan est en difficulté, il attaque les possessions de Pere de Xérica dans le royaume de Valence. Bernat de Cabrera fait partie des chevaliers envoyés avec Joffre Gilabert de Cruïlles, Lope de Gurrea et Ferrer d’Abella32 pour s’assurer de la confiscation des biens et des rentes du noble félon décidée suite à un procès. Toutefois, les sources n’indiquent pas qu’il occupe alors des fonctions particulières33

: Zurita précise

29 Alphonse IV est alors marié à la très influente Éléonore de Castille.

30 Zurita, VII, 8-11.

31

Santa Maria d'Albarrasí, Mediano, Alòs, Oriola, Callosa, Guardamar, Alacant, Nompot, Elda, la Mola, Novelda et Asp. FERRER MALLOL, M.-T., Entre la paz y la guerra, la corona catalano-aragonesa y castilla

en la baja edad media, Barcelone, 2005, p. 331. 32

Parent de Berenguer d’Abella, mais la nature du lien n’a pu être établie.

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seulement que eran los principales en el consejo del rey34. Les quatre négociateurs sont faits prisonniers et transférés à Utiel en Castille. Simultanément, Alphonse XI de Castille maîtrise les rébellions internes à son royaume et obtient la paix de son voisin portugais. Il peut alors se retourner contre le roi aragonais.

Dans cette affaire de 1336-1337, Bernat de Cabrera ne se fait pas particulièrement remarquer comme négociateur. Ce sont, en effet, les talents des légats du pape et particulièrement ceux de l’infant Pierre, oncle du roi d’Aragon, qui vont permettre d’éviter d’entrer dans l’engrenage belliqueux avec la Castille35. L’entremise de Rome a permis la mise en place de l’arbitrage de l’infant Pierre et de Juan Manuel (1337): Pere de Xérica est pardonné, Éléonore retrouve ses rentes mais doit reconnaître la juridiction du roi, les territoires reçus par l’infant Jean pourront être renégociés. La querelle entre les demi-frères s’apaise tandis que la menace grenadine resserre les liens entre la Castille et l’Aragon. Au moins, provisoirement.

En tous les cas, trois des nobles sont délivrés par Pere de Xérica36. Zurita fait alors allusion à un défi lancé par Bernat de Cabrera à Pere de Xérica pour ne pas avoir respecté la sécurité due aux négociateurs :

Había desafiado don Bernaldo vizconde de Cabrera a don Pedro de Ejérica reptándole que había sido malamente preso y debajo de seguro y como no debía; y aunque por las leyes y fueros del reino no se le podía estorbar que no pasase adelante el riepto, considerándose en el consejo del rey cuán dañoso podía ser para la concordia, el rey por vía de trato se interpuso entre ellos37.

Ce défi semble être considéré comme une erreur ayant menacé les négociations entamées par Rome et l’infant Pierre38

.

Bernat de Cabrera semble ne plus jouer un rôle de premier rang aux côtés de Pierre IV avant 1347. Néanmoins, cela ne veut pas dire qu’il ait été complètement écarté.

34 Zurita, VI, 38.

35

Sur ce point la Crónica nous renseigne mieux.

36 Ferrer d’Abella, de la baronnie d’Abella meurt en captivité.

37 Zurita, VII, 42.

38

MARTÍNEZ GIRALT A., « L’agitat retir monàstic del vescomte Bernat II de Cabrera », dans Quaderns de la

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1.2.2. 1338-1347 : roman d’un noble désespéré ou construction d’une carrière ?

1.2.2.1. Un mariage en crise ?

En 1338, alors que les époux ont déjà deux fils dont le plus jeune sort déjà de l’enfance, ils sont séparés : Timbor vit au château de Montclús39. Dans une lettre du 29 décembre 1338, l’évêque de Gérone demande à son homologue de Barcelone de convaincre Timbor de reprendre la vie commune. Toutefois, elle persiste et les échanges épistolaires de 1342 montrent que la situation est identique et qu’elle réclame les moyens de vivre. Le 31 octobre 1346, l’évêque de Gérone s’adresse au pape ; Timbor réclamerait une audience à Rome pour obtenir l’annulation du mariage40

. On ignore tout des raisons de ce conflit conjugal grave, mais l’affaire fut manifestement enterrée.

1.2.2.2. Nouvelles alliances familiales

Vicenç Coma Soley met en relation – sans preuve – cet épisode matrimonial avec le fait qu’avant le 31 mai 1339, Bernat de Cabrera aurait cédé la vicomté, titres et droits, à son fils aîné Pons41. Alejandro Martίnez Giralt cite un acte du 13 avril 1341, prévoyant de lui transférer pouvoirs et certains honneurs dans la vicomté, promesse liée au mariage envisagé42. Une chose est sûre : le fils aîné, au début de la décennie 1340, a épousé la fille de Hugues Folc, alors vicomte de Cardona – fait comte en 1357 – et de Béatrice d’Anglesola. Le 5 mai 1347, Bernat de Cabrera et son épouse Timbor concèdent à leur fils Pons, en échange de l’hommage, le titre de vicomte avec tous les droits sur les seigneuries, les honneurs de Roda, de Cabrerès et les châteaux de Montsoriu et de Montclús, et obligent les habitants de ses possessions à prêter serment.

Les Cabrera ont donc réussi à s’allier à un grand lignage, puissant grâce aux mines de sel qu’il contrôle et grâce aussi à une position stratégique qui les pose en médiateurs dans les affaires pyrénéennes43, lignage par ailleurs souvent opposé aux puissants Moncada. Cette

39 COMA SOLEY, V., Los vizcondes de Cabrera…, p.55. L’auteur se livre à des suppositions romanesques sur cette séparation, évoquant une aventure extra-conjugale.

40 MARTÍNEZ GIRALT A., « L’agitat retir monàstic … », op. cit., p. 51.

41 Les références des A.C.A. données par V. Coma Soley mènent à une impasse.

42

MARTÍNEZ GIRALT A., « L’agitat retir monàstic… » , op. cit. , p. 53.

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union devait être prometteuse mais Pons meurt prématurément vers 1349, sans doute de la peste, sans avoir eu d’héritier44

.

1.2.2.3. L’aventure en Castille ?

Au moment où déroulent ces péripéties familiales, Bernat de Cabrera, missionné par Pierre IV ou plus simplement ambitieux et batailleur, a commencé, à l’âge mûr, une vie plus mouvementée qui l’éloigne un temps de la Catalogne.

Bernat de Cabrera est le noble e amado consellero nuestro accrédité pour confirmer le traité d’amitié et de semi-réconciliation entre Alphonse XI de Castille et Pierre IV de 1339-40. Il s’agit alors d’apporter l’aide maritime catalane dans le détroit de Gibraltar face aux Musulmans, de conclure le mariage de Constance d’Aragon avec un fils d’Alphonse – qui n’est pas nommé – et de mettre en place une stratégie face aux éventuelles attaques des infants Jean et Ferdinand d’Aragon45. En 1341-42, Cabrera est dans le sud de l’Espagne. Le 14 septembre 1341, à Séville, il reconnaît une dette à Bernat Serra, marchand de Barcelone46. Ce même mois, Bernat de Cabrera représente Pierre IV auprès d’Alphonse XI de Castille. En janvier 1342, il excuse le retrait des galères envoyées sous le commandement de Pere de Moncada, par les soucis causés à Pierre IV par Jacques III de Majorque. Au mois de juillet 1342, il assiste à la prestation d’hommage de Jacques III à Barcelone47

; en octobre, il est sur ses terres. Il repart ensuite en Castille. En effet, en 1343, il est présent au siège d’Algésiras où il dénoue les conflits entre d’une part, Alphonse XI et, d’autre part, le comte de Foix et le vicomte de Castelbon48.

Il est sans doute aussi un bon guerrier et un remarquable organisateur: il coordonne les forces catalanes qui participent au long siège (août 1342- mars 1344). Il semble donc assumer les fonctions d’un noble qui sait tout autant combattre que négocier et apaiser les tensions. Il se pourrait que cette période ait été décisive dans sa carrière, bien qu’elle reste encore obscure. En tout cas, avec le règne de Pierre IV, Cabrera accède sur le tard à un rôle politique qu’il n’avait jamais tenu auparavant.

En Castille, il n’oublie toutefois pas ses intérêts. Devant Alphonse XI, il conteste la réclamation que faisait Alfonso Fernández Coronel de la ville d’Aguilar. Il prétend que son

44 La Fondation Medinaceli attribue aux Cabrera une postérité qui n’est jamais toutefois identifiée. http://fr.fundacionmedinaceli.org/casaducal/fichaindividuo.aspx?id=936

45 MASIÁ DE ROS, A., Relación castellano-aragonesa desde Jaime II a Pedro el Ceremonioso, vol. 2, Barcelone, 1994, p. 352-357.

46 MARTÍNEZ GIRALT A., « L’agitat retir monàstic del vescomte Bernat II de Cabrera », dans Quaderns de la

Selva, 20, 2008, p. 51, n.19. 47

Zurita, VII, 47.

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lignage, par sa mère, le rend plus légitime pour la récupérer. Ni l’un ni l’autre n’obtiennent la ville mais Bernat de Cabrera reçoit toutefois la Puebla d’Alcocer qu’il vend ultérieurement à Tolède49. Il appose sa signature dans des documents enregistrés en Estrémadure et à Cordoue les 26 et 28 septembre 1344 puis, à nouveau, le 25 octobre50. Le 12 août 1345, à Chillón il présente son fils cadet Bernat comme nouveau seigneur d’Aguilar.

La période 1340-1345 est donc marquée par des activités militaires et diplomatiques d’envergure ibérique qui permettent à Bernat de Cabrera de constituer et de consolider un patrimoine en Castille. Ses éventuelles mésaventures conjugales ont sans doute servi un dessein qui, somme toute, peut être aussi lu dans une tradition familiale profondément ancrée en Catalogne mais aussi en Castille. Cette fois, c’est l’aîné Pons qui consolidait les positions catalanes du lignage grâce à l’alliance avec les Cardona tandis que Bernat de Cabrera se préoccupait de construire un patrimoine pour le cadet Bernat. Dans ces conditions, l’hypothèse d’une retraite monastique paraît alors bien curieuse.

49 AYALA, Crónicas, Edition établie par J.-L. Martίn, 1351, chap. XXI, Barcelone, 1991, p.52. Zurita, VIII, 49 (aux environs de 1352).

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1.2.2.4. La tentation de la retraite monastique ? …ou le pouvoir de

conviction de Pierre IV

Pierre IV est le seul à nous informer de cette retraite dans sa Crònica :

« E nós, romanint aixί, e no havίem qui ens servίs de majordom ne d’altres

oficis de cavallers, diguem a mossèn Bernat de Cabrera, qui era ab nós e qui novellament havίem tret de Sent Salvador de Brea, e venc ab nós aquell viatge, on ell estava apartadament per fer vida solitària, que ens servίs de majordom e aixί es féu. »51.

Bernat de Cabrera se serait retiré au monastère de Breda au plus tôt vers 1342 ou, au plus tard, au début de 1344 pour en sortir en 1347. Il s’agit du monastère fondé par ses ancêtres au milieu du XIe siècle au pied de chaîne du Montseny, au cœur des possessions du lignage. Affilié jusqu’à la fin du XIIe

siècle à San Cugat de Vallès, l’institution religieuse accueille depuis le tournant du XIIIe siècle les reliques des martyrs saint Iscle et sainte Victoire52.

Bernat de Cabrera aurait donc pris l’habit au monastère de Sant Salvador de Breda, suivant ainsi la tradition familiale. Santiago Sobrequés y voit la preuve de son intérêt médiocre pour la vie mondaine et le pouvoir53, et le signe d’une fidélité à son père, le seigneur de Montclús, qui aurait, en 1328, renoncé au profit de son fils à la vicomté héritée peu de temps auparavant pour se retirer avant de mourir54. Cette retraite parfait le portrait du noble aguerri, reconnu et appelé vers la fin de sa vie à des affaires plus hautement spirituelles et qui s’est, comme son père, dévêtu de son héritage en faveur de son fils. Cela induit, à un moindre degré, un parallélisme avec la figure de l’infant Pierre. Toutefois, en ce qui concerne Bernat de Cabrera, ces allégations relèvent, peut-être, du mythe.

Josep Pons i Guri fait débuter cette retraite en 1342, après que, le 20 octobre 1342, le vicomte de Cabrera eut reconnu tenir en fief de l’Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem (présent à Sant Celoni) les châteaux d’Agudes et de Miravalls et d’autres lieux du massif de Montseny. Il se serait agi de mettre en ordre ses affaires avant de renoncer à la vie publique. Vicenç Coma Soley prétend, nous l’avons vu, qu’avant le 31 mai 1339, Bernat de Cabrera aurait cédé la vicomté, titres et droits, à son fils aîné Pons55 ; le retrait à Breda daterait de 1344, après son retour du siège d’Algésiras. C’est d’ailleurs son fils Pons qui représente le lignage lors du

51

Crònica, IV, 30.

52 COLL I CASTANYER, J., Breda històrica i actual, Barcelone, 1971.

53 SOBREQUÉS, S., Els barons de Catalunya, Barcelone, 1989, p.151-158.

54

Ibidem, p. 107.

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conflit avec Jacques de Majorque et de la saisie du Roussillon et de la Cerdagne (1343-1344)56. Toutefois, nous l’avons constaté, le 13 avril 1341, Bernat de Cabrera n’appose son seing que sur une promesse de transfert des pouvoirs dans divers lieux de la vicomté de Cabrera57. Il ne renonce donc pas à ses possessions et semble, au contraire, très soucieux de résoudre les problèmes de gestion58. En fait, ce n’est que le 5 mai 1347 que Bernat et Timbor concèdent à leur fils Pons, le titre de vicomte de Cabrera avec tous les droits afférents. C’est ainsi que Emilio Cabrera Muñoz a fini par mettre en doute ce retrait du monde59 tandis qu’Alejandro Martίnez Giralt l’a définitivement rangé parmi les inventions.

Bernat de Cabrera semble avoir à cette époque eu plusieurs fers au feu :

- des missions en Castille, pour éviter à son roi un conflit avec le puissant Alphonse XI;

- d’autres dans le conflit opposant Pierre IV au roi de Majorque60 ;

- l’organisation de sa succession, tant en Estrémadure – en faveur de Bernat, son cadet – qu’en Catalogne – en faveur de Pons, son fils aîné.

Bernat de Cabrera a certes séjourné au monastère de Breda, mais il ne s’y est sans doute pas retiré comme un homme qui veut se mettre à l’écart du monde. On lit dans la documentation du fonds Medinaceli, en cours de dépouillement, un souci constant de mieux gérer ses possessions et de faire reconnaître ses droits, en Castille ou en Catalogne. C’est aussi durant cette période que l’on assiste, nous les avons évoqués, à des aller et retour entre ces deux régions. Ainsi, la retraite à San Salvador de Breda est une hypothèse peu fiable. Sans doute, Bernat de Cabrera y séjournait-il quand il était sur ses terres ; c’est un centre spirituel et intellectuel à l’intérieur de ses domaines. Toutefois, son témoignage ne révèle pas une sensibilité chrétienne particulière, alors qu’il sent sans aucun doute la mort imminente.

Quand Pierre IV prétend avoir fait renoncer à sa retraite Bernat de Cabrera, il se donne un pouvoir de persuasion remarquable. Avoir su convaincre un homme si pieux flatte le roi autant que le majordome. L’appel du service du roi aurait été plus fort que l’aspiration à la paix du cloître.

56 Zurita, VII, 82 et VIII, 9. Crònica, IV, 13, qui relève que c’est un très jeune chef de guerre.

57 Les honneurs de Roda, Cabrerès, les châteaux de Montclús, Montpalau et Sant Iscle.

58 MARTÍNEZ GIRALT, A., « L’agitat retir monàstic del vescomte Bernat II de Cabrera », dans Quaderns de la

Selva, 2008, 20, p. 53

59 CABRERA MUŇOZ, E., « Bernat de Cabrera, Alfonso Fernández Coronel y la cuestión del señorio de Aguilar », dans Anuario de Estudios Medievales,19 (1989), p. 346.

60

ENSENYAT I PUJOL, G., La reintegració de la Corona de Mallorca à la Corona d’Aragó (1343-1349), Majorque, 1997, Vol. 1, p. 173.

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En 1347, Bernat de Cabrera n’est peut-être pas alors reconnu comme un négociateur de premier plan, mais il a assuré des missions militaires et diplomatiques entre les rois de Castille et d’Aragon. Sa connaissance des hommes et des structures castillanes, renforcée par ses séjours à répétition s’est révélée un atout précieux. En 1347, Pierre IV l’appelle pour jouer un rôle bien différent que précédemment. On peut avancer l’hypothèse que par les missions réalisées avant 1347, Bernat de Cabrera avait fait preuve de sa fidélité ; éloigné peu ou prou des questions aragonaises et catalanes par ses allées et venues, il ne pouvait être soupçonné de manigancer. Il avait démontré des qualités dans les affaires castillanes ; il pouvait a priori servir Pierre IV car il était peut-être moins imbriqué dans les questions intérieures et être capable de discuter sans interprète avec des Aragonais. Enfin, la fidélité ancestrale a sans doute inspiré confiance à un roi, Pierre IV, mis alors en grande difficulté.