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Les marques et accolades diverses

Conclusion provisoire au sujet du registre 26

III. Des documents copieusement annotés

3.2. Les marques et accolades diverses

Elles sont souvent placées à gauche du texte ; mais parfois elles sont sur la marge extérieure, comme si elles devaient être plus vite repérées en feuilletant les cahiers. Elles se surajoutent rarement, parfois deux à deux, sans que l’on puisse en tirer d’enseignement. Par ailleurs, certains symboles semblent repris à différents moments et/ou par différentes mains.

3.2.1. Les marques pour les faits antérieurs à l’été 1366. Elles sont au nombre de deux.

3.2.1.1. Les accolades sépia dont la partie supérieure représente deux petits

points horizontaux : une lecture antérieure à juin 1366 et à mettre peut-être

en relation avec les récapitulatifs du registre 25.

On en voit une soixantaine dans les deux procès, pour les dépositions antérieures au 12 juin 1366, mais sur aucun des récapitulatifs. Elles ne sont jamais sur la marge extérieure des registres et parfois, elles se surajoutent aux « parenthèses-c » ainsi qu’aux « parenthèses-trois points ». Elles mettent en valeur des faits assez similaires aux « parenthèses-c ».

Dans le Procès de Bernat de Cabrera, elles marquent des témoignages jusqu’au 24 juillet 1364 avec des faits révélant :

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- la trahison de Bernat de Cabrera qui essayait de sauver son fils fait prisonnier369, conseillait « mal » Pierre IV et faisait traîner les négociations, provoquant la guerre avec la Castille370 ;

- l’attitude de son fils qui est en liberté à Séville, reçoit des titres du roi de Castille ; sa capture a été feinte ; il veut faire venir femme et enfants371.

Dans le registre 24, il s’agit de montrer combien la capture de Miedes a été feinte,372 mais les accolades marquent surtout les méfaits du fils de Bernat de Cabrera à partir de l’année 1365, quand il circule librement373

, participe au massacre de la chiourme, lors de la prise des galères de d’Averso374, conseille Pierre I375 et recrute au printemps 1366 des Catalans et Aragonais alors qu’Henri II approche de Séville376.

3.2.1.2. Les accolades dont la partie supérieure est un « c » réalisées avec

une encre sépia pour des faits antérieurs à juillet 1366

De loin les plus nombreuses, –un peu moins d’une centaine–, elles sont présentes dans les procès pour marquer les dépositions copiées jusqu’en juillet 1366, mais aussi les récapitulatifs, surtout celui de janvier 1367, où la marque est néanmoins un peu plus sombre. S’agit-il de la même main ou seulement de la même intention qui aurait guidé une autre main ? Il est donc moins sûr qu’elles témoignent d’une lecture de l’été 1366. Elles mettent en valeur plusieurs types de faits selon qu’elles sont dans le dossier du père ou du fils:

Dans le Procès fait à Bernat de Cabrera, où elles sont le plus présentes (les deux tiers environ), elles marquent les preuves que Bernat de Cabrera a retardé les faits de guerre pour que le roi perde les terres de son royaume :

- il a tout fait pour nuire au royaume de France en s’alliant au comte de Foix contre lui377 et pour que Henri de Trastamare ne vienne pas aux Corts de Monzón en 1362-1363 ;

- les conditions de la paix négociées avec la Castille étaient intenables (même le mariage prévu) et donc préjudiciables à Pierre IV et à son royaume378 ;

369 Reg. 25, fol. 30r. 370 Reg. 25, fol. 22v, 97r, 101 r et v. 371 Reg. 25, fol. 36r et v., 41v, 132v. 372 Reg. 24, fol. 28r, 130r.

373 Reg. 24, fol.160r par exemple.

374

Reg. 24, fol. 160r, 186r.

375 Reg. 24, fol. 153r, 174r.

376 Reg. 24, fol. 187v.

377 Reg. 25, fol. 88r, par exemple.

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- il a influencé son roi pour qu’il fasse la guerre mais la perde, ou pour que les batailles qui auraient dû être gagnées par l’Aragon ne se livrent pas379 ;

- il a tenu des propos qui étaient défavorables à Pierre IV et conseillait la nuit, en tête à tête, le roi de Castille.380

Les méfaits reprochés à son fils sont les suivants:

- il a transmis à l’infante du Portugal, épouse de Ferdinand, la lettre de Pierre I dans laquelle le roi de Castille proposait à la dame d’assassiner son mari afin de la pouvoir épouser381. En 1364, l’assassinat de Ferdinand commis un an plus tôt fait du comte d’Osona un complice tout désigné ;

- la capture de Miedes, comme la reddition de Calatayud, correspondaient à un plan tramé de longue date ;

- il a reçu de nombreux dons de Pierre I ; il voulait se mettre à son service et lui inspirer confiance382 en faisant venir femme et enfants.

Dans le registre 24, soit le procès fait au fils, elles marquent très nettement les méfaits du comte d’Osona après qu’il a été libéré de prison et de ses fers, à Algésiras, Tolède ou Séville383, il est responsable de la mort d’Artal de Luna384, conseillant Pierre I385, lui prêtant hommage386, essayant de recruter des hommes au service de Pierre I387 après qu’Henri de Trastamare a été couronné roi à Burgos.

Dans les récapitulatifs, il s’agit de mettre en valeur les relations de conseil et de semi-confiance existant entre Pierre I et le comte d’Osona388.

Ainsi, les deux marques vues précédemment et qui sont les plus nombreuses (« c » et « deux points ») relèvent des faits sensiblement similaires, appuyant la thèse que les Cabrera avaient de bonnes relations avec l’ennemi castillan. Elles pourraient signifier :

- qu’il y a eu une lecture en juillet, peut-être avant de rédiger le double récapitulatif de l’été 1366 ;

379

Reg. 25, fol. 35r, 88v, 93r par exemple.

380 Reg. 25, fol. 45r, 105v par exemple.

381 Reg. 25, fol. 16r, par exemple.

382 Reg. 25, fol. 33r, 36v, 39 – 42r, 76r, 91r, 135v par exemple.

383 Reg. 24, fol. 153r, 173v, 183r par exemple.

384

Reg. 24, fol. 176v par exemple.

385 Reg. 24, fol. 160v.

386 Reg. 24, fol. 176r.

387 Reg. 24, fol. 187v.

388

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- si l’on admet que le symbole a été repris dans les récapitulatifs de janvier 1367, par une autre main ou ultérieurement avec une encre plus foncée, que peut-être cette lecture a été double, contemporaine et complémentaire.

3.2.2. Les accolades sépia dont la partie supérieure représente trois petits points disposés triangulairement.

3.2.2.1. La pointe du triangle vers le haut : une marque sans doute liée au

récapitulatif de janvier 1367.

Ce type de marques se retrouve près de soixante-dix fois, mais seulement quatre fois sur le procès de Bernat de Cabrera, pour des dépositions qui s’échelonnent jusqu’au 31 décembre 1367. De couleur sépia, on peut trouver à côté d’elles des annotations soigneusement tracées par la même encre (« audit », « fama », « contra »). La ligne qui longe le texte écrit simule parfois le dessin d’une virgule, surtout lorsqu’elle est courte. Enfin, sur le registre 24, sur la fin, elles sont placées à partir du folio 304r très à la marge à l’extérieur, sans doute parce que le registre 24 était d’ores et déjà constitué.

Près de la moitié des parties accolées concernent le voyage du comte d’Osona vers Calatayud, sa capture à Miedes ainsi que la prise de Calatayud,389 tandis qu’un tiers sont en relation avec les faits du fils de Bernat de Cabrera depuis qu’on lui a ôté les fers, jusqu’à ce qu’il sorte de Séville pour aller en Gascogne.390

3.2.2.2. La pointe du triangle vers le bas

Ainsi sont marquées les dépositions rédigées jusqu’à mars 1366. Elles peuvent donc être liées à la rédaction du double récapitulatif contenu dans le registre 25 (et qui date de l’été 1366). Elles sont au nombre de six391 et présentent peu de points communs si ce n’est celui d’accabler les Cabrera : le comte d’Osona aurait traîné deux à trois jours à Miedes, il a prêté hommage à Pierre I, il réclamait de l’argent et des vêtements à Berenguer de Maylla ; quant à Bernat de Cabrera, il parlait en tête à tête avec le roi de Castille et il a dit qu’avec ses quatre châteaux, il pouvait tenir quatre ans392 !

389 Reg. 24, fol. 26 r et v, 28 r et v, 29 r et v, 30-34, … 61r, 77, 127r, 131r par exemple. Reg. 25, fol. 33v.

390 Reg. 132v, 304r, 306 r.

391 Reg. 24, fol. 29 r, 147 v, 179r et Reg. 25, fol. 25v, 31r, 101r.

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3.2.3. Les relations avec Pierre I de Castille particulièrement remarquées.

3.2.3.1. La croix en forme de « X » avec un trait double pour une barre

concerne la trahison de Bernat de Cabrera

Ce symbole ne se trouve – très curieusement – que sur le registre concernant le comte d’Osona mais il marque les endroits où la « traîtrise » de Bernat de Cabrera éclate de tous ses feux : paroles rapportées de Pierre I ou de Charles de Navarre393, mort de l’infant Ferdinand394, projet de capture de Pierre IV par Pierre I395. Ce symbole disparaît après le folio 168r (une déposition de janvier 1365) ; la traîtrise du fils étant liée à celle du père, il est possible que ces marques aient été faites durant l’été 1366.

3.2.3.2. Les manicules pour le comte d’Osona

Leur dessin peut être fort soigné ou plus grossier, d’encre sépia ou plus foncée, ce qui nous fait douter que ces manicules, trente-deux fois rencontrées, soient toutes contemporaines les unes des autres. Elles sont bien plus nombreuses sur le registre 24 jusqu’aux dépositions faites en novembre 1366, mais on les voit aussi le long du Procès de Bernat de Cabrera ainsi que sur le récapitulatif rédigé sans doute durant l’été 1366. Elles pointent toujours des informations concernant les relations du comte d’Osona avec Pierre I. Huit fois sont concernées les attitudes de Pedro et d’Artal de Luna qui sont comparées avec celles du comte, au détriment de ce dernier.

Les « informations » sur la traîtrise du père comme du fils ont donc été particulièrement mises en valeur. Il est possible que le symbole ait été récupéré par d’autres lecteurs. Le tracé de cette main varie beaucoup trop pour que nous osions affirmer qu’une unique personne en est responsable ou que son tracé soit lié à un moment particulier.

3.2.4. Des accolades sépia pour mettre en valeur l’innocence du comte d’Osona

Il s’agit d’accolades à l’encre sépia dont la partie supérieure dessine deux petits cercles disposés verticalement. On ne les retrouve que huit fois dans le premier et le second

393 Reg. 24, fol. 25v, 70r, 95v.

394 Reg. 24, fol. 81r, 167v.

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procès parfois accompagnés des lettres « pro ». Le comte d’Osona était bien enchaîné396, il est allé contraint vers Calatayud puis s’est rendu car toute résistance était inutile397.

3.2.5. Les autres marques à l’encre sépia rarement utilisées et donc difficiles à analyser

Leur rareté rend difficile leur interprétation. Il s’agit de « b » écrits en haut de l’accolade, vus une petite dizaine de fois sur les deux procès mais qui concernent toujours le conseiller. Ces marques ne se voient pas au-delà des témoignages d’août 1364. On voit aussi, de la même manière des « bc » par trois fois, mais trop rares et trop différents les uns des autres (couleur d’encre ou forme), un « + » une fois.

Des annotations sont portées par des écritures à l’encre sépia. Les unes pratiquent les boucles ; elles seraient peut-être à rapprocher de la main qui a rédigé le récapitulatif du volume 25. Les autres sont plus anguleuses et seraient peut-être dues à l’auteur de la summa du volume 26. Le nombre des commentaires de couleur sépia est inversement proportionnel à celui des accolades.