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Camillo Berneri vu par les anarchistes

1.2.3 Un authentique militant anarchiste

Après avoir reconnu Berneri comme un martyr de la cause libertaire, les militants anarchistes essayent de reconstituer sa vie, en exaltant les caractéristiques morales qui associent la figure de Camillo Berneri aux personnalités majeures appartenant au mouvement libertaire. En respectant les traditionnels canons de l'hagiographie chrétienne, à l'occasion du cinquantième anniversaire de la mort de Berneri, Gianni Furlotti, un militant anarchiste de Parme et vieil ami de la mère de Berneri, décide d’établir les origines et la jeunesse de l'intellectuel anarchiste à travers l'analyse de la documentation héritée par sa famille. L'auteur de cet article considère ce travail nécessaire car, après les études sur la riche production littéraire de Camillo Berneri, « resta da comporre il profilo biografico della sua infanzia per cogliere, principalmente, il momento di rilievo della triettoria ascendente della sua psiche e l'evoluzione del carattere nei suoi aspetti delle diverse fasi educative. » 544

Furlotti commence son étude en soulignant l’intérêt historique que représente l'intellectuel lombard : « La sua vita e le sue opere [...] confermano la straordinaria presenza

543

Camillo Berneri, singolare\plurale, Reggio Emilia, Biblioteca Panizzi Archivio Famiglia Berneri-Aurelio Chessa, 2008, p.9.

544 Gianni Furlotti, « Le radici e gli ideali educatividell'infanzia di Camillo Berneri in « Memoria antologica,

176 del Nostro e il suo passaggio per i sentieri accidentati del dibattito delle idee nel più vasto fronte libertario schierato contro le egemonie autoritarie nell'Europa dell'interguerra. »545 Évidemment, ce militant anarchiste utilise ce ton élogieux depuis le début de son essai, parce qu'il considère Berneri comme l'une des plus grandes figures de son mouvement et il veut faire découvrir à ses camarades comment sa personnalité s'est formée, en réalisant une des missions principales de la biographie classique.

Dans son récit, Furlotti insiste sur le courage des parents d’Adalgisa Fochi qui avaient participé à de glorieuses actions pour libérer l'Italie de l'étranger pendant le Risorgimento. L'ancien militant anarchiste mentionne aussi les bonnes relations que lui-même avait entretenues avec la mère de Camillo. Cette dernière avait demandé son aide lorsqu'elle était à la recherche d'une maison à Parme. C'est ainsi que Furlotti reçoit le livre de la famille Fochi; ce qui lui permet d’établir la généalogie du côté maternel de sa famille. A propos du père de l'intellectuel libertaire, l'auteur de ce texte ne donne aucune information. En revanche, Furlotti préfère souligner les pressentiments qu’Adalgisa avait à propos de la future vie de son fils et la ressemblance entre le grand-père, héros du Risorgimento, et son petit-fils, futur martyr de la lutte libertaire : « "Diverrà un uomo buono e bello come suo nonno!" La foto che ci restituisce l'immagine del dottor Camillo Fochi, con tutte le decorazioni del suo volontariato, è quella di un uomo distinto e di piacevole aspetto. La fronte e gli occhi ricordano il nipote. »546 Dans la reconstitution de la jeunesse de Berneri, Furlotti insiste sur les épisodes qui révèlent le courage et l'abnégation du jeune militant antifasciste : « Camillo, diventato adulto, sospinto nella mischia dagli avvenimenti politici, non si tirava indietro, anzi sembrava la cercasse e, se non la cercava si trovò ben presto nel mirino degli avversari. »547

Néanmoins, l'auteur de cet article tient toujours à souligner les inquiétudes que la mère du jeune anarchiste doit subir à cause des risques encourus par son fils pour ses idéaux. De plus, il est de plus en plus difficile pour elle de tenir tête à son fils qui veut se rebeller contre une société chargée de privilèges, et le ton des discussions entre les deux « è andato crescendo di toni e spessore con l'evoluzione intellettuale di Camillo »548. Selon Furlotti, la vie de Berneri est remplie de « promesse disattese » que l'anarchiste fait pour tranquilliser sa mère qui voudrait un destin moins périlleux pour lui mais celle-ci doit sacrifier sa sérénité car son

545 Ibidem, p.10. 546 Ibidem, p.18. 547 Ibidem, p.19. 548 Ibidem, p. 20.

177 fils est « il simbolo della denuncia dell'opposizione libertaria alla ferocia e al cinismo stalinisti. »549

Il paraît évident que Camillo Berneri est présenté comme un prédestiné par le militant anarchiste qui s'est chargé d'analyser la première partie de la vie de l'intellectuel italien. L'histoire de sa famille, son caractère courageux et son profond sens de la justice sont des indices qui paraissent anticiper le glorieux futur de l’anarchiste.

En général, dès les premiers travaux de recherche, les militants anarchistes qui ont écrit sur la vie et les œuvres de Camillo Berneri présente ce dernier comme un grand défenseur des idéaux du mouvement libertaire. C'est ainsi que Sartin, le directeur de

L'Adunata dei Refrattari, affirme que « il compagno era tutto devozione, attività, abnegazione

e passione per l'anarchia. »550 Dans un même temps, le directeur de L'Adunata dei Refrattari s’oppose aux rumeurs qui ont donné une image négative de l'anarchiste suite à son emprisonnement en Belgique : « La calunnia dei vili, cui basta un giorno di fermo per speculare sul martirio, non desiste. Tutta la suburra di bacati, dei corrotti, dei fascisti in posizione ausiliare dei venduti, dei pappagalli incoscienti, gli è alle calcagne, insegue coi suoi vituperi questo uomo puro e sano, con lo stesso accanimento con cui perseguita le idee che onestamente professa. »

Les participants au premier colloque consacré à l'intellectuel libertaire essaient de présenter Camillo Berneri comme un authentique militant anarchiste. C'est ainsi que Rama, le professeur de l'Université Autonome de Barcelone, revendique l'appartenance de Berneri au mouvement anarchiste, en affirmant que « possono essere definite false le affermazioni secondo cui Berneri non fu un autore anarchico o che viveva una crisi di conversione verso altre correnti ideologiche tali come il marxismo o il liberalismo »551

. Le professeur uruguayen pense qu'il est important de revendiquer cela, parce qu’après la mort de l'intellectuel italien, plusieurs intellectuels antifascistes ont rapproché la figure de Berneri au parti trotskiste ou au groupe « Los Amigos de Durruti ». Cela est probablement déterminé par la décision de Berneri de défendre les militants du P.O.U.M. des attaques des communistes staliniens. Au contraire, Rama soutient que la publication des écrits de Berneri en France après sa mort est motivée par son point de vue sur la participation des anarchistes au gouvernement républicain de Largo Caballero. Le professeur universitaire uruguayen considère qu'on peut résumer sa position dans le message suivant : « Per difendere e saldare la rivoluzione vi è solo un mezzo :

549

Ibidem, p.23.

550 Max Sartin, « Camillo Berneri » in L'Adunata dei Refrattari, n.21, 24 juillet 1937, p. 3.

551 Carlos Rama, « Camillo Berneri e la rivoluzione spagnola » in Atti del Convegno di studi su Camillo Berneri,

178 spingere più a fondo la Rivoluzione ». A cause de cette position idéologique, la rigidité de sa vision politique a été parfois critiquée mais ce point de vue, selon Rama, est sans doute la conséquence des conflits qui ont eu lieu entre Berneri et Rosselli à propos de l'organisation de la colonne italienne pendant la Guerre civile espagnole. En revanche, le professeur uruguayen considère que, grâce à ses positions de défense des principes anarchistes, l'intellectuel lombard est devenu l’un de plus importants penseurs au service de la révolution libertaire en Espagne.

Cette opinion est confirmée par Umberto Marzocchi, un vieux militant anarchiste qui a connu personnellement Berneri et a partagé avec lui l'expérience de l'exil et de la Guerre civile en Espagne. C'est pourquoi il considère qu'il est important de donner son point de vue sur la position idéologique de l'intellectuel lombard. Au début de son intervention au premier colloque consacré à la figure de Camillo Berneri, Marzocchi s’oppose à ceux qui soutiennent « che Berneri non avrebbe avuto una personalità anarchica ben definita. »552. A l'origine de cette affirmation, il y aurait une confusion sur l'interprétation du rôle tenu par Berneri au sein du mouvement anarchiste : « Si fa un unico fascio di due attività diverse : quella del filosofo, studioso dei fenomeni socialisti in una costante ricerca della verità e quella del militante anarchico, geloso custode della dottrina, che non ammette revisioni ideologiche e di merito. »553. Comme Rama, Marzocchi concentre son attention sur le rôle tenu par Camillo pendant la Révolution espagnole. Il insiste notamment sur la volonté des anarchistes italiens d'appliquer en Espagne des théories préparées antérieurement : « Nella Spagna infatti si collaudarono da parte nostra i concetti, i principi, le tattiche che vennero studiate nell'ottobre del 1935 al congresso di Sartronville ».

Dans une entrevue qu’Umberto Marzocchi donne à l'occasion du cinquantenaire de la mort de Camillo Berneri, l'ancien combattant libertaire présente son ami comme un modèle pour tous les militants anarchistes. Selon Marzocchi, Berneri n'a jamais eu un comportement autoritaire car cela aurait contredit l'esprit de l'anarchisme : « ci teneva a non essere il capo di nessuno »554. En outre, il n'en avait pas besoin vu que l'anarchiste lombard « era amato da tutti noi come egli ci amava ». Marzocchi revient aussi sur la position idéologique tenue par son ancien ami à propos de la participation des anarchistes au gouvernement républicain de Largo Caballero : « L'opinione che Berneri esprime nella famosa lettera a Federica Montseny allora

552 Umberto Marzocchi, « Berneri, un militante anarchico » in Atti del Convegno di studi su Camillo Berneri,

op.cit., p.147.

553

Ibidem, p.148.

554 Umberto Marzocchi, « Ricordando Camillo Bernerie gli avvenimenti della Rivoluzione Spagnolade 1936-1937» in Memoria antologica, saggi critici e appunti biografici in ricordo di Camillo Berneri nel cinquantesimo

179 Ministro della sanità nel governo di Madrid, non scaturi da fatti contingenti che in essa denunzia, non esplose improvvisamente alla data della pubblicazione su Guerra di Classe aprile 1937 ma egli l'ebbe sino dalle prime settimane dopo il suo arrivo in Spagna. » De cette façon, Berneri devient le défenseur des véritables principes anarchistes face aux choix discutables des camarades espagnols.

Marzocchi tient ainsi à souligner que la position de Berneri était représentative de tous ses camarades italiens partis en Espagne :

« Tanto Berneri quanto noi anarchici italiani, nella quasi totalità, non mancammo nessuna occasione per suggerire ai compagni spagnoli l'uscita dal governo di Madrid e della Generalidad. Noi trovavamo incompatibile la partecipazione degli anarchici della CNT a quei governi e addirittura blasfemo l'essere indotti, appunto in conseguenza di quella partecipazione ad accettare formule autoritarie, che ripugnavano al nostro intimo anarchico.»555

Par conséquent, selon l'ancien combattant, le principal mérite de Berneri a été de s'opposer à la participation des anarchistes espagnols au gouvernement, en représentant bien la position de ses camarades italiens.

Cette vision est présente aussi dans l'analyse de Francisco Santos Madrid, le premier spécialiste qui consacre une biographie à Camillo Berneri. Naturellement, l'explication donnée par cet anarchiste valencien est bien plus approfondie que celle des autres spécialistes de la Guerre civile espagnole qui ont travaillé sur ce sujet étant donné que Santos Madrid a consacré tout son travail de recherche à Camillo Berneri. Le choix de centrer son attention sur l'intellectuel anarchiste est justifié « dall' importanza di Berneri, dalla sua attività rivoluzionaria in tutta la sua vita e dal prestigio e la validità delle sue critiche alla rivoluzione spagnola in generale e all'anarcosindacalismo in particolare. »556C'est ainsi que, depuis le début, Santos Madrid souligne une nouvelle fois que le prestige de l'anarchiste italien dépend surtout de son rôle pendant la Guerre civile espagnole. L'anarchiste valencien commence sa biographie en commentant sa défection de l’organisation de la jeunesse socialiste. L'anarchiste valencien souligne la volonté de Berneri de s'affilier à une authentique organisation révolutionnaire qui ne le déçoive pas comme son ancien parti. Selon l'auteur, Berneri trouve surtout dans le mouvement anarchiste une force politique capable de lutter jusqu'au bout pour réaliser son programme révolutionnaire.

555 Ibidem, p.49.

556 Francisco Santos Madrid, Camillo Berneri, un anarchico italiano (1897-1937), Pistoia, Archivio Famiglia Berneri, 1985, p.15.

180 Par rapport aux spécialistes de Camillo Berneri que l’on vient de citer, Santos Madrid insiste bien plus sur les activités révolutionnaires du jeune anarchiste. L'auteur ne se limite pas à analyser la position idéologique qui émerge dans les articles de Berneri contre, par exemple, la politique de Giolitti mais il tient aussi à exalter les actions politiques dont l'anarchiste est le protagoniste comme la programmation de la conférence antimilitariste de Gênes. Selon Santos Madrid, ce n'est pas un hasard si l'anarchiste lombard refuse la guerre, car « l'antimilitarismo anarchico riceveva all'inizio del secolo XX un nuovo impulso in tutta Europa, sostituendo il vecchio rifiuto all'obbedienza caratteristico del tolstoismo, con l'azione diretta »557.

L'anarchiste valencien donne beaucoup d'importance à la conception du pouvoir qu'on trouve dans les œuvres de Camillo Berneri. Selon Santos Madrid, cette question est fondamentale car il considère que l'anarchisme est avant tout une rébellion contre l'État. Dans l'essai publié dans l'anthologie qui célèbre le cinquantenaire de la mort de l'intellectuel italien, Santos Madrid compare la position de l'intellectuel italien sur cette question avec la contribution des principaux maîtres de l'anarchisme : Malatesta, Stirner, Bakounine et Kropotkine. Selon lui, Berneri a le mérite de comprendre, depuis le début, le danger de la bureaucratisation de l'État. Pour le démontrer, Santos Madrid analyse les nombreux articles que l'intellectuel libertaire consacre à l'État soviétique né après la Révolution bolchevique. Celui-ci semble vouloir justifier dans un premier temps l’attitude bienveillante de Berneri à l’égard de l’organisation politique des Soviets :

« Berneri esprime già fin dal primo momento un pensiero pratico sulla natura dello stato e crede di vedere nella Rivoluzione Russa e nel fenomeno del Soviet un'applicazione pratica delle teorie federaliste che aveva appreso da Kropotkine e da Cattaneo. [...]Non c'è alcun dubbio che le affermazioni di Berneri sono molto interessanti perché elimina o cerca di eliminare dal consiglismo il suo carattere il suo carattere politico per affermare il carattere eminentemente tecnico.» 558

Cependant, l'auteur de cet essai considère opportun de souligner les aspects négatifs de cette organisation politique sans pour autant vouloir critiquer la position de Berneri : «Tuttavia, esistono troppi inconvenienti perché il sistema dei consigli non finisca per essere predominio politico di un gruppo. Il consiglio è, per sua natura, un organo elettivo e come tale

557 Ibidem, p.67.

181 « rappresentativo » e ogni rappresentatività, anche se è tecnica o amministrativa, finisce con il divenire rappresentatività politica. »559

En général, le spécialiste valencien critique fortement le choix des anarchistes qui ont fini par accepter l'idée qu’une structure étatique doit encadrer la nation : « Nonostante le costanti manifestazioni antistatali dell'anarchismo, accadde a volte che alcuni anarchici, sotto l'influenza degli avvenimenti lascino un po' da parte i principi sui quali basa la propria azione il movimento anarchico (mai smentiti dai fatti) e aderiscono in qualche forma alle tesi stataliste o di governo. »560 Il est évident que Francisco Santos Madrid souhaite éviter que Berneri soit associé à ces théoriciens libertaires qui ont approuvé des formes politique inacceptables aux yeux des défenseurs les plus rigides des principes anarchistes traditionnels en dépit de sa sympathie pour le système soviétique.

Pour montrer la fidélité de Berneri à l'idéologie libertaire, l'anarchiste valencien donne également beaucoup d'importance à la position prise par Berneri par rapport à « la Plate-forme d’Archinoff », un document proposé en 1926 par des anarchistes russes proches des positions bolcheviques. Selon Santos Madrid, l'anarchiste italien « la criticò apertamente e le sue proposte modificarono talmente lo spirito della piattaforma che questa rimase assolutamente snaturata e svuotata dei suoi elementi bolscevizzanti. »561 Par conséquent, l'article que Camillo publie sur ce sujet en 1926 afin de contester les propositions de ce document, donne à l'anarchiste espagnol la possibilité de présenter l'intellectuel italien comme un défenseur des principes libertaires face aux déviations idéologiques de certains camarades de son mouvement.

Selon le spécialiste valencien, Berneri a également le mérite d'entrevoir le danger d'une bureaucratisation de la révolution pendant la Guerre civile espagnole. C'est pour cela que, selon Santos Madrid, l'intellectuel italien décide de publier plusieurs articles sur Guerra

di Classe où il analyse le système étatique marxiste, en critiquant surtout l'idée d'une dictature

du prolétariat. Cela est très important car, selon l'anarchiste valencien, c'est à cette époque que se produit « la graduale degenerazione del marxismo come filosofia politica »562. Dans ce contexte, Santos Madrid rappelle à nouveau la position prise par Berneri à propos de la participation des anarchistes espagnols au gouvernement, en citant la célèbre lettre adressée par l'intellectuel libertaire à Federica Montseny. C'est ainsi que l'anarchiste valencien peut

559 Ibidem, p.186.

560 Ibidem, p.187.

561

Ibidem, p.188.

562 Francisco Santos Madrid, « Stato e burocrazia : il potere nel pensiero di C. Berneri » in Memoria antologica,

182 présenter à nouveau Berneri comme l'ultime défenseur des principes libertaires de la Révolution en Espagne.

En général, selon Santos Madrid, lorsque Berneri a de fortes divergences d'opinion avec d'autres théoriciens anarchistes, il ne s'éloigne jamais des fondements de sa doctrine politique : « Camillo Berneri non metteva in discussione i principi su cui si fondava l'anarchismo, ma la forma in cui sono posti in pratica.»563

L'auteur valencien donne un jugement positif sur cette attitude critique de l'intellectuel libertaire à l'égard des positions idéologiques de ses camarades : « La prima cosa che salta agli occhi, anche senza approfondire troppo, è il deciso atteggiamento iconoclasta che Camillo Berneri tenne lungo tutta la sua vita. Il suo pensiero e la sua azione rivoluzionaria non furono mai sottomesse ad una sclerosi schematica, conseguenza di un eccessivo attaccamento.564» Toutefois, Santos Madrid souligne que « questo atteggiamento di franca ostilità verso tutto ciò che costituiva un meccanico riferimento ai sacrosanti principi, non gl'impediva di rendersi conto dei pericoli che comportavano atteggiamenti opportunistici che cercavano di rendere efficace l'azione anarchica, spogliando lo stesso anarchismo delle sue più elementari essenze, cosa che portava, alla fine, a negarne la validità stessa. »565

Il est clair que l'anarchiste valencien tient à souligner la différence qui existe entre la position constructive soutenue par Berneri et les « deviazioni bolscevizzanti » des théoriciens qui remettaient en cause les fondements de l'anarchisme : « Una cosa era rivalorizzare la teoria e la pratica rivoluzionaria dell'anarchismo, attualizzandone i principi, cioè adeguandoli alle circostanze del momento e un'altra molto differente renderlo efficiente, negandone gli stessi principi, trasformandolo in una corrente autoritaria. »566

Santos Madrid continuera de nier que Camillo Berneri ait remit en cause les principes de l'idéologie anarchiste, même lorsque quelques spécialistes de l'anarchiste commenceront à douter de l'orthodoxie des théories de l'intellectuel italien. L'anarchiste valencien a accusé ces nouveaux interprètes de la pensée de Berneri d'avoir une vision fragmentaire de l'œuvre de l'intellectuel italien génératrice de mauvaises interprétations car « senz'ombra di dubbio Berneri scrisse con profusione e incorse per questo in numerosi errori e contraddizioni ; ma […] Berneri sapeva che si trattava di un esperimento per cercare di superare sia la dialettica

563 Ibidem, p.168. 564 Ibidem, p.390. 565 Ibidem. 566 Ibidem, p.391.

183 hegeliana che quella marxista, specie il materialimo storico. »567 Par conséquent, Santos Madrid paraît vouloir opposer une forte résistance à l'acceptation d'une nouvelle vision de l'anarchiste lombard, différente des stéréotypes proposés jusque-là par l'historiographie libertaire.

Dans la même ligne de Santos Madrid, la position de Giovanbattista Carrozza, un spécialiste du mouvement ouvrier qui prend également ses distances avec les nouvelles interprétations données sur la position idéologique de Camillo Berneri :

« Negli ultimi anni, vari studiosi e lettori di Berneri hanno manifestato una certa propensione e presentarlo come un liberale di frontiera, cascato non si sa perché in mezzo agli anarchici, un