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Camillo Berneri selon l'Ovra

1.1.7 Un activiste isolé

Nous venons d'analyser toutes les relations de caractère politique que Berneri a entretenu pendant son militantisme mais l'image que la police italienne donne de l'anarchiste n'est pas univoque. Dès les premières notes concernant Camillo Berneri, l'anarchiste est présenté également par la police italienne comme quelqu'un d'assez isolé dans son activité politique.

Selon une note informative, lorsque le jeune militant est encore membre de la Commission exécutive de la Fédération des jeunes socialiste, « egli vorrebbe insinuare le sue teorie fra gli studenti, ma sia perché non frequenta il liceo sia perché la coscienza dei giovani studenti è rivolta a tutt'altra idealità che a quelle socialiste o sindacali ha finora ottenuto un risultato trascurabilissimo. »190 Selon l'auteur de cette note, le travail de propagande du jeune militant ne pourra plus donner des bons résultats dans le futur car le terrain ne paraît pas très favorable à la diffusion des idées socialistes, puisque la jeunesse italienne qui a les moyens financiers de fréquenter l'école, est davantage intéressée par les idées nationalistes prépondérantes à cette époque de l'histoire politique italienne.

L'activité de propagande de Berneri n'est pas moins difficile, lorsqu'il commence à militer dans les rangs du mouvement libertaire. A partir de ce moment, l'action politique de l'anarchiste Berneri ne peut forcement qu'évoluer car il n'est plus membre d'un parti très présent dans la vie politique de Reggio Emilia comme le parti socialiste. C'est pour cela que, dès le début de sa nouvelle activité politique, Berneri s'engage pour « costituire in questa città un gruppo giovanile ». Selon la police, l'anarchiste italien commence à nouveau son action de propagande parmi les étudiants, mais il n'a pas non plus de bons résultats en raison de « la coscienza nazionale della gioventù colta. » Même parmi les jeunes ouvriers, Berneri ne paraît pas susciter une véritable adhésion à l'idéal anarchiste, « perchè il proletariato Reggiano ha in

72 massima parte coscienza ed educazione socialista. » Par conséquent, selon les notes de la police italienne, l'activité politique de Berneri ne se développe jamais de manière positive pendant sa jeunesse à cause de la situation sociale et politique de la province de Reggio Emilia. Au début, les idées politiques du jeune militant ne peuvent pas être diffusées facilement parmi les étudiants du lycée de la ville émilienne car ce derniers sont déjà sous l'influence des idéaux nationalistes. Ensuite, la propagande des idées anarchistes de Berneri n'arrive pas à produire des bons résultats car les jeunes ouvriers appartiennent déjà au Parti socialiste.

Même pendant son exil Camillo Berneri paraît se sentir isolé par rapport aux autres militants antifascistes. Le 24 janvier 1928, le consul italien communique que Berneri est venu vivre à Bruxelles191. Apparemment, la décision de s'éloigner de la capitale française dépend sans oute du climat délétère existant parmi les antifascistes italiens à Paris car, selon Berneri, « non si distinguono più gli amici dai nemici. »192 Selon la police italienne, l'anarchiste a une mauvaise relation avec plusieurs antifascistes, notamment avec des militants proches du parti communiste. Selon Menapace, « Miglioli è adirato contro Berneri per quanto dice di lui nel numero unico de La Verità. »193 Cette revue a été financée par la police italienne pour provoquer des tensions entre Miglioli et les autres antifascistes.

Après que Berneri a été arrêté, la situation ne s’améliore pas car sa relation d'amitié avec Menapace provoque plusieurs suspicions parmi les communistes. Cela est évident, selon l'espion Umberto Ferrari, lorsque l'anarchiste lombard est arrête à nouveau à Anvers pour ne pas avoir respecté le décret d'expulsion. A cette occasion, « i comunisti e il loro organo S.R.I. si disinteressano completamente della cosa poichè come ben sapete il Berneri è stato attaccato violentemente e tacciato di agente provocatore al soldo di Ermanno Menapace. »194 La réputation de Camillo Berneri chez les militants communistes est de plus en plus compromise en raison de la sortie du livre de Menapace en août 1932. Ce texte démontrant toute la naïveté de l'anarchiste, suscite encore plus de suspicions chez les militants communistes qui doutent déjà de son comportement. Dans une note confidentielle, un espion soutient que « i comunisti

191 Communication du Consulat belge, 26-1-1928, in Acs, Cpc, D.537, F. 1. Cf. texte intégral in Annexe n.5, p.546.

192 Communication du Consulat belge, 6-1-1928, in Acs, Cpc, D.537, F. 1. 193 Note confidentielle, 10-7-1929, in Acs, Cpc, D 537, F 2.

194 Note confidentielle, 22-5-1930, in Acs, Ministero dell'interno, Dir. Gen. p. s., Divisione polizia politica,

73 affermano che il Berneri è inoltre al servizio de la Sureté générale, alla quale diceria credono pure non pochi anarchici dissidenti. »195

Même la relation entre l'anarchiste et les membres de la Concentrazione est assez tendue, bien que, comme nous l'avons vu, les informateurs de la police présentent l'intellectuel libertaire aussi comme le bras armé de cette organisation. La première motivation qui provoque un fort ressentiment de la part de Berneri à l'égard des membres de la Concentrazione est l'attitude de la plupart des membres de cette organisation, lorsque l'intellectuel libertaire avait risqué d'être expulsé de la France à cause de son implication dans l'assassinat de l'agent fasciste Savorelli. Selon un informateur anonyme, Berneri a confié à ses amis que les membres de la Concentrazione devraient comprendre que « attraverso la sua persona si voglia colpire questa associazione », mais pour le moment ils ne sont pas disponibles « ad assumere un atteggiamento più battagliero in suo favore »196. C'est pour cela que, selon un autre informateur, Berneri ressent le besoin d'envoyer une lettre à tous les antifascistes pour savoir « se si sentono di appoggiarlo, al di sopra di tutte le concentrazioni ecc...nell'iniziativa, tutta sua, di far uscire un giornale da far recapitare solo in Italia, dove lui conta di iniziare un forte lavoro di propaganda decisiva. »197. Lorsque Berneri est expulsé en novembre 1928, selon Menapace, la relation entre Berneri et la Concentrazione devient encore plus tendue. Dans son texte concernant son activité d'espionnage, Menapace relate que l'anarchiste italien était très déçu car « al momento della sua espulsione non gli era stato dato quell'appoggio che si meritava da parte della Concentrazione e dei pezzi grossi del fuoruscitismo per fargli ottenere la revoca del decreto d'espulsione, mentre al contrario da questi era sempre stato sfruttato. »198

Une note confidentielle décrit aussi le changement d'attitude de la part des militants antifascistes à l'égard de Berneri suite à sa détention en Belgique en 1929. Selon un informateur, tout aurait commencé lorsque Donati, le militant populaire qui polémique avec l'anarchiste depuis longtemps, s'est rendu au journal Libertà pour protester contre le dernier article concernant les divergences entre lui et l’anarchiste. A cette occasion, le socialiste Treves a bien compris ses raisons et a convaincu les autres membres du journal de la nécessité de changer d'attitude à l'égard de Berneri. Pour cela, selon l'informateur, « questa visita ha cambiato del tutto l'opinione dei concentrazionisti. » Les accusations que les militants de la

195 Note confidentielle, 13-8-1932,in Acs, Ministero dell'interno, Dir. Gen. p. s., Divisione polizia politica,

Fascicoli personali Serie A 1927-1944, D. 11, f. Berneri.

196 Note confidentielle, 30-7-1928, in Acs, Cpc, D.537, F.1. 197 Note confidentielle, 1928 2-8-1928, in Acs, Cpc, D.537, F.2.

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Concentrazione lancent contre l'intellectuel libertaire sont très graves car « sembra che non lo

accusino solo di leggerezza ma bensì di spionaggio. »199 Notamment Donati considérerait peu claire le rôle tenu par Berneri à l'occasion de l'attentat réalisé par Lucetti contre Mussolini à Milan. L'ancien député populaire ne comprend pas pourquoi « nel processo non si fece il nome del Berneri per quanto ciò fosse a conoscenza della polizia italiana. »200 En outre, la plupart des membres de la Concentrazione considèrent Berneri également responsable d'avoir convaincu « l'anarchico Nello di Carrara » à aller en Italie. C'est ainsi que ce dernier « fu arrestato e messo in carcere ove moriva poche settimane dopo.»

Les informateurs de la police font souvent référence aux tensions existant entre Berneri et les leaders de la Concentrazione antifasciste. Notamment plusieurs notes confidentielles font référence à l'article de Nenni publié sur L'Avanti. Dans ce texte, le dirigeant du Parti socialiste est assez critique à l'égard de l'anarchiste :

« Camillo dice anche delle cose cattive sul nostro movimento, si offende personalmente […] per impartire lezioni sull'antifascismo concentrato. A Camillo Berneri abbiamo solo una cosa da dire che potrebbe essere questa, che quando un uomo ha avuto le disavventure, che ha avuto lui il meno che possa fare, se ha ancora gusto e serietà, è di rinunciare a certi atteggiamenti catoneschi. »201

Selon l'espion Umberto Ferrari, ce qui génère des suspicions parmi les exilés politiques résidants à Paris est la facilité avec laquelle Berneri obtient des permis de séjour en France. Par exemple, en 1933 Berneri obtient un permis pour rester en France encore pendant un mois, alors qu'il aurait dû être expulsé selon la procédure habituelle. Pour cela, selon un informateur, « gli antifascisti del gruppo della Concentrazione hanno di nuovo constatato la condotta sospetta del Berneri. »202 L'autre raison pour laquelle, selon la police, Berneri serait brouillé avec les membres de la Concentrazione, l'association politique qui veut représenter l'ensemble des forces antifascistes, est leur excessive prudence. Il admet que des militants, comme Giannini, ne veulent pas s'impliquer dans des actions répréhensibles, ceux-ci ayant de la famille en Italie, mais « per altri come Turati, Modigliani...non vi sono attenuanti. »203 L'anarchiste voudrait que « tutti quanti gli antifascisti si decidessero una buona volta

199 Note confidentielle, 29-1-1930, in Acs, Cpc, D.537, F.2. 200 Ibidem.

201 Note confidentielle, 17-6-1932, in Acs, Cpc, D.537, F.2.

202 Note confidentielle, 7-2-1933, in Acs, Ministero dell'interno, Dir. Gen. p. s., Divisione Polizia politica,

Fascicoli personali Serie A 1927-1944,dossier 11, f. Berneri.

75 all'azione » contre le Fascisme et ses représentants mais son isolement atténue la portée de ses propos.

Selon les informateurs de la police, Berneri cherche toujours un soutien de la part des autres camarades afin de réaliser des actions violentes contre le Fascisme, mais ses propos provoquent souvent la méfiance des autres camarades antifascistes. A la fin de mai 1936, Berneri contacte aussi Giopp pour qu'il l'aide à préparer des explosifs. Mais son ami refuse cette proposition provoquant ainsi l'ironie de l'anarchiste qui a commenté : « Giopp è votato al quasi-quasi, è nelle stesse condizioni di Bergamo. »204 Ce dernier est un autre ami de l'anarchiste, proche du Parti républicain. C'est ainsi que l'intellectuel anarchiste, lors d'une réunion de G.L., manifeste toute son insatisfaction face au manque de courage de ses camarades :

« Oggi neppure il 2 per cento di coloro che erano disposti a sacrificare la propria vita, sia in un colpo di mano rivoluzionario, sia in un attentato terroristico vi sono disposti oggi. Questo fatto dipende dal logoramento fisico e morale prodotto dal troppo lungo esilio. E non è poi ridicolo pensare che fra tutti i rivoluzionari antifascisti neppure il 5 per cento sa maneggiare una rivoltella. »205

Selon la police, Berneri se sent déjà isolé dans le mouvement Giustizia e Libertà à cause de l'attitude que ses membres avaient tenu lorsque l'anarchiste lombard avait manifesté l'intention de rejoindre la capitale française pour témoigner en leur faveur dans un procès. A cette occasion, quelques membres de Giustizia e Libertà étaient accusés d'avoir préparé un attentat contre la représentation diplomatique italienne à la Société des Nations. Selon l'espion Cremonini, les inculpés de ce procès ne souhaitaient pas que Berneri soit présent à l'audition : « Avendo manifestato il Berneri il desiderio di presentarsi alle autorità francesi per affrontare il processo con Cianca, Tarchiani e Sardelli, la Concentrazione antifascista ha fatto subito partire alla volta di Anversa il suo socio Montasini per sconsigliare il Berneri dal farlo, enumerandogli tutte le probabilità di una forte condanna »206.

Pour convaincre Camillo Berneri de l'inutilité de son intervention, les membres de G.L. auraient même fait appel à la femme de l'anarchiste. Cette dernière a rassuré Montasini, en lui disant que Berneri a finalement suivi ses conseils. À cette occasion, Giovanni Caleffi avait notamment été impressionné par la réaction de Cianca face à la possibilité que son mari

204 Note confidentielle, 23-5-1936, in Acs, Ministero dell'interno, Dir. Gen. p. s., Divisione polizia politica,

Fascicoli personali Serie A 1927-1944,dossier 11, f. Berneri.

205 Note confidentielle, 30-5-1936, in ACS, Cpc, D.537, F.2. Cf texte intégral in Annexe n.29, p.584.

206 Note confidentielle, 7-6-1930, in Acs, Ministero dell'interno, Dir. Gen. p. s., Divisione polizia politica,

76 veuille intervenir pendant le procès : « Cianca era turbatissimo [...] perché dice che il processo è già preparato con l'assenza del Berneri e la sua costituzione porterebbe necessariamente ad una modificazione delle tesi prospettate dalla difesa, oltre che aggravare la posizione del Cianca. »207 Les espions de la police pensent pouvoir profiter des tensions existant entre Berneri et le mouvement de Carlo Rosselli. Selon Cremonini « il Berneri avrebbe delle carrette contenenti delle lettere compromettenti ed altro materiale sul conto di Cianca, Tarchiani e Giannini che vorrebbe pubblicare in un numero unico di Umanità nova »208. En profitant des difficiles relations entre GL et Berneri, l'espion espère faire publier ce matériel sous forme de petits volumes pour fomenter la discorde dans le milieu antifasciste. Même à propos des futures alliances, Berneri doute aussi de la possibilité de réaliser un accord avec

Giustizia e Libertà car « è convinto che Rosselli si aggiogherà al carro del fronte popolare

socialcomunista »209.

Pour cela, l'intellectuel anarchiste espère pouvoir compter au moins sur le soutien de ses camarades libertaires. Cependant, selon la police italienne, les anarchistes eux-même, selon un autre informateur, soupçonneraient le comportement de Berneri après son arrestation en Belgique : « E quasi certo che a causa della sua amicizia con il Menapace e del contegno sinistro di costui, largamente descritto dalla stampa dei fuorusciti il Prof. Camillo Berneri appena scontata la pena e rimesso in libertà sarà oggetto di una inchiesta già ordinata dagli anarchici residenti a Parigi. »210 En 1930, le mouvement libertaire serait partagé entre ceux qui pensent que leur camarade a mal choisit ses amis à cause de sa naïveté et ceux qui doutent de son honnêteté. Notamment, selon l'informateur, « ci sono quelli che si sono già dati a difenderlo come Luigi Fabbri da Montevideo e lo stesso Alberto Cianca che lo accusa di essere un cospiratore rammollito. » Comme cela arrive souvent, les espions de la police italienne ne sont pas très précis, lorsqu'ils définissent idéologiquement les antifascistes : Cianca n'était pas un militant anarchiste mais un membre de Giustizia e Libertà, le mouvement fondé par Carlo Rosselli. En tout cas, le futur politique de Camillo Berneri serait remis en cause suite aux suspicions qui ont suscité sa conduite : « È sicuro che il Berneri verrà espulso dal partito anarchico, cioè verra invitato a non occuparsi più di politica e di

207 Ibidem.

208 Note confidentielle, 1-12-1932, in Acs, Ministero dell'interno, Dir. Gen. p. s., Divisione polizia politica,

Fascicoli personali Serie A 1927-1944,D. 11, F. Berneri.

209 Note confidentielle, 19-5-1936, in Acs, Ministero dell'interno, Dir. Gen. p. s., Divisione Polizia politica,

Fascicoli personali Serie A 1927-1944, D. 11, F. Berneri.

77 organizzazione anarchica, come pure di atti individuali che risultano non essere cose per lui. »211

L'ostracisme dont Berneri est victime suite à son arrestation en Belgique conditionne aussi la police italienne. Après sa libération en juillet 1931, la Division police politique ne paraît consacrer plus autant d'efforts pour contrôler les activités de l'anarchiste car « si ritiene che egli non sia tenuto in considerazione dai suoi compagni per le sue clamorose vicende passate. »212 Même le consulat de New York a envoyé une communication au ministre de l'Intérieur qui démontrerait que cette attitude négative à l'égard de Berneri est répandue même dans les milieux libertaires aux États-unis : « Mi onoro di riferire a E V che il noto Camillo Berneriè avversato da molti gruppi anarchici degli Stati Uniti che sovente hanno criticato la sua attività. Oltre al Martello di New York, anche i periodici anarchici L'Aurora di Boston e Germinal di Chicago hanno pubblicato attacchi contro il Berneri giudicandolo un esibizionista e un profittatore. »213 Selon un autre informateur, les militants italiens du mouvement anarchiste en Belgique eux aussi douteraient du comportement de l'intellectuel libertaire : « gli anarchici italiani della regione di Bruxelles hanno preso una posizione piuttosto ostile verso Berneri. E specialmente da quando hanno appreso che Berneri si era rifiutato di recarsi a Parigi, essi credono che egli sia un agente fascista. »214 En réalité, nous avons vu que c'étaient les membres de G.L. qui ne considéraient pas opportune sa participation au procès qui aurait lieu dans la capitale française. Dans ce cadre politique, pendant une réunion, Bonito, un vieil ami de l'anarchiste, résumait la situation, en manifestant sa déception pour la modeste solidarité qui a été manifestée à Berneri de la part de ses camarades215. L'isolement dont était victime Berneri, n'étonne pas l'espion Cremonini car, selon ce dernier, « il prof Berneri ha talmente rotto le scatole al prossimo che non è più ormai difficile mandarlo a quel paese. »216

C'est pour cela que les espions de la police croient que sa condition d'isolement oblige l'intellectuel anarchiste à prendre des positions politiques qui sont minoritaires dans l'antifascisme italien. Par exemple, Berneri affirme que « vorrebbe al suo servizio un paio di provati compagni e una modesta somma di denaro e assicura che in poco tempo epurerebbe gli ambienti da questi elementi che insidiano e che rendono impossibile una qualsiasi lezione

211 Ibidem.

212 Communication de l'Ambassade, 16-12-1931, in Acs, Cpc, D.537, F.2.

213 Communication du consulat de New York au Ministère de l'intérieur, 22-5-1930, in Acs, Cpc, D.537, F.1. 214 Note confidentielle, 22-5-1930, in Acs, Ministero dell'interno, Dir. Gen. p. s., Divisione polizia politica,

Fascicoli personali Serie A 1927-1944,D. 11, F. Berneri.

215 Note confidentielle, 11-1-1931, in Acs, Cpc, D.537, F.2. 216 Note confidentielle, 12-7-1929, in Acs, Cpc, D 537, F 2.

78 a base di pallottole. »217 Ces considérations de l'intellectuel libertaire, selon les sources policières, sont la conséquence de l'isolement politique dont il souffre. En général, l'anarchiste paraît déçu par les choix politiques de ses camarades. Un espion de la police italienne raconte avoir récemment entendu que l'anarchiste est très pessimistes au sujet des activités des antifascistes à l'étranger. Berneri aurait dit : « Noi crediamo di servire la causa della rivoluzione, in realtà facciamo ciò che che il Governo francese ci fa fare. Lo sciopero dei marittimi è voluto dal Governo soprattutto per aumentare la impopolarità dei partiti di sinistra e noi siamo così pecore e stupidi da seguirli. »218 Même en 1936, Berneri manifeste sa déception pour les positions prises par la plupart des antifascistes. Pour cela, lors d'une réunion politique informelle, Berneri essaie de représenter à des amis d'orientation politique différente à la sienne sa proposition concernant la situation politique internationale, mais personne parmi les présents ne se sent de souscrire ce document219. Après cette dernière déception, l'anarchiste décide quand même de faire une tournée en France pour faire connaître son point de vue sur la situation politique actuelle aux autres camarades anarchistes présents sur le territoire français.

Selon la Division police politique, Berneri réagit à son isolement politique, en proposant des solutions politiques alternatives au projet politique qui est majoritaire au sein de l'antifascisme italien. D'après l'espion de la police italienne, à la fin de février 1936, Berneri décide que « fra due o tre mesi pubblicherà un programma di partito con l'intenzione di creare un nuovo partito a fondo anarchico. »220 Dans une note du 15 mai 1936, Brichetti relate que « Berneri mi ha esposto un nuovo piano di « federazione italiana comunista socialista (f.i.c.s.) e me ne ha fatto leggere l'abbozzo di programma minutissimo e lungo. »221. Maintenant l'anarchiste souhaite impliquer dans son projet « i suoi amici politici di partito, ma