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Chapitre 1. Le management de l’innovation

1.2. Les typologies de l’innovation

1.2.3. Typologie selon la nature

L’innovation peut être technologique ou administrative. La distinction entre les

innovations technologiques et administratives est fondée sur le degré de changement par

rapport au noyau de fonctionnement de l’entreprise (Cooper, 1998). Si l’innovation

technologique fait référence à un ensemble de connaissances et de techniques,

l’administrative concerne toute transformation opérée au niveau des dispositifs cognitifs

collectifs, permettant à un groupe, par voie d’apprentissage, d’atteindre des objectifs globaux

d’efficacité (Cadix et Pointet, 2002).

D’après ce qui précède, l’innovation administrative se manifeste par des changements de la

structure organisationnelle, des procédés administratifs, des techniques de commercialisation

et de la gestion des ressources humaines qui sont indirectement rattachés à son activité

principale, mais directement rattachés à sa gestion (Chénier, 1997 ; Cooper, 1998 ; Read,

2000). L’innovation technologique, quant à elle, concerne la fonction technique de

l’entreprise et est hautement liée au développement de produits, procédés et équipements

(Chénier, 1997).

Bien que différents, ces deux types d’innovation sont souvent de nature interactive (Cadix et

Pointet, 2002). L’innovation technologique s’accompagne généralement de transformations

dans l’organisation de l’entreprise. Elle peut donc, soit apporter des supports importants et

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rendre le système organisationnel plus productif, soit déstabiliser l’organisation du travail. Par

ailleurs, comme l’affirme Ayerbe (2006), l’innovation administrative est souvent

indispensable à l’introduction de nouvelles technologies ne serait-ce que pour assurer ou

augmenter l’efficacité de l’implantation.

Il s’avère de ce qui précède que la littérature sur l’innovation concerne principalement

l’innovation dans le domaine des biens tangibles (Brown et Eisenhardt, 1995). Pour Loilier et

Tellier(1999), l’innovation désigne « à la fois le processus de création par l’entreprise d’une

offre considérée comme nouvelle et le résultat de ce processus : un nouveau produit, un

nouveau service ou un nouveau procédé de fabrication ». L’innovation qu’elle soit de

produits ou de services, rencontre des problèmes communs à tout processus d’innovation

comme le souligne Van de Ven (1986). Selon l’auteur, ces problèmes peuvent concerner deux

phases :

-La phase d’invention : il s’agit de la phase de génération des idées innovantes, des

nouveaux concepts ;

-La phase de commercialisation : elle concerne la phase de mise sur le marché du

produit et/ou service une fois la phase d’invention achevée. Cette phase nécessite

des compétences spécifiques (Akrich et al, 1988).

Pour Van de Ven (1986), l’innovation concerne une nouvelle idée qui peut être une

recombinaison d’idées anciennes. Il est question d’innovation même si elle peut apparaître à

des personnes comme une « imitation » de ce qui peut exister ailleurs (Van de Ven, 1986).

La définition de l’innovation retenue dans notre travail de recherche relève d’une perspective

processuelle (Van de Ven et Poole, 1995). Selon ces auteurs, l’innovation est définie comme

le développement et la mise en œuvre de nouvelles idées par des individus qui s’engagent au

cours du temps dans des transactions avec d’autres au sein d’un ordre institutionnel.

Il est clair que les définitions de l’innovation sont multiples et il convient de s’accorder sur ce

qu’on entend par ce terme notamment dans le champ des innovations produits. Celles-ci

concernent des nouvelles modalités de production, de distribution, d’interaction avec les

clients, de contrôle de la qualité… Les modèles d’innovation reposent sur un certain nombre

d’étapes communes telles que la génération des idées, la sélection, le développement et le test

du concept, l’industrialisation et la commercialisation (Den Hertog, 2000).

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1.2.3.1. L’innovation comme processus de valorisation du progrès

technique

Dans le cadre de l’économie industrielle, le processus d’innovation est défini comme

un processus de transformation et de diffusion sur un marché de solutions technologiques

élaborées par une entreprise. Celle-ci transforme un progrès technique (inventions issues de la

recherche fondamentale) relatif à son secteur d’activité, à son métier, en technologies et

compétences nouvelles (recherche appliquée). Ces technologies et compétences nouvelles

sont ensuite intégrées dans un produit (développement) qui est diffusé sur un marché, auquel

il va apporter une valeur économique. L’innovation est dans ce cas assimilée à la première

valorisation sur le marché d’un produit incorporant un progrès technique. Dans l’OCDE

(1981), l’innovation est définie comme la transformation d’une idée en un produit vendable et

amélioré.

D’où le processus linéaire : recherche fondamentale, recherche appliquée, développement,

industrialisation et diffusion (Bianchi, 1974), qui a longtemps structuré le management de

l’innovation dans les entreprises. Dans les entreprises orientées « technologie », les projets

d’innovation ont été longtemps conduits selon une démarche « recherche appliquée,

développement, industrialisation, diffusion ». La recherche appliquée et le développement

étaient effectués par des départements différents et il y a eu souvent un cloisonnement entre

recherche et développement.

1.2.3.2. L’innovation comme processus d’adoption d’une nouveauté

L’innovation peut être le mécanisme par lequel une nouveauté existante devient partie

intégrante de la culture ou du groupe qui l’adopte (Knight, 1967, Barreyre, 1980). Le groupe

peut être une entreprise, un réseau, un pays, etc.

Des sociologues comme Alter (2000), étudient l’évolution d’une entreprise sous l’angle à la

fois du comportement de ses acteurs et de sa culture face à l’introduction d’un produit, d’un

service, d’une technologie nouvelle. L’auteur repère et analyse les freins et le caractère non

programmable de l’innovation. Pour lui, l’innovation correspond à la création d’une nouvelle

donne organisationnelle dont le processus est indéfini, construisant des situations non

identifiées initialement et ayant des effets économiques plus ou moins positifs. Dans cette

acception, l’innovation diffère du changement qui renvoie à l’idée de modification située dans

le temps. L’analyse de l’innovation sous cet angle, est intéressante dans la mesure où elle

permet de comprendre les résistances des acteurs aux démarches innovantes au sein des

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organisations qui viennent perturber le fonctionnement quotidien, les habitudes et qui

impliquent forcément des changements organisationnels.