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Chapitre 2 : La gestion des connaissances ou le « knowledge management »

2.1. Les pyramides de la connaissance

2.1.1. Le socle commun des pyramides de la connaissance

La connaissance présente l’élément de base du processus de gestion des

connaissances. Dans la littérature, donnée, information et connaissance sont souvent

confondues (Serrafero, 2003). Toutefois, des travaux portant sur la gestion des connaissances

distinguent entre ces trois notions. La connaissance est alors présentée comme l’un des

éléments appartenant à une hiérarchie comprenant trois concepts. Il s’agit d’une gradation

allant de la donnée, à l'information, à la connaissance permettant de distinguer ces notions.

Cette gradation a été souvent présentée par les auteurs sous la forme d'une pyramide ayant

comme socle commun la donnée puis l'information puis la connaissance. Dans cette

acception, étudier la gestion des connaissances suppose au préalable de définir ce que l’on

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entend par donnée, information et connaissance et de visualiser la différence entre ces

concepts. Pour cela, nous suivons l’approche incrémentale développée par Gandon (2002).

2.1.1.1. Donnée

Gandon (2002) considère la donnée comme l’élément basic de l’information. Il en

donne la définition suivante : « une donnée est le résultat d’une perception, d’un signal ou

d’un signe ». La donnée est constituée par les faits, les observations, les éléments bruts. La

donnée en elle-même a peu de signification si elle n'est pas traitée. Elle se situe donc tout en

bas de la hiérarchie. La donnée est un élément fourni hors contexte sémantique et

interprétable via son classement dans un système de gestion de données. Ferrary et Pesqueux

(2006), précisent qu’il n’y a pas d’intention ou de projet dans la donnée, si ce n’est celui de sa

formalisation, elle peut être d’ordre qualitatif ou quantitatif.

2.1.1.2. Information

Située au niveau intermédiaire de la pyramide, l'information consiste en données

interprétées, porteuses de sens. Elle répond aux questions du type : Qui ? Quoi ? Quand ? Où?

Parmi les définitions de l’information, nous trouvons celle de Shanon (Shanon, 1948) « une

notion complexe qui associe inséparablement trois composantes : le signe qui représente la

forme physique, les significations dont ce signe peut être porteur et les actions contextuelles

suscitées par la réception de ce signe et susceptible de prendre des significations différentes

et parfois imprévues par l’émetteur selon les contextes de réception ».Pour Drucker (2000)

« l’information est une donnée (ou ensemble de données) qui a du sens ». Dans la même

acception, Ferrary et Pesqueux (2006), définissent l’information comme « une donnée ou un

ensemble de données articulées de façon à construire un message qui fasse sens ». Elle est

donc associée à un contexte et est porteuse d’un sens particulier. A l’inverse de la donnée, elle

est le produit d’une construction et résulte d’une intention de l’utilisateur. Elle implique un

émetteur et un récepteur à qui elle fait sens. En tant que produit fini, l’information peut

malgré tout faire l’objet d’un processus de transformation, c’est-à-dire intégrer une chaîne de

traitement (statistiques, rédaction d’un article de presse, etc.).

2.1.1.3. Connaissance

La connaissance appartient au niveau supérieur de la pyramide. Elle répond aux

questions du type : Pourquoi ? Comment ?

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En général, nous percevons, intuitivement, que la connaissance est différente des concepts

précédents. Par exemple, la connaissance est ‘possédée’ par un individu, ce qui n’est le cas ni

pour l’information ni pour les données. La connaissance est internalisée par la personne qui la

‘formate’ en fonction de son expérience, de son vécu et de ses perceptions du moment. En ce

sens, la connaissance est éminemment personnelle et subjective. Même s’il existe une

connaissance collective, celle-ci n’est jamais que la somme des connaissances individuelles.

Elle peut être matérialisée dans des produits (technologie) et dans des supports multimédias

(livres, films, etc.). C’est sur base de cette modélisation hiérarchique que de nombreux outils

et méthodes ont été élaborés. A chaque stade de la pyramide correspondent une série de

moyens qui permettent de capturer, gérer, diffuser et exploiter les éléments (données,

informations ou connaissances).

La connaissance est une démarche intellectuelle qui vise à aborder des phénomènes

dans le but de les comprendre, de les prévoir, de les capitaliser ou de les reproduire. Elle est

une prise de recul personnelle ou collective par rapport à l’information. Elle n’est pas donc

ponctuelle mais en construction permanente, durable et diffuse même si elle n’est pas

forcément identifiable sur un support défini. Contrairement à l’information qui peut être

facilement capitalisée et explicitée dans des documents, la connaissance fait référence à une

démarche humaine, donc subjective. Dans cette acception, certains auteurs considèrent la

connaissance comme un objet manipulable (Argyris, 1978 ; Nonaka et Takeuchi, 1995). Selon

Haris (Harris, 1994) la connaissance renvoie plutôt à la notion de schéma. Ce dernier étant

« une structure dynamique concernant des concepts, des entités et des évènements utilisés

pour encadrer, représenter et interpréter l’information de manière efficiente. Les schémas

guident la recherche pour l’acquisition de l’information, son traitement et orientent le

comportement en réponse à cette information ; ils fournissent un système de connaissances

prêtes à l’emploi ». Pour Beckam (1998), la ressource « connaissance » fait partie d’une

chaîne de transformation, processus comportant un certain nombre d’étapes. Les données

(data) constituent la matière brute de la chaîne. L’information est une donnée dont la forme et

le contenu sont utiles pour une tâche particulière. Les connaissances permettent l’exécution

des tâches, la prise de décision et la résolution des problèmes. Les cas, les règles, les modèles

sont trois types de connaissances. Elles s’acquièrent par accumulation d’informations qui

s’organisent progressivement par rubriques dans l’ensemble des moyens de stockage :

ouvrages, bases de données, supports magnétiques. Les connaissances sont structurées,

codifiées et subissent des concentrations successives ayant pour caractéristique d’accroître

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l’utilité des connaissances. Macintosh (1996) définit l’actif connaissance (knowledge assets)

comme l’ensemble des connaissances relatives aux marchés, produits, technologies et à

l’organisation, qui appartiennent à l’entreprise ou qu’elle doit acquérir pour permettre à son

activité de générer des profits.

Une connaissance est donc l’ensemble d’informations qui sont interprétées

consciemment ou inconsciemment par un individu au terme d’un processus d’apprentissage

(Albino et al, 2001). Alavi et Leidner (Alavi et Leidner, 1999) la définissent comme étant un

processus pouvant être piloté. Pour d’autres auteurs, la connaissance est une ressource

organisationnelle (Barney, 1991 ; Kogut, 1992).

Fransman (1994) souligne que « Knowledge is processed information ». Selon lui, c’est cette

information interprétée, assimilée et utilisée qui permet d’aboutir à une action. Créer des

connaissances ne peut pas se résumer donc à un problème d’acquisition de données ou

d’informations. Ainsi, les connaissances ne s’améliorent pas grâce à la quantité d’information

disponible mais dépendent de la façon dont l’information est interprétée dans un contexte

donné. La connaissance inclut également une dimension de croyance et de jugement (March,

1991), comme le souligne Nonaka (1993), «...a justified true belief ». La connaissance prend

donc tout sens par l’activité cognitive de celui qui reçoit l’information (Malhotra, 2000). Cette

approche de la connaissance fait ressortir sa dimension tacite qui sera approfondie dans les

paragraphes suivants (1.21. Connaissances tacites, connaissances explicites).