Chapitre 4 : Design et méthodologie de la recherche
4.1. Une exploration hybride par une approche qualitative
4.1.1. Le choix de la méthode exploratoire
La méthodologie repose sur un certain nombre de choix de la part du chercheur qu’il
convient d’expliquer. Pour Gauthier (2003), peu importe le type de recherche, le but est de
viser de réduire l’incertitude « en reconnaissant mieux notre environnement, nous réduisons
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les risques que renferment de nouvelles situations, nous réduisons l’incertitude ». Il s’avère
donc nécessaire de répondre à la question suivante : Comment déterminer la nature de notre
recherche ?
Dans la même logique, Charrière et Durieux soulignent que tout chercheur est
confronté à la question « comment je cherche ? » (1999). Deux voies sont possibles :
l’exploration et le test. L’exploration vise la proposition de résultats théoriques novateurs et le
test consiste à mettre à l’épreuve de la réalité un objet théorique (Charrière et Durieux, 1999).
Répondre à la question « comment je cherche ? » suppose de se pencher sur le positionnement
épistémologique du chercheur et ses objectifs de recherche. Rappelons que cette recherche
s’inscrit dans le Paradigme Epistémologique Constructiviste Pragmatique (PECP) (Avenier et
Parmentier-Cajaiba, 2011). Le test situe la recherche dans le paradigme positiviste (Charrière
et Durieux, 1999). C’est pourquoi cette voie est écartée. Le choix de l’exploration s’explique
aussi par nos objectifs de recherche. L’exploration consiste à découvrir ou approfondir une
structure, un fonctionnement pour servir deux grands objectifs : la recherche de l’explication
et la recherche d’une compréhension (Charrière et Durieux, 1999).
Dans l’objectif de répondre à cette question, Cooper et Schindler (1998), postulent que
l’un des objectifs de la recherche en sciences de gestion est de structurer « une démarche
systématique visant à fournir des informations/connaissances nécessaires d’un problème
pratique, le problème étant souvent une décision que doit prendre le gestionnaire ».
En se référant à ces auteurs, notre recherche s’inscrit dans une démarche de recherche
exploratoire utilisant des données de nature qualitative. Ce type de méthode permet au
chercheur d’étudier le phénomène en profondeur, d’analyser la problématique sous un nouvel
angle tout en formulant des questions spécifiques (Yin, 2003). La recherche exploratoire a
pour objectif d’avoir une vision aussi complète que possible du problème. Selon Evard et al.,
(1998), une étude exploratoire dispose de quatre caractéristiques :
La faible taille de l’échantillon, qui est expliquée par la lourdeur et le coût de
recueil de l’information ;
L’interaction entre l’observateur et l’observé ;
L’observation qui est un instrument d’analyse ;
Et enfin le recueil de données qualitatives.
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4.1.1.1. L’approche qualitative : comprendre et interpréter
Afin de mieux approfondir notre compréhension de la méthode de recherche
qualitative, nous examinons les définitions attribuées à cette méthode. En sciences de gestion,
la recherche du sens est fondamentale et nécessite les outils appropriés (Mucchielli, 2007). La
méthode qualitative est une stratégie de recherche combinant diverses techniques de recueil et
d’analyse qualitative dans le but d’expliquer, en compréhension, un phénomène. D’après
Mucchielli (2009), les techniques qualitatives sont les diverses opérations et manipulations,
matérielles et/ou intellectuelles, destinées à aider le chercheur dans sa volonté de faire surgir
le sens : dénomination, transcription, découpage, mise en tableau, mise en relation,
élaboration de grilles de lecture, confrontation à des savoirs, comparaison, etc. Plusieurs
similitudes mais aussi des divergences caractérisent les définitions de l’analyse qualitative.
Nous citons quelques définitions proposées par certains auteurs. Selon, Taylor et
Bogdan (1984), la méthode qualitative renvoie à la recherche qui produit et analyse des
données descriptives, telles que les paroles écrites ou dites et le comportement observatoire
des personnes. Elle se réfère à une méthodologie de recherche dont l’objet est le sens et
l’observation d’un phénomène social en milieu naturel. Cette méthode traite des données
difficilement quantifiables. Pour Lamoureux (1995), la recherche qualitative « se définit
essentiellement par le fait que les données de la recherche ne sont pas numériques, ce sont
des caractéristiques qu’il s’agit de regrouper selon des critères de classification (exemple :
commentaires, choix vestimentaires, chansons enfantines) ».
Pour Wacheux (1996), « la méthodologie qualitative se traduit, notamment, par une stratégie
de recherche, opérationnalisée par une approche construite pour le terrain, la procédure de
collecte des informations, et un ensemble de techniques de réduction et d’analyses des
données. La méthodologie avive le processus de compréhension et d’explication ».
Les recherches qualitatives ne visent pas les mêmes objectifs. De façon générale,
l’approche quantitative de recherche a pour objectif l’énumération de nombreux cas, elle tend
à compter des unités, dénombrer les objets à étudier ou décrire, relever la fréquence
d’apparition d’un phénomène (Gravitz, 2001). Elle se focalise sur les régularités par delà les
diversités (Giordano, 2003). L’approche qualitative de recherche, quant à elle, concerne les
travaux dont l’objectif est de définir les qualités essentielles de l’objet étudié, et non de
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travailler sur les qualités ou d’énumérer les cas existants. Elle privilégie la profondeur de la
description.
L’approche qualitative est dans ce cas pertinente (Giordano, 2003 ; Bergadaa et Nyecj,
1992) et s’avère adaptée par rapport aux caractéristiques du management et du partage des
connaissances. Selon Giordano (2003), « il ne s’agit pas de rechercher des régularités
statistiques (entre individus substituables), mais de rechercher les significations, de
comprendre les processus, dans des situations uniques et/ou fortement contextualiseés ».
Enfin, l’approche qualitative privilégie des canevas émergents et une flexibilité importante.
Ceci constitue un avantage certain : la question de recherche peut être reformulée au cours de
l’étude en fonction des observations faites sur le terrain. De même, le recueil des données peut
être ajusté en fonction des situations de travail de la population concernée (Baumard et ali,
1999).
Après avoir défini l’approche qualitative, il convient d’examiner les intérêts et le but à
atteindre par le choix de cette méthode. Selon Kakai (2008), le chercheur est intéressé à
connaître les facteurs conditionnant un certain aspect du comportement de l’acteur social mis
au contact d’une réalité. La réussite du chercheur est liée à la qualité de la recherche
qualitative sur laquelle il s’appuie. Sa capacité à comprendre, chercher à décrire, explorer un
nouveau domaine, évaluer les performances, évaluer une action, un projet, etc., c’est ce qui
garantie la réussite de sa démarche d’analyse qualitative. Selon Mongeau (2008) les intérêts
de l’approche qualitative sont :
Vise la compréhension d’un phénomène ;
Est une méthode de traitement inductif ;
Traite avec des données difficilement quantifiables, mots, images, sons, etc. ;
Permet l’approfondissement et l’élaboration d’hypothèses et de modèles théoriques ;
Procure de l’information sur le particulier.
D’autres auteurs se sont plutôt intéressés à identifier la démarche à suivre en recherche
qualitative. Nous reprenons dans ce cadre les travaux d’Aubin-Auger (2008), pour qui la
démarche qualitative passe d’abord par l’identification du thème de la recherche et
l’explicitation de l’intérêt particulier dans le domaine choisi. Ensuite, la définition de la
question de la recherche de manière la plus précise et claire possible et l’échantillonnage de la
population étudiée afin d’explorer et d’analyser les données collectées. Puis, le choix de la
technique de recueil des données que le chercheur va directement collecter sur le terrain. Cette
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étape influence grandement le processus de la recherche car elle permet de rassembler le
matériel empirique nécessaire à la compilation et l’analyse des résultats. Pour les données
verbales, l’auteur précise qu’un enregistrement est souhaitable et ce après l’accord des
interviewés. Ces enregistrements sont par la suite retranscrits et analysés. Il existe plusieurs
modes de recherche qualitative tels que : l’entretien individuel, l’entretien de groupe,
l’observation participante et l’observation non participante. Enfin, vient l’étape d’analyse des
données qui peut se faire soit par le codage manuel des données recueillies ou par le recours à
des logiciels appropriés (NVivo par exemple).
Figure 15 : Démarche de la recherche qualitative
4.1.1.2. L’exploration hybride
Actuellement, le management des connaissances trouve un écho important en sciences
de gestion. Les impacts du partage des connaissances sur l’innovation est une approche
relativement récente dont les contours ne sont pas encore bien identifiés. Si de nombreux
écrits font références aux facteurs de succès des systèmes de management des connaissances,
rares sont les travaux traitant directement du rôle du partage des connaissances. Nous sommes
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donc ici encore dans une phase d’exploration. Charrière et Durieux (1999) recensent trois
voies d’exploration :
L’exploration théorique qui consiste à opérer un lien entre deux champs
théoriques (au minimum) jusqu’alors non liés dans des travaux antérieurs, ou
entre disciplines ;
L’exploration empirique. Il s’agit d’explorer un phénomène en faisant table
rase des connaissances antérieures sur le sujet. Le chercheur travaille alors sans
a priori ;
L’exploration hybride est une voie qui permet d’enrichir ou d’approfondir des
connaissances antérieures. Le chercheur procède par allers-retours entre des
observations et des connaissances théoriques tout au long de la recherche.
Il ne s’agit pas ici de lier deux champs théoriques, mais plutôt de s’appuyer sur le
terrain afin de mieux comprendre le processus du management et du partage des
connaissances. L’exploration empirique pourrait être une voie possible. Cependant, partir sans
a priori, en faisant table rase des connaissances antérieures, semble difficilement réalisable et
risqué. Difficilement réalisable, parce qu’en tant que chercheur en sciences de gestion, nous
possédons forcément des cadres d’analyse. Risqué, parce qu’une première revue de la
littérature permet souvent d’éviter une dispersion des efforts en indiquant où se trouvent « les
mines d’or » (Rossiter, (1989). L’exploration hybride apparaît adaptée parce qu’elle permet
d’une part une mobilisation initiale de la littérature afin de donner du sens à des observations
empiriques et qu’elle suppose d’autre part, de procéder par allers-retours fréquents entre le
matériau empirique recueilli et la théorie. C’est ainsi qu’en observant les interactions entre de
différentes personnes impliquées dans le processus d’innovation, nous nous sommes tournées
vers la littérature pour mieux comprendre ce phénomène.
Cette forme d’exploration repose sur une logique abductive. La découverte a un statut
explicatif ou compréhensif qui, pour tendre vers la règle ou la loi, nécessite d’être testé
ensuite (Charrière et Durieux, 1999 ; Koenig, 1993). Les connaissances produites seront donc
des propositions (David, 2000) qu’il conviendra alors de tester par la suite pour pouvoir leur
donner un statut de loi.
154
4.1.1.2.1. Instrument de la collecte des données
Pour notre recherche, il est nécessaire de réaliser un guide d’entretien qui servira
comme référence pour la collecte des données. L’entrevue commence par une phrase
introduisant les thèmes qui seront abordés et les modalités de son déroulement. Cela permet
de mettre en confiance la personne interrogée en lui expliquant l’intérêt de la recherche, la
valeur de ce qu’elle va dire à propos du sujet étudié et tout en lui précisant que les résultats
lui seront transmis dès la finalisation du travail.
4.1.1.2.1.1. L’échantillonnage
Le choix de l’échantillon est une étape importante dans la recherche qui impactera la
validité et l’exactitude des données recueillies et jouera sur la cohérence et la pertinence entre
la problématique exposée et les résultats obtenus. La sélection de l’échantillon est une tâche
délicate où le chercheur doit éviter de fausser les données collectées sur le terrain comme le
souligne Aktouf (1987), « Extraire un échantillon, c’est choisir, selon des critères définis à
l’avance. Un certain nombre d’individus parmi les individus composant un ensemble défini,
afin de réaliser sur eux des mesures et des observations qui permettront de généraliser les
résultats à l’ensemble premier ».
Les personnes retenues dans l'échantillon sont des « témoins privilégiés, des personnes qui,
par leur position, action, leurs responsabilités, ont une bonne connaissance du problème. Ces
témoins peuvent appartenir au public sur lequel porte l’étude ou y être extérieurs, mais
largement concernés par ce public » (Laforet, 2011). Il est clair que c’est difficile de
connaître le nombre exact des personnes qu’il faut sélectionner pour les entrevues de la
recherche. Toutefois, et comme le mentionnent Huberman et Miles (1991), « les chercheurs
qualitatifs travaillent habillement avec des échantillons plus petits de personnes, dans moins
de milieux pris globalement que ne le font les chercheurs travaillant par enquêtes ou
sondages ». Il n’est pas donc nécessaire de retenir un échantillon très large pour qu’il soit
représentatif.
4.1.1.2.1.2. L’entrevue semi-directive
L’entrevue semi-directive ou encore entretien semi-directif est l’une des méthodes qui
permettent de recueillir de l’information qualitative telles que : le forum de discussion,
155
l’observation et l’analyse documentaire. Procéder avec des entretiens individuels est une
technique qui permet de saisir le plus d’informations possibles et de cerner la perception des
personnes interrogées quant au thème de la recherche. En effet, le recours à l’entrevue réside
dans le fait que celle-ci peut être utilisée pour explorer une situation particulière, ou pour
compléter et valider une information. Dans la mesure où elle donne accès aux perceptions et
aux opinions, l’entrevue semi-directive est l’occasion de révéler des problèmes plus cachés,
mais préoccupants dans certains secteurs ou segments de la population (Laforest et al., 2009).
L’enregistrement des entrevues est toujours conditionnel à l’obtention de l’accord préalable
du répondant. Dans un cadre d’une entrevue individuelle et afin de réussir une bonne étude, le
chercheur doit faire preuve d’empathie et avoir une attention et une écoute inconditionnelle. Il
est nécessaire aussi de laisser l’interrogé répondre avec le plus de franchise possible et
d’extrapoler ses réponses de façon assez libre tout en respectant le cadre de chaque question.
En s’appuyant sur les propos des auteurs, le chercheur procède à une préparation préalable de
l’entretien et des différents thèmes à aborder avec les sujets interrogés. Cette étape est
nécessaire car elle permet de définir les objectifs de l’entrevue et du projet de la recherche,
d’élaborer une grille d’entrevue, préparer le matériel nécessaire pour l’enregistrement,
confirmer le lieu et la date de l’entretien, etc.
4.1.1.2.1.3. Le guide d’entrevue semi-directive
Afin de mener à bien une recherche qualitative au moyen d’une entrevue
semi-directive, le chercheur est amené à élaborer un guide d’entrevue. Celui-ci sert de référence et
doit être structuré de façon à ce qu’il y ait une logique dans les différents thèmes abordés.
Pour Albarello et Bajoit (2004), « un guide d’entretien comprend généralement une dizaine
de thèmes de questions qui, sauf exception à justifier, seront abordés dans un ordre à chaque
fois identique afin d’éviter que la place du thème dans l’interview n’influence la qualité des
réponses ». Dans cette acception, le guide d’entrevue peut garantir la rigueur de la démarche
et une certaine homogénéité dans les réponses à condition de respecter certaines règles. En
effet, comme le souligne Lamoureux (1995), des règles générales sont à suivre dans toute
entrevue semi-directive « de ne jamais donner d’indices qui peuvent suggérer une réponse
particulière, d’encourager la personne à en dire davantage et de revenir à une question
ultérieurement si l’interviewé ne peut y répondre immédiatement ou se sent mal à l’aise d’y
répondre ». D’un autre côté, Gauthier (2003) postule que « la conduite de l’entrevue
semi-directive comporte trois moments : l’ouverture, l’entrevue proprement dite et la clôture ».
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4.1.1.2.2. Le traitement des données : de l’analyse textuelle à l’analyse thématique
Pour toute recherche qualitative, et plus particulièrement celle réalisée au moyen
d’entrevues semi-directives, l’étape de l’analyse des données issues de l’investigation sur le
terrain est déterminante et fait toujours débat (Collesei, 2000). De façon générale, l'analyse
qualitative « représente les efforts du chercheur pour découvrir les liens entre les faits
accumulés » (Deslauriers, 1991). Dans la pratique, les opérations d'analyse des données
débutent dès la collecte des informations. Parmi les définitions proposées par les auteurs pour
identifier cette notion, nous nous référons à celle donnée par Aktouf (1987) « on appelle
données d’une recherche, l’ensemble des informations, des mesures, des observations brutes
que le chercheur recueille avant de leur faire subir les traitements et les interprétations qui
conduiront à des réponses aux questions de départ. C’est alors qu’il est possible de dégager
des explications, des significations, des tendances et des généralisations ».
Il ressort de cette définition que la visée de l’analyse qualitative est de donner sens, de
comprendre des phénomènes sociaux et humains complexes. Comme le mentionne
Savoie-Zajc (2000), la valeur d’une recherche qualitative repose en grande partie sur la capacité du
chercheur à donner un sens aux données. Le fait d’extraire ce sens permet, en quelque sorte,
d’aller « au-delà » de ce que les données brutes disent a priori (Denzin, Lincoln et al., 2005).
Faire une analyse thématique consiste donc, à "repérer des noyaux de sens" qui composent la
communication et dont la présence ou la fréquence d'apparition pourront signifier quelque
chose pour l'objectif analytique choisi (Bardin, 2007).
Dans leurs travaux, Huberman et Miles (1991, 1994) définissent l’analyse de données
comme étant un processus réparti en trois étapes: la première consiste à condenser les données
(réduction, codage), la deuxième concerne la présentation des données et à la troisième se
réfère à la formulation et à la vérification des conclusions. De manière quelque peu similaire,
Paillé et Mucchielli (2003) parlent des phases de transcription-traduction, de
transposition-réarrangement et de reconstitution-narration.
Pour leur part, Huberman et Miles (1991, 1994, 2003) ont développé une perspective sur le
modèle itératif ou circulaire de l’analyse de données selon laquelle le travail d’analyse est un
processus progressif qui intervient tôt durant la phase même de cueillette de données et il y a
forcément un va-et-vient entre les différentes composantes de l’analyse. Desgagné (1994)
explique cette démarche de va-et-vient inhérent au modèle interactif de l’analyse.
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Ainsi, les enjeux de l’analyse qualitative sont ceux d’une démarche discursive et signifiante
de reformulation, d’explicitation ou de théorisation de témoignages, d’expériences ou de
pratiques (Muchielli, 1996 ; Paillé, 1996). En s’inspirant des propos de Bodgan et Taylor
(1995), Tesh (1990) définit l’analyse de données comme «un processus qui implique un effort
explicite d’identifier les thèmes, de construire des hypothèses (idées) telles qu’elles émergent
des données ainsi que de clarifier le lien entre les données, les thèmes et les hypothèses
conséquentes ». Pour l’auteur, ce processus comprend deux phases : la première correspond à
celle de l’organisation des données, elle implique une « segmentation » et entraine une
« décontextualisation ». La deuxième concerne l’interprétation des données nommée
« catégorisation », elle mène à la « recontextualisation » (Tesh, 1990). Le traitement des
données renvoie donc à l’analyse thématique permettant de résumer et de traiter le corpus en
« thèmes ». Selon Paillé et Mucchielli (2008), cette étape est cruciale car elle permet la
transposition d’un corpus donné en un certain nombre de thèmes représentatifs du contenu
analysé tout en le reliant avec la problématique de la recherche.
Dans le cas de ce travail doctoral, nous avons opté pour l’utilisation de deux logiciels
reconnus dans l’analyse des données qualitatives. Dans une première étape nous avons
procédé à l’analyse sémantique et de statistique textuelle grâce à l’outil Sphinx Quali. La
deuxième étape concerne l’analyse thématique à travers le codage des thèmes repérés dans les
discours des interviewés. Elle a été réalisée à l’aide du logiciel NVivo, plus précisément la
version 9. Nous exposons dans ce qui suit le travail accompli lors de chacune de ces deux
étapes.
La première étape de l’analyse du lexique obtenu suite aux entretiens individuels est
exploratoire. Son objectif principal est de simplifier la lecture du corpus via une série
d’analyses sémantiques et de statistiques textuelles. Pour atteindre cet objectif, et compte tenu
de la lourdeur du corpus, nous avons opté pour une analyse automatisée. Parmi la pléthore des
offres CAQDAS (Computer Aided Data Analysis Software), notre choix s’est arrêté sur le
logiciel Sphinx Quali. Afin de faciliter la lecture des résultats et pour motiver le choix de cet
outil, nous rappellerons dans ce qui suit un bref historique du logiciel ainsi que les principes
de base de son fonctionnement. Sphinx Quali est le dernier outil d’analyse de données