Chapitre 2 : La gestion des connaissances ou le « knowledge management »
2.5. Les finalités du Knowledge Management
Le management des connaissances est appréhendé comme étant une démarche
stratégique pour les entreprises. Elle se structure dans des processus fondamentaux qui sont
pour le moment diversement développés suivant la maturité des organisations dans ce
domaine et l’avancée de l’offre méthodologique et technologique (Ermine, 2000a). Les
entreprises sont donc en majorité confrontées à la problématique du développement des
systèmes de management des connaissances et approfondissent leur réflexion sur :
- Les objectifs à privilégier (création de valeur externe, efficience interne) ;
- Les outils facilitateurs permettant une utilisation efficiente du système (consultation et
apprentissage) et un partage effectif des connaissances par capitalisation
(contribution, mises à jour, …) ;
- Les dispositifs organisationnels supportant les actions de management des
connaissances et les dispositifs de gestion des ressources humaines permettant le
soutien des personnes engagées dans des actions de management des connaissances
(reconnaissance, motivation, rétribution, …).
Pour les entreprises, les objectifs des systèmes de management des connaissances sont
multiples et peuvent concerner principalement la promotion de la recherche d’informations
externes en mettant en place des veilles commerciales ou concurrentielles (Argote et Ingram,
2000), l’amélioration de la circulation des connaissances dans l’organisation et le
développement de l’apprentissage organisationnel grâce à l’échange et au partage des
connaissances (Nonaka et Takeuchi, 1995, Alavi et Leidner, 2001 ; Guzman et Wilson, 2005),
l’augmentation de la valeur apportée aux clients en cernant mieux les attentes et en répondant
plus rapidement à leurs besoins (Davenport et Klahr, 1998 ; Masset et al., 2001 ; Greenberg,
2004) et à renforcer la compétitivité et la position concurrentielle (Gottshalk, 2007).
Le partage des connaissances est en général souhaité par les firmes car il permet d’améliorer
les procédures, de promouvoir la substituabilité entre les personnes (Perrin, Vidal, Mc Gill,
2006), de rendre plus efficace les tâches accomplies (Van Winkelen, 2006).
Sur le plan concurrentiel, les entreprises doivent veiller à ce qu’une trop grande explicitation
des connaissances (partage intra-organisationnel) ne conduise pas à un partage
inter-organisationnel érodant in fine l’avantage compétitif (Teece, 1998) (Cf. Chapitre 3 : Le
partage des connaissances : articulation entre le management des connaissances et le
management de l’innovation).
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Un attendu fondamental de la gestion des connaissances se situe dans le domaine de
l’innovation. Dans le monde économique actuel, la survie des entreprises passe par une
innovation constante et soutenue. C’est désormais un enjeu compétitif majeur dans les
entreprises qui cherchent donc à accélérer les processus qui les a sous-tendent. Dans
l’acceptation courante, l’innovation recouvre deux processus très différents : l’un est celui qui
mène de « l’idée au produit », l’autre plus interne et plus amont à l’entreprise, est ce que l’on
appellera la « créativité ». Les mécanismes accélérateurs de l’innovation sont de nature très
différente suivant que l’on s’intéresse à l’un ou à l’autre.
Dans le même cadre, nous reprenons l’étude du centre de gestion scientifique de l’Ecole des
mines de Paris (Hatchuel, 2000), nous pouvons ainsi constater que les orientations du
Knowledge Management peuvent être réparties selon deux grandes finalités : une finalité
patrimoniale et une finalité d’innovation intensive que nous préférons appelée innovation
durable.
La finalité patrimoniale, plutôt statique, pose le problème de la préservation des
connaissances explicitables (comment les acquérir, les modéliser, les formaliser et les
conserver ?), de leur réutilisation (comment les accéder et les diffuser ?) et de leur
actualisation (comment les évaluer et les mettre à jour ?). La finalité d’innovation durable,
plus dynamique, pose le problème de l’apprentissage organisationnel, c’est-à-dire de la
création active de connaissances individuelles et de leur intégration au niveau collectif dans
une organisation (comment promouvoir et mettre en place des activités et des processus qui
amplifient les connaissances individuelles et les cristallisent au niveau collectif au travers des
interactions, du travail en réseau, du partage d’expérience ?).
Les auteurs synthétisent les finalités relatives au knowledge Management : « management des
activités et des processus destinés à amplifier l’utilisation et la création des connaissances au
sein d’une organisation selon deux finalités complémentaires fortement intriquées : une
finalité patrimoniale et une finalité d’innovation durable, finalités sous-tendues par leurs
dimensions économiques, stratégiques, organisationnelles, socioculturelles et
technologiques » (Hatchuel et Le Masson, 2000).
Ainsi, l’expression Knowledge Management concerne toutes les actions managériales
visant à répondre à la problématique de création, de capitalisation et de partage des
connaissances dans son ensemble. Selon les auteurs, il faut :
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Mobiliser tous les acteurs de l’organisation, les sensibiliser, les former, les encourager, lesmotiver ;
Organiser et piloter les activités et les processus spécifiques conduisant vers plus de maîtrise des connaissances ;
Susciter la mise en place des conditions favorables au travail coopératif et encourager le partage des connaissances ;
Elaborer des indicateurs permettant d’assurer le suivi et la coordination des actions engagées, de mesurer les résultats et de déterminer la pertinence et les impacts de ces actions.