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I NTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE

4.3. T YPOLOGIE DE L ' UTILISATION DES MOYENS DE COMMUNICATION DANS LES ENTREPRISES ENQUETEES

4.3.2 Typologie de l’utilisation des moyens de communication

4.3.2.1 Les graphes de corrélation.

Les analyses factorielles sur les tableaux utilisés précédemment donnaient des résultats intéressants, mais leur interprétation se révélait difficile si nous voulions les appliquer aux entreprises. Or notre objectif est de caractériser les entreprises selon leur utilisation des moyens de communication. Afin de retrouver l’individu « entreprise », nous avons dû construire un nouveau tableau répertoriant le « nombre de relations dans lesquelles sont utilisés les moyens de communication par type de fréquence »84. De plus, à la suite de

premières analyses, nous nous sommes rendu compte qu'un biais important était dû à la différenciation entre « l'absence » d'un moyen de communication dans l'entreprise et le fait qu'il ne soit « jamais » utilisé. Les principales différenciations entre les entreprises se faisaient donc entre celles qui avaient le fax, le téléphone mobile ou l’e-mail et celles qui ne l'avaient pas. Nous avons donc regroupé les modalités « jamais » et « absence » qui n'étaient introduites que pour ces trois moyens de communication et dont les conséquences sont identiques, si la cause n'est pas la même : ces moyens de communication ne sont pas utilisés pour une relation donnée.

L’analyse de moyens de communication constitue une première approche de la manière dont se combinent entre eux les usages des différents moyens de communication. Il nous a semblé

tout d’abord intéressant de construire les graphiques de corrélation entre les variables (Cf. Schéma 4.1 et 4.2).

Le graphe des corrélations positives (Cf. schéma 4.1) laisse apparaître en premier lieu des corrélations à l’intérieur des différents blocs de fréquence. Ceci tend à montrer que la fréquence d’utilisation d’un moyen de communication en particulier est peut-être moins due à son usage propre qu’à la manière de communiquer de la firme. Si elle a l’habitude de communiquer « souvent », alors elle utilisera pour cela tous les moyens de communication qui sont à sa disposition et non pas l’un plutôt qu’un autre. D’autres corrélations viennent toutefois nuancer cette assertion. Ainsi, la modalité « parfois » de l’utilisation du téléphone est corrélée positivement à la modalité « jamais » de la poste du téléphone mobile et de l’e-mail ce qui pourrait suggérer une certaine compensation de la non-utilisation de ces moyens de communication par l’utilisation relativement plus fréquente du téléphone.

Ensuite, deux ensembles de corrélations semblent apporter un autre exemple de compensation ou de substitution. Elles concernent d’un côté le couple fax/e-mail et de l’autre la rencontre. D’une part, lorsque l’e-mail et le fax sont utilisés « souvent », les entreprises n’ont que « parfois » recours à la rencontre. Il y a même une corrélation positive entre la modalité « souvent » de l’e-mail et « jamais » de la rencontre qui laisse présager un effet de la distance géographique. D’autre part, lorsque les entreprises ont recours « souvent » à la rencontre, cette modalité est corrélée positivement à la modalité « jamais » du couple fax / e-mail. Ainsi « l’absence » des deux moyens de communication les plus modernes semblerait devoir être associée à un recours plus fréquent à la rencontre, tandis que leur utilisation plus fréquente est corrélée à une non utilisation de la rencontre ou un recours moins fréquent. Cette double relation devra être élucidée par la suite afin de déterminer si l’introduction du fax et de l’e-mail fait baisser le recours à la rencontre ou s’ils sont utilisés dans les cas où cette dernière n’est pas possible, dans le cas d’interlocuteurs localisés à l’étranger par exemple.

Enfin, un autre groupe de corrélations positives relie certains moyens de communication du bloc « parfois » (en particulier le téléphone mobile, le fax et l’e-mail) et d’autres du bloc « souvent » en particulier (la poste, le téléphone et le téléphone mobile) introduisant ici également une nuance dans l’hypothèse énoncée précédemment et permettant d’envisager une gradation dans l’intensité de l’utilisation des moyens de communication avec une moindre utilisation de deux moyens modernes compensée par une utilisation plus fréquente des moyens de communication classiques.

Le graphe des corrélations négatives (Cf. Schéma 4.2) présente évidemment quelques relations triviales : les corrélations négatives entre les fréquences d’utilisation d’un même moyen de communication. Ainsi, rien de plus normal que la relation soit significativement négative entre les entreprises qui utilisent « souvent » l’e-mail et celles qui ne l’utilisent « jamais ».

Ces graphes de corrélation, malgré les nuances qu’ils apportent confirment tout de même dans l’ensemble l’hypothèse formulée dans l’analyse précédente, à savoir l’existence de « grands utilisateurs » des moyens de communication qui avaient recours plus fréquemment à un plus grand nombre d’entre eux.

4.3.2.2 La classification de l’utilisation des moyens de communication

Nous avons utilisé pour cette analyse un tableau décrivant la fréquence d’utilisation des différents moyens de communication pour chaque entreprise. Nos individus sont donc à nouveau les entreprises. Nous perdons ici les éléments d’explication du contexte d’utilisation de ces moyens de communication mais tel n’était pas ici l’objectif de l’analyse. Celui-ci était de montrer comment les moyens de communication sont associés entre eux par les entreprises en fonction de leur fréquence d’utilisation. L’analyse en composante principale permet de mettre en évidence une forte gradation dans l’utilisation des moyens de communication. Cette différenciation est même assez forte puisque nous pouvons constater une rupture assez forte entre le premier axe factoriel et les suivants. Le premier axe factoriel explique un cinquième de l’information du nuage de points. Il va donner une synthèse de l’information comprise dans le nuage de points tandis que le deuxième axe apportera une nuance intéressante. Les axes suivants sont en revanche délicats à interpréter, même s’ils sont statistiquement significatifs, et nous ne les commenterons pas.

Graphique 4.4 : premier axe factoriel de l’analyse des correspondances multiples des moyens de communication

Le premier axe factoriel exprime une gradation entre les fréquences d’utilisation des moyens de communication. Globalement, toutes les modalités « jamais » dont du côté négatif, sauf en ce qui concerne la rencontre et les modalités « souvent » du côté positif. Du côté positif de l’axe, parmi les variables les plus significatives on trouve la modalité « souvent » du téléphone mobile, du téléphone du fax et de l’e-mail tandis que du côté négatif on trouve la modalité « jamais » du fax et du téléphone mobile. Quant à la modalité « parfois », tous les moyens de communication sont localisés du côté positif sauf en ce qui concerne le téléphone.

Ainsi, le premier axe met surtout en évidence une gradation dans l’utilisation des moyens de communication. L’accroissement quantitatif (accroissement de la fréquence du recours aux moyens de communication utilisés) va de pair avec une diversification qualitative (accroissement du nombre de moyens de communication dont dispose l’entreprise). Les entreprises qui disposent des moyens de communication les plus modernes tendent à les utiliser souvent de même que les autres moyens de communication.

Le deuxième axe factoriel apporte une nuance au premier axe. La modalité « souvent » de la rencontre et de la poste, qui n’étaient pas très bien représentées sur le premier axe, jouent un

rôle essentiel dans la formation du deuxième axe. Elles se situent du côté positif de l’axe. Elles s’associent à la modalité « souvent » du téléphone et, surtout, « jamais » du fax et de l’e-mail. Aucune variable se situant du côté négatif n’a une contribution vraiment significative à la formation de l’axe.

Cet axe introduit donc également une gradation et met en évidence les entreprises qui ont l’habitude de communiquer très fréquemment mais qui ne disposent pas des deux moyens de communication les plus modernes. Il faut noter que le recours fréquent au téléphone ne s’associe pas de manière préférentielle avec un groupe de moyens de communication ou un autre. Ceci tend à montrer l’« universalité » de son utilisation et peut-être également sa bonne diffusion dans toutes les catégories d’entreprise, ce que nous chercherons à déterminer dans la partie suivante.

4.3.2.3 la typologie de l’utilisation des moyens de communication

Comme précédemment, nous avons effectué une classification ascendante hiérarchique sur les axes factoriels significatifs afin de construire une typologie de la manière dont les entreprises utilisent les moyens de communication. Elle nous a permis de dégager les catégories d’entreprises suivantes dans leur utilisation des moyens de communication.

- LES ENTREPRISES QUI COMMUNIQUENT BEAUCOUP ET PAR TOUS LES MOYENS

La première classe (X1) regroupe un petit nombre d’entreprises qui ont un grand nombre de relations pour lesquelles elles utilisent «souvent» tous les moyens de communication. Cette classe, contrairement à ce à quoi nous aurions pu nous attendre, ne concentre pas que des exportateurs. En fait, elle est assez hétéroclite. Elle comprend entre autres les deux entreprises publiques de notre échantillon (Karnataka Silk Industries Corporation Limited et Eastern Silk

Industries Limited) qui, compte tenu de leur statut, ont à leur disposition tous les moyens de

communication qui existent et qui ont peut être plus de facilités pour les utiliser souvent. Toutes deux était classées précédemment dans la catégorie « grossiste exportateur ». On trouve également un moulineur (S. Khoday Silk Twisting Factory) et quatre exportateurs grossistes (dont Kabadi Shankar Shah et Universal Textile).

La deuxième classe (X2) regroupe, elle aussi, assez peu d’entreprises et elle se définit par une sur-représentation des entreprises qui utilisent «parfois» tous les moyens de communication, mis à part le téléphone qui est plutôt utilisé «souvent». Cette classe regroupe essentiellement

des petits exportateurs grossistes, (Mrityunjoy Ghosh & sons), des grossistes exportateurs qui se lancent dans l’exportation (comme Madhur Trading et Sri Niketan) mais aussi deux petits négociants (Gubbanna Silk Centre et Swatika Sarees (P) Ltd) et un détaillant (Janarthan Silk

House) qui n’ont aucun interlocuteur à l’étranger. Aucune des entreprises de cette classe n’a été

classée dans la typologie précédente sur les activités des entreprises dans la catégorie (B3) des « exportateurs ».

- LES ENTREPRISES QUI COMMUNIQUENT DE FAÇON SELECTIVE

La troisième classe (Y1) pose problème. L’arbre hiérarchique de la classification l’associe avec la classe Z1, mais elle est particulière dans le sens où elle semble surtout déterminée par le deuxième axe factoriel. Elle est déterminée par la sous-représentation de l’utilisation la plus fréquente des moyens les plus anciens et la sous-représentation de la modalité « jamais » des moyens les plus modernes. Elle est également marquée par la forte sur-représentation de la modalité « jamais » en ce qui concerne la rencontre. Bien que le profil semble inverse de celui des classes précédentes, le mode de communication est relativement semblable avec une utilisation assez importante des moyens de communication les plus modernes. Dans ce cas il semble en outre que les moyens de communication les plus anciens sont plus ou moins délaissés. Cette classe se compose d’un petit nombre d’entreprises mais elles sont très marquées par rapport à la typologie des entreprises. Elles constituent en effet la majorité de la classe des « exportateurs », mais deux détaillants s’y ajoutent : Nalli Silk Arcade (qui a de nombreux fournisseurs en Inde du Nord et dont la maison mère à Chennai est exportatrice) et Srimati

Silk and Sarees (dont les réponses au questionnaire sont peut-être à prendre avec précaution), et

d’autre part elle semble constituer une exception par rapport à la théorie du « bouquet de télécommunication ». En effet, les entreprises concernées communiquent beaucoup mais semblent assez sélectives dans le choix du moyen utilisé.

- LES ENTREPRISES QUI COMMUNIQUENT PEU

Les quatrièmes et cinquièmes classes sont celles qui regroupent le plus d’entreprises, et celles qui sont les plus prochesdu profil moyen.

La quatrième classe (Z1) regroupe les entreprises qui ont tendance à ne pas utiliser souvent la poste et le téléphone : l’utilisation «souvent» des ces moyens de communication est sous- représentée. Elles n’utilisent pas non plus les moyens de communication modernes tels que le fax, l’e-mail et le téléphone mobile. Leur mode privilégié de communication semble être le téléphone bien que la modalité sur-représentée de ce dernier soit seulement « parfois ». Dans cette classe ne sont représentées pratiquement que des entreprises qui ont un réseau local d’interlocuteurs, excepté JWF Exports, classée dans la catégorie « exportateur grossiste » qui toutefois est une entreprise de taille moyenne avec un réseau marchand peu développé.

La cinquième classe (Z2) est caractérisée par une faible sur-représentation des entreprises qui utilisent «jamais» les trois moyens les plus modernes et «souvent» les plus anciens. Ce sont donc les entreprises qui ont gardé un mode de communication plus traditionnel. C’est la classe qui comprend le plus grand nombre d’entreprises. Elle est très composite et les entreprises qui en font partie se répartissent dans toutes les catégories que nous avions établies précédemment sans exception. Cette classe, bien que très proche du profil moyen, doit rassembler des entreprises en fonction de leur attitude vis-à-vis de moyens de télécommunications et d’une manière de les intégrer dans leurs transactions, plutôt qu’en fonction de leur équipement.

CONCLUSION

L’enquête à Bangalore nous a permis de recueillir des informations sur près de 10 % des entreprises de la filière de la soie inscrites dans les pages jaunes et sur leur manière d’utiliser les moyens de communication. Au cours de l’étude nous nous sommes rendus compte que la catégorisation des entreprises proposées par les pages jaunes n’était pas assez fine pour rendre compte avec précision de toutes les nuances qui existent par exemple entre les entreprises qui se déclarent « grossistes ». Nous avons donc établi une typologie des entreprises qui rend mieux compte de ces nuances. Nous avons également distingué les entreprises en fonction de leur utilisation des moyens de communication. Au cours du chapitre suivant nous allons utiliser ces deux typologies pour tenter de déterminer le contexte d’utilisation des moyens de communication. Nous verrons également comment cette utilisation a changé entre 1991 (date à laquelle sont mises en œuvre les réformes dans le secteur des télécommunications) et 2002.

C

HAPITRE

5

CONTEXTES DE L

UTILISATION DES MOYENS DE