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I NTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE

4.1. L’ ENQUETE ET LA MISE EN FORME DES DONNEES

4.1.1 Le premier terrain et l’élaboration du questionnaire

Nous avons effectué un premier séjour de recherche en Inde en mars-avril 2001. Celui-ci avait pour objectif le repérage de Bangalore et de la localisation des activités de la soie dans le tissu urbain, le test d’un premier questionnaire, également une prise de contact concrète avec le terrain dont la particularité était de se situer dans une civilisation totalement différente. Nous voulions, de plus, mettre à profit les fonds bibliographiques d’instituts en Inde dans lesquels nous pouvions trouver des ouvrages sur des questions spécifiques, comme la bibliothèque de l’Institut Français à Pondicherry ou celle de l’Institute for Social and Economic Changes à Bangalore. Au cours de ce premier séjour nous avons pu rencontrer les représentants de sept entreprises exportatrices de produit en soie que nous avions contactés par Internet ou auprès desquels nous avions été introduits une fois sur place. Les entretiens que nous avions menés alors n’étaient pas assez nombreux pour pouvoir en tirer des estimations fiables, mais là n’était pas l’objectif. Ils nous ont permis de dégager des premières tendances et d’élaborer des hypothèses pour la suite de notre travail.

- Les contacts face- à-face56 entre les représentants des firmes avec les différents acteurs de

la filière (leurs clients, fournisseurs et sous-traitant) sont fondamentaux. Toutefois, ce résultat était attendu étant donné que la plupart des acteurs de la filière étaient concentrés à Bangalore. Pour ceux qui avaient des fournisseurs ou des clients dans le reste de l’Inde d’autres moyens de communication jouaient un rôle important, notamment le téléphone et le fax. Enfin, le seul des représentants interrogés qui avait des fournisseurs à l’étranger était également le seul à déclarer utiliser l’e-mail dans ses relations commerciales.

- En ce qui concerne l’utilisation des moyens de communication dans les relations avec la clientèle localisée à l’étranger, le choix du type de moyen de communication utilisé semblait surtout lié à la date à laquelle l’entreprise s’était lancée dans l’exportation. Les plus anciennes entreprises exportatrices privilégiaient alors les contacts présentiels et les rencontres dans les foires internationales de textile. Celles qui se lançaient depuis peu de temps dans l’exportation ou qui envisageaient de le faire semblaient miser beaucoup plus sur Internet.

L’intérêt de ces premiers entretiens a été, fondamentalement, de déterminer le type de questions qu’il serait possible de poser ou non ultérieurement à un échantillon d’entreprises plus vaste. Lors de ce terrain, il apparut que les informations précises sur les fournisseurs, les sous-traitants et les clients étaient impossibles à obtenir de façon fiable et systématique, de même que toutes les informations d’ordre financier. De plus, nous nous sommes rendu compte qu’il fallait affiner la partie du questionnaire consacrée aux moyens de communication utilisés et à l’usage qui en était fait. Enfin, c’est lors du premier séjour à Bangalore que nous avons été confrontés à la question de savoir s’il fallait interroger nos interlocuteurs sur leur caste d’appartenance. La question de la caste demeure primordiale dans toute étude qui a l’Inde pour cadre et ce même pour les activités les plus modernes : « il n’est pas sûr qu’on puisse étudier l’informatique en Inde sans prendre en compte les structures de castes » (Landy F. 2002, p. 5.) Et pourtant, c’est dès l’élaboration du questionnaire que nous avons dû renoncer à interroger les représentants des firmes sur leur religion ou leur caste. Lors du premier séjour à Bangalore en effet, nous avions cru déceler une certaine gêne lorsque nous abordions la question de la caste et les réponses ne nous semblaient pas toujours satisfaisantes, du moins elles ne correspondaient pas aux réponses auxquelles nous nous attendions. La question de la caste est en effet à la fois complexe et délicate. Si elle régit une grande partie des comportements sociaux (en particulier le mariage), elle est proscrite par la constitution indienne57 (Durand-Dastès F.

1995), ce qui a pour principale conséquence d’interdire la collecte de renseignements lors des recensements et études officielles. De plus, les castes fixées par les colonisateurs, et telles qu’elles sont connues des Occidentaux, restent assez différentes de la manière dont elles sont vécues par les Indiens, comme le montre A. Bopda (2003, p. 26-40) pour le Cameroun : « les segmentations sociales et politiques que lègue la colonisation sont donc aussi arbitraires qu’incontournables (…) ». Ainsi craignant qu’une telle question ne nuise à l’ensemble du questionnaire, nous n’avons pas intégré le critère des castes directement dans notre enquête, bien qu’une série de questions permette de rétablir, au moins en partie, le contexte familial et social dans lequel se développait la firme. Nous avons, en effet, conservé les questions sur les appartenances de la firme à un réseau familial, (Cf. annexe A), les activités traditionnelles de la famille et l’existence éventuelle d’autres activités que celles liées à la fabrication ou au commerce de la soie. De plus compte tenu de l’importance du patriarche dans les « business

family » (Dutta S., 1997), nous avons toujours demandé le nom du fondateur de la firme, nom

qui peut nous renseigner sur l’appartenance communautaire de la personne concernée. En résumé, nous avons renoncé à une collecte systématique de la « variable » caste et à son traitement quantitatif systématique.

Ce premier séjour en Inde, et à Bangalore en particulier, a donc été précieux pour l’élaboration du questionnaire étendu que nous avons mis en oeuvre lors du second terrain. Comme tout questionnaire, celui-ci devait répondre à de nombreux impératifs qui pouvaient parfois être contradictoires. Il devait en effet être :

- Assez simple pour être facilement compréhensible, et cela d’autant plus qu’il y avait de fortes chances que la langue dans laquelle se déroulerait l’entretien (l’anglais) ne soit pas la langue maternelle de la plupart de nos interlocuteurs.

- Suffisamment court pour ne pas être dissuasif dans l’obtention d’un rendez-vous (les personnes contactées demandaient souvent combien de temps elles seraient mobilisées) et, une fois les entretiens commencés, de ne pas lasser les personnes interrogées.

- Aussi riche et complet que possible pour obtenir un maximum de renseignements.

Au début de notre second séjour, lors des premiers entretiens, nous nous sommes rendu compte que certaines parties du questionnaire étaient encore mal formulées. Passés les dix premiers entretiens nous avons donc apporté quelques aménagements à nos questionnaires. Tout d’abord nous avons réduit, en les agrégeant, le nombre de zones géographiques pour lesquelles nous souhaitions savoir si des interlocuteurs de la firme s’y trouvaient. Nous nous étions, en effet, aperçus que toutes ces zones n’avaient pas un sens concret aux yeux de nos interlocuteurs. Ensuite, nous avons tenté de remanier des questions sur les intermédiaires qui étaient mal comprises. Nous avons enfin déplacé l’ordre de certaines rubriques, notamment en plaçant à la fin, les questions sur l’utilisation éventuelle d’un site Internet qui ne concernait pas toutes les personnes interrogées (Cf. annexe B).