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I NTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE

4.3. T YPOLOGIE DE L ' UTILISATION DES MOYENS DE COMMUNICATION DANS LES ENTREPRISES ENQUETEES

4.3.1 Interactions dans l’utilisation des moyens de communication

Les variables décrivent la fréquence d’utilisation d’un moyen de communication donné en fonction du « type de relation »82, par exemple pour un client localisé à Bangalore ou un

fournisseur en Inde du Nord. Rappelons que ce sont ces « types de relation » de chaque entreprise qui constituent les individus (lignes) de notre tableau et non pas les entreprises. Il peut y avoir plusieurs types de relations pour une seule entreprise, par exemple une relation entre une entreprise et ses fournisseurs à Bangalore et une entreprise et ses fournisseurs en Inde du Nord. Il y a donc autant de « types de relations » que les entreprises ont de types d’interlocuteurs différents dans des espaces différents.

Pour chaque variable (les moyens de communication) les modalités renseignent sur la fréquence de leur utilisation («jamais», «parfois», «souvent»). Nous avons donc testé s’il y avait une relation dans l’utilisation des moyens de communication (pris deux à deux), c’est-à-dire si nous pouvions établir ou non des correspondances entre leurs profils d’utilisation respectifs. Nous allons à présent détailler pour chaque moyen de communication, comment son utilisation varie en fonction de celle des autres moyens de communication. Nous n’aborderons

pas l’explication de sa relation si elle a été détaillée précédemment. Toutes les relations sont en revanche résumées dans le tableau suivant :

Tableau 4.9 : relations dans l’utilisation des moyens de communication

Rencontre Poste Téléphone Mobile Fax E-mail

Rencontre X ?? Poste X Téléphone X ns ns Mobile X ?? Fax ?? ns X E-mail ns ?? X

?? : bien que la relation soit significative le sens de la relation est difficile à définir. ns : la relation n’est pas significative.

L’utilisation de l’e-mail entretient une relation négative avec celle de la rencontre. Ainsi, parmi les relations pour lesquelles l’e-mail est «souvent» utilisé, pour 56,9 % d’entre elles, la rencontre est utilisée «parfois» et pour seulement 36,1 % d’entre elles «souvent». A l’inverse, si l’on considère les relations pour lesquelles il y a une absence de e-mail, dans 56,7 % des cas la rencontre sera utilisée «souvent». Sa relation avec la poste semble plutôt positive, c’est-à-dire que plus une entreprise utiliserait la poste dans un type de relation donné, plus elle utiliserait l’e-mail pour le même type de relation. Il y a toutefois ici une certaine irrégularité à faire remarquer puisque la poste semble remplacer l’e-mail en cas d’absence de ce dernier. En effet, dans les relations pour lesquelles la poste est utilisée « souvent », le profil d’utilisation de l’e- mail est le suivant. Tout d’abord il est « absent » dans 34,4 % des cas. Par la suite, lorsque que l’e-mail est présent dans l’entreprise, la corrélation est positive, puisque pour « jamais », « parfois » et « souvent » on obtient respectivement les taux suivants : 13,3 %, 17,9 % et 34,4 %. Cela signifie que lorsque que la poste est utilisée « souvent » pour un type de relation et que l’entreprise est équipée en e-mail, ce dernier est également utilisé souvent. La relation entre

l’utilisation de l’e-mail et du fax est positive. Enfin la relation avec le téléphone mobile est plus difficile à expliquer. Il semble toutefois qu’il y ait une relation significative en ce qui concerne leur absence83 respective. C’est-à-dire que dans le cas des relations pour lesquelles l’e-mail est

absent, le téléphone mobile serait aussi absent. Au-delà, il est difficile de dégager une structure sur l’utilisation et la significativité cette relation est due essentiellement à l’équipement et non pas aux modalités de l’utilisation.

En ce qui concerne le fax, la relation avec la poste semble de même nature que celle entre la poste et l’e-mail. C’est-à-dire une corrélation positive, avec toutefois un effet de remplacement : quand le fax est absent, la poste est plus utilisée. La relation entre l’utilisation de la rencontre et du fax est plus difficile à déterminer. L’utilisation du fax ne se substitue pas à celle de la rencontre, puisque celle-ci est toujours utilisée, mais les entrepreneurs y ont plus recours quand il est absent que quand il est utilisé « souvent ». Pour le mobile, il semble que la relation entre son utilisation et celle du fax soit positive, c’est-à-dire que, pour un « type de relation » donné, plus le fax est utilisé fréquemment plus il en va de même pour le téléphone mobile.

La corrélation entre l’utilisation du téléphone mobile et du téléphone est également positive. Pour 91,4 % des relations dans lesquelles le téléphone mobile est utilisé, le téléphone fixe est lui aussi utilisé. A contrario lorsque le mobile n’est «jamais» utilisé, le téléphone ne l’est pas non plus. Il y a, comme pour la poste, une sorte d’effet de compensation lorsque que l’entreprise n’est pas équipée en téléphone mobile. La relation entre l’utilisation du téléphone mobile et de la poste est difficile à déterminer. Il semblerait toutefois que la corrélation soit positive. En effet, parmi les relations où le téléphone mobile est «souvent» utilisé, 23,8 % n’utilisent «jamais» la poste, 31,1 % «parfois» et 41,9 % «souvent». Toutefois, lorsqu’on considère les relations pour lesquelles la rencontre est utilisée «souvent», on note un fléchissement de la tendance : parmi les relations pour lesquelles la poste est utilisée «souvent», le téléphone mobile est « jamais » utilisé dans 6,2 % des cas, « parfois » dans 39,8 % des cas et « souvent » dans 30,4 % des cas. Il faut encore une fois remarquer que dans 23,4 % des cas où la rencontre est utilisée «souvent» le téléphone mobile est absent de l’entreprise. Le même type de relation peut être remarqué entre la rencontre et le téléphone mobile. Pour finir, les relations entre poste, téléphone et rencontre sont toutes positives.

Cette analyse tend à montrer que les relations entre les utilisations des différents moyens de communication sont positives dans leur ensemble, c’est-à-dire que plus la fréquence d’utilisation d’un moyen de communication est importante, plus la fréquence d’utilisation des

autres l’est aussi. Toutefois pour certaines relations la nature de la relation est difficile à interpréter quand bien même elle est significative. Enfin pour le cas particulier de la rencontre la relation est négative avec l’e-mail. Il est possible que certains moyens de communication servent à compenser la moindre fréquence d’utilisation de la rencontre, notamment lorsque celle-ci n’est pas possible, si les interlocuteurs sont trop éloignés (dans le cas d’une clientèle localisée à l’étranger par exemple).

Ces tests permettent donc de monter, la rencontre mise à part, l’existence d’un «bouquet télécoms » qui pourrait indiquer une hiérarchie des moyens de communication, liée à la taille ou à l’histoire des entreprises ou aux caractéristiques des interlocuteurs. Cette configuration n'est pas sans rappeler la figure des « grands utilisateurs » de France Telecom évoquée par E. Brousseau (1992, p14) qui ont des taux d'équipement supérieurs à la moyenne, les utilisent l'ensemble des services offerts par l'opérateur de manière plus intensive.