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I NTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE

4.1. L’ ENQUETE ET LA MISE EN FORME DES DONNEES

4.1.2 La prise de contact et les entretiens

4.1.2.1 La prise de contact

En ce qui concerne le contact avec les représentants des entreprises que nous voulions rencontrer, la prise de rendez-vous a toujours eu lieu par téléphone, opération dans laquelle nous étions assistés d’une secrétaire indienne parlant anglais, kannada et hindi. Toutefois la manière d’obtenir les coordonnées des entreprises à contacter a été variable.

de contacter par e-mail certaines entreprises. Nous avions relevé leurs adresses e-mail et toutes leurs coordonnées dans plusieurs sites Internet de « Pages Jaunes ». Les représentants des entreprises devaient être contactés sur place après un premier contact positif par internet. Cette méthode de prise de contact s’est toutefois révélée peu fructueuse. Seul un très faible pourcentage de personnes contactées répondait aux e-mails et, souvent, les adresses avaient changé ou elles étaient fausses. Ainsi, au moment de notre départ nous n’avions pu établir un contact valide par e-mail qu’avec 7 représentants. Et ce bien que nos e-mails aient affiché clairement que nous n’avions aucun objectif commercial, ce qui pourrait expliquer l’absence de réponse. Il nous semble important de souligner ce faible taux de succès des contacts par e-mail. Peut-être est-il déjà révélateur de la manière dont les entreprises l’utilisent et surtout de la facilité qu’il y a de ne pas y répondre.

Pages jaunes : une fois à Bangalore, nous avons relevé les coordonnées des entreprises classées sous les différentes catégories de la rubrique « Silk » dans les pages jaunes de Bangalore : Getit

Yellow Pages. Les cartes 4.1 à 4.3 représentent la répartition spatiale des différentes catégories

d’acteurs de la filière de la soie. La plupart des entreprises sont concentrées dans le centre ancien de Bangalore (Chickpet). Les grossistes y dominent, avec les détaillants alors que les exportateurs se répartissent plutôt dans au sud. Nous n’avons pas rencontré les représentants des entreprises figurant sur les cartes. Leur appartenance à l’une des trois catégories est donc auto déclarative et influencée par la manière dont sont structurées les rubriques des pages jaunes. Une limite importante de ces pages jaunes doit être signalée. Il n’y figure bien entendu que les entreprises qui sont répertoriées et déclarées auprès du gouvernement. Le recensement de la localisation des moulineurs est donc forcément très limité puisque nombre de ces entreprises font partie du secteur informel. C’est pourquoi nous avons choisi de ne pas les présenter ici (carte 4.2). Ce biais paraît moins vraisemblable pour les exportateurs puisqu’ils sont tenus de se déclarer à l'Indian Silk Export Promotion Council (I.S.E.P.C.)58.

Réseau social et recommandation : un grand nombre de coordonnées nous ont été fournies par les représentants des entreprises avec lesquels nous avions eu un entretien. En plus des coordonnées, nous disposions alors du nom de la personne à contacter dans l’entreprise et surtout de la possibilité de nous recommander de la personne qui nous avait fourni les renseignements. Cette manière d’obtenir un entretien est certainement la plus efficace, même si elle biaise quelque peu le caractère aléatoire de l’échantillon constitué par tirage au sort.

jaunes) nous ne pouvions envisager de faire une enquête exhaustive. Il nous fallait donc construire un échantillon d’entreprise à contacter. Toutefois, étudier un échantillon nécessite un certain nombre de précautions pour que les informations qu’il contient puissent être généralisées. La construction d’un échantillon aléatoire « présuppose une condition rarement réalisée (…) disposer d’une liste exhaustive de la base de sondage, de la population de référence pour opérer un tirage au sort » (Singly, de, F. 1992, p. 41). Or comme nous l’avons montré précédemment, la liste que nous avons obtenue à partir des pages jaunes ne nous semble pas exhaustive.

Une des méthodes d’échantillonnage existante est celle dite de « l’échantillonnage par choix raisonné », (Dodge Y. 1999), qui consiste à construire l’échantillon sur la base d’informations connues relatives à la population étudiée. Cette méthode revient à établir des « quotas selon la structure de la population de référence au moins selon quelques dimensions considérées comme importantes » (Singly, de, F. 1992, p. 42). C’est cette méthode que nous avons adoptée. Comme nous souhaitions donner un aperçu de l’utilisation des technologies de d’information et de communication chez l’ensemble des acteurs de la filière de la soie, nous avons décidé d’établir des quotas59 par type activité. Nous avons repris la catégorisation des pages jaunes de

Bangalore, qui nous semblaient décrire correctement les activités présentes dans la filière de la soie60. Soit, les moulineurs (silk twisting), les tisserands, (silk processing and weaving), les

fabricants-grossistes (silk wholesaler-manufacturers), les détaillants (silk retailers) et les exportateurs (silk exporters). Pour tenter de corriger le biais souligné précédemment quant au effectifs des moulineurs, nous en avons interrogé davantage que ce que la proportion de moulineurs inscrits dans les pages jaunes nous suggérait. Par la suite, les entreprises ont été contactées au hasard61 jusqu’à qu’à ce que les quotas fixés soient atteints.

Lors de l’enquête nous avons effectué des réajustements d’appartenance à des catégories. En premier lieu, nous avons rassemblé en une seule et même catégorie silk processing and weaving

et silk twisting, puisque les entretiens ont révélé que les entreprises qui étaient inscrites sous la

première rubrique étaient en réalité des moulineurs. Ainsi, l’entreprise Prabhu Silk Mills (Q24) était inscrite dans la catégorie silk processing and weaving. Lors de notre visite nous avons constaté que la majorité des employés de l’entreprise travaillaient au moulinage. De même l’entreprise Malhotra Weaving & Twisting Factory (Q18) était inscrite sous la rubrique silk

twisting alors qu’elle comptait quand même six employés au tissage. De plus, certaines

entreprises classées dans les pages jaunes sous la rubrique « exportateurs » ont été reclassées en « fabricants-grossistes » lorsque leur nombre de clients à l’étranger était largement inférieur à leur nombre de clients en Inde. C’est notamment le cas de l’entreprise Bafna Silk Creation (Q25) qui ne comptait que 5 clients à l’étranger et 60 en Inde.

En tenant compte de la durée de notre séjour, et de l’effectif des entreprises inscrites dans les pages jaunes, nous avons fixé comme objectif de remplir au moins 60 questionnaires, ce qui représentait 8 % des entreprises inscrites dans les pages jaunes. Les quotas établis sont présentés dans le tableau suivant :

Tableau 4.1 : localisation des fabricants-grossistes inscrits dans les pages jaunes Effectif pages jaunes % de l’effectif des pages jaunes Quota Minimum Quota Maximum Fabricants-Grossistes 385 53,8 % 30 50 Moulineurs 40 5,7 % 6 10 Détaillants 183 25,5 % 15 25 Exportateurs 108 15 % 9 18 Total 716 100 % 60 106

Au cours de l’enquête effectuée à Bangalore entre septembre et novembre 2002, nous avons rencontré 76 représentants d’entreprises, en grande majorité les chefs d’entreprises eux-mêmes. Nous avons donc réalisé 76 questionnaires, (soit 10.6 % des entreprises inscrites dans les pages jaunes). Dans la plupart des cas nous avons réalisé un peu plus que le nombre minimum d’enquêtes que nous avions fixé. Mais le fait que nous ayons eu recours aux recommandations de nos interlocuteurs nous a conduits à dépasser largement certains quotas notamment dans la catégorie des exportateurs (Cf. tableau 4.2). Pour généraliser nos résultats il faudra donc pratiquer des pondérations qui ramèneront la contribution de chaque individu à son poids relatif dans la population.

Tableau 4.2 : enquêtes effectuées selon les catégories des pages jaunes Effectif

Réalisé

% de l’effectif réalisé

% de l’effectif des pages jaunes

Fabricants-Grossistes 30 39,5 % 53,8 %

Moulineurs 9 11,8 % 5,7 %

Détaillants 19 25,1 % 25,5 %

Exportateurs 18 23,6 % 15 %

Total 76 100 % 100 %

Les entreprises dans lesquelles nous avons effectué un entretien étaient très variées, tant par leur situation dans la filière de la soie, que par leur effectif d’employés, leur ancienneté… (Cf.

annexe C). L’une des entreprises de négoce comptait un seul et unique employé, tandis qu’une grosse entreprise publique intégrant de toutes les activités productives et commerciales en comptait plus de 200062. Plus de la moitié d’entre elles avaient de 8 à 57 employés63.

4.1.2.2 Quels facteurs influent le fait d’accorder ou non un rendez-vous ?

Au total, nous avons tenté de contacter 155 entreprises. Pour 25 d’entre elles nous n’avons pas réussi à établir de contact, soit que personne ne répondait au téléphone, soit que le numéro était erroné ou que le chef d’entreprise et/ou son représentant était absent. Un contact téléphonique effectif a donc eu lieu avec les représentants de 130 entreprises dont la moitié environ nous ont accordé un rendez-vous, pour aboutir à 72 questionnaires exploitables. Au cours de nos prises de contact, nous avons eu, par moment, l’impression que certains facteurs influençaient le fait que les chefs d’entreprises nous accordent ou non un rendez-vous. Notamment, il nous semblait très difficile d’obtenir un rendez-vous dans Choudeswari Temple Street, dans laquelle concentrées de nombreuses entreprises de fabricants-grossistes. De même il nous semblait plus aisé d’obtenir un rendez-vous d’un exportateur que d’un détaillant. On peut donc formuler l’hypothèse qu’il serait plus facile d’obtenir un rendez-vous dans certains quartiers de la ville ou parmi les représentants de certaines activités.

Il est nécessaire de mesurer l’importance éventuelle de ces biais. Nous avons retenu trois facteurs qui semblent pouvoir exercer une influence sur l’attribution ou non d’un rendez- vous :

- Le mode de contact, tel que nous l’avons détaillé plus haut. - La position de l’entreprise contactée dans la filière de la soie.

- La localisation géographique de l’entreprise dans Bangalore (Cf. carte 4.4).

Bien entendu, il est fort probable que d’autres facteurs ont pu conditionner le résultat, tels que la date de création de l’entreprise ou sa taille. Malheureusement, si nous disposons de ces données pour les entreprises dont nous avons rencontré les représentants, ce n’est, par définition, pas le cas pour les autres.

Il y a plusieurs manières de définir le refus64. Pour notre part nous avons étudié les cas pour

lesquels le refus faisait suite à un contact téléphonique effectif. Le résultat de la prise de contact est donc traduit de la manière suivante :

- Accord : lorsque que le contact a eu lieu, que le rendez-vous a été pris, que le représentant de l’entreprise a été rencontré et le questionnaire rempli.

- Refus : lorsque le questionnaire n’a pas été rempli, soit parce que le représentant de l’entreprise a refusé de nous rencontrer, soit parce qu’il remettait sans cesse ce moment

à plus tard, soit, enfin, parce qu’il était absent lorsque nous nous sommes présentés au rendez-vous qu’il nous avait accordé.

Pour chaque situation et chaque type de facteur, l’existence ou non d’une relation de dépendance entre les variables a été testée statistiquement. La répartition des réponses à la sollicitation d’un rendez-vous est présentée dans le tableau suivant :

Tableau 4.3 : qui accorde un rendez-vous ?

REFUS ACCORD

Mode de prise de contact

Internet 20 % 80 %

Pages Jaunes 52 % 48 %

Recommandation 32 % 68 %

Activité des entreprises

Moulineurs 47 % 53 %

Grossistes 45 % 55 %

Détaillants 48 % 52 %

Exportateurs 47 % 53 %

Localisation dans la ville

Centre 1 51 % 49 % Centre 2 20 % 80 % Centre Sud 20 % 80 % Centre Nord 71 % 29 % Ouest 57 % 43 % Sud 47 % 53 %

La relation entre le moyen utilisé pour obtenir les coordonnées des entreprises en vue de solliciter un rendez vous et le résultat de la prise de contact n’est pas très significative65. Le

moyen le plus efficace pour la prise de contact est l’e-mail (mais il faut rappeler qu’il ne concerne que 7 cas sur les 72) suivi par la recommandation. L’utilisation des pages jaunes semble plus aléatoire puisque à peine 48 % des personnes contactées acceptent d’accorder un rendez-vous. L’activité des entreprises n’a pas joué dans le fait d’obtenir ou non un entretien. Il y a une indépendance totale66 entre les variables. Le taux de succès est remarquablement

constant ce qui est rassurant quant aux biais qu’aurait pu introduire cet effet dans la suite des analyses. Pour tester la possibilité d’un éventuel biais géographique, la ville a été découpée en 6 zones que nous avons élaborées de manière à ce qu’elles soient le plus homogène possible en

fonction de nos connaissances de la ville (Cf. carte 4.4). Nous pouvons remarquer des variations sensibles du taux de refus selon les zones géographiques : le « Centre Nord » où le taux de refus est beaucoup plus élevé : sur 7 entreprises seules 2 nous ont accordé un entretien ; le « Centre 2 » et le « Centre Sud » où le taux de refus est beaucoup plus faible. Le reste de la ville présente un taux conforme à la moyenne. Il ne faut toutefois pas surestimer ces variations qui sont en partie l’effet de la faiblesse de l’échantillon. Un test statistique montre que les variations observées précédemment ne sont que peu significatives67.

Le fait que tous les entretiens sollicités ne nous aient pas été accordés ne semble donc pas introduire de biais notable dans notre enquête, au moins pour ce qui concerne les critères que nous avons pu tester.