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1.2 T.I.C S ET DEVELOPPEMENT : L ES THESES EN PRESENCE

1.2.2 Dans les pays en développement : l’exemple de l’Inde

« Inde : la croissance sans complexe » titre Les Échos, lors d'un dossier d'une double page le 26 novembre 2003. « L’information économique de l’année ? Le décollage de l’Inde » réplique E. le Boucher dans son article du Monde du 21 décembre 2003. « Le succès de l’Inde lui monte aux

cerveaux » renchérit P. Praksah dans Libération le 06 janvier 2004. Alors qu’auparavant seule la

Chine arrivait à fasciner, à la fin de l’année 2003 la presse quotidienne française s’enthousiasme brutalement pour le formidable développement de l’économie indienne. On parle de « fourmillement », de « frénésie », d’« explosion », de « révolution »… On évoque, pour l'année 2004, un taux de croissance qui fait rêver : 7 % minimum !!! Quels sont les secteurs touchés ? L’Inde fait-elle enfin sa révolution industrielle ? Non. C’est de la révolution high-tech qu’il s’agit. L'Inde est l'un des plus gros exportateurs de logiciels du monde après Singapour, les entreprises américaines y délocalisent maintenant des milliers d'emplois qualifiés dans ce secteur (E. Leser, G. Macke M. Roche, le Monde, 09 décembre 2003) et « il y aurait maintenant plus d'ingénieurs à Bangalore, capitale high-tech indienne, que dans la Silicon Valley en Californie » (P. Prakash, Libération, 06 janvier 2003). « Nous récoltons les fruits de la politique de soutien aux hautes technologies lancée dans les années 1970 et de la libéralisation entamée en 1991 (…) » avance Sanjaya Baru » cité dans Les Échos du 26 novembre 2003.

condescendante comme l'illustrent les manuels scolaires avec, par exemple, l'image d'un satellite indien amené sur son pas de tir à Shriharikota (Andhra Pradesh), le Kourou indien, mais dont le transport s'effectue en char à bœuf » souligne Eric Leclerc (2000). Cette image s'est affirmée au cours de la dernière décennie et suscite désormais moins de condescendance qu'elle ne force l'admiration. Parti de presque rien dans les années 1980, le secteur des technologies de l'information et de la communication est désormais florissant. De nombreuses firmes multinationales choisissent désormais d’implanter en Inde, et en particulier à Bangalore, des centres de recherche ou de développement ou de faire appel à des sous-traitants locaux. « Ces délocalisations des activités tertiaires ont fait naître la crainte d’une destruction massive des emplois dans les pays industrialisés et, ce faisait, généré des demandes protectionnistes. (…) Exemple de mesure de rétorsion : en octobre 2003, les autorités fédérales américaines ont réduit fortement le quota de visa H-1B (passé de 195 000 à 65 000). » (Schoen A. 2004). Les Indiens représentaient le plus gros contingent de titulaire de ce visa.

Aujourd’hui, de nombreux pays en voie de développement, considèrent qu’ayant raté leur industrialisation lors des cycles précédents d’innovation, le pari de la prochaine « révolution » n’en est que d’autant plus important, l’enjeu étant alors d’effectuer un « saut technologique ». Les économies locales évoluent en effet au sein d’un cycle économique et technologique particulier qui les conditionnent. « Le fait qu’un Etat ait démarré sont décollage économique dans le cadre du premier, deuxième, troisième ou quatrième cycle identifié par Kondratieff28 ne

peut pas être indifférent aux modalités particulières que [la] transition va prendre » Grasland C., Grataloup C., (2000). Des pays comme la Chine, le Brésil, le Chili fournissent de bons exemples de ce nouveau credo. En ce qui concerne l’Inde la situation est plus complexe. Elle « n’a pas à rougir des ses performances en matière industrielles » (L. Kennedy, in M-C. Saglio- Yatzimirsky, 2002), puisque sa gamme de production est très complète et qu’elle possède une solide base industrielle, Toutefois, « l’industrie n’a jamais atteint les objectifs escomptés, ni en termes de production ni en termes d’emploi ». Le gouvernent indien, qui avait longtemps défavorisé ce secteur d’activité, considère désormais les technologies d’information et de communication comme un outil essentiel à la croissance économique du pays.

Nous avons ébauché précédemment l’illustration de la manière dont la thèse du lien entre les technologies de communication et le développement était adoptée par les Etats. Nous allons à présent examiner plus précisément comment cette idée s’est diffusée en Inde et comment elle a conduit à modifier la politique du gouvernement.

1.2.2.1 La question du développement en Inde après l’indépendance

L’un des grands principes qui gouverna la politique du développement économique de l’Inde fut posé avant même l’Indépendance et contribua à en alimenter le mouvement de revendication : le mouvement « swadeshi ». Il s’agit de compter sur la production de son propre pays. « Lors du combat pour l’Indépendance, le mouvement de swadeshi appelait à l’émancipation économique vis à vis de la puissance coloniale. Par la suite, il traduisit l’expression d’un nationalisme pointilleux dont l’une des déclinaisons fut le « be indian, buy

indian » ou encore le « India shall be built by indians » du Bharatya Janata Party. » (Boquerat

G., dans Landy F. et Chaudhuri B., 2002). Après l’indépendance, « la politique consiste à promouvoir une économie mixte dans laquelle les investissements dans la production de biens d’équipements (…) sont pris en charge par l’Etat tandis que les investissements dans la production de bien de consommation sont laissés aux entrepreneurs privés. Le but consiste à donner à l’Inde les conditions de son autonomie par une politique de substitution des importations un contrôle strict des investissements étrangers » (Cadène P. in Saglio- Yatzimirski M.C., 2002).

La priorité fut donc donnée au développement du marché intérieur et à la minimisation des importations et les quarante premières années d'indépendance de l'Inde ont donc conduit à l'extension du secteur public et à son hégémonie sur l'économie. En matière de télécommunications, l'Inde indépendante décida que les réseaux de télégraphe et de téléphone constitueraient un monopole strict de l'Etat. Cette position se manifesta aussi, plus tard, dans le domaine de l'informatique et le gouvernement indien a influencé le secteur du matériel informatique depuis les années 1960. Cela visait à protéger l'industrie locale de la compétition étrangère en appliquant des tarifs douaniers très élevés et d'exercer un contrôle quantitatif strict sur les importations. Cette politique fut complétée par un système de licences industrielles qui régulaient sévèrement l'entrée ou la sortie des firmes étrangères sur le marché indien. Ces mesures protectionnistes auraient affecté la rapidité des progrès techniques, tant dans le secteur informatique que dans celui des télécommunications, mais aussi dans le reste de l'industrie indienne.

En plus des mesures protectionnistes sur l’informatique, le gouvernement n'était pas particulièrement favorable au développement du réseau téléphonique. Il n'accordait donc aucune priorité à un secteur qu'il considérait comme un service de luxe tandis que le ministère

des postes et télégraphe concentrait ses efforts sur l'amélioration de la transmission de télégrammes et de télex. Pendant ce temps, les autres pays se lançaient dans la téléphonie digitale et le fax. En conséquence, vers la fin des années 70 et dans les années 1980, le service de téléphonie indien était l'un des pires du monde. Il y avait environ un téléphone pour 200 personnes et seuls 3 % des villages indiens étaient connectés au réseau téléphonique. B. Mody, (1997) a écrit que l'un des changements les plus notables dans le système de télécommunication indien après l'indépendance fut l'accroissement du nombre des employés en même temps que la baisse de leur efficacité. Il est vrai qu’à cette époque il était nécessaire pour le nouvel Etat de créer des emplois, en particulier pour ceux qui n'avaient pas eu l'opportunité d'être scolarisé. En conséquence, la moitié du personnel de Postes et Télécommunications de cette époque était illettrée.

1.2.2.2 Changements politiques dans les années 1980

En ce qui concerne les télécommunications, dès la fin des années 70, sous la pression des milieux d'affaires et des industriels indiens, le gouvernement se rendit compte que les services de télécommunication étaient un élément essentiel du commerce et du développement économique. Cette prise de conscience coïncida avec les pressions internationales et nationales de plus en plus fortes pour la libéralisation de l'économie indienne.

Le F.M.I. avait prêté 570 millions de dollars en 1981 (Landy F. 2002) lançant l’Inde dans une situation de dépendance accrue vis à vis des organisations monétaires internationales. La révolution des télécommunications commença donc au milieu des années 1980 sous le gouvernement du Premier ministre Rajiv Gandhi, (qui en 1984 mettait en place un nouvelle politique économique), avec les conseils de Satyen Pitroda un indien expatrié de retour des Etats-Unis. Mais c’est surtout la crise économique de 1991, aggravée par la guerre du Golfe, qui a poussé le ministre des finances Manmohan Singh, un des anciens patrons de la Banque Mondiale (P. Cadène, J-L. Morel, 2003), à recourir à des prêts du FMI et à adopter un programme d’ajustement structurel sous le nom de New Economic Policy. Marcus Franda (2002, p.108) estime, lui aussi, que les pressions du Fond Monétaire International (F.M.I.) ont continué à être un élément essentiel de la modernisation du secteur des télécommunications après cette date : « la politique des Telecom en 1994, est moins due à la volonté propre du gouvernement indien d’ouvrir le pays qu’à la pression du FMI et de la banque mondiale. En 1994, l’Inde traverse une crise fiscale importante et New Delhi éprouve des difficultés à rembourser les obligations de sa dette extérieure et parmi les conditions implicites pour

obtenir un prêt du FMI était de renforcer les infrastructures de télécommunication ». En même temps, le développement des technologies microélectroniques prenait de plus en plus d'ampleur et les investissements à faire étaient considérables. Ceci a poussé le gouvernement à ouvrir le marché au secteur privé.

La première étape fut la création en 1985 d'un Department of Telecommunication (DoT), séparé du système postal. La téléphonie fixe fut alors divisée en trois branches : téléphonie internationale, téléphonie nationale longue distance et téléphonie locale. Ces deux derniers secteurs étaient sous la gestion exclusive du DoT. Un an plus tard, à la suite de plaintes des utilisateurs sur la mauvaise gestion, intervint la mise en place de deux services publics indépendants censés entreprendre le développement et la gestion de deux secteurs cruciaux de l'économie indienne. Il s'agissait, en premier lieu, du Mahanagar Telephone Nigam Limited, mis en place à Delhi et à Mumbai le 1er avril 1986, pour gérer les communications dans ces deux capitales de l'Inde, l'une politique, l'autre économique. Ces deux villes, à elles seules, représentaient alors 25 % des téléphones indiens. Le Videsh Sanchar Nigam Limited fut créé pour gérer les communications internationales dont il a détenu le monopole jusqu’en 2002. C’est cet organisme qui fut chargé de mettre en place l’accès à Internet à une échelle commerciale en 1995-96. La diffusion des technologies d’information et de communication au niveau des districts mobilisa très tôt le gouvernement. Ainsi, « en 1985, le gouvernement décida d’accroître l’utilisation des Technologies de l’Information au niveau du district et en 1990, tout ordinateur du district était relié par une antenne parabolique locale et un réseau de communication par satellite à un ordinateur au niveau de l’Etat, qui était à son tour connecté au réseau national à New Delhi. » Prasad K. 2004, p.23.

En 1994, la National Telecom Policy avait pour objectif de fournir le service téléphonique à la demande (auparavant il y avait des listes d'attente), de promouvoir une expansion rapide du réseau de télécommunication, d’atteindre les standards internationaux de qualité pour les services et d’inciter les investissement directs privés et étrangers pour l'expansion des télécommunications. Le gouvernement indien a ouvert la téléphonie fixe locale aux acteurs privés. L’Inde fut pour cela divisée en 21 « cercles » (ou régions) de téléphonie fixe « correspondant grosso modo aux Etats fédérés et aux quatre métropoles » (Y. Laborie, 2003). Toutefois l’ouverture fut assez chaotique, en particulier à cause des règlements, des longues procédures compliquées nécessaires aux investisseurs potentiels pour obtenir une licence, dont les coûts extrêmement élevés ne permettaient que de très faibles retours sur les investissements. Les compagnies retenues étaient soumises à la réglementation rigoureuse du Department of

Telecom. Les participations étrangères étaient limitées à une part de 49 %. Toute compagnie possédée à 51 % par l’Inde est considérée comme une compagnie du gouvernement et est soumise de ce fait aux lois qui régentent le secteur public (Jahangir Raina, 1998). Seules six licences furent accordées à des opérateurs privés

En janvier 1997 intervient la création du Telecom Regulatory Authority of India (TRAI) avec pour objectif de réguler les télécommunications. Un mois plus tard, en février 1997, l’Inde prit des engagements auprès de la Banque Mondiale dans le cadre d’un accord sur les télécommunications, pour libéraliser plus largement le secteur des télécommunications à travers l’ouverture de nouvelles licences pour la téléphonie fixe et la téléphonie mobile. Le gouvernement envisagea également la possibilité d’ouvrir la compétition dans le secteur de la communication longue distance nationale en 1999 et internationale en 2004. Des efforts ont également été faits pour ouvrir le secteur à la compétition internationale.

La National Telecom Policy de 1999 marque une bifurcation importante puisqu'elle accrut la compétition dans la téléphonie classique mais aussi dans la téléphonie sans fil, ce qui eut pour résultat une baisse des coûts importante et l'amélioration des services aux consommateurs. Le marché de la téléphonie longue distance fut ouvert. L’entrée du groupe Bharti sur ce marché a conduit, en 2001, à une baisse de 60 % des tarifs et à une hausse de 50 % de la consommation. Le changement de financement des licences (sur un pourcentage des bénéfices au lieu d’un forfait) a conduit de nouveaux investisseurs à s’intéresser à ce marché, en mars 2002, 25 nouvelles licences ont été attribuées (Y. Laborie, 2003). En octobre 2000, le Department of

Telecom Operation est devenu indépendant sous le nom de Bharat Sanchar Nigam Lilited. C’est

aujourd’hui le principal opérateur de téléphonie fixe. Il couvre l’ensemble de l’Inde (sauf Mumbai et New Delhi) et représente 87 % des lignes fixes. Enfin, une nouvelle étape a été franchie le 1er avril 2002 avec l’abandon du monopole de VSNL (deux ans plus tôt que prévu) pour la téléphonie internationale et l’autorisation du transport de voix par Internet qui conduit à une baisse des coûts considérable. L’ouverture des communications internationales a occasionné une baisse des tarifs de près de 56 %.

Toutefois il faut souligner que, aussi étrange que cela puisse paraître aux experts du F.M.I. ou de la Banque Mondiale, c'est la même politique de protectionnisme économique de la part du gouvernement qui a, en grande partie, permis à l'Inde d'atteindre son niveau actuel dans l'industrie du logiciel. En effet, si cela a provoqué un grand retard technologique sur les autres pays, les techniciens indiens furent obligés de rechercher par eux-mêmes des solutions

technologiques. Cela contribua à développer une main d'œuvre locale compétente dans la programmation, ce qui a beaucoup compté lors des choix d'installation des entreprises étrangères. Mais il ne faut pas oublier non plus que le coût très bas de cette main d’œuvre déjà qualifiée était très attractif. Points forts de la politique du gouvernement indien, les instituts de recherche indiens ont également joué un rôle important. En effet les Indian Institutes of

Technology et Indian Institutes of Managment jouent en Inde un rôle identique à celui des

universités de recherche dans les autres pays. Beaucoup des entrepreneurs qui ont mené la révolution des communications en Inde sont diplômés de ces instituts. Il y a ainsi chaque année 150 000 nouveaux ingénieurs, l'une des plus grande « réserve » mondiale. Cela représente un avantage non négligeable, d'autant plus que cette communauté scientifique est anglophone et que la plupart des communications sur Internet et dans le domaine de l'informatique sont en langue anglaise. L'Inde a ici un énorme avantage sur beaucoup d'autres nations puisqu'elle compte plus d'anglophones que l'Angleterre elle-même. Il ne faut pas non plus négliger le rôle de la diaspora indienne des Etats-Unis : La révolution vers la société de l'information est poussée par les Indiens de la Silicon Valley. Beaucoup de jeunes indiens, formés dans les filières informatiques aux Etats-Unis restent travailler dans la Silicon Valley (80000 Indiens) ou dans d'autre technopoles mondiales. « La Silicon Valley est devenue en quelque sorte un club des anciens élèves des instituts de technologie indiens » (A. Singhal, E. Rogers, 2000). Auparavant cette migration était perçue négativement comme un brain drain (une fuite des cerveau). Aujourd'hui les migrants sont considérés comme une brain bank (une réserve de cerveaux). Quelques-uns des ces Indiens retournent en Inde fonder leur propre entreprise où ils ont un rôle majeur dans la révolution des télécommunications. D'autres aident l'entreprise dont ils font partie à s'installer en Inde. Tous maintiennent des liens sociaux et économiques forts avec l'Inde. Enfin, la place de l’Inde dans les fuseaux horaires a contribué à en faire un espace intéressant pour la délocalisation de certaines activités des pays « développés », en particulier les Etats-Unis. En effet, il fait jour en Inde quand c’est la nuit aux Etats-Unis. Par conséquent, cela permet, par exemple, à l’industrie du logiciel de diviser le temps de conception par deux en faisant se relayer des équipes sur les deux continents.

Les technologies de communication et d’information sont désormais un secteur prioritaire du gouvernement indien. Le Rapport annuel du DoT proclame : « les télécommunications sont désormais acceptées comme une infrastructure de base pour la croissance de l’économie nationale, tout comme l’énergie et les transports. Les télécommunications sont également reconnues comme un moyen d’accélérer la croissance économique dans toutes les régions, y compris dans les espaces éloignés et inaccessibles du pays ». Le secteur des technologies

d’information et de communication sont au cœur de tous les espoirs pour le développement du pays : « depuis la fin des années 1990 il ne se passe pas de jours sans que la presse indienne ne consacre plusieurs articles à l’essor des technologies de l’information, une industrie perçue parfois comme une solution à tous les problèmes du pays : c’est l’informatique qui reliera les villages reculés au reste du pays, c’est l’informatique qui permettra de mieux gérer la sécurité alimentaire du pays, c’est l’informatique qui permettra une démocratie vraiment populaire ». Landy F. 2002. Les auteurs indiens continuent à mettre l’accent sur le développement des infrastructures. « La clé du développement économique de L’Inde réside dans l’amélioration et l’extension de sa base infra-structurelle en particulier par le développement de ses systèmes de télécommunication et de transport »29. R. Tirtha. (2002, p.314).

1.2.2.3 Utilisation des T.I.C.s en Inde pour le développement

Tout comme la télévision, la radio avait déjà été utilisée en Inde pour diffuser des connaissances utiles pour le développement de l’agriculture, de nombreuses stations de radio font leur programmation exclusivement pour l’agriculture. Les mises en place des technologies d’information et de communication dans les campagnes indiennes se multiplient : « Sustainable

Access in Rural India (S.A.R.I.), Tara Haat project of Development Alternatives, Digital Partners of India Initiatives, Technology Information Center Of Self-Employed Women’s Association

(S.E.W.A.) sont quelques bons exemples de projets liés au développement basés sur les technologies de l’information » (Amardeep et M.A. Ansari, dans Prasad K., 2004, p.94). Au Madhya Pradesh, dans le district de Dhar, le projet Gyandoot, a été une étape importante dans la mise en place des projets de développement. C’est un projet rural basé sur les technologies de l’information qui a réussi à établir des kiosques gérés par la communauté, viables économiquement, à la technologie innovante dans des espaces touchés par la pauvreté ou dans des zones tribales. Son objectif était de fournir aux populations de ces espaces un accès aux services gouvernementaux (Amardeep et Ansari M.A., dans Prasad K., 2004, p.96).

Mais si tous les services du gouvernement prônent le développement de l’infrastructure dans les espaces déshérités, de nombreux chercheurs et journalistes indiens soulèvent le problème de leur adéquation aux besoins des populations locales. En l’absence d’un taux d’alphabétisation élevé30, d’une infrastructure de télécommunication et d’électricité dans les zones rurales, les

gens ne sont pas en position de tirer avantage de la révolution des télécommunications. En dépit de ces projets et des investissements du gouvernement, la question clef est de savoir si les

kiosques Internet serviront et surtout s’ils seront réellement utiles au développement économique et social : « le kiosque peut être tout au plus une chose qu’on montre dans un