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5. Dispositif expérimental

5.2. Matériel linguistique

5.2.2. Types de parole et de voix

Nous avons étudié différents types de parole en fonction de la phonation, c’est-à-dire de la vibration glottique. D’abord, nous avons comparé l’absence de vibration (friction), dans la parole chuchotée, et la présence de vibration, dans la parole vocale, qui était alors modale et usuelle. Pour rappel, la phonation est considérée comme modale lorsque la vibration est périodique. Nous considérons la voix usuelle en l’absence de consigne sur la manière de la produire. Ensuite, nous avons comparé la vibration apériodique pour laquelle la fréquence des pulsations glottiques est très basse, dans la parole vocale basale, et la vibration périodique dans la parole vocale modale.

Enfin, nous avons comparé des modes de vibrations périodiques, entre la parole modale vocale usuelle et inusuelle, c’est-à-dire contrôlée au niveau de l’intensité donc de l’amplitude de vibration, de la hauteur donc de la vitesse de vibration et de la qualité donc du contact des plis vocaux pendant la vibration. Les types de parole explorés dans chacune des six expériences sont récapitulés dans le Tableau 27.

Dans les expériences exploratoires, nous avons effectué des comparaisons de types de parole dans chacune des deux expériences de production : les mêmes participants témoins produisaient le même matériel phonétique plusieurs fois. En revanche, chacune des expériences de perception

108 portait sur un seul type de parole. Ces expériences de perception présentaient néanmoins des points de comparaison. De plus, certains participants témoins ont pris part à plusieurs expériences de perception. Pour les patients, nous n’avons pas fait varier le type de parole : ils la produisaient de façon usuelle. Nous présentons cette expérience clinique, associant simultanément la production et la perception, dans la section « perception » puisqu’elle portait sur un seul type de parole.

Parole Vocale

Chuchotée

Modale Basale

Parole

Usuelle Expériences n°1, n°2, n°4,

n°5 et n°6 Expérience n°4 Expériences n°2 et n°4

Contrôlée

Intensité Faible Expérience n°4

Forte Expérience n°4

Hauteur Grave Expérience n°4

Aigüe Expérience n°4 et n°5

Qualité Soufflée Expérience n°4

Pressée Expérience n°4

Tableau 27 : types de parole et de voix étudiés dans les six expériences

5.2.2.1. En perception

Nous avons étudié un type de parole pour chaque expérience de perception : la parole vocale modale usuelle (« modale ») pour les expériences exploratoires n°1 et n°3, ainsi que pour l’expérience clinique n°6, et la parole chuchotée usuelle (« chuchotée ») pour l’expérience exploratoire n°2. Dans tous les cas, il s’agissait de parole usuelle. Par ailleurs, pour les expériences exploratoires, nous avons aussi fait varier le canal de perception : il s’agissait d’auto-perception, c’est-à-dire de proprioception, de kinesthésie et d’audition, dans les expériences n°1 et n°2 et d’hétéro-perception, c’est-à-dire d’audition seule, dans l’expérience n°3. Le type de perception et de production de la parole pour chaque expérience est indiqué dans le Tableau 28.

Parole

Total

Modale Chuchotée

Perception Auto Expériences n°1 et n°6 Expérience n°2 3

Hétéro Expérience n°3 1

Total 3 1 4

Tableau 28 : types de parole étudiés et modalités de perception dans les expériences n°1, n°2 et n°3

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5.2.2.1.1. Expérience n°1

L’expérience n°1 d’auto-perception de l’effort, menée auprès des participants témoins, était réalisée en parole vocale modale usuelle, que nous appelons « modale ». Dans les faits, nous avons simplement demandé aux participants de « lire à voix haute », sans leur donner d’indications supplémentaires. Puisque nous avons exclu tous les participants qui présentaient un trouble de la voix perceptible, il est probable que les participants inclus aient effectivement produit une voix modale, correspondant à une vibration périodique des plis vocaux.

5.2.2.1.2. Expérience n°2

L’expérience n°2 d’auto-perception de l’effort, menée auprès des participants témoins, était réalisée en parole chuchotée usuelle, que nous appelons « chuchotée ». Nous avons simplement demandé aux participants de « lire en chuchotant », sans leur donner d’indications supplémentaires non plus. Au cours des passations, il nous a semblé que les productions étaient bien toutes réalisées avec une friction glottique, sans vibration des plis vocaux.

5.2.2.1.3. Expérience n°3

L’expérience n°3 d’hétéro-perception de l’effort, menée auprès des participants témoins, était réalisée en parole vocale modale usuelle, comme la première expérience. Pour la création des stimuli, nous avons demandé aux locuteurs de lire les items « à voix haute », sans autre indication.

Cependant, perceptivement, nous jugeons que certaines voix, notamment de l’homme z, avaient pu être produites avec une vibration des plis vocaux non périodique, donc non modale.

5.2.2.1.4. Expérience n°6

L’expérience n°6, menée auprès des patients dysphoniques, était réalisée en parole vocale modale usuelle. Cependant, du fait de la dysphonie avérée de plusieurs patients, certaines voix ont pu être produites avec une vibration des plis vocaux non périodique, donc non modale. Notamment, nous avons observé un mécanisme de vibration supra-périodique chez différents patients.

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5.2.2.2. En production

Dans les expériences de production, les participants réalisaient la même tâche plusieurs fois, en modifiant leur parole ou leur voix. Cependant, ils réalisaient toujours la parole vocale modale usuelle (« usuelle ») en premier.

5.2.2.2.1. Expérience n°4

Dans l’expérience n°4 avec des mesures physiologiques, aérodynamiques et acoustiques, nous avons comparé la parole vocale modale usuelle, que nous appelons « usuelle » et huit autres types de parole ou de voix. Après avoir demandé aux participants de « lire à voix haute » pour obtenir la parole et la voix usuelles, nous leur avons demandé de « produire une voix plus grave que leur voix usuelle », « une voix plus aigüe », « une voix plus faible ou plus douce », « une voix plus forte », « une voix plus soufflée, comme dans la séduction » et « une voix plus pressée, comme dans l’énervement », ensuite de « produire une voix extrêmement grave, comme le grincement d’une porte » et, enfin, de « lire en chuchotant ». Pour les productions en parole vocale, exceptée pour la production usuelle, nous avons réalisé des démonstrations. A noter que deux participants ne réussissaient pas à produire la parole vocale basale ou fry (extrêmement grave). Par ailleurs, il est difficile de déterminer si toutes les productions en parole vocale modale ont été réalisées dans le mécanisme 1 de phonation, usuel dans la parole, et non dans le mécanisme 2, notamment pour la production de la voix aigüe.

5.2.2.2.2. Expérience n°5

Dans l’expérience n°5 de production avec des mesures acoustiques uniquement, nous avons comparé la production de parole vocale modale usuelle, que nous appelons « usuelle », avec une production de parole vocale modale contrôlée, en faisant varier la hauteur de la voix vers l’aigu.

Nous avons d’abord demandé aux participants de « lire à voix haute », sans autre indication, puis nous leur avons demandé de « lire avec une voix plus aigüe ». Cependant, il est, là encore, difficile de déterminer si toutes les productions ont été réalisées avec le même mécanisme de phonation.

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Items opposés Items opposés Items opposés Trains de syllabes Items isolés Items opposés 72 (position)

Tableau 29 : récapitulatif du matériel linguistique utilisé dans les six expériences

5.3. Méthode

Dans les expériences exploratoires que nous avons menées auprès des participants témoins, nous avons dissocié la perception de la production. Au contraire, nous avons mené simultanément une expérience de production et de perception auprès de patients dysphoniques. Ces expériences différaient notamment en ce qui concerne la nature des données collectées mais aussi leur nombre.

Pour l’analyse de ces données, nous avons donc choisi de traiter les participants témoins comme un groupe homogène et les patients comme des cas.

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