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6. Résultats perceptifs

6.3. Comparaisons de la consonne

6.2.1.3. Consonnes étudiées dans l’expérience n°4

Dans l’expérience n°1, si nous prenons en compte uniquement les consonnes antérieures (/p/, /b/, /f/ et /v/) dans des structures où elles occupent une position pré-vocalique (#CV et VCV), telles que nous les étudions dans l’expérience n°4, nous comptons 1.536 paires avec une opposition de consonne. Cette opposition porte alors sur le voisement ou sur le mode articulatoire. Dans ce cas, chacune des quatre consonnes étudiées apparaît dans une paire sur deux. Nous observons alors un effet de la consonne de l’item sur l’auto-perception de la difficulté de production en parole modale 2(3)=14 ; p<0,0001) : dans le Tableau 64, nous constatons que la consonne /v/ est perçue comme la plus facile à produire, suivie par la consonne /p/, tandis que la consonne /b/ est perçue comme difficile et que la consonne /f/ est perçue comme la plus difficile.

Consonne de l’item

Total

v p b f

Toutes 280 ; 36,5 ; 1 306 ; 39,8 ; 2 459 ; 59,8 ; 3 491 ; 63,9 ; 4 1.536

Données perceptives : nombre de fois où l’item a été perçu comme difficile (première) ; pourcentage de fois où l’item a été perçu comme difficile (deuxième) ; rang occupé par l’item sur une échelle allant du plus facile au plus difficile (troisième).

Tableau 64 : expérience n°1 d’auto-perception en parole modale ; effet de la consonne, pour les consonnes étudiées dans l’expérience n°4

Il semble exister une interaction croisée entre le voisement et le mode articulatoire pour ces quatre consonnes antérieures. En effet, dans les 768 paires avec une opposition de voisement, nous n’observons pas d’effet simple de ce paramètre articulatoire sur la perception de la difficulté de production (χ2(1)=2 ; p=0,14). Cependant, il existe une moyenne interaction du mode articulatoire de la consonne sur l’effet du voisement 2(1)=47 ; p<0,0001 ; φ=0,248) : dans le Tableau 65, nous constatons qu’il existe notamment un effet du voisement pour les consonnes fricatives, avec la voisée /v/ perçue comme plus facile à produire que la non voisée /f/, tandis qu’une tendance inverse apparaît pour les consonnes occlusives.

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Données perceptives : nombre de fois où l’item a été perçu comme difficile (première) ; pourcentage de fois où l’item a été perçu comme difficile (deuxième) ; rang occupé par l’item sur une échelle allant du plus facile au plus difficile (troisième).

Résultats statistiques : moyenne interaction (M) ; proche du hasard en grisé.

Tableau 65 : expérience n°1 d’auto-perception en parole modale ; effet du voisement en fonction du mode articulatoire de la consonne, pour les consonnes étudiées dans l’expérience n°4

Par ailleurs, dans les 768 paires avec une opposition de mode articulatoire, nous n’observons pas d’effet simple de ce paramètre articulatoire sur la perception de la difficulté de production 2(1)=0 ; p=0,88). Cependant, il existe une moyenne interaction du voisement de la consonne sur l’effet du mode articulatoire 2(1)=39 ; p<0,0001 ; φ=0,227) : dans le Tableau 66, nous constatons qu’il existe un effet du mode articulatoire pour les consonnes voisées, avec la fricative /v/ perçue comme plus facile à produire que l’occlusive /b/, et qu’il existe un effet opposé pour les consonnes non voisées, avec la fricative /f/ perçue comme plus difficile à produire que l’occlusive /p/.

Données perceptives : nombre de fois où l’item a été perçu comme difficile (première) ; pourcentage de fois où l’item a été perçu comme difficile (deuxième) ; rang occupé par l’item sur une échelle allant du plus facile au plus difficile (troisième).

Résultats statistiques : moyenne interaction (M) ; proche du hasard en grisé.

Tableau 66 : expérience n°1 d’auto-perception en parole modale ; effet du mode articulatoire en fonction du voisement de la consonne, pour les consonnes étudiées dans l’expérience n°4

6.3.2. Expérience n°2 (sans consonnes isolées)

6.3.2.1. Pour tous les participants

Dans l’expérience n°2 d’auto-perception de la difficulté de production en parole chuchotée, dans laquelle seules trois structures #CV, VCV et VC# sont étudiées, nous comptons 3.446 paires avec une opposition de consonne. Dans ce cas, chacune des 12 consonnes apparaît donc dans 576

164 paires. Nous observons un effet de la consonne de l’item 2(11)=162 ; p<0,0001) : dans le Tableau 67, page 165, nous constatons que la consonne /v/ est perçue comme la plus facile à produire, suivie indifféremment par les consonnes /s/ et /t/, tandis que les consonnes /z/, /f/ et /g/

sont indifféremment perçues comme difficiles et la consonne /ʒ/ est perçue comme la plus difficile.

De plus, certains résultats correspondent au hasard, notamment pour les consonnes /k/ et /b/. Il n’existe pas d’interaction du sexe du participant 2(11)=13 ; p=0,27) ou de la participation préalable à l’expérience n°1 2(11)=9 ; p=0,66) sur cet effet : la perception d’une consonne ne varie pas de manière significative entre les 24 participants témoins, du moins en fonction de ces deux paramètres.

Il existe une moyenne interaction de la structure sur cet effet de la consonne 2(22)=42 ; p=0,007 ; V=0,078) : dans le Tableau 68, page 165, nous constatons que la consonne fricative apicale non voisée /s/ est davantage perçue comme facile dans la structure VC# et, dans une moindre mesure, dans la structure VCV, tandis que sa correspondante voisée /z/ est davantage perçue comme difficile dans la structure #CV. De plus, certains résultats correspondent au hasard, notamment pour /s/ dans la structure VCV et pour /z/ dans les structures VCV et #CV.

6.3.2.2. Pour les participants issus de l’expérience n°1

Dans le groupe ayant pris part aux deux expériences n°1 et n°2 d’auto-perception, nous observons un effet de la consonne de l’item 2(11)=174 ; p<0,0001) : dans le Tableau 175, disposé en annexe, nous constatons que, pour ces participants particuliers et tous types de parole confondus, la consonne /v/ est perçue comme la plus facile à produire, suivie indifféremment par les consonnes /s/ et /t/, tandis que les consonnes /z/ et /g/ sont de nouveau perçues comme difficiles et que la consonne /ʒ/ est de nouveau perçue comme la plus difficile. De plus, certains résultats correspondent au hasard, notamment pour la consonne /ʃ/. Cependant, il n’existe pas d’interaction du type de parole sur cet effet (χ2(11)=8 ; p=0,74) : chez ces 12 participants témoins, la perception d’une consonne ne varie pas de manière significative entre l’expérience n°1 en parole modale et l’expérience n°2 en parole chuchotée.

165 Données perceptives : nombre de fois où l’item a été perçu comme difficile (première) ; pourcentage de fois où l’item a été perçu comme difficile (deuxième) ; rang occupé par l’item sur une échelle allant du plus facile au plus difficile (troisième).

Résultats statistiques : proche du hasard en grisé.

Tableau 67 : expérience n°2 d’auto-perception en parole chuchotée ; effet de la consonne (sans consonnes isolées) Consonne de l’item

Données perceptives : nombre de fois où l’item a été perçu comme difficile (première) ; pourcentage de fois où l’item a été perçu comme difficile (deuxième) ; rang occupé par l’item sur une échelle allant du plus facile au plus difficile (troisième).

Résultats statistiques : moyenne interaction (M) ; proche du hasard en grisé.

Tableau 68 : expérience n°2 d’auto-perception en parole chuchotée ; effet de la consonne en fonction de la structure de l’item (sans consonnes isolées)

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6.3.3. Expérience n°3

6.3.3.1. Pour tous les participants

6.3.3.1.1. Avec consonnes isolées

Dans l’expérience n°3 d’hétéro-perception de la difficulté de production en parole modale, lorsque nous considérons les quatre structures #CV, VCV, VC# et #C#, nous comptons 4.608 paires d’items avec une opposition de consonne. Dans ce cas, chacune des 12 consonnes apparaît donc dans 768 paires. Nous observons un effet de la consonne de l’item (χ2(11)=212 ; p<0,0001) : dans le Tableau 176, disposé en annexe, nous constatons que la consonne /v/ est perçue comme la plus facile à produire, suivie par la consonne /t/, puis par la consonne /ʃ/, tandis que la consonne /g/ est perçue comme la plus difficile. De plus, nous observons que les résultats correspondent au hasard pour les consonnes /d/, /p/, /k/, /b/, /f/ et /ʒ/. Il n’existe pas d’interaction du sexe du participant (χ2(11)=18 ; p=0,08) ou de la participation préalable à l’expérience n°1 (χ2(11)=22 ; p=0,03) sur cet effet : la perception de la difficulté de production d’une consonne ne varie pas de manière significative entre les 24 participants témoins, du moins en fonction de ces deux paramètres. Il n’existe pas non plus d’interaction de la voix perçue, pour les femmes 2(11)=8 ; p=0,73) et pour les hommes (χ2(11)=8 ; p=0,71).

Il n’existe pas d’interaction de la structure de l’item sur cet effet de la consonne (χ2(33)=52 ; p=0,0198) mais nous observons une tendance : dans le Tableau 177, disposé en annexe, il semble que la consonne fricative apicale non voisée /s/ soit perçue comme facile dans la structure #C#, que sa correspondante voisée /z/ soit perçue comme difficile dans la structure #CV. Il semble aussi que la consonne /k/ soit perçue comme difficile dans la structure #C#. De plus, il semble que la consonne fricative labiale voisée /v/ soit perçue comme plus facile dans les structures #CV et VCV que dans les structures VC# et #C#.

6.3.3.1.2. En excluant les consonnes isolées

Dans cette expérience n°3, lorsque nous excluons la consonne isolée #C# pour ne considérer que trois structures, nous comptons 3.456 paires d’items avec une opposition de consonne. Dans

167 ce cas, chacune des 12 consonnes étudiées apparaît donc dans 576 paires. Nous observons encore un effet de la structure de l’item sur l’hétéro-perception de la difficulté de production en parole modale (χ2(11)=175 ; p<0,0001) : dans le Tableau 69, page 168, nous constatons de nouveau que la consonne /v/ est perçue comme la plus facile à produire, suivie par la consonne /t/, tandis qu’ici la consonne /z/ est perçue comme difficile et que la consonne /g/ est de nouveau perçue comme la plus difficile. De plus, certains résultats correspondent au hasard, notamment pour les consonnes /s/, /d/, /p/, /k/, /b/ et /ʒ/. Il n’existe toujours pas d’interaction du sexe du participant (χ2(11)=16 ; p=0,15), de la participation préalable à l’expérience n°1 (χ2(11)=22 ; p=0,03) ou de la voix perçue, pour les femmes (χ2(11)=4 ; p=0,96) et pour les hommes (χ2(11)=7 ; p=0,83), sur cet effet. Par ailleurs, il n’existe pas d’interaction de la structure de l’item sur cet effet de la consonne lorsque nous excluons les consonnes isolées (χ2(22)=24 ; p=0,35).

6.3.3.2. Pour les participants issus de l’expérience n°1

6.3.3.2.1. Avec consonnes isolées

Dans le groupe ayant pris part aux deux expériences n°1 et n°3 de perception en parole modale, lorsque nous considérons les quatre structures #CV, VCV, VC# et #C#, nous observons un effet de la consonne de l’item 2(11)=214 ; p<0,0001) : dans le Tableau 178, disposé en annexe, nous constatons que, pour ces participants particuliers et tous types de perception confondus, les consonnes /v/ et /t/ sont perçues indifféremment comme les plus faciles à produire, suivies par la consonne /s/, tandis que la consonne /b/ est perçue comme légèrement difficile, la consonne /ʒ/ est perçue comme moyennement difficile et la consonne /g/ est perçue comme la plus difficile. De plus, les résultats correspondent au hasard pour les consonnes /d/, /p/, /z/ et /f/.

Il existe une petite interaction du type de perception sur cet effet de la consonne (χ2(11)=33 ; p=0,0005 ; V=0,085) : dans le Tableau 179, disposé en annexe, nous constatons que, chez ces 12 participants témoins, d’une part, les consonnes /t/ et /s/ sont perçues indifféremment comme les plus faciles à produire dans l’expérience n°1 d’auto-perception alors que la consonne /v/ est perçue comme la plus facile dans l’expérience n°3 d’hétéro-perception et, d’autre part, les consonnes /ʒ/

et /g/ sont perçues indifféremment comme les plus difficiles dans l’expérience n°1 alors que la consonne /g/ est perçue comme la plus difficile dans l’expérience n°3.

168 Données perceptives : nombre de fois où l’item a été perçu comme difficile (première) ; pourcentage de fois où l’item a été perçu comme difficile (deuxième) ; rang occupé par l’item sur une échelle allant du plus facile au plus difficile (troisième).

Résultats statistiques : proche du hasard en grisé.

Tableau 69 : expérience n°3 d’hétéro-perception en parole modale ; effet de la consonne (en excluant les consonnes isolées) Consonne de l’item

Données perceptives : nombre de fois où l’item a été perçu comme difficile (première) ; pourcentage de fois où l’item a été perçu comme difficile (deuxième) ; rang occupé par l’item sur une échelle allant du plus facile au plus difficile (troisième).

Résultats statistiques : interaction non significative (ns) ; proche du hasard en grisé.

Tableau 70 : chez les participants communs aux expériences n°1 et n°3 de perception en parole modale, effet de la consonne en fonction du type de perception (en excluant les consonnes isolées)

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6.3.3.2.2. En excluant les consonnes isolées

Dans le groupe ayant pris part aux deux expériences n°1 et n°3 de perception en parole modale, lorsque nous excluons la consonne isolée #C# pour ne considérer que trois structures, nous observons encore un effet de la consonne de l’item (χ2(11)=172 ; p<0,0001) : dans le Tableau 180, disposé en annexe, nous constatons que, pour ces participants particuliers et tous types de perception confondus, les consonne /v/ et /t/ sont de nouveau perçues indifféremment comme les plus faciles à produire, suivies par les consonnes /s/ et /k/, tandis que la consonne /ʒ/ est de nouveau perçue comme difficile et que la consonne /g/ est de nouveau perçue comme la plus difficile. De plus, certains résultats correspondent au hasard, notamment pour les consonnes /ʃ/, /d/, /p/, /z/ et /f/.

Il n’existe pas ici d’interaction du type de perception sur cet effet 2(11)=23 ; p=0,016) mais nous observons une tendance : dans le Tableau 70, page 168, il semble que, chez ces 12 participants témoins, l’effet observé entre la consonne fricative antérieure voisée /v/ et la consonne occlusive postérieure voisée /g/ soit plus important dans l’expérience n°3 d’hétéro-perception que dans l’expérience n°1 d’auto-perception.

6.3.4. Résumé

Dans ces expériences de perception, lorsque nous analysons toutes les oppositions de consonnes, nous observons toujours que les participants témoins ont perçu les consonnes voisées, notamment /z, ʒ, g/, comme les plus difficiles à produire, alors qu’ils ont perçu les consonnes non voisées, notamment /t, s, ʃ/, comme les plus faciles. Nous notons encore cependant que la consonne voisée /v/ a presque systématiquement été perçue comme facile à produire, malgré son voisement.

Nous notons aussi que la consonne /ʒ/, transcrite par un symbole phonétique, a été perçue comme plus difficile à produire que la consonne /g/, transcrite par un graphème alphabétique, dans la tâche de lecture et inversement dans la tâche d’écoute. De plus, la consonne /v/ a davantage été perçue comme facile et la consonne /g/ a davantage été perçue comme difficile dans la tâche d’écoute.

Dans les trois expériences, nous observons l’interaction de différents critères de variation des participants, entrainant notamment la perception de davantage de facilité pour les consonnes non voisées. En effet, dans l’expérience n°1 d’auto-perception en parole modale, la consonne /s/ a

170 davantage été perçue comme facile pour les hommes et les participants les plus jeunes, la consonne /t/ pour les participants ayant reçu la consigne d’indiquer l’item le plus difficile, la consonne /p/

pour les hommes et les participants les plus vieux, ainsi que la consonne /k/ pour les femmes et les participants les plus vieux.

Enfin, nous notons une particularité pour les quatre consonnes antérieures /f, v, p, b/ qui sont utilisées dans l’expérience n°4 de production avec des mesures physiologiques, aérodynamiques et acoustiques. Pour les fricatives, la consonne voisée /v/ a été perçue comme plus facile à produire que sa correspondante non voisée /f/, alors que, pour les occlusives, c’est la consonne non voisée /p/ qui a été perçue comme plus facile à produire que sa correspondante voisée /b/. Par ailleurs, pour les consonnes non voisées, l’occlusive /p/ a été perçue comme plus facile à produire que la fricative /f/, tandis que, pour les consonnes voisées, c’est la fricative /v/ qui a été perçue comme plus facile à produire que l’occlusive /b/.