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Types d'informations présentes dans le Répertoire des Géographes français

Une analyse spatio-temporelle d’un mouvement scientifique par l’affiliation de ses acteurs

Encadré 3.1 Types d'informations présentes dans le Répertoire des Géographes français

- Titre (Madame, Mademoiselle, Monsieur) - Nom

- Prénom

- Année de naissance - Adresse

- Profession (par exemple : enseignant du secondaire, A.T.E.R., Maître de Conférences, Professeur, ingénieur d'études, chargé d'étude, chercheur)

- Agrégation (oui ou non)

- Corps (par exemple : université, CNRS, ORSTOM/IRD, INSEE, INED, collectivités) - Situation (en activité, émérite, retraité)

- Organisme 1 (avec adresse) - Organisme 2 (idem)

- Diplôme 1 (avec année et lieu d'obtention) - Diplôme 2 (idem)

- Thèse en cours (type, directeur, année)

- Responsabilités (par exemple : responsable d’une licence professionnelle, directeur de l'équipe de recherche X)

- Équipes (par exemple : appartenance à l'UMR 6042 CNRS Géolab.)

- Thèmes de recherche (par exemple : Environnement, Genre, Géographie rurale, Représentations, Modèles)

- Terrains de la recherche (par exemple : Alpes, Vénézuéla)

Comme le montre la figure 3.2, le nombre de thèmes de recherche présents dans l’index a fortement augmenté entre 1969 et 2007, et la croissance a été de loin la plus importante entre les deux dernières éditions, de 2002 à 2007. Les entrées étaient en 2007 quatre fois plus nombreuses que lors des premières éditions. J.-F. Étienne et J.-L. Tissier (1992) font remarquer à juste titre que certains thèmes de recherche peuvent témoigner d’un air du temps. Il est donc utile de déterminer si les auteurs s’identifient dans la durée, ou non, à des thèmes particuliers. Les mots- clés « géographie théorique et quantitative » ou « géographie quantitative et théorique » sont absents de l’index pendant toute la période. Nous nous sommes donc appuyés sur des mots-clés proches, tels que « géographie quantitative », « géographie théorique » et « analyse spatiale », pour identifier les géographes se revendiquant du mouvement de la géographie théorique et quantitative, tout en sachant grâce à quelques sondages que certains mots-clés, tel « géographie théorique », peuvent regrouper des géographes n’appartenant pas au mouvement théorique et quantitatif de manière spécifique.

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Fig 3.2 - Nombre de thèmes de recherche : variation 1969-2007

Source : Répertoire des géographes français (1969-2007). Auteur : S. Cuyala, 2014.

En plus de l’index des thèmes de recherches, nous avons analysé l’index des lieux d’appartenance institutionnelle (université, laboratoire de recherche, entreprise, etc.). Pour l’analyser, des précautions doivent être prises : étant construit et mis à jour par un laboratoire parisien, le Répertoire des géographes peut favoriser une surreprésentation des géographes parisiens lors du recensement par suite des effets de lieux et de réseaux locaux intervenant dans le remplissage des renseignements demandés. On peut penser que ce biais risquait sans doute d’être plus opérant dans le passé, lorsque les technologies de l’information et de la communication étaient moins développées. Mais on sait par ailleurs le soin avec lequel l’information était collectée à l’échelon national dès la création du laboratoire Intergéo, Anne-Marie Briend, documentaliste et géographe de formation, étant connue pour sa fréquentation assidue des lieux de rencontres, colloques et Journées géographiques, des géographes, et son souci de suivre l’évolution des préoccupations scientifiques auprès des laboratoires de géographie ou des commissions du Comité national français de géographie

Pour cette analyse, nous avons sélectionné les acteurs du mouvement parmi l’ensemble des géographes recensés. Pour cela, nous avons repéré les géographes qui avaient choisi des expressions (thèmes de recherche) caractéristiques de la géographie théorique et quantitative. Nous avons dans un second temps retenu cinq de leurs caractéristiques : leur identité, leur année de naissance, leur fonction, leur lieu d’affectation institutionnelle (université, laboratoire de recherche, établissement de l’enseignement secondaire ou entreprise) et tous les thèmes de recherche auxquels ils ont choisi de s’identifier. Les trois dernières caractéristiques sont mises à jour au fil des éditions : leur évolution est donc prise en compte dans cette analyse.

À partir de ce recensement, cinq angles d’analyse ont été choisis pour traiter les informations des différentes éditions du Répertoire :

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1. Identification et discussion des expressions caractéristiques de l’affiliation au mouvement théorique et quantitatif (mots-sources),

2. Analyse de l’évolution des effectifs du mouvement à partir des mots-sources, 3. Mise en lumière des associations préférentielles (mots-liés) des mots-sources,

4. Analyse de la répartition spatiale, du développement et de la diffusion de la géographie théorique et quantitative,

5. Présentation et analyse des acteurs centraux du mouvement scientifique (caractéristiques et statut dans la hiérarchie institutionnelle).

2. Les mots-sources de la géographie théorique et

quantitative : une cohérence à discuter

Il s’agit fondamentalement ici de comprendre comment les géographes ont qualifié ce mouvement et nous recherchons des expressions ou des mots généraux susceptibles de le désigner. Or, le Répertoire contient depuis 1969, et de manière relativement systématique, un index des thèmes de recherche avec le nom des géographes qui s’associent à ces thèmes. Il faut donc d’abord sélectionner parmi eux ce que nous appelons les « mots-sources », c’est-à-dire les mots-clés dont nous pensons qu’ils peuvent labelliser le mouvement, l’étiqueter, participer au moins à son identification globale. Il faut toutefois remarquer que les géographes qui adoptent tels ou tels mots- clés ne représentent pas l’ensemble des personnes relevant des thématiques qu’ils peuvent subsumer. Point essentiel : si l’on se réfère à une idée développée par S. Frickel et N. Gross (2005), les acteurs du mouvement essaient de développer un programme cohérent afin de rendre possible changements et avancées scientifiques. Ces objectifs peuvent se manifester par l’émergence de mots-clés spécifiques qui distinguent le mouvement, car ils sont adoptés par certains, et rejetés par d’autres. Ils peuvent alors résumer le nouveau cœur de connaissances et son évolution. Le Répertoire serait donc un bon marqueur de la percée et des développements de la géographie théorique et quantitative au sein de l’ensemble disciplinaire qui l’englobe. Nous présentons dans un premier temps les six mots-sources de la géographie théorique et quantitative que nous avons choisis dans le cadre de cette étude (« mathématiques, informatique et géographie quantitative », « géographie quantitative », « géographie théorique », « théorie et géographie quantitative », « quantitatif » et « analyse spatiale ») et nous tâchons de tester la pertinence de cette sélection.

La géographie théorique et quantitative, objet d’investigation de cette étude, s’est consolidée dans les années 1970. Deux évènements y ont en particulier contribué. Le premier, que nous avons évoqué en introduction, est la création en 1975 d’une commission de géographie théorique et quantitative au sein du très traditionnel Comité national français de géographie. Le deuxième est la réunion en 1978 à Strasbourg d’un premier colloque européen de « géographie théorique et quantitative ». Cette expression légitimée par ces créations n’a pourtant jamais été présente en tant que telle dans l’index des thèmes de recherche du Répertoire des géographes.

Celle qui s’en approche le plus est « théorie et géographie quantitative » (présente dans les éditions de 1998 et 2002). Nous avons donc visé des expressions proches comme « géographie quantitative », « géographie théorique », ou des mots très employés à tel ou tel moment du savoir

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comme « analyse spatiale », « informatique » ou encore « mathématiques ». Ces termes font référence à des méthodes très caractéristiques du mouvement et clivantes par rapport au reste de la discipline, surtout dans les années 1960 et 1970. Six expressions (nommées « Thème de recherche » dans le Répertoire) ont été ainsi sélectionnées pour l’étude du mouvement théorique et quantitatif : « mathématiques et informatique, géographie quantitative », « géographie quantitative », « géographie théorique », « théorie et géographie quantitative », « quantitatif » et « analyse spatiale ».

2.1. Date d’apparition des mots-sources dans le

Répertoire des

géographes français

Comme le montre le tableau 3.1, les mots-sources que nous avons sélectionnés apparaissent de manière irrégulière dans les différentes éditions du Répertoire des géographes : certains dans plusieurs éditions successives, d’autres lors d’une seule édition.

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