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2.1 Concept de lexique mental

2.1.2 Association lexicale

2.1.2.1 Types d’associations, paradigmatique et syntagmatique

À la suite de la passation d’un test d’association, les réponses produites sont en général classées selon les trois catégories suivantes : syntagmatique, paradigmatique et phonologique. Comme les deux types premiers d’associations (syntagmatique et paradigmatique) sont ceux sur lesquels nous avons décidé de nous pencher dans le cadre de notre étude, nous nous limiterons à ne préciser que le sens de ces derniers. Dans le domaine de l’association lexicale, en général, le mot stimulus et le mot évoqué proviennent de classes lexicales différentes, il s’agit d’une association syntagmatique (café – boire). De l’autre côté, lorsque ces deux mots appartiennent à la même classe lexicale, il s’agit d’une association paradigmatique (café – thé). Se basant sur ces principes, des chercheurs en L2 ont établi récemment davantage de critères afin de classer les réponses des participants selon le type d’associations (Zareva, 2007). Aux fins de notre étude, nous nous sommes appuyés sur quatre études récentes (Fitzpatrick, 2006 ; Nissen et Henriksen, 2006 ; Wolter, 2001 ; Zareva, 2007 ; Zareva, 2011 ; Zareva et Wolter 2012) pour déterminer quelles réponses constituent des associations syntagmatiques et quelles autres des associations paradigmatiques.

Selon Wolter (2001), les chercheurs qui se sont intéressés au domaine de l’association lexicale ont été conscients de la nécessité d’avoir recours à des catégories de classification efficaces pour classer les réponses le plus précisément possible. Le chercheur reconnaît cependant qu’« il est difficile de déterminer des catégories à la fois suffisamment limitées pour assurer la justesse et assez larges pour être en mesure de tenir compte de toutes réponses signifiantes » (p. 52, notre traduction). Néanmoins, il est parvenu à déterminer ses propres critères, lesquels figurent dans le Tableau I.

Tableau I Catégories pour classer les associations selon Woler (2001, p. 52, notre traduction)

Paradigmatique

W-1 Le mot évoqué ne manifeste pas de relation séquentielle avec le mot stimulus. Les associations telles que humain – erreur sont classées comme

syntagmatiques.

W-2 Le mot évoqué n’a pas été utilisé pour constituer un syntagme nominal. Les associations telles que discovery – discovery channel sont classées comme syntagmatiques.

W-3 Le mot évoqué manifeste une connexion claire avec le mot stimulus. Il peut y avoir une faible connexion entre les deux mots comme « confier – tolérer ». Dans ce cas-ci, pour éviter la subjectivité, l’auteur a classé cette association dans la catégorie « association phonologique ou autres » pour minimiser la subjectivité, car cette association n’a pas été acceptée ni comme une réponse paradigmatique ni comme une réponse syntagmatique. Syntagmatique

W-4 Le mot provenant de la classe lexicale différente du mot stimulus montre une sorte de relation sémantique ou syntaxique avec le mot stimulus. W-5 Appartenant à la même classe lexicale, le mot évoqué et le mot stimulus

montrent clairement une relation séquentielle (orchestre – chef) et affective (San Francisco – colline).

W = Wolter (2001)

Puis, en ce qui concerne les catégories de classification établies par Nissen et Henriksen (2006), la réponse peut être classée comme paradigmatique lorsqu’elle appartient à la même classe que le mot stimulus, détient une relation avec le mot stimulus et correspond au moins à une de deux conditions (NH-1 et NH-2) telles qu’indiquées dans le Tableau II. Cependant, les chercheurs expliquent que, même si la réponse provient de la même classe lexicale que

le mot stimulus, elle peut être classée comme syntagmatique dans les cas décrits dans le Tableau II (NH-3, NH-4 et NH-5).

Tableau II Catégories pour classer les associations selon Nissen et Henriksen (2006, p. 394, notre traduction)

Paradigmatique

NH-1 La connexion peut être caractérisée en termes d’une des relations suivantes : la synonymie, l’antonymie, l’hyponymie ou la meronymie.

NH-2 La réponse peut être interprétée comme icone ou symbole conventionnel ou communément accepté du mot stimulus (amour – cœur).

Syntagmatique

NH-3 La réponse manifeste une connexion séquentielle claire avec le mot stimulus (parents – règles) ou encore peut être considérée comme un mot

composé (local – politicien).

NH-4 La réponse est un mot composé qui inclut le mot stimulus (accident – accident de voiture).

NH-5 Le répondant produit une association inversée : voiture – accident (accident de voiture) ; entourer – mur (un mur entoure…).

NH = Nissen et Henriksen (2006)

Basée sur le travail de Nation (2001, p. 27) se penchant sur neuf types de connaissances, Fitzpatrick (2006) a établi trois catégories d’associations, soit l’association basée sur le sens (meaning-based association), l’association basée sur la position (position-based

association) et l’association basée sur la forme (form-based association). Nous présentons

les deux premières qui correspondent respectivement à l’association paradigmatique et à l’association syntagmatique (voir Tableau III).

Tableau III Catégories pour classer les associations selon Fitzpatrick (2006, p. 131, notre traduction)

Association basée sur le sens (correspondant à l’association paradigmatique)

Sous-catégories Définition

F-1 Synonyme absolu X signifie la même chose que Y.

F-2 Synonyme spécifique X peut signifier Y dans certains contextes spécifiques.

F-3 Relation hiérarchique / groupe

lexical X et y appartiennent au même groupe lexical ou sont des co-hyponymes ou possèdent une relation de méronymie ou d’hyperonymie.

F-4 Association qualitative Y est une qualité de X ou l’inverse.

F-5 Association contextuelle Y fournit un contexte conceptuel pour X.

F-6 Association conceptuelle X et Y possèdent d’autres liens conceptuels.

Association basée sur la position (correspondant à l’association syntagmatique)

Sous-catégories Définition

F-7 Collocation consécutive xy Y suit directement X, ou avec un seul article entre les mots (incluant les mots composés).

F-8 Collocation consécutive yx X suit directement Y, ou avec un seul article entre les mots (incluant les mots composés).

F-9 Collocation syntagmatique xy Y suit X dans une phrase mais avec un mot (autre qu’un article) ou des mots entre les X et Y.

F-10 Collocation syntagmatique yx X suit Y dans une phrase mais avec un mot (autre qu’un article) ou des mots entre les X et Y.

F-11 Collocation de la classe lexicale différente

Y est en collocation avec X + affixe.

F = Fitzpatrick (2006) ; X = mot stimulus ; Y = mot évoqué par le mot stimulus

Dans son étude, Zareva (2007) a pris en compte des critères utilisés par d’autres chercheurs s’étant penchés sur l’association lexicale en L1 ou en L2 (Deese, 1965 ; Meara, 1978 ; Piper et Leicester, 1980 ; Wolter, 2001, etc.) pour établir sa méthode de classification des réponses produites dans le test d’associations. Le Tableau IV illustre la description des critères que la chercheure a adoptés.

Tableau IV Catégories pour classer les associations selon Zareva (2007, pp. 136-137, notre traduction)

Paradigmatique

Z-1 Une réponse a été considérée comme étant paradigmatique lorsqu’elle provenait de la même classe lexicale que le mot stimulus.

Z-2 Dans tous les cas où une réponse pouvait être classée comme étant paradigmatique ou syntagmatique (ex. blanket (n.) – cover), elle a été codée potentiellement comme étant paradigmatique dans la mesure où l’analyse était centrée seulement sur des associations générées par des adultes en réponse à des mots stimuli.

Syntagmatique

Z-4 Une réponse a été classée comme étant syntagmatique lorsqu’elle n’appartenait pas à la même classe lexicale que le mot stimulus (e.g. blanket

– soft) ou formait une séquence syntaxique avec le mot stimulus (e.g. baseball – cap; cassava – leaves).

Z-5 Lorsque le mot stimulus a été répété dans une réponse (e.g. second → second

place, back → back up), cette dernière a été considérée comme étant

syntagmatique (Piper and Leicester, 1980).

Z = Zareva (2007)

Ces critères ont été repris par Zareva (2011) et Zareva et Wolter (2012). Deux réponses sont du reste difficiles de classer dans la catégorie paradigmatique ou syntagmatique. Il s’agit de mots composés tels que « couvre – lit » (Zareva, 2007 ; 2011 ; Zareva et Wolter, 2012) et de dérivations morphologiques, telles que defensive [stimulus] – offensive [association] (Zareva et Wolter, 2012). Dans ces deux cas, les chercheurs ont traité de ces réponses comme étant paradigmatiques ou syntagmatiques selon leur relation avec le mot stimulus.

Pour résumer, les chercheurs ont fixé des critères pour catégoriser chaque type d’association dans le but de classer efficacement les réponses produites par les participants. Dans la section qui suit, en tenant compte de ces critères, nous allons exposer les critères que nous avons adoptés pour distinguer dans notre recherche les associations paradigmatiques et les associations syntagmatiques.